Cancer colorectal
Dernière mise à jour le : 23 octobre 2024
Révision médicale : Xavier Gruffat, pharmacien
Résumé
Le cancer colorectal (en anglais colorectal cancer) est une maladie affectant comme son nom l’indique le gros intestin et le rectum, soit la partie terminale de l’intestin. On parle parfois aussi de cancer intestinal ou de cancer du gros intestin ou du côlon (en anglais colon cancer). Le cancer de l’intestin grêle (partie supérieure de l’intestin) est lui beaucoup plus rare que le cancer colorectal.
Le cancer colorectal est l’un des cancers les plus fréquents, en particulier dans les pays avec une économie avancée. En Europe, c’est le cancer le plus fréquent et le 2ème en terme de mortalité (après le cancer du poumon). Dans certains pays d’Amérique du sud ou d’Asie, ce cancer est nettement moins fréquent que dans certains pays du nord. Si dépisté à temps, ce cancer se soigne bien.
Les causes exactes du cancer colorectal ne sont pas encore complètement connues. On estime toutefois que certains facteurs peuvent augmenter le risque comme des cas de cancer dans la famille (influence héréditaire), des mauvaises habitudes alimentaires ou encore l’obésité.
En général, la maladie se manifeste après l’âge de 50 ans. De plus, les principales personnes à risque sont les individus obèses, sédentaires et ceux souffrant de maladies inflammatoires intestinales.
Les principaux symptômes sont des douleurs abdominales, du sang ou mucus dans les selles, des ballonnements, des troubles du transit intestinal ou encore une rapide perte de poids de façon inexpliquée.
Le diagnostic repose principalement, en tout cas dans les pays à l’économie avancée, sur une coloscopie. Il s’agit pour le moment de la seule méthode réellement efficace, d’autres examens existent mais doivent souvent être validés par une coloscopie en cas de résultat positif. Citons ici d’autres examens comme la recherche et l’analyse de sang dans les selles (test au guaiac), la recherche d’ADN tumoral dans le sang et les selles, la coloscopie virtuelle ