Migraine
Dernière révision médicale : 28.08.2024
Auteur : Xavier Gruffat, pharmacien
Résumé
La migraine est une maladie caractérisée par des douleurs intenses et répétées dans la tête. Elle peut être accompagnée ou non d’aura. Justement, on distingue différents types de migraine avec en particulier la migraine avec ou sans aura. La plupart des personnes souffrant de migraines connaissent plusieurs phases différentes de la maladie, qui peuvent durer de 8 à 72 heures.
Les femmes sont beaucoup plus touchées que les hommes, en grande partie à cause de variations hormonales pendant les cycles. En effet, 18% de femmes sont atteintes par la migraine contre 8% des hommes.
Les causes de la migraine ne sont pas encore totalement identifiées, on estime toutefois que certains facteurs génétiques, hormonaux et (neuro)vasculaires jouent un rôle déterminant. On sait par exemple que la sérotonine, un neurotransmetteur, a une fonction importante dans l’apparition de la migraine.
Certains facteurs externes peuvent déclencher une crise de migraine comme le stress, le manque de sommeil, des changements brusques de températures, la prise de certains aliments, etc.
Les symptômes peuvent varier en fonction du type de migraine. Un symptôme qui revient dans la plupart des cas est une douleur pulsatile intense et localisée en général seulement sur une partie de la tête. Cette douleur se manifeste en général au début de façon légère puis augmente avec le temps en intensité.
Une crise de migraine est souvent accompagnée de nausées et de vomissements ainsi que d’une sensibilité à la lumière et au bruit accrue.
Pendant une crise de migraine, il est difficile d’effectuer les tâches courantes du quotidien, c’est pourquoi de nombreux patients se réfugient dans leur chambre ou dans un endroit tranquille.
Une crise de migraine peut durer de quelques heures à 3 jours.
Aura
Chez un patient sur trois, la migraine est précédée d’une aura, on parle dans ce cas de migraine avec aura. Une aura se caractérise souvent par des troubles de la vision, des fourmillements ainsi que des modifications dans l’expression. Une aura peut durer de 5 à 60 minutes, avec en général une durée moyenne de 15 minutes.
Le diagnostic repose sur un examen clinique avec des examens physiques et neurologiques détaillés. Il peut aussi inclure certains examens complémentaires comme une tomographie, la résonnance magnétique et/ou une ponction lombaire.
La migraine entraîne en général aucune complication grave pour la santé.
Le traitement de la migraine varie selon le type de migraine. On distingue les traitements à usage thérapeutiques de ceux avec une fonction préventive.
Pour soigner la crise de migraine on utilise surtout des AINS (anti-inflammatoire non stéroïdiens) comme l’ibuprofène ou l’aspirine, le paracétamol (avec ou sans caféine) ainsi que les triptans (ex. sumatriptan), une classe de médicaments qui a révolutionné le traitement de la migraine.
Pour prévenir les crises de migraine, le médecin peut prescrire différents médicaments comme des bétabloquants, antidépresseurs, antiépileptiques (ex. topiramate), antihypertenseurs, antagonistes du calcium, etc. Selon certains ouvrages médicaux, ces médicaments commencent à faire effet seulement 2 à 3 mois après la première prise. Attention, chaque médicament est différent et il peut exister d’importantes différences pour chaque traitement à usage préventif.
Des traitements naturels peuvent avoir un effet sur la migraine. Le plus connu est probablement le café, riche en caféine, permettant pour certaines personnes d’apaiser les crises. D’autres plantes indiquées en cas de migraine sont la grande camomille ou la menthe poivrée.
Un bon moyen de prévention de la migraine est d’adopter un style de vie sain comme manger de façon équilibrée, pratiquer régulièrement de l’exercice, ne pas fumer et boire le moins d’alcool possible. Chez la femme, surtout en cas migraine avec aura, la pilule contraceptive peut augmenter le nombre de crises, il faudra donc éviter cette méthode contraceptive.
Il est important de bien connaître les facteurs déclenchant de la migraine (stress par ex.), afin de prévenir l’apparition de nouvelles crises. Par exemple, si vous souffrez de stress et que c’est pour vous un facteur déclenchant, il peut être utile de faire un cours ou une thérapie pour apprendre à mieux gérer le stress et savoir y faire face. Vous pouvez aussi écrire un petit journal dans lequel vous détaillez vos différentes crises de migraine, cela peut vous aider à mieux comprendre le contexte d’apparition des migraines et aussi d’en informer le médecin.
Résumé en infographie
Définition
La migraine est une maladie caractérisée par des douleurs intenses, souvent violentes et répétées dans la tête. Les douleurs sont de type pulsatile. Une migraine dure de quelques heures à plusieurs jours (2 ou 3 jours). La migraine est localisée sur un seul côté de la tête, à la différence d’une céphalée de tension touchant toute la tête (ou en tout cas le haut).
La migraine est une céphalée (mal de tête), on compte environ 100 types différents de mal de tête. La migraine appartient avec la céphalée de tension et la céphalée en grappe aux 3 principaux types de mal de tête.
Certains type de migraine sont précédés de symptômes sensoriels et en particulier visuels qui mettent en garde la personne qu’elle va souffrir de migraine. Ces symptômes portent le nom d’aura. L’aura peut varier de 5 à 60 min mais a en général une durée de 15 minutes.
On distingue différents types de migraine, caractérisés en général par des symptômes différents.
– Migraine avec ou sans aura.
– Migraine menstruelle, apparaissant 2 jours avant l’apparition des règles et 3 jours après sa fin.
– Migraine ophtalmique, associée à une paralysie des 3ème, 4ème et 6ème nerfs crâniens, affecte en particulier les enfants de moins de 12 ans mais peut aussi toucher les adultes. Forme rare de migraine.
– Migraine hémiplégique familiale, lorsqu’il y a des troubles moteurs pendant l’aura, c’est une forme très rare.
– Migraine rétinienne, avec une perte momentanée de la vision. Il s’agit d’une forme rare de migraine.
– Céphalée chronique quotidienne et notamment la migraine transformée.
– Statu migraineux, avec des crises de migraine qui manifestent sur une longue durée (jusqu’à 72 heures) .
Epidémiologie
– La migraine peut toucher les deux sexes. Toutefois, les femmes sont beaucoup plus touchées par la migraine que les hommes, probablement à cause de variations hormonales pendant les cycles. En effet, la migraine touche environ 12% des adultes, avec une prévalence de 18% chez les femmes et de 6% chez les hommes1.
– Relevons que chez les enfants de moins de 12 ans, la proportion de filles souffrant de migraine égale celui des garçons. Une raison de plus pour y avoir une influence hormonale.
– Les personnes de moins de 40 ans sont particulièrement touchées par la migraine. Relevons que certaines sources parlent d’un âge critique pour la migraine de 30 à 45 ans.
On estime que 15 à 20% des patients souffrant de migraine souffrent d’aura avant la crise, d’autres sources avancent le chiffre d’une personne sur trois.
– Aux Etats-Unis, environ 36 millions d’Américains souffrent de migraine, selon le Wall Street Journal du 30 novembre 2017.
Selon un article datant de 2018 du magazine Prevention, entre 2 et 3 millions d’Américains souffrent de migraine chronique. Les personnes atteintes de migraine chronique souffrent pendant au moins 15 jours d’une crise de migraine et ses conséquences chaque mois.
– Au Royaume-Uni, environ 6 millions de personnes (environ 10% de la population) souffrent de migraine, en moyenne ces personnes souffrent de 13 crises par année.
Génétique :
– Dans 50 à 60% des cas de migraine un parent au moins souffre de cette céphalée. La composante héréditaire est donc très forte.
Causes
Les causes de la migraine ne sont pas encore totalement identifiées, on estime toutefois que certains facteurs génétiques, hormonaux et neuro-vasculaires (avec implication claire du système trigéminovasculaire) jouent un rôle déterminant. On sait que la sérotonine, un neurotransmetteur, a une fonction importante dans l’apparition de la migraine. Les personnes migraineuses ont un risque deux fois plus élevé de souffrir de dépression, la sérotonine qui a un rôle important dans cette maladie psychique explique en partie ce risque plus élevé.
Influence génétique :
Plusieurs études ont montré l’influence des gènes dans le développement de la migraine. On peut citer une étude finlandaise parue le 3 mai 2018 dans le journal scientifique Neuron (DOI : 10.1016/j.neuron.2018.04.014) qui a pris en compte plus de 1’500 familles et 8’300 personnes finlandaises souffrant de migraine. En comparant cette cohorte de familles avec une autre cohorte générale de 15’000 participants (appelée FINRISK), dont 1100 personnes souffraient de migraine, les chercheurs ont observé un score global de risque génétique accru dans les cas de migraine familiale par rapport aux cas de migraine de la population générale. Autrement dit, l’influence génétique ou héréditaire est évidente. Dans cette étude les scientifiques ont aussi découvert que la migraine hémiplégique était notamment provoquée par une variation génétique, probablement provoquée par des variants pathogènes rares dans 3 gènes différents.
Certains facteurs externes peuvent déclencher une crise de migraine comme par exemple :
– Variations hormonales chez la femme, en particulier les oestrogènes. C’est pour cela que beaucoup de femmes souffrent de migraine pendant les règles ou la grossesse. La prise de contraceptifs comme la pilule peut dans certains cas déclencher une migraine, surtout en cas de migraine avec aura.
– La consommation de certains aliments comme le fromage, le chocolat, le vin, etc. Les médecins estiment toutefois que l’influence de l’alimentation est relativement faible. Les spécialistes recommandent de consommer des aliments avec un indice glycémique (IG) bas. Les aliments riches en sel et industrialisés ainsi que ceux contenant des produits édulcorants et conservateurs pourraient aussi augmenter le risque de migraine.
– La prise d’alcool ou de tabac, voire dans certains cas de caféine (peut aussi avoir un effet positif)
– Troubles du sommeil, excès de sommeil ou modifications dans les habitudes du sommeil (ex. décalage horaire, travail de nuit)
– Facteurs physiques comme un exercice intense
– Déshydratation (manque d’eau), boire au moins 1.5 litre d’eau par jour est très recommandé
– Prise de certains médicaments, notamment des hormones (ex. prises à la ménopause ou pour la contraception)
– Lumière (selon une étude parue en 2010, la lumière aggraverait la migraine, lire aussi sous actualité)
– Dépression (il existe toutefois une controverse dans la communauté médicale, certains pensent que la migraine favorise la dépression, d’autres le contraire. On sait toutefois qu’un lien fort existe entre ces 2 maladies)
– Le stress
– Changements brusques de température et changement de pression de l’air. Il faut relever que les causes de la migraine dépendent d’une combinaison de facteurs autant internes (génétiques, hormonaux) qu’externes (stress, sommeil).
Remarque intéressante :
Origines scientifiques de la migraine
– L’origine, d’un point de vue pharmacologique, n’est pas entièrement prouvée, toutefois on suppose que la crise migraineuse a pour origine une libération de médiateurs inflammatoires à l’extrémité des fibres de la douleur (fibres nociceptives afférentes, avec substance P, NO,…) ou une altération de la circulation cérébrale.
(source : Atlas de Pharmacologie, 2ème Edition, Lüllmann & Co chez Médecine-Science Flammarion)
– Une étude parue en 2010 d’Angleterre a montré que les synapses des personnes atteintes de migraine présentaient une “hyper-excitabilité” à des neurotransmetteurs, de nouveaux médicaments pourraient donc venir bloquer ces neurotransmetteurs et améliorer dans le futur la thérapie de la migraine.
Personnes à risque
Les principaux groupes à risque sont les femmes. On peut aussi relever que les femmes enceintes, les personnes âgées de moins de 40 ans et les individus avec des cas de migraine dans la famille sont davantage atteints de migraine.
Symptômes
Quatre phases de la migraine
La plupart des personnes souffrant de migraines connaissent différentes phases de la maladie.
1. La première phase est appelée prodrome. Cette phase commence dans les premières 24 heures avant d’avoir un mal de tête. Dans cette phase on peut constater des changements d’humeur, des troubles du sommeil et des difficultés de concentration. D’autres symptômes comme la fatigue, la nausée, une miction fréquente ou augmentation de la faim et de la soif peuvent être présents.
2. La deuxième phase, si présente, est nommée aura. Environ 20% des personnes souffrant de migraine ont des symptômes sensoriels, moteurs et liés à la parole. Par exemple cela peut se manifester par des troubles de la vision, une faiblesse musculaire, une sensibilité au toucher, un engourdissement, des picotements et une difficulté à parler (élocution). La phase d’aura peut durer d’environ 5 minutes à 1 heure et peut se chevaucher avec la phase suivante du mal de tête proprement dit.
3. La troisième phase, la crise de mal de tête. C’est probablement la phase la plus connue de la migraine. A ce moment la douleur est localisée dans une partie de la tête et peut durer de 4 à 72 heures. Une crise de mal de tête peut également survenir en même temps qu’une sensibilité aux sons, aux lumières et aux odeurs, ainsi que des nausées et des vomissements.
4. La quatrième phase, le postdrome. A ce moment le mal de tête a disparu. Mais durant cette phase les symptômes peuvent être de la fatigue, des troubles de la concentration ou avoir une raideur de la nuque. Cette dernière phase dure en général quelques heures mais peut persister parfois jusqu’à 48 heures. Certaines personnes disent que cette phase ressemble à une gueule de bois après avoir bu trop d’alcool.
Résumé des symptômes (en général)
Les symptômes peuvent varier en fonction du type de migraine. Un symptôme qui revient dans la plupart des cas est une douleur pulsatile intense localisée en général seulement sur une partie de la tête.
La douleur dans la tête se manifeste en général au début de façon légère puis augmente avec le temps en intensité.
Une crise de migraine est souvent accompagnée de nausées et vomissements ainsi que de sensibilité à la lumière et au bruit. Une crise de migraine peut durer de quelques heures à 72 heures.
Chez un patient sur trois, la migraine est précédée d’une aura, on parle de migraine avec aura. Une aura se caractérise souvent par des troubles de la vision, des fourmillements ainsi que des modifications dans l’expression. Une aura peut durer de 5 à 60 minutes, avec en général une durée moyenne de 15 minutes.
La migraine entraîne en général aucune complication grave.
Différences entre la migraine et le mal de tête
Selon la société internationale des maux de tête, on parle de migraine (par opposition aux maux de tête classiques ou céphalée de tension par exemple ) lorsque :
A. Au moins 5 crises de migraine se sont déjà produites qui satisfont aux critères B, C et D
B. La durée de la crise ou attaque était comprise entre 4 et 72 heures
C. Le “mal de tête” (migraine) a au moins deux de ces caractéristiques :
– localisation unilatérale (d’un côté de la tête);
– la douleur est pulsatile (“ça frappe dans la tête”);
– intensité moyenne à importante (empêche ou rend difficile les tâches quotidiennes), handicapant pour le migraineux;
– aggravation de la migraine par les tâches quotidiennes, par exemple monter un escalier.
D. Au moins un symptôme associé :
– nausées et/ou vomissement
– grande sensibilité au bruit et à la lumière
Si vous avez un doute, demandez conseil à votre médecin ou pharmacien.
Migraine vestibulaire
Certaines personnes atteintes de migraine peuvent souffrir de migraine vestibulaire (en anglais vestibular migraine) avec une présence de vertiges. Ces épisodes de vertiges peuvent durer des heures ou même des jours. Des maux de tête peuvent être présents mais pas toujours.
Diagnostic
Le diagnostic exact de la migraine est souvent difficile à effectuer, car il n’y a pas de tests à disposition directs comme une analyse génétique ou sanguine. Une longue discussion et sérieuse avec le médecin suite à son expérience permet d’établir un diagnostic.
En général le diagnostic repose sur un examen clinique avec des examens physiques et neurologiques détaillés. Il peut aussi inclure certains examens complémentaires comme une tomographie, la résonance magnétique et/ou une ponction lombaire.
Complications
On sait, comme l’indique la société savante américaine de cardiologie American Heart Association (AHA) dans un communiqué paru en février 2014, que les femmes souffrant de migraine avec aura devraient arrêter de fumer pour éviter un risque élevé d’accident vasculaire cérébral (AVC).
Troubles de la mâchoire et migraine
Une étude brésilienne publiée en 2017 a constaté que plus les crises de migraine étaient fréquentes et plus certains troubles de la mâchoire comme les trouble temporomandibulaire (en anglais : temporomandibular disorder ou TMD) étaient graves. Selon Lidiane Florencio, principale auteur de cette étude, les patients ayant une migraine chronique (c’est-à-dire plus de 15 crises par mois), sont trois fois plus susceptibles de déclarer des symptômes plus sévères de TMD que les patients souffrant de migraine épisodique. Cette étude réalisée par l’Ecole de Médecine de l’Université de Sao Paulo (FMRP-USP) au Brésil a été publiée le 6 avril 2017 dans le journal scientifique Journal of Manipulative and Physiological Therapeutics (DOI : 10.1016/j.jmpt.2017.02.006 ).
Traitements (médicaments)
Le traitement de la migraine varie selon le type de migraine. On distingue les traitements à usage thérapeutiques de ceux préventifs.
Résumé des traitements :
A. Pour soigner la crise de migraine on utilise surtout les AINS (anti-inflammatoire non stéroïdiens) comme l’ibuprofène ou l’aspirine, le paracétamol (avec ou sans caféine) ainsi que les triptans (ex. sumatriptan).
B. Pour prévenir les crises de migraine, le médecin peut prescrire différents médicaments comme des bétabloquants, antidépresseurs, antiépileptiques (topiramate), antihypertenseurs, antagonistes du calcium, etc. Selon certains ouvrages médicaux, ces médicaments commencent à faire effet seulement 2 à 3 mois après la première prise. Attention, chaque médicament est différent et il peut exister d’importantes différences pour chaque traitement à usage préventif.
A. Traitements de la crise (symptomatique et causal)
1. Premier choix : en cas de crise de migraine modérée
Analgésiques :
– acide acétylsalicylique (Aspirine® ) : 0.5 à 1 gr en comprimé
– ibuprofène : 0.2 à 0.6 gr en comprimé. Remarque : l’ibuprofène serait particulièrement efficace.
– paracétamol2 : 0.5 à 1 gr en comprimé ou en suppositoire
Antiémétiques :
– métoclopramide (une étude publiée en 2004 a montré un rôle bénéfique dans le traitement de la crise de la migraine de ce médicament)
– dompéridone (en comprimé ou en suppositoire)
2. Deuxième choix : si absence d’efficacité du premier
Lors de crise moyenne, nausée supportable (modérée) et pas de vomissement au début :
– Triptans oraux (en comprimé) comme le sumatriptan, contre-indiqué en cas d’insuffisance cardiaque. D’autres triptans sont : rizatriptan, naratriptan, eletriptan ou zolmitriptan3. Certains triptans sont commercialisés sous forme de comprimé, de spray nasal ou en injection (lire ci-dessous).
L’ubrogepant et le rimegepant (en Suisse Vydura®) sont de nouveaux traitements efficaces de la migraine, adaptés aux patients atteints de maladies cardiovasculaires chez qui les triptans sont contre-indiqués4. Le rimegepant est un antagoniste des récepteurs CGRP.
Lors de crise importante, nausées importantes caractérisées par des vomissements au début précoces :
– triptans sous cutané (injection), nasaux, rectal en cas de crise sévère et vomissement tôt, contre-indiqué en cas d’insuffisance cardiaque.
Remarque : selon la Mayo Clinic, les triptans ne fonctionnent pas chez 30% à 40% des personnes ayant des migraines 5.
Egalement possible de prendre en cas de crise de migraine importante :
– Aspirine® 0.5-1.0 gr en intra-vasculaire
– Dérivés de l’ergot de seigle (ex. ergotamine), attention de ne pas en abuser. On estime que les dérivés de l’ergot de seigle pourraient être plus efficaces chez les patients avec des douleurs durant plus de 48 heures.
– Aux Etats-Unis notamment, certains dérivés de la morphine comme les opioïdes peuvent être prescrits par le médecin lors de graves crises de migraine et lorsque que le patient ne peut pas prendre d’autres médicaments. Attention toutefois au grave risque de dépendance des opioïdes.
3. Anti-CGRP/anti-PRGC :
Les chercheurs ont découvert que l’alpha Calcitonin Gene-Related Peptide (alphaCGRP) joue un rôle important dans la migraine. Le neuropeptide est sécrété par les cellules nerveuses et agit à la fois dans l’environnement immédiat et dans le sang. Ce peptide déclenche des réactions inflammatoires dans les méninges et dilate les vaisseaux sanguins, ce qui peut provoquer des migraines. Ce médicament peut aussi être utilisé à titre préventif (des migraines).
Erenumab (anticorps monoclonal)
Depuis le 17 mai 2018, il existe aux Etats-Unis et dans d’autres pays comme la Suisse (depuis l’été 2018) un médicament appartenant à une nouvelle classe de médicaments contre les migraines douloureuses et notamment réfractaires aux traitements classiques. Ce médicament, erenumab (Aimovig™), enregistré par la FDA le 17 mai 2018 a été développé par les laboratoires pharmaceutiques Amgen et Novartis. L’Aimovig™, un anticorps monoclonal, est administré sous forme injectable une fois par mois. L’Aimovig™ bloque le récepteur du peptide relié au gène de la calcitonine – R-PRGC (en anglais CGRP-R). Le peptide lié au gène de la calcitonine (en anglais CGRP) est une molécule produite dans les cellules nerveuses du cerveau et de la moelle épinière qui joue un rôle clé chez les personnes souffrant de migraine. Au fil des années de recherche, les scientifiques ont découvert que le CGRP aide à transmettre les signaux de douleur dans le cerveau et que les personnes souffrant de migraine ont souvent une quantité élevée de CGRP. Au niveau cellulaire ou physiologique, l’erenumab (Aimovig™) bloque le récepteur du CGRP, appelé CGRP-R, ce qui diminue l’effet néfaste du CGRP dans la cellule.
Selon un communiqué de presse [lien valable au 18 mai 2018] de Novartis paru en anglais en mai 2018, il a été démontré de façon constante qu’Aimovig™ réduit le nombre de jours de migraine mensuels, y compris dans les populations plus difficiles à traiter, de nombreux patients obtenant une réduction d’au moins 50%. Un éditorial du journal scientifique JAMA estime que ce nouveau médicament est un progrès mais pas une panacée.
