Goutte
Dernière mise à jour le : 16 novembre 2024
Révision médicale : Xavier Gruffat, pharmacien
Résumé sur la goutte
La goutte est une maladie rhumatologique qui touche en général les articulations, le plus souvent celle de la base du gros orteil (hallux) – dans environ la moitié des cas. La goutte est souvent chronique et se caractérise par une inflammation intense de l’articulation qui engendre souvent une très forte douleur, on parle de crise de goutte ou au Canada d’attaque de goutte. La goutte est une forme d’arthrite1. Les douleurs engendrées par cette maladie sont souvent atroces.
La cause principale de la crise de goutte est un taux élevé d’acide urique dans le sang (au-dessus de 6,8 mg/dL, soit le point de solubilisation de l’acide urique). Cette molécule circule dans le sang et s’accumule dans les articulations sous forme de cristaux, ces derniers provoquent une réaction inflammatoire et une douleur intense. Voir aussi un résumé sur la goutte sur notre chaîne YouTube Creapharma
La goutte est plus fréquente chez les hommes, en particulier ceux âgés de plus de 40 ans, mais peut aussi toucher des femmes surtout après la ménopause (celle-ci survient en moyenne à 51 ans). Il s’agit en fait souvent d’une maladie chronique, car une personne qui arrête la prise de médicaments ou d’un régime adapté (notamment limiter la viande et l’alcool) verra souvent les crises de goutte réapparaître.
L’obésité et le diabète sont des facteurs de risque importants. D’autres facteurs peuvent expliquer cette augmentation des cas comme la prise de médicaments hypotenseurs (ceux-ci peuvent favoriser la goutte en augmentant le taux d’acide urique). Le taux élevé d’acide urique dans le sang peut être provoqué par des origines génétiques qui favorisent une surproduction de cette molécule. D’autres raisons sont la consommation excessive de viande ou de fruits de mer, d’alcool ou encore la prise de certains médicaments.
La goutte peut mener à des complications comme des calculs urinaires ou des dépôts de cristaux d’urétates de calcium (tophus) sous la peau.
Pour effectuer un diagnostic exact, le médecin doit effectuer une ponction au niveau de l’articulation. La présence de cristaux d’acide urique confirme la présence de goutte.
Le traitement peut être thérapeutique notamment en cas de crise de goutte avec l’utilisation de médicaments anti-inflammatoires (ibuprofène) ainsi que de la colchicine. On peut utiliser également des traitements préventifs comme l’allopurinol qui prévient les crises. La crise de goutte peut être si douloureuse qu’elle nécessite une hospitalisation.
Finalement, le style de vie est très important dans la thérapie de la goutte. Il faudra donc essayer de boire moins d’alcool, manger moins de viande (riche en purines qui se transforment ensuite en acide urique), ne pas boire trop de soda et bien s’hydrater.
Lire aussi 14 questions fréquentes sur la goutte si vous préférez un dossier présenté sous forme de questions et réponses
3 bons conseils pour bien prendre en charge la goutte :
1. Adoptez un style de vie sain (pratique d’exercice, alimentation équilibrée, etc.)
2. Mangez des aliments qui sont sains pour vous et faibles en purines
3. Prenez régulièrement vos médicaments
Définition
La goutte est une maladie rhumatologique, inflammatoire et métabolique qui touche une ou plusieurs articulations. Elle affecte généralement une seule articulation à la fois2. La goutte est une forme d’arthrite. La maladie peut dans certains cas être chronique. Il faut noter que la goutte commence souvent par atteindre le gros orteil et presque toujours une extrémité articulaire comme les doigts de pieds, les genoux, les coudes ou encore les chevilles. La goutte est provoquée par un dépôt d’acide urique au niveau articulaire qui forme des cristaux d’acide urique très douloureux (une des pires douleurs selon certains patients). L’acide urique est un métabolite final (issu de la transformation des purines, qu’on trouve par exemple dans la viande) et est éliminé par les reins. C’est pourquoi on observe parfois la formation de calculs rénaux.
Poussées (crises)
La goutte est une maladie qui évolue par poussées, on parle alors de crise de goutte (attaque de goutte au Canada) lorsque la douleur devient très intense. Remarquons qu’il est important de bien soigner la goutte avec des médicaments ou un changement du style de vie, car des complications rénales ainsi que des déformations articulaires peuvent survenir si cette maladie est mal soignée. Seul un médecin pourra vous prescrire les médicaments adaptés (éviter l’automédication).
Historique de la maladie & Personnes célèbres
La goutte est une maladie connue depuis environ 4’000 ans. Des personnes célèbres ont souffert de goutte comme Isaac Newton ou Léonard de Vinci. La goutte porte parfois le nom de maladie des rois, car à l’époque ces têtes couronnées faisaient de véritables festins riches en viandes et alcool, deux facteurs de risque important pour la goutte. On sait que le roi Henri VIII d’Angleterre souffrait aussi de cette maladie.
Crédit photo : Consolation in the Gout – Rheumatology Research Foundation – Atlanta, Georgie, Etats-Unis
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Epidémiologie
Rapport entre hommes et femmes – variable selon les sources (entre 3 et 20 fois)
– La goutte concerne la plupart du temps des hommes à partir de la cinquantaine. Certaines sources estiment qu’il y a 20 fois plus d’hommes touchés par la goutte que des femmes.
– Une autre étude a montré que 6 patients (hommes) et 1 patiente (femme) sur 1’000, patients de cabinets de médecine générale au Royaume-Uni, souffraient de la goutte. Dans ce cas le rapport hommes-femmes n’est plus de 20 mais de 6. Sur ce même sujet, une étude parue en janvier 2014, toujours au Royaume-Uni, a montré que le rapport homme-femmes était de 4 hommes pour 1 femme.
– Aux Etats-Unis, la renommée Cleveland Clinic estime qu’il y a 3 fois plus d’hommes touchés que de femmes3.
Âge goutte
– On estime qu’un pour cent des hommes de plus de 40 ans ont la goutte, dans certains pays ce chiffre est bien plus élevé (lire ci-dessous le paragraphe concernant les Etats-Unis). La première crise de goutte apparaît chez les hommes souvent entre 20 et 40 ans.
– Quand les femmes sont touchées c’est la plupart du temps après la ménopause.
– Chez les enfants la maladie est rare, quand elle touche ce groupe d’âge elle est souvent associée à des problèmes métaboliques bien définis.
Etats-Unis
– Aux Etats-Unis, on estime qu’environ 4% des adultes américains 4 souffrent de goutte. Ce nombre était en forte augmentation (environ le double qu’en 1994, référence année 2014), mais depuis les années 2015 à 2016 on observe une stabilisation du nombre de cas. En effet, selon des données de 5’467 adultes aux États-Unis dans le cadre de la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) pour les années 2007-2016, les chercheurs ont constaté que la prévalence de la goutte et de l’hyperuricémie est restée à 3,9 %, ayant doublé entre les années 1960 et 1990, soit environ 9,2 millions d’adultes atteints de goutte en 2015-2016. En 2022, l’association Alliance for Gout Awareness on estimait à plus de 9 millions le nombre d’Américains souffrant de goutte.
