Enrouement
Définition
L’enrouement ou dysphonie est la modification anormale du timbre de la voix. Il est dû au dysfonctionnement du larynx. Cela se produit lorsque les cordes vocales sont gonflées et enflammées et ne sont plus capables de vibrer normalement1.
Le larynx fait partie de l’étage supérieur de notre appareil respiratoire. Il comprend les cordes vocales qui nous permettent d’émettre des sons. Lire aussi notre article sur la laryngite
La dysphonie, appelée encore voix enrouée, est un trouble généralement sans gravité. Pourtant, elle entraîne des répercussions néfastes sur les prestations des personnes qui parlent beaucoup dans leurs activités journalières ou professionnelles.
Enrouement aigu ou chronique
L’enrouement peut être aigu (sur une courte période) ou chronique, c’est-à-à-dire sur une plus longue période. La plupart des cas d’enrouement ne sont pas graves. Mais lorsqu’une voix rauque ou un enrouement ne disparaît pas au bout de trois ou quatre semaines, il est recommandé de consulter un professionnel de santé et notamment un médecin, comme le relève la Mayo Clinic. En effet, l’enrouement peut être plus qu’une nuisance temporaire et résulter de nombreux problèmes traitables.
Causes
L’enrouement est causé par des processus qui affectent la structure ou la fonction du larynx.
La qualité du son émis par un individu, c’est-à-dire sa régularité, sa souplesse et sa mobilité, dépend essentiellement de celle des cordes vocales. L’anomalie de ces cordes se traduit par l’enrouement.
Il existe 6 groupes étiologiques (origines) de l’enrouement :
– Infection, une cause fréquente (probablement la cause la plus fréquente).
– Inflammation.
– Traumatisme.
– Obstruction.
– Infiltration.
– Anomalies congénitales.
Plus en détail, les causes et personnes à risque de l’enrouement sont :
– Les contextes environnementaux compromettent le bon fonctionnement du larynx. En effet, l’exposition brusque au froid est le plus souvent la cause de l’inflammation laryngée (laryngite). Il peut aussi s’agir d’un rhume, de la grippe ou d’un refroidissement. Dans ce cas, ce sont des virus qui sont responsables.
– Elle touche également les personnes qui respirent l’air trop sec ou pollué et le risque s’accroît si elles sont allergiques ou asthmatiques.
– Les enseignants, les chanteurs, les animateurs dans les émissions audiovisuelles, les avocats, les conférenciers s’enrouent plus facilement à cause du surmenage vocal.
– Chez les enfants, l’enrouement est généralement bénin et provoqué par le mauvais usage de la voix, la guérison s’effectue par une rééducation de la voix. Il faut savoir que l’enrouement a tendance à s’améliorer au cours de l’adolescence en raison de changements d’habitudes, du développement des cordes vocales et des variations hormonales.
– L’alcool entraîne la dysphonie de deux manières : d’une part, il enflamme le larynx, et d’autre part il stimule le buveur à parler plus fort.
– Les laryngites d’origine infectieuse, comme la grippe, le rhume, les coronavirus et les infections des voies respiratoires occasionnent fréquemment l’enrouement.
– L’utilisation des pompes à cortisone pour le traitement de l’asthme favorise aussi la prolifération des champignons dans le larynx et peuvent provoquer un enrouement.
– Le contenu acide de l’estomac régurgité ou reflux gastro-oesopagien peut irriter les cordes vocales.
– Plus rarement, les coups sur la gorge causés par des accidents de la circulation ou des accidents sportifs affectent le larynx. Les manipulations dans celui-ci avec des instruments en milieu hospitalier sont susceptibles de la traumatiser et de créer des plaies ou des séquelles troublant la phonation.
– Les tumeurs bénignes rendent également la voix enrouée. Pour les chanteurs, elles se présentent sous forme d’excroissances ou nodosités des cordes vocales appelées couramment « nodules des chanteurs ».
– Le cancer du larynx, surtout chez les gros fumeurs, peut se manifester par la dysphonie.
– La paralysie de la musculature laryngée perturbe la voix. Cette paralysie résulte d’une lésion des nerfs, par exemple après une opération chirurgicale de la glande thyroïde.
– L’allergie est une cause possible d’enrouement.
– Notons enfin que les facteurs émotionnels, chez certaines personnes, peuvent être à l’origine de l’enrouement.
– Certains médicaments peuvent mener à l’enrouement comme le budésonide en spray nasal.
Symptômes
L’enrouement est très facile à reconnaître : la voix devient rauque, c’est-à-dire que les sons sont âpres et rudes.
La dysphonie (absence de voix) s’associe fréquemment à des accès de toux, des maux de gorge, ou des troubles de la déglutition. La laryngite mène souvent à une perte de voix, pendant quelques heures ou jours.
L’enrouement est l’expression des maladies qui affectent le larynx. Les signes spécifiques de cette maladie comme les difficultés respiratoires, les douleurs au niveau de l’oreille, le gonflement du cou, les problèmes digestifs ou la fièvre peuvent l’accompagner. Chez les fumeurs, l’enrouement se traduit par une baisse de l’étendue vocale et une douleur persistante à la gorge.
Comment diagnostiquer l’enrouement ?
Le médecin cherche souvent à trouver l’origine de l’enrouement. Il se renseigne sur la date du début de la maladie, sa périodicité, son caractère permanent ou non, sa circonstance d’apparition. Les informations sur l’environnement professionnel ainsi que les antécédents familiaux et personnels sur les problèmes de santé (ex. recherche d’autres maladies comme Parkinson, hypothyroïdie, reflux gastriques), lui sont aussi utiles. Il observe aussi la qualité de la voix du patient.
Il termine l’interrogatoire par les symptômes accompagnateurs de la dysphonie. Par la suite, l’oto-rhino-laryngologiste (ORL) examine vos cordes vocales et les organes avoisinants à l’aide de matériels spécifiques.
Selon le contexte, la confirmation du diagnostic et le pronostic se font à partir d’autres examens complémentaires comme les prélèvements, les analyses de laboratoire, la radiographie et le scanner.
Complications
La dysphonie évolue habituellement de façon favorable. Pourtant, l’absence ou le retard du traitement risque d’aggraver les lésions des cordes vocales. Un enrouement bénin peut aboutir à l’extinction de la voix ou à une maladie chronique du larynx. Un enrouement persistant peut signaler une grave maladie sous-jacente2, on peut notamment penser à des tumeurs.
L’évolution de l’enrouement est généralement favorable. Néanmoins, se faire consulter est impératif surtout si :
– elle perdure au-delà de dix jours (certaines sources comme la Mayo Clinic parlent surtout de consulter après environ 4 semaines).
– elle survient à l’occasion d’un traumatisme de la tête ou de la gorge.
– elle apparaît après une opération chirurgicale du cou.
– elle s’accompagne d’autres signes tels que le mal de gorge, la difficulté à avaler, la gêne à la respiration.
– elle se reproduit à plusieurs reprises.
– vous êtes un gros fumeur.
Traitements
Traitement curatif
En principe, la suppression de sa cause guérit la dysphonie ou l’enrouement.
Les enrouements d’origine bactérienne se traitent par des antibiotiques et des aérosols. Certains traumatismes du larynx relèvent de l’opération chirurgicale. Les tumeurs peuvent être traitées par les spécialistes en chirurgie. La radiothérapie ou la chimiothérapie complémente le traitement des cancers.
La codéine pourrait éventuellement aider à récupérer la voix et donc soigner un enrouement. A notre avis il manque toutefois des études scientifiques sérieuses pour prouver l’efficacité de la codéine en cas d’enrouement. La codéine est toutefois efficace contre la toux sèche, un symptôme parfois associé à l’enrouement.