Comme le relève le journal suisse [email protected] en juin 2019, les études réalisées avec l’erenumab ont révélé une baisse significative du nombre de jours de migraine par mois, tant pour la migraine épisodique que pour la migraine chronique.
Autres anti-PRGC
Il existe plusieurs autres médicaments anti-PRGC (anti-CGRP) sur le marché que l’erenumab, notamment aux Etats-Unis ou en Europe (y compris la Suisse). On peut citer par exemple le fremanezumab, un anticorps monoclonal. Il s’agit d’un traitement prophylactique de la migraine. L’eptinezumab et le galcanezumab sont d’autres anticorps monoclonaux de cette famille6.
Effets secondaires sur la tension en lien avec les anti-PRGC (étude de 2019)
Des chercheurs de l’Université de Zurich en Suisse avec l’équipe de Johannes Vogel ont déterminé qu’avec l’utilisation de cette nouvelle prophylaxie contre la migraine (anti-PRGC), la prudence est de mise. Alors que ce peptide (si pas inhibé) peut conduire dans les membranes cérébrales à des crise de migraine, il agit positivement sur le cœur par l’activité physique et protège contre les conséquences de la haute pression sanguine. Les chercheurs ont découvert ce double effet dans des expériences avec des souris. Cependant, comme le neuropeptide semble très semblable chez les humains, les résultats sont également pertinents pour les humains. Ce peptide déclenche des réactions inflammatoires dans les méninges et dilate les vaisseaux sanguins, ce qui peut provoquer des migraines. L’alphaCGRP est présent également dans les muscles squelettiques et atteint le cœur par la circulation sanguine. Là, il inhibe les changements pathogènes dans le cœur causés par l’hypertension artérielle chronique. “L’activité physique et le sport augmentent le taux plasmatique d’alphaCGRP, ce qui a un effet positif sur le cœur en cas de tension artérielle élevée “, explique M. Vogel dans un communiqué de presse publié en novembre 2019.
L’effet positif de l’entraînement cardiovasculaire sur le cœur est donc étroitement lié à ce neuropeptide, ont déclaré les chercheurs. Pour leur étude, ils ont examiné des souris saines et des souris souffrant d’hypertension artérielle chronique, qui fonctionnaient de façon passive ou volontaire à plusieurs reprises dans la roue à aubes. Une concentration normale d’alpha-CGRP dans le sang est donc vitale pour la survie, et ce neuropeptide protège le cœur indépendamment de son effet hypotenseur à dose élevée. Par conséquent, cette prophylaxie de la migraine ne devrait pas être utilisée avec l’hypertension artérielle chronique, explique M. Vogel. Et aussi avec les autres patients, la tension artérielle doit être surveillée régulièrement. Cette étude a été publiée le 31 octobre 2019 dans le journal scientifique Circulation Research (DOI : 10.1161/CIRCRESAHA.119.315429).
B. Traitements médicamenteux en prévention de la crise de migraine
Les médicaments cités ci-dessous sont sur prescription du médecin, nous vous informons des thérapies à disposition afin par exemple de ne pas être surpris d’une ordonnance pour soigner la migraine avec un antidépresseur, c’est normal.
1. Béta-bloquants : par exemple le propranolol
2. Antagonistes du calcium : p. ex. la flunarizine
3. Antidépresseurs : p.ex. l’amitriptyline
4. Antagonistes des récepteurs 5-HT-2 à la sérotonine : p.ex. pizotifène, méthylsergide
5. Antiépileptiques : p. ex. le topiramate (Topamax® et génériques)
6. Anti-PRGC. Comme on l’a vu sous le point A3 ci-dessus, les anti-PRGC peuvent agir dans la prévention de la migraine. L’antagoniste des récepteurs CGRP atogepant (Aquipta®) a été approuvé en Suisse en 2024 pour la prévention de la migraine, il est administré sous forme de comprimés.
Il faut mentionner qu’on ne doit jamais prolonger un traitement de fond s’il est inefficace. Il risquerait d’aggraver la pathologie et de provoquer des effets secondaires.
Finalement et pour être tout à fait complet à ce sujet, sachez qu’il existe des traitements non médicamenteux comme l’acupuncture qui aurait une certaine efficacité dans le traitement de la migraine.
Mécanisme réactionnel des triptans :
Les triptans agissent sur les récepteurs à la sérotonine 5-HT1D, ils sont très sélectifs (en comparaison des dérivés de l’ergot de seigle, avec effets sur les vaisseaux sanguins, risque d’ergotisme=gangrène) et exercent un effet constricteur.