– Aux Etats-Unis, la moitié des personnes atteintes de la goutte souffre de 3 crises de goutte ou plus par année. Une crise de goutte dure en moyenne 4 jours (source: référence no 1, voir en bas de l’article).
Toujours aux Etats-Unis, on estime que les coûts de la santé engendrés par les patients souffrant de la goutte s’élève à 1 milliard de dollars par année, environ 1 tiers provient du traitement des cas de crises de goutte.
Epidémiologie hyperuricémie
On estime que dans la population générale jusqu’à 20% des personnes souffrent d’hyperuricémie, selon un article publié en novembre 2017 dans le journal interne du congrès ACR de San Diego (Etats-Unis). Par comparaison, environ 4% de la population américaine souffre de goutte. Cela signifie que la majorité des personnes souffrant d’hyperuricémie ne va pas développer la goutte.
Royaume-Uni
– Au Royaume-Uni, la goutte est la maladie articulaire inflammatoire la plus courante, touchant 1,5% de la population5. Dans ce pays on estime qu’une personne sur 40 souffre de goutte6. Comme la goutte est associée en grande partie au style de vie, on observe suite à la mondialisation et à la malbouffe une augmentation au niveau mondial des cas de goutte. C’est en tout cas une hypothèse souvent avancée.
Au Royaume-Uni 3,2% des adultes souffrent de la goutte, selon une étude publiée dans le journal scientifique BMJ en 2017. Ce chiffre est en augmentation en comparaison des décennies précédentes, toujours selon le BMJ.
Causes
Il existe trois causes principales d’un taux élevé d’acide urique pouvant conduire à la goutte7 :
1. Un régime alimentaire riche en aliments contenant des niveaux élevés de purines (lire davantage ci-dessous).
2. Une production élevée d’acide urique par l’organisme.
3. Les reins qui n’excrètent pas suffisamment d’acide urique.
La goutte est provoquée par un taux élevé d’acide urique dans le sang (hyperuricémie) situé au-dessus de 6,8 mg/dl, c’est-à-dire au-dessus du point de solubilisation de l’acide urique. Autrement dit, au-dessus de 6,8 mg/dl des cristaux peuvent se former puis venir se déposer dans les articulations comme celles du gros orteil (hallux ou 1er orteil).
Aux Etats-Unis, les spécialistes de la goutte recommandent d’avoir un taux d’acide urique inférieur à 6mg/dl. Chez les patients atteints de goutte, ce taux devrait même être inférieur à 5 mg/dl pour prévenir de futures crises.
Plus le taux d’acide urique dans le sang diminue (ex. à 5 mg/dl ou en dessous) et plus la solubilisation des cristaux d’acide urique augmente. En général, l’acide urique se dissout dans le sang sans former de cristaux puis traverse les reins pour être éliminé dans l’urine.
Cristaux d’acide urique
Les cristaux d’acide urique provoquent ensuite au niveau tissulaire une réaction inflammatoire. Il s’en suit une production de molécules présentes dans le processus inflammatoire comme les interleukines. Au niveau physiologique l’inflammation n’est pas liée directement aux cristaux d’acide urique mais aux cellules immunitaires qui s’attaquent à ces cristaux d’acide urique considérés par les cellules immunitaires comme des corps étrangers.
De nombreuses personnes ont un taux élevé d’acide urique dans le sang mais ne développent pas la maladie de la goutte. Un taux élevé d’acide urique dans le sang est une condition nécessaire mais pas suffisante pour mener à des crises de goutte. On ignore encore pourquoi certains développent la maladie de la goutte et d’autres non. De nombreuses personnes qui souffrent de goutte ont eu pendant des années un taux élevé d’acide urique avant de connaître leur première crise.
Formation de l’acide urique – purines
L’origine de l’acide urique est multiple. Cette molécule peut notamment provenir de déchets formés par la dégradation des purines au niveau cellulaire:
ADN (provenant d’une cellule morte, viande, après un traitement anti-cancéreux, etc) > Purines > Acide urique > Cristaux d’acide urique au niveau des articulations (en cas de crise de goutte).
Photo: acide urique (source: Wikipedia.org)
En savoir plus sur les causes de l’augmentation de l’acide urique
Dans 80 à 90% des cas de goutte, l’origine provient d’une mauvaise excrétion d’acide urique au niveau des reins, et non d’une absorption excessive. Au niveau rénal, l’acide urique est ensuite réabsorbé dans la circulation sanguine, il s’en suit une hyperuricémie (excès d’acide urique).
La goutte peut se classifier en goutte primaire ou goutte secondaire.
Goutte primaire
Cette forme de goutte n’a pas de causes bien définies, on estime que des facteurs génétiques influencent le taux élevé d’acide urique dans le sang. La goutte primaire est également connue sous le nom de goutte idiopathique.
Goutte secondaire
Dans cette forme, plusieurs facteurs peuvent augmenter le taux d’acide urique dans le sang :
– Alimentation riche en viande, alcool, etc. Lire aussi sous Bons conseils ci-dessous.
Tomate et goutte
Une étude de l’Université de Nouvelle-Zélande, de la ville d’Otago, a montré que manger des tomates pourrait favoriser la goutte, en tout cas les scientifiques ont observé une forte corrélation entre la consommation de tomate et cette maladie rhumatologique. Selon ces chercheurs, manger des tomates augmente le taux d’acide urique dans le sang. Cette étude qui a notamment porté sur plus de 2000 Néo-Zélandais souffrant de la goutte a été publiée dans la revue spécialisée BMC Musculoskeletal Disorders en août 2015. Ces participants devaient répondre par formulaire sur les déclencheurs des crises de goutte, 71% ont déclaré avoir un ou plusieurs aliments déclenchant la goutte. La tomate a été listée comme facteur déclenchant dans 20% de ces aliments. D’autres aliments cités étaient l’alcool, les fruits de mer, la viande rouge ou encore les boissons sucrées (ex. soda).
Goutte : faible influence de l’alimentation
L’alimentation pourrait avoir moins d’importance qu’on ne le pensait comme cause de la goutte. Une étude publiée le 10 octobre 2018 dans le journal scientifique BMJ (DOI : 10.1136/bmj.k3951) a analysé par des questionnaires diététiques, des analyses génétiques et des niveaux d’acide urique plus de 16’000 personnes aux États-Unis. Les chercheurs ont constaté que les choix alimentaires représentaient moins de 0,5% de la variation de l’acide urique, tandis que les facteurs génétiques représentaient environ 24%. Comme la goutte est causée par un taux élevé d’acide urique, cette étude suggère que la génétique est beaucoup plus importante que l’alimentation lorsqu’il s’agit du risque de goutte.
– Maladie hémolytique (anémie, etc.).
– Tumeurs (lymphome).
– Insuffisance rénale.
– Obésité ou excès de poids, l’obésité augmente d’un facteur 2 à 3 le risque de goutte.
Obésité et risque de goutte – chirurgie bariatrique
Selon une étude suédoise de l’Université de Göteborg, les personnes obèses qui ont réalisé une chirurgie bariatrique ont vu leur risque de souffrir de la goutte diminuer de 34% pendant le suivi des participants à cette étude qui a duré 26 ans. Cette étude a été publiée en octobre 2016 dans la revue spécialisée Annals of the Rheumatic Diseases.