Quant aux problèmes environnementaux (vapeurs toxiques, poussières, tabac), il suffit de les éviter. La thérapie des autres facteurs aggravants comme le stress, l’émotion, le froid, la sècheresse, ou le reflux gastro-oesophagien facilite la guérison.
Certaines voix enrouées nécessitent le recours à l’orthophonie, qui corrige et améliore les troubles de l’élocution du malade.
Pour soulager l’enrouement :
– faites un repos vocal durant au moins vingt-quatre heures et ne chuchotez pas pour prévenir l’aggravation ;
– humidifiez votre larynx. Pour ce faire, mettez de l’eau chaude dans un bol. Placez-vous au- dessus et respirez la vapeur pendant dix à quinze minutes à raison de deux à trois séances par jour ;
– prenez des pastilles afin de produire de la salive et soulager le mal ;
– restez bien hydraté, buvez beaucoup d’eau.
Traitement préventif
La meilleure prévention contre l’enrouement est de se protéger de la cause :
– abstenez-vous de trop parler ou de chanter surtout si vous êtes enrhumé ou si vous avez une angine ;
– évitez ou arrêtez de vous exposer au tabac et aux agresseurs externes tels que les poussières, le froid, l’environnement enfumé ou sec ;
– buvez régulièrement pour bien hydrater vos cordes vocales ;
– pour les asthmatiques, le gargarisme après utilisation de la pompe à cortisone prévient l’infection à champignon.
Remèdes naturels
Certaines plantes médicinales peuvent aider en cas d’enrouement :
– La tisane de réglisse a un effet efficace et intéressant
– La mauve
– Le cassis peut être utilisé sous forme de bonbon
– Le bouillon-blanc, par exemple sous forme de tisane.
– Le calendula, par ex. en tisane ou gargarisme.
– La mousse d’Islande, par ex. en bonbon à sucer.
Remèdes de grand-mère
Huiles essentielles
– Cyprès (1 goutte dans du miel)
Bons conseils & Prévention
– Cessez de fumer et arrêtez de boire de l’alcool.
– Humidifiez votre environnement (utilisez un humidificateur par ex.), et choisissez autant que possible de vivre dans une atmosphère moins polluée.
– Sachez que les médicaments contenant des antihistaminiques (substances contre les allergies) aggravent le trouble de la phonation. Si vous devez en prendre, buvez suffisamment pour remédier à la sécheresse du larynx.
– Ne forcez pas votre voix et respirez naturellement en parlant. Un orthophoniste vous aidera à entretenir vos cordes vocales et à communiquer de façon saine.
– Ne “raclez” pas la gorge, éviter de tousser (buvez de l’eau ou avalez votre salive à ce moment).
– Buvez beaucoup d’eau et régulièrement, si possible des boissons chaudes sans caféine (pas de café notamment ou thé noir).
– Faites des gargarismes d’eau tiède ou à base d’eau salée avant de se coucher.
– Tenez-vous correctement (bonne posture du corps) mais tout en restant détendu.
– Chauffez et “refroidissez” la voix avant un usage professionnel ou prolongé, il faudra donc entraîner la voix avant et après avoir parlé.
– Evitez de parler dans un environnement bruyant.
– Mastiquez bien les aliments.
– Evitez des aliments à base de chocolat et dérivés de lait (principalement juste avant l’utilisation de la voix).
– Evitez de crier et de parler pendant trop longtemps.
– Faites attention aux variations de température et aux boissons gelées.
– Faites des inhalations de vapeur d’eau, utilisez un inhalateur ou utiliser un linge autour de votre tête avec les bords entourant un bol d’eau bouillante. Vous pouvez aussi prendre une douche avec de l’eau très chaude et respirez profondément.
– Evitez de prendre des décongestionnant (médicaments contre le rhume), ils peuvent sécher la gorge et donc aggraver un enrouement.
Sources :
Mayo Clinic, “100 wichtige Medikamente” – Infomed (2020).
Rédaction :
Xavier Gruffat (pharmacien)
Dernière mise à jour :
21.10.2022
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