Risques avec l’utilisation de certains médicaments contre la migraine :
– Les dérivés de l’ergot de seigle (ou alcaloïdes de l’ergot de seigle) peuvent provoquer une gangrène, des vomissements ainsi que des migraines provoquées par les médicaments eux-mêmes.
Il est donc conseillé si possible d’éviter ou de très peu consommer cette classe de médicament, utiliser préférablement des analgésiques ou des triptans.
– La prise de trop d’analgésiques (AINS) peut également provoquer des migraines ou céphalées dus à l’abus de médicaments, ainsi un cercle vicieux peut s’installer.
Parlez-en à votre médecin si tel semble être le cas pour vous, il trouvera la bonne solution.
Autres traitements de fond (en prévention de la migraine) :
Pour lutter contre la migraine, il existe d’autres méthodes comme :
– La stimulation électrique transcutanée. Cette méthode peut s’avérer efficace chez certaines personnes.
– La toxine botulique, plus connue sous son nom de marque Botox®. Sous forme d’injections dans le crâne, indiqué surtout lors de migraine chronique. Le Botox (nom de marque) a été approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis pour le traitement de la migraine chronique en 2010.
Selon une étude publiée en janvier 2019, la toxine botulique réduit les crises migraineuses chroniques, comparativement à un placebo. Cette étude qui était en fait une méta-analyse de données d’essais cliniques a montré que la toxine botulique était supérieure au placebo pour le traitement préventif de la migraine. Le Prof. Benoit Chaput du CHU Rangueil à Toulouse qui a mené l’étude et ses collègues expliquent dans un communiqué de presse : “La toxine botulique est un traitement sûr et bien toléré qui devrait être proposé aux patients souffrant de migraines “. Plus de 17 essais randomisés comparant la toxine botulique au placebo pour le traitement préventif des migraines ont été pris en compte dans cette méta-analyse. Les 17 études portaient sur près de 3’650 patients, dont environ 1’550 souffraient de migraines chroniques, c’est-à-dire d’au moins 15 crises de migraine par mois pendant plus de trois mois, avec des symptômes migraineux au moins huit jours par mois. Les autres patients ont eu des migraines épisodiques moins fréquentes.
Lors de l’analyse des données, les injections de toxine botulique ont réduit de façon significative la fréquence des crises de migraine chronique. Trois mois après l’injection, les patients traités par la toxine botulinique ont eu en moyenne 1,6 crise migraineuse de moins par mois que ceux traités par placebo inactif. L’amélioration s’est manifestée dans les deux mois suivant le traitement à la toxine botulinique. Pour maintenir les effets du traitement, les injections de toxine botulique sont généralement répétées tous les trois mois. Les données regroupées ont également montré une amélioration significative de la qualité de vie chez les patients traités par la toxine botulinique. Cette amélioration était directement liée à une réduction des symptômes dépressifs. Les chercheurs français ont aussi observé une “tendance statistique” vers des attaques moins fréquentes avec la toxine botulique chez les patients souffrant de migraines épisodiques (non chroniques). Cette étude a été publiée le 1er janvier 2019 dans le journal scientifique Plastic and Reconstructive Surgery® (DOI : 10.1097/PRS.0000000000005111).
– Kétamine, effet possible lors de migraine très forte, d’autres études sont nécessaires pour confirmer ou infirmer son efficacité. La kétamine est de plus en plus utilisée pour soigner les cas graves de dépression. Lire traitements dépression
– Méthodes de lutte contre le stress : ex. yoga, méditation en pleine conscience, autohypnose, etc.
– Chirurgie. La chirurgie est une méthode rarement utilisée contre la migraine, notamment par manque de consensus en terme scientifique. La chirurgie agit sur certains nerfs. Demandez conseil à votre médecin ou neurologue pour plus d’informations à ce sujet.
Traitements naturels (en complément)
Les plantes médicinales ci-dessous ont su montrer une certaine efficacité pour soigner la migraine. Nous pensons néanmoins que ces médicaments naturels doivent rester une alternative mais ne doit pas être considéré comme médicament de premier choix (ex. triptans).
Certains traitements naturels peuvent avoir un effet sur la migraine. Le plus connu est probablement le café, riche en caféine, permettant pour certaines personnes d’apaiser les crises. D’autres plantes indiquées en cas de migraine sont la grande camomille ou la menthe poivrée.
– Le café, à consommer sous forme de boisson (café, soda) . Le café peut agir favorablement sur la migraine.
– La menthe poivrée, à prendre sous forme d’infusion ou en huile essentielle.
– La grande camomille (feverfew), à prendre sous forme d’infusion ou en gélule.