– Prise de certains médicaments : aspirine (y compris à faible dosage, ex. 100 mg, utilisé dans la prévention de maladie cardiovasculaire), diurétiques comme l’hydrochlorothiazide, antihypertenseurs, certains médicaments cytotoxiques utilisés par ex. en cas de maladies hématologiques malignes, acide bempédoïque (contre le cholestérol LDL), des immunosuppresseurs comme la cyclosporine ou le tacrolimus.
– Soda et aliments industrialisés. Des études ont montré qu’une consommation excessive en soda et jus de fruits industrialisés pouvaient augmenter la probabilité de développer la goutte, y compris chez les femmes. La relation entre une consommation excessive de sucre et l’apparition de la goutte n’est pas encore totalement comprise (probablement l’insuline exercerait un rôle important).
– Diabète : on sait que des taux élevés d’insuline dans le sang peuvent mener à des taux élevés d’acide urique, il y a donc un lien entre le diabète et la goutte.
– Hypertension.
– Apnée du sommeil, une personne souffrant d’apnée du sommeil présenterait un risque 20% plus élevé de souffrir de goutte. Une étude publiée en 2018 semble montrer un chiffre même plus élevé. En effet, une étude a montré que les personnes atteintes d’apnée obstructive du sommeil ont un risque plus élevé de développer la goutte, même plusieurs années suivant le diagnostic de l’apnée. Pour arriver à ces résultats, une équipe dirigée par Edward Roddy et Milica Blagojevic-Bucknall de l’Université Keele au Royaume-Uni, a examiné des informations de 15’879 patients atteints d’apnée obstructive du sommeil et 63’296 patients ne souffrant pas de cette maladie, avec un suivi médian de 5,8 ans.
Pendant le suivi, 4,9% des patients atteints d’apnée et 2,6% des patients non atteints d’apnée ont développé de la goutte. On suppose que la carence intermittente en oxygène due à l’apnée obstructive du sommeil entraîne une surproduction d’acide urique, ce qui provoque la goutte. Cette étude a été publiée le 30 août 2018 dans le journal scientifique Arthritis & Rheumatology (DOI : 10.1002/art.40662).
– Hospitalisation, notamment une hospitalisation prolongée, opération ou blessure articulaire8.
En effet, le risque de souffrir de crise de goutte pendant une hospitalisation augmente d’un facteur 10 et un long séjour à l’hôpital ont été associés à une augmentation des crises de goutte directement à l’hôpital, selon une étude américaine publiée dans le Journal of Rheumatology (DOI : 10.3899/jrheum.171320) le 1er juillet 2018. Au total, 429 personnes présentant une incidence de goutte ont été prises en compte dans cette étude, se basant sur une banque de données médicale (Rochester Epidemiology Project) dans le comté d’Olmsted, dans le Minnesota. Selon les auteurs de l’étude, l’hospitalisation est fortement associée aux crises de goutte chez les patients présentant une goutte préexistante. Les auteurs de l’étude notent toutefois que leur recherche peut avoir été limitée par la nature rétrospective de ce travail. En effet, l’incidence de la goutte n’a peut-être pas été prise en compte dans tous les cas parce que les crises hors de l’hôpital reposaient sur une auto-déclaration du patient.
Physiopathologie de la goutte (inflammasome)
Des études sur la physiopathologie de la crise de goutte ont révélé que les cristaux d’urate monosodique (MSU en anglais) ou plus simplement cristaux d’acide urique, c’est-à-dire la forme cristalline de l’acide urique, sont reconnus par les cellules immunitaires comme un signal de danger. Ces cellules peuvent commencer une réponse inflammatoire. Cette réponse est orchestrée par le récepteur de reconnaissance de motif (pattern en anglais) intracellulaire appelé NLRP3. En cas d’exposition aux cristaux d’acide urique (MSU), le NLRP3 forme un complexe à base de protéine appelé inflammasome. Il s’en suit ensuite l’activation de la protéine capsase9. Cette dernière clive ensuite des cytokines hautement pro-inflammatoires comme l’interleukine (IL) -1β et l’IL-18, ce qui mène à la sécrétion de leurs formes biologiquement actives et provoque une crise de goutte.
Personnes à risque – Facteurs de risque
Les personnes qui peuvent plus facilement développer la goutte :
– Les hommes, en particulier ceux âgés de plus de 50 ans (l’âge et donc le vieillissement de la population est un facteur qui explique en partie l’augmentation des cas de goutte). Environ 90% des personnes atteintes de goutte sont des hommes de plus de 40 ans10.
– Les hommes qui aiment bien manger (“bons vivants”), notamment ceux qui font des “festins” riches en viandes et/ou une consommation d’alcool importante. C’est pourquoi on parle parfois de la maladie des rois.
– Les hommes qui font peu de sport (sédentaires).
– Les personnes souffrant du syndrome métabolique : hypertension, taux élevé de cholestérol, diabète, etc.
– Les personnes ayant des cas de goutte dans la famille (composante héréditaire), serait responsable pour 15 à 20% des cas.
– Les personnes qui font des marathons (donc qui courent beaucoup), le risque serait 5 fois plus élevé que la moyenne de la population.
– Les femmes après la ménopause, la chute des oestrogènes observée à la ménopause peut favoriser la goutte.
– Chez les femmes ayant subi une hystérectomie (acte chirurgical qui consiste à enlever tout ou partie de l’utérus), on estime que les oestrogènes peuvent protéger de la goutte et un niveau bas de ces hormones, après avoir enlevé les ovaires peut favoriser la goutte.
– Les personnes obèses, l’obésité augmente d’un facteur de 2 à 3 le risque de souffrir de goutte. On estime de plus en pus que la malbouffe, origine fréquente de l’obésité, pourrait aussi être responsable de l’augmentation du nombre de cas de goutte comme c’est le cas au Royaume-Uni.
Obésité et risque de goutte – chirurgie bariatrique
Comme on l’a vu sous Causes ci-dessus, les personnes obèses qui ont réalisé une chirurgie bariatrique ont vu leur risque de souffrir de la goutte diminuer de 34% pendant le suivi des participants à cette étude qui a duré 26 ans.
– Les personnes souffrant d’apnée du sommeil.
Symptômes
Localisation de la goutte
Articulation du gros orteil (hallux)
La crise de goutte touche en général les articulations, la plupart du temps (dans environ 50% des cas) l’articulation de la base du gros orteil11, celle-ci est souvent l’unique articulation concernée par la goutte.
Lors d’une crise de goutte, les cristaux d’acide urique se déposent en premier lieu sur l’articulation de la base du gros orteil. En général une seule articulation par crise est touchée.
Chez 90% des patients souffrant de la goutte, l’articulation de la base du gros orteil sera au moins une fois touchée.
Pourquoi l’articulation du gros orteil (hallux) est-elle plus touchée ?
Plusieurs hypothèses sont avancées. Premièrement, le pH dans cette région du corps est plus acide que dans d’autres régions. On sait qu’un milieu acide diminue le point de solubilisation de l’acide urique, ce qui augmente la probabilité de former des cristaux d’acide urique. Deuxièmement, à cause de la situation de cette articulation à une extrémité du corps, la température est plus froide que dans d’autres régions, le froid comme l’acidité abaisse le taux de solubilité de l’acide urique. Troisièmement, certains spécialistes estiment que la pression exercée pendant la marche favorise la formation de cristaux d’acide urique.
Autres articulations :
La goutte peut aussi atteindre d’autres articulations comme celle du pied (ex. cheville), du genou, des doigts de la main, du coude, du poignet, etc. D’autres régions peuvent aussi être atteintes comme les oreilles (on parle dans ce cas plutôt de tophus) ou les reins. En général, les articulations des membres inférieurs sont plus touchées par la goutte que celles des membres supérieurs, notamment car elles supportent plus de poids.
Symptômes goutte
– la crise de goutte est extrêmement douloureuse et apparaît soudainement, c’est-à-dire sans avertissement12. La douleur est souvent si insupportable qu’il devient impossible de poser le pied par terre, de mettre une chaussure ou de se couvrir d’un drap pour dormir. La douleur est si forte qu’une crise de goutte peut réveiller le patient en pleine nuit. L’origine de ces douleurs provient de milliers de cristaux d’acide urique qui agissent comme des éclats de verre à l’intérieur des articulations.
Les médecins demandent parfois aux patients d’évaluer la douleur sur une échelle de 1 à 10, 1 étant le moins douloureux et 10 le plus douloureux. Souvent les patients évaluent la douleur à 9 ou 10.
– L’articulation concernée pas la goutte présente les signes classiques de l’inflammation : une peau rouge, douloureuse, chaude et tuméfiée, d’où l’utilisation particulièrement recommandée d’anti-inflammatoires dans le traitement de la goutte (lire ci-dessous pour découvrir les médicaments contre la goutte).
– Les crises de goutte peuvent survenir une seule fois ou se répéter (on parle de goutte chronique), par exemple plusieurs mois ou années après la première crise.
– La goutte peut aussi provoquer des calculs urinaires.
Différences entre hommes et femmes
Les hommes et les femmes peuvent ressentir les symptômes de la goutte différemment. Chez les hommes, la douleur se situe généralement dans les extrémités inférieures, comme le gros orteil, la cheville ou le genou. Les femmes ressentent une douleur initiale dans les extrémités supérieures, comme le poignet, les doigts ou le coude13.
Apparition et durée de la crise de goutte
– La crise de goutte survient souvent la nuit14 ou le soir, période plus froide qui favorise la cristallisation de l’acide urique. En décembre 2014, des chercheurs de la Boston University School of Medicine (Etats-Unis) ont découvert dans une étude clinique portant sur plus de 700 personnes que les patients atteints de goutte avaient 2,4 fois plus de risque de souffrir d’une crise la nuit entre minuit et 8h du matin que la journée entre 8h et 16h. En général la crise commence par des petites douleurs ou des petits désagréments, mais après quelques heures, l’articulation devient complètement enflammée.
– Une crise de goutte peut durer plusieurs jours, souvent de 3 à 7 jours (certaines sources parlent de 3 à 10 jours15). Ensuite la douleur disparaît progressivement. Aux Etats-Unis, la moyenne de la durée d’une crise de goutte est de 4 jours. La douleur dans les articulations est souvent la plus forte dans les premières 4 à 12 heures après le début de la crise de goutte16.
– Il faut savoir que même sans traitement, la crise se résorbe en quelques jours et souvent en moins d’une semaine.
– L’intervalle entre deux crises de goutte est très variable, de plusieurs semaines, mois ou même années. Certaines personnes vont connaitre seulement une crise de goutte dans leur vie.
Diagnostic
Pour diagnostiquer la goutte, le médecin ou professionnel de la santé peut observer les symptômes ou signes cliniques de cette maladie. La plupart du temps cela suffit, car les symptômes sont assez clairs. Le rhumatologue est le médecin spécialiste de la goutte.
Acide urique
Le médecin peut aussi effectuer une ponction au niveau du liquide de l’articulation atteinte par aspiration, la présence de microcristaux d’acide urique (MAU) confirme la goutte. L’analyse de ces cristaux se fait au microscope en général au cabinet médical. Certains spécialistes estiment que cette analyse des cristaux au microscope et l’unique moyen d’établir un diagnostic correct de la goutte. En effet, le taux d’acide urique identifié dans le sang par une prise de sang peut également donner des indications sur le diagnostic, mais de faux diagnostics sont possibles.
Radiographie
Le médecin peut aussi effectuer une radiographie, surtout pour exclure un autre diagnostic, comme par exemple la pseudogoutte (aussi appelé chondrocalcinose articulaire), provoquée par le dépôt de pyrophosphate de calcium dans les articulations. Les radiographies de l’articulation sont utiles en cas de goutte chronique pour rechercher d’éventuels problèmes osseux ou articulaires comme un tophus. En cas de goutte chronique, le médecin peut aussi vérifier la fonction rénale, pour identifier une éventuelle insuffisance rénale.
Critères de diagnostic de la goutte (2015)
En septembre 2015, l’association de rhumatologues américains, American Rheumatology Association (ACR), et l’EULAR, son équivalent européen, ont publié des critères permettant de diagnostiquer la goutte en fonction notamment des symptômes et de différents paramètres.
Les principaux critères permettant de diagnostiquer la goutte sont :
– Le critère d’entrée, condition nécessaire, de cette nouvelle classification est que le patient ait connu au moins un épisode de gonflement, de sensibilité ou de douleur dans une articulation périphérique ou dans une bourse synoviale avec douleurs.
– La présence de cristaux d’urate de sodium (CUS) dans une articulation ou bourse synoviale symptomatique, mais aussi dans un tophus est un critère suffisant, dans le cas où le critère d’entrée est positif, pour caractériser la goutte.
Si le médecin ne constate pas de CUS, il devra poursuivre le questionnaire, portant notamment sur des questions cliniques.
Tous ces critères et le système de sélection peuvent être consultés online sur ce site en anglais (http://goutclassificationcalculator.auckland.ac.nz/).
Lire davantage à ce sujet : Des nouveaux critères de diagnostic pour la goutte
Acétyles de glycoprotéines (étude)
Une étude publiée en septembre 2023 (DOI : 10.1002/art.42523) a montré que des niveaux élevés d’acétyles de glycoprotéines (en anglais : glycoprotein acetyls) – un marqueur connu de l’inflammation – étaient présents dans les échantillons de sang des personnes au cours des mois ou des années précédant leurs premières crises de goutte. Les personnes dont les taux d’acétyles des glycoprotéines étaient plus faibles développaient moins souvent la goutte. Les taux élevés d’acétyl glycoprotéines ont également permis de prédire quels participants à l’étude présentaient des crises de goutte récurrentes17.
Complications (ex. thophi)
La goutte (et l’accumulation d’acide urique) peut mener, si elle n’est pas bien soignée, à des complications comme :
– Des calculs rénaux ou urinaires (on parle aussi de néphrolithiase). Selon une étude suédoise publiée en juillet 2017, les patients souffrant de goutte (autant hommes que femmes) ont 60% plus de risque de souffrir de calculs rénaux que la population générale. Cette étude a été publiée le 24 juillet 2017 dans le journal scientifique Arthritis Research & Therapy 18.