– Le romarin, par ex. sous forme d’huile essentielle. Efficace notamment contre les maux de tête.
– La camomille romaine, à prendre sous forme d’infusion ou en huile essentielle.
– Le pétasite (Petasites hybridus), à prendre en comprimé prêt à l’emploi.
Le pétasite agit autant lors de migraine chez les adultes ou chez les enfants. L’Académie américaine de neurologie (American Academy of Neurology) recommande le pétasite en première intention (first-line recommandation) contre la migraine7.
Bons conseils & Prévention
– Pratiquez de l’exercice et du sport (rapport d’une étude scientifique). Selon une étude d’une université turque, la pratique de sport aurait un effet prophylactique contre les crises de migraines.
Les sociétés allemandes de migraine et de maux de tête approuvent cette découverte.
D’un point de vue scientifique on pense que la pratique d’un sport (ici aérobie soit avec oxygène, c’est-à-dire type course d’endurance, foot, tennis) diminuerait la fréquence des apparitions des maux de tête, ceci, car le taux de béta-endorphines, substances naturellement sécrétées par le cerveau comme anti-douleur, serait augmentée lors de la pratique régulière d’un sport.
Néanmoins, d’autres études sont nécessaires pour évaluer le rôle joué par les endorphines dans l’apparition de crise de migraines, toutefois le sport étant également et cette fois assurément bénéfique en prévention des maladies cardiovasculaires ce qui vous fera donc aucun mal.
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– Bien connaître les causes ou facteurs déclenchant de la migraine. Par exemple en tenant un petit journal où vous marquez quand vous avez eu vos dernières migraines, notez votre alimentation, la météo, etc.
Il faut tout faire pour prévenir les causes (facteurs déclenchant) de la migraine pour autant bien sûr qu’il y en ait et qu’elles soient connues.
Par exemple éviter de manger une nourriture trop grasse et trop volumineuse ainsi que de boire trop le soir.
Surveillez votre consommation d’alcool, régulez votre sommeil, etc.
– Evitez de consommer trop de caféine (plus de 3 cafés par jour par exemple) ou des médicaments à base de caféine toutefois un ou deux cafés par jour peut néanmoins faire du bien
– Evitez aussi une consommation trop importante de triptans et autres ergotamines. Tous ces composants peuvent favoriser la migraine et les maux de tête.
– Utilisez des médicaments pour prévenir la migraine (sur prescription du médecin). Dans certains cas la consommation de vitamine B2 (riboflavine) fortement dosée peut avoir un effet préventif contre la migraine. D’autres techniques non médicamenteuses comme l’acupuncture peut aussi s’avérer efficace.
– Portez un bonnet l’hiver, en effet le froid peut déclencher des migraines. Cela dit, dans certains cas le froid peut calmer les migraines. De ce fait appliquer une poche contenant un gel que l’on garde au congélateur peut être salutaire
– Consommez du magnésium, en complément ou dans l’alimentation, chez la femme il faudrait consommer 270 mg par jour et chez l’homme 300 mg. Le magnésium pourrait prévenir chez certains patients la fréquence des crises.
– Buvez régulièrement et en particulier de l’eau. La déshydratation peut être une cause de la migraine.
– Sauf exception, évitez de vous rendre aux urgences pour une migraine, car le service des urgences n’est pas un endroit adapté avec souvent une forte lumière et du bruit (des facteurs de risque de la migraine).
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Préparation visite chez le médecin
Nom anglais :
Migraine
Crédits photos et infographies :
Adobe Stock, Creapharma.ch.
Historique de la mise à jour – Dossier revu médicalement :
– 28.08.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien)
– 20.03.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien – mise à jour de la partie sur les Traitements)
Références scientifiques et bibliographie :
- Lipton RB, Bigal ME, Diamond M, et al. Migraine prevalence, disease burden, and the need for preventive therapy. Neurology 2007;68:343–9
- CMAJ, 10.1503/cmaj.211969 , Diagnosis and acute management of migraine, DOI :
- Newsletter de la Mayo Clinic, Mayo Clinic Health Letter, page 4, édition de juin 2021 parlant notamment de la migraine
- CMAJ, 10.1503/cmaj.211969 , Diagnosis and acute management of migraine, DOI :
- Newsletter de la Mayo Clinic, Mayo Clinic Health Letter, page 4, édition de juin 2021 parlant notamment de la migraine
- Newsletter de la Mayo Clinic, Mayo Clinic Health Letter, page 4, édition de juin 2021 parlant notamment de la migraine
- National Geographic, Healing Remedies, Tieraona Low Dog, 2014 et 2018