– Des complications rénales comme l’insuffisance rénale (dans ce cas la perte de la fonction rénale est souvent irréversible). On estime que les personnes souffrant de goutte ont 4 fois plus de risque de mourir de troubles rénaux.
– Des déformations articulaires (actuellement moins souvent, car traitement préventif possible à base d’allopurinol).
– Dépôts de cristaux d’urétates de calcium appelés tophus ou tophi au pluriel, il s’agit d’une solide masse (nodule) blanche. Les tophi sont donc des nodules dus à des dépôts d’acide urique dans les tissus19. La formation des tophi provient de l’accumulation de cristaux d’acide urique dans le sang, ces nodules siègent près de l’articulation atteinte de goutte, comme par exemple sur le gros orteil, les faces postérieures des coudes, le pavillon de l’oreille, etc.
Comme on le voit, les tophi peuvent se déposer sur des tissus mous formant une bosse comme l’oreille et donc pas toujours au niveau de l’articulation. Une opération permet en général d’enlever ces tophi. Cette opération semble toutefois réservée à des cas avancés, en général l’abaissement du taux d’acide urique permet de résorber ces nodules. Les tophi peuvent potentiellement détruire les articulations.
Remarquons qu’il faut souvent plusieurs années de traitement pour faire disparaître les tophi.
– Risque augmenté d’infarctus du myocarde et d’AVC. Une étude parue en septembre 2013 dans la revue anglaise Rheumatology a montré que les patients souffrant de goutte avaient 2 fois plus de risque de souffrir d’infarctus du myocarde et d’AVC que ceux qui n’avaient pas de goutte. Une autre étude anglaise publiée fin août 2014 a montré que la goutte augmentait le risque cardiovasculaire, cette étude a mis en évidence que les femmes étaient particulièrement à risque.
– Une étude divulguée en juin 2014 au congrès EULAR (European League Against Rheumatism), qui s’est tenu à Paris, a montré que les hommes atteints de goutte souffrent davantage de troubles érectiles. Une autre étude présentée au congrès EULAR de 2017 à Madrid a montré que la goutte était associée à une augmentation de 29% du risque de troubles érectiles chez des patients prenant des médicaments pour traiter la goutte. Cette dernière étude a été réalisée par la Rutgers Robert Wood Johnson Medical School à New Brunswick dans le New Jersey (Etats-Unis).
– Le risque d’incidence du syndrome de Sjögren est 1,7 fois plus élevé chez les patients âgés souffrant de goutte que chez les patients sans goutte, selon une étude publiée online le 7 février 2019 dans le journal scientifique Joint Bone Spine (DOI : 10.1016/j.jbspin.2019.01.022).
Lire aussi 14 questions fréquentes sur la goutte si vous préférez un dossier présenté sous forme de questions et réponses
Traitements
Pour soigner la goutte on distingue 2 types de traitements : le traitement de la crise de goutte (1.) et celui qui prévient de futures crises (2.) :
1. Traitement de la crise de goutte (crise de goutte aiguë)
Le but du traitement de la crise de goutte est d’interrompre la réaction inflammatoire. Pour calmer la douleur, le médecin dispose principalement de médicaments analgésiques et anti-inflammatoires comme :
– Des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), notamment du diclofénac, du naproxène ou de l’ibuprofène, à prendre en général sous forme de comprimé. Il faut éviter toutefois la prise d’Aspirine® dans le traitement de la goutte, en effet ce médicament pourrait agir sur l’élimination de l’acide urique au niveau rénal et aggraver les symptômes de la maladie. Certains AINS avec un effet puissant anti-inflammatoire comme le célécoxib ou l’indométhacine sont parfois aussi prescrits par le médecin, notamment aux Etats-Unis20.
Plus les AINS sont pris rapidement dès l’apparition de la crise de goutte et plus ils sont efficaces21. Il faut prendre les AINS jusqu’à la fin de la crise de goutte.
Si possible, essayez avec votre médecin ou pharmacien de trouver la dose efficace la plus faible d’AINS pour diminuer la douleur ou l’inflammation (cela permet notamment de diminuer le risque d’effets secondaires au niveau cardio-vasculaire et gastro-intestinal, y compris à long terme).
– La colchicine, il s’agit d’un alcaloïde provenant de la colchique (Colchicum automnale). Attention la prise de ce médicament à fort pouvoir anti-inflammatoire doit être bien contrôlée par un médecin ou pharmacien notamment à cause des effets secondaires de la colchicine : nausées, vomissements, diarrhée (jusqu’à 20% des patients prenant ce médicament ont de la diarrhée). Il faut donc être particulièrement attentif à l’apparition d’effets secondaires22. La colchicine est prise en général sous forme de comprimé. Il semble que la colchicine soit plus efficace si elle prise dans les 24h après l’apparition des premiers symptômes23.
Aux Etats-Unis, il existe depuis 2019 de la colchicine vendue sous forme liquide et plus seulement en comprimé. En Suisse, la colchicine est peu utilisée, à cause des risques de surdosage mais on la trouve dans COLCTAB® (1 mg comprimés).
En France, la revue indépendante de référence et connue pour son indépendance Prescrire écrivait en janvier 2021 que chez les patients souffrant d’une crise de goutte, la colchicine (nom de marque : Colchicine Opocalcium®) ne soulage pas mieux la douleur qu’un anti-inflammatoire non stéroïdien tel que le naproxène (nom de marque : Naprosyne® ou génériques). Vu le risque de surdose mortelle lié à la colchicine, celle-ci est une option de dernier recours, toujours selon Prescrire24.
– La cortisone et autres corticoïdes, utilisée pour son action anti-inflammatoire. Ces médicaments peuvent être utilisés sous forme de comprimés ou directement en injection au niveau de l’articulation douloureuse. En général, on utilise de la cortisone chez des personnes qui ne peuvent pas utiliser ou ne supportent pas les AINS (diclofénac, ibuprofène, etc.).
La prednisolone (ou prednisone) en prise orale, un corticostéroïde de synthèse, est souvent utilisée en cas de crise de goutte. Une étude de chercheurs de Hong Kong publiée en février 2016 dans la revue spécialisée Annals of Internal Medicine a montré que cette molécule était sûre (sans mener à des effets secondaires graves) et efficace, c’est-à-dire avec le même effet analgésique que l’indométacine, un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS), en cas de crise de goutte. Une autre forme de cortisone utilisée en prise orale contre la goutte est la méthylprednisolone. En injection intra-articulaires les cortisones utilisées sont notamment la méthylprednisolone et la triamcinolone.
Comparaison entre la prise d’AINS et les corticostéroïde
Une revue d’études comprenant 6 études et 817 patients est arrivée à la conclusion que parmi les patients souffrant de goutte, il n’y avait pas de différence significative entre la prise de corticostéroïdes comme la et des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme par exemple l’ibuprofène contre les douleurs à court, moyen ou long terme, la durée pour bloquer la douleur ou encore le besoin de prendre d’autres analgésiques. Bien qu’il n’y ait pas eu de différence entre les corticostéroïdes et les AINS pour ce qui est du résultat primaire en matière d’innocuité, défini comme le taux de saignements gastro-intestinaux, l’incidence des effets indésirables gastro-intestinaux était plus faible dans le groupe des corticostéroïdes. Les analyses de sous-groupes n’ont pas montré de différences entre les doses ou les voies d’administration ( par rapport à la bétaméthasone intramusculaire et triamcinolone) pour les corticostéroïdes. Une analyse similaire n’a pas été effectuée pour divers AINS. Cette étude montre que les corticostéroïdes peuvent être une alternative efficace aux AINS dans les douleurs aiguës de la goutte. Cette étude a été publiée le 23 mars 2018 dans le journal scientifique Annals of Emergency Medicine (DOI : 10.1016/j.annemergmed.2018.02.004).
Inhibiteurs de l’interleukine
Les inhibiteurs de l’interleukine-1 sont disponibles comme traitement de deuxième intention (après ceux mentionnés ci-dessus : AINS, corticoïdes et colchicine).
– Le canakinumab (ILARIS® solution injectable), un anticorps dirigé contre l’interleukine, utilisé chez certains patients. Il est prescrit notamment lorsque les autres médicaments comme les AINS et la colchicine sont inefficaces ou contre-indiqués. En 2011, la FDA (agence de régulation des médicaments aux Etats-Unis) avait annulé la licence du canakinumab à cause d’effets secondaires trop importants25, mais en 2023 la même l’agence l’a à nouveau autorisé aux Etats-Unis. Le canakinumab est disponible dans l’Union Européenne (UE) avec une indication contre la goutte. En Suisse ce médicament peut être prescrit en off-label (hors indication officielle) et via importation26.
– L’anakinra (Kineret). L’anakinra, un autre inhibiteur de l’interleukine 1 (IL-1), peut être utilisé notamment aux Etats-Unis lors de crise de goutte si le patient n’a pas la capacité de recevoir d’autres traitements ou si ces derniers s’avèrent peu efficaces. Ce médicament est typiquement réservé pour des patients hospitalités atteints de plusieurs maladies27. L’anakinra est aussi indiqué contre la polyarthrite rhumatoïde (PR). En Suisse ce médicament peut être être commandé via importation28.
2. Traitement préventif de la crise de goutte (goutte chronique)
Tout d’abord, il est conseillé de suivre certains conseils qui ont trait au changement du style de vie (diminuer l’alcool, etc.) pour soigner la goutte et limiter des crises futures. Si le changement du style de vie n’a pas fait effet, il existe pour le médecin la possibilité de prescrire un médicament très efficace pour éviter et limiter des nouvelles crises de goutte, l’allopurinol (plus d’informations sur ce médicament). D’autres médicaments peuvent aussi aider à prévenir la crise de goutte (lire ci-dessous).
– En général, le médecin instaurera un traitement médicamenteux préventif à base d’allopurinol (Zyloric® et génériques) seulement si le patient a déjà connu plusieurs crises de goutte dans le passé.
On parle aussi de traitement de fond, par opposition au traitement de la crise. L’allopurinol diminue la concentration d’acide urique dans le sang, ce qui réduit la probabilité d’avoir une crise de goutte. Il faudra prendre ce médicament régulièrement, car une fois la thérapie arrêtée, le taux d’acide urique remonte et la probabilité d’avoir une crise de goutte augmente également. Il s’agit alors d’un traitement à prendre sur une longue durée, souvent à vie.
Relevons que de nombreuses personnes prennent ce traitement à base d’allopurinol la première année puis par exemple dès la deuxième année ou en tout cas après un certain temps l’arrêtent. C’est dangereux, car cela provoque un risque pour la santé du patient (crise de goutte, complications rénales, etc). Il s’agira donc de bien prendre tous les jours ce médicament, votre pharmacien peut vous aider pour atteindre cet objectif.
Relevons toutefois qu’une revue d’études publiée en 201429 a montré qu’un traitement par allopurinol ou fébuxostat ne réduisait pas la fréquence des crises de goutte au cours des 6 premiers mois de traitement30. Nous n’avons pas d’études de qualité sur une plus longue période que 6 mois.
– Il existe depuis la fin des années 2000 un autre médicament que l’allopurinol sur différents marchés : le febuxostat (ou en français fébuxostat, dans (Adenuric®).
Cette molécule agit aussi sur l’enzyme (xanthine oxydase) responsable de la synthèse de l’acide urique et réduit en conséquence l’uricémie. Le febuxostat peut être une alternative intéressante en cas d’effets secondaires de type cutané provoqué par l’allopurinol. Cette molécule provoquerait une diminution du taux d’acide urique plus importante que l’allopurinol. Cette baisse importante et rapide peut toutefois provoquer des crises de goutte au début du traitement, une prise en parallèle de colchicine pourra ainsi être parfois conseillée. C’est aussi pourquoi on recommande d’instaurer ce traitement à base de febuxostat seulement après la disparition complète de la crise de goutte.
En février 2019, la FDA américaine (agence de contrôle des médicaments) a communiqué sur le fait que le febuxostat présentait un risque de décès supérieur à l’allopurinol. Suite à une étude approfondie sur la sécurité du febuxostat (aux Etats-Unis vendu sous le nom d’Uloric) lors d’un essai clinique, il a été constaté que le febuxostat était associé à une augmentation du risque de décès de maladies cardiaques et d’autres causes de décès. Par conséquent la FDA a décidé de mettre une Boxed Warning (avertissement sérieux) sur la notice d’emballage du médicament. La FDA recommande d’utiliser le febuxostat seulement si des patients ont des résultats peu efficaces avec l’allopurinol ou souffrent de graves effets secondaires avec l’allopurinol.
Lire davantage sur le febuxostat
– La probénécide (en Suisse vendu sous le nom de marque : Santuril®) est un médicament aussi utilisé en prévention et traitement de la goutte. Cette molécule augmente la capacité rénale d’éliminer l’acide urique, on parle aussi de médicament uricosurique (en anglais : uricosuric). De cette façon la concentration en acide urique dans le sang diminue et réduit le risque de développer cette maladie.
– La pegloticase (nom de marque aux Etats-Unis : Krystexxa®) est un médicament disponible aux Etats-Unis depuis le début des années 2010 permettant de prévenir la goutte en abaissant le taux d’acide urique. Ce médicament qui est une enzyme se présente sous forme d’injection. On l’utilise notamment lorsqu’un patient ne répond pas aux traitements classiques (ex. allopurinol) ou présente des contre-indications à ces traitements. Il est en particulier utilisé lors de tophus (tophi). La posologie est une injection chaque 2 semaines31. La FDA (agence américaine des médicaments) a autorisé la mise sur le marché de ce médicament en 2010 et l’EMA (agence européenne des médicaments) en 2013. Néanmoins, comme le relève la revue spécialisée française Prescrire, la Commission européenne a retiré l’autorisation de mise sur le marché (AMM) du pegloticase (ex-Krystexxa®) en juin 2016. La pegloticase est un médicament dit biologique. Aux Etats-Unis, ce médicament est accompagné d’une Boxed Warning, c’est-à-dire une notice d’avertissement (état en novembre 2017). L’efficacité de la pegloticase peut être affectée par la production d’anticorps contre ce médicament. Toutefois, en ajoutant à la thérapie des médicaments qui suppriment la réponse immunitaire et la formation d’anticorps, le médicament peut être efficace chez une plus grande proportion des patients traités. Lire aussi un interview datant de 2020 avec un professeur spécialiste de la goutte qui mentionne ce médicament
– Le lesinurad (200 mg) et l’allopurinol (300 mg ou 200 mg) – médicament composé, association médicamenteuse, vendu aux Etats-Unis dès 2017 sous le nom commercial de Duzallo®, selon un communiqué de presse du laboratoire commercialisant ce médicament (Ironwood Pharmaceuticals). Le Duzallo® a été autorisé par l’agence de régulation des médicaments aux Etats-Unis, la FDA, en août 2017, environ un an après (août 2018), l’Agence européenne du médicament EMA a donné un avis positif à sa mise sur le marché. Ce médicament est indiqué chez des patients avec une goutte incontrôlée, c’est-à-dire chez ceux qui ne réagissent pas correctement aux médicaments comme l’allopurinol en prise simple. Le médicament a la forme galénique d’un comprimé (tablet en anglais). Il est notamment contre-indiqué chez des personnes souffrant d’insuffisance rénale aiguë (aux Etats-Unis le médicament a une boxed warning pour cette maladie, selon un communiqué d’août 2017). Comme le relève le site suisse Pharmavista.net qui se base sur le journal allemand Pharmazeutische Zeitung, le lésinurad empêche la réabsorption de l’acide urique au niveau rénal en inhibant le transporteur URAT1 et le transporteur anionique OAT4, ce qui entraîne une augmentation de l’excrétion d’acide urique et une diminution de l’acide urique sérique. Toujours selon le site Pharmavista.net, les effets indésirables les plus fréquemment rapportés du Duzallo® sont des symptômes grippaux, un reflux gastro-oesophagien, des céphalées et des élévations de la créatininémie.
En Suisse le lesinurad (200 mg) seul, en mono-préparation, est vendu sous le nom de marque de Zurampic®. En septembre 2024 (date de mise à jour de ce dossier), le Zurampic® n’était plus disponible en Suisse, selon nos informations.
– La benzbromarone. Dans certains pays comme en France ou au Brésil, la benzbromarone est utilisée pour la prévention de la goutte seule (monothérapie) ou en association (ex. avec allopurinol). La benzbromarone est un agent uricosurique qui agit comme un inhibiteur non compétitif de la xanthine oxydase. Dans certains pays comme le Brésil, la molécule est passablement utilisée. En France, la molécule est disponible sur le marché avec les noms de marque Desuric® au dosage de 100 mg de benzbromarone. En Suisse, selon nos informations, la benzbromarone n’est pas disponible sur le marché (état en septembre 2024). En général, la benzbromarone n’est pas utilisée comme traitement de première intention. En effet, l’allopurinol est la plupart du temps préféré à cette molécule. La benzbromarone présente parfois comme effet secondaire une toxicité sur le foie. Les médecins prescrivent en général la benzbromarone lors de taux de filtration glomérulaire normal sans caillots urinaires comme une alternative à l’allopurinol si le patient présente par exemple des effets secondaires provoqués par l’allopurinol. Une étude publiée le 7 juillet 2022 dans Arthritis & Rheumatology (DOI : 10.1002/art.42266) a révélé que de faibles doses de benzbromarone pourraient constituer une meilleure option que d’autres molécules utilisées contre la goutte comme le febuxostat. Dans cet essai prospectif ouvert et monocentrique, 196 hommes atteints de goutte et présentant une faible excrétion urinaire d’acide urique ont été randomisés pour recevoir de la benzbromarone à faible dose ou du febuxostat à faible dose pendant 12 semaines. Les participants du groupe benzbromarone ont été plus nombreux à atteindre l’objectif d’urate sanguin < 6 mg/dL que ceux du groupe febuxostat (61 % contre 32 %). Les effets secondaires ne différaient généralement pas entre les groupes.
Remarques sur les traitements de la goutte :
– On estime qu’une grande partie des personnes souffrant de la goutte, 80% des patients selon certaines sources, ne prennent pas correctement leurs médicaments pour soigner et prévenir les crises de goutte ou ne profitent pas de traitements adaptés. C’est souvent un sérieux problème de santé publique, notamment en Occident (Europe et Amérique du nord).
– Selon l’American College of Rheumatology (Société américaine de rhumatologie), un traitement préventif contre la goutte peut fonctionner chez un patient et pas chez un autre. C’est pourquoi, la thérapie doit être adaptée à chaque patient. Le médecin devra notamment décider quand commencer le traitement et avec quelle molécule. Le choix du traitement dépend aussi de la fonction rénale et d’autres problèmes éventuels de santé.
– L’objectif des traitements préventifs contre la goutte est d’atteindre une concentration d’acide urique dans le sang égale ou inférieure à 6 mg/dL (360 μmol/L). Ces objectifs de traitement sont recommandés autant par l’association américaine de rhumatologues (ACR) que l’association européenne (EULAR).
– La Mayo Clinic estimait dans un article de 201732qu’une prise quotidienne faiblement dosée de colchicine ou d’un AINS (ex. ibuprofène) permettrait de réduire le nombre de crises de goutte, tout en étant un complément aux traitements préventifs comme l’allopurinol ou le fébuxostat.
Question intéressante :
Quelle est la différence entre traiter une crise de goutte et la gestion de la goutte chronique (prévention) ?
Le traitement pendant une crise (attaque) de goutte est axé sur la réduction des symptômes comme la douleur et l’inflammation. Cependant, le traitement de la seule crise ignore les cause sous-jacente. Les crises de goutte proviennent des taux d’acide urique élevés et persistants. La goutte
peut être gérée efficacement avec des médicaments qui maintiennent un niveau “normal” d’acide urique comme l’allopurinol. Des crises de goutte douloureuses, une érosion articulaire à long terme et d’autres risques sérieux pour la santé peuvent être évités si l’acide urique est contrôlé.
A lire : 5 conseils pour bien prendre ses médicaments en cas de goutte
Traitements naturels
Remèdes naturels goutte (plantes médicinales)
Prévention
Même si l’alimentation (y compris l’alcool) n’est plus considérée par les médecins comme la cause principale de la goutte33, un changement du style de vie peut jouer un rôle important.
Pour prévenir l’apparition de nouvelles crises de goutte, il peut être très utile de changer son style de vie et suivre certains conseils comme :
– Limitez votre consommation de viande, y compris et surtout de gibier, et de fruits de mer. On sait que la viande est riche en purines, ces derniers se transforment en acide urique, molécule responsable de la goutte. Essayez ainsi de faire un régime riche en fruits et en produits laitiers.
Une étude a montré que les purines d’origine animale (viande, fruits de mer) étaient associées à un risque bien plus élevé de développer une crise de goutte que les purines d’origine végétale (légumineuses comme les haricots, lentilles, pois). Lire aussi : 10 bons conseils pour une bonne alimentation en cas de goutte – Alimentation en cas de goutte
Une étude publiée en août 2016 dans la revue spécialisée Arthritis & Rheumatology a montré qu’un régime utilisé pour lutter contre l’hypertension, le régime DASH, permettait de diminuer le taux d’acide urique dans le sang en moyenne de 0,35 mg/dL. Chez les individus avec un taux d’acide urique supérieur à 7 mg/dL, un taux fréquent chez des patients souffrant de goutte, le régime DASH a permis une diminution de plus d’1 mg/dL. Le régime DASH est notamment riche en fruits, légumes et céréales.
Les poissons gras comme le saumon, riches en oméga-3, ne sont pas conseillés. Privilégiez les poissons maigres. Par rapport aux viandes, privilégiez aussi les viandes maigres comme le poulet ou l’agneau.
– Limitez votre consommation d’alcool et en particulier de bière ainsi que de vin rouge, même si le vin rouge est parfois remis en cause par des études comme facteur déclencheur de la goutte. L’alcool diminue l’élimination rénale d’acide urique. Lire aussi : Toutes les boissons alcooliques augmentent le risque de goutte, même le vin
– Buvez beaucoup (2 à 3 litres d’eau ou de jus par jour), particulièrement en cas de crise de goutte. N’hésitez pas à boire 500 ml d’eau le matin directement après le réveil. La déshydratation est une cause de la goutte.
– Contrôlez votre poids, le surpoids favorise la goutte. Essayez donc de perdre du poids avec un régime adapté.
– Diminuez votre consommation de boissons sucrées comme les sodas ou les jus industriels, des études récentes (2010 et 2013) ont montré une influence négative sur la goutte. Une variante génétique (appelée SLC2A9) chez certaines personnes expliquerait l’influence des boissons sucrées sur la goutte. En effet, selon une étude néo-zélandaise parue en 2013, chez des individus avec cette variante génétique la prise de boissons sucrées augmente la concentration d’acide urique dans le sang, ce qui favorise une crise de goutte. Le fructose, qu’on retrouve souvent dans des boissons sucrées, augmente le risque de goutte comme l’a montré une étude réalisée notamment par l’Ecole de Médecine de l’Université de Boston.
– Faites davantage d’exercice. Le sport a un effet au niveau métabolique qui pourrait améliorer de façon positive la goutte.
– La prise de vitamine C peut réduire le niveau d’acide urique dans le sang et donc exercer un effet favorable sur la goutte. Lire aussi : sirop de cerise (riche en vitamine C).
– Si vous êtes obèse, effectuer une chirurgie bariatrique permet de diminuer jusqu’à 34% le risque de souffrir de goutte (plus d’informations sur cette étude avec une référence sous Causes, puis paragraphe sur l’obésité).
– Consommez des fibres alimentaires. Une consommation élevée de fibres alimentaires provenant notamment de l’alimentation pourrait aider de façon surprenante à soigner la goutte.
En effet, des chercheurs ont montré dans une expérience sur des souris qu’un régime riche en fibres diminuait l’inflammation lors de goutte. Cette dernière est une maladie inflammatoire qui comme on l’a vu dans ce dossier est provoquée en particulier par l’accumulation de cristaux d’urate de sodium (CUS). L’effet des fibres sur les CUS est indirect. Selon les chercheurs, les fibres favorisent la production de la part des micro-organismes intestinaux de petites chaînes d’acides gras (en anglais short chain fatty acids ou SCFAs). La conséquence positive pour la goutte est que ces acides gras mènent à une apoptose (mort) de neutrophiles et diminue l’inflammation au niveau articulaire. Cette étude réalisée par l’Université Fédérale de l’Etat du Minas Gerais au Brésil a été publiée en janvier 2017 dans la version imprimée de la revue spécialisée Journal of Leukocyte Biology. Comme cette étude a été réalisée sur des souris, il faudra voir grâce à d’autres études si ces résultats sont reproductibles chez l’être humain.
Bons conseils (lors de crise de goutte)
– Evitez de forcer au niveau des articulations (surtout celles touchées par la goutte). Tout mouvement peut augmenter la douleur, il est donc préférable d’immobiliser l’articulation pour éviter la douleur, bref la mettre au repos. Il faut éviter de donner des coups de pieds, donc ne pas jouer au football, car les articulations remplies de cristaux d’acide urique n’aiment pas les chocs et cela peut amplifier la douleur.
– Essayez de surélever l’articulation douloureuse.
– On recommande en cas de crise de goutte d’appliquer des poches de glace ou des compresses froides pour soulager la douleur et l’inflammation34. Une étude la prestigieuse Cochrane va dans cette direction35.
– Buvez beaucoup (2 à 3 litres d’eau ou de jus par jour), particulièrement en cas de crise de goutte. N’hésitez pas à boire 500 ml d’eau le matin directement après le réveil.
– En cas de jeûne (ex. carême, ramadan, jeûne suite à régime), il est important si possible de continuer à boire de l’eau pendant la journée ou le soir, car la déshydratation augmente le risque de goutte. L’acide urique est éliminé surtout au niveau des reins, ainsi en buvant on favorise son élimination. Si possible, il faudrait éviter de faire un jeûne en cas de goutte.
– Mangez moins de tomates (peut favoriser la goutte).
Crédit photo : Palatable Physic – Rheumatology Research Foundation – Atlanta, Géorgie, Etats-Unis
Ressources
– Guide discussion avec médecin – questions à poser au médecin (en PDF)
– Questions fréquentes (FAQ) sur la goutte
– Interview avec un professeur sur la goutte
– Allopurinol
– Acide urique
– Remèdes naturels pour soigner la goutte
– 10 bons conseils alimentaires en cas de goutte – Alimentation en cas de goutte
Noms de la maladie en anglais (crise de goutte entre parenthèse) :
Gout (Gout Flare)
Historique de la révision médicale du dossier, auteurs :
– 16.10.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien – mise à jour Symptômes)
– 10.10.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien)
– 30.09.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien – mise à jour Causes – médicaments et goutte)
– 15.09.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien)
– 01.02.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien)
Références scientifiques et bibliographie :
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- American College of Rheumatology (ACR)
- Revue Rheumatology, octobre 2013, Royaume-Uni
- Annals of the Rheumatic Disease Journal
- Article du site Harvard Health Publishing – Harvard Medical School, Causes of gout, datant du 16 mai 2023, site accédé par Creapharma.ch le 2 octobre 2023 et le lien marchait à cette date (attention article payant possible)
- Newsletter de la Mayo Clinic, Mayo Clinic Health Letter, page 2, édition d’avril 2017 parlant notamment de la goutte
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- Article du journal édité par l’Université de Bâle (Suisse) : [email protected] (version française), Traitement de la goutte aiguë et chronique: mise à jour, édition no 17 de 2024, version du 15 septembre 2024
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- News de Prescrire publiée ler 1er janvier 2021, le 10 janvier 2021 le lien marchait
- Livre : Goodman & Gilman’s The pharmacological basis of therapeutics – 13th Edition – McGraw Hill Education.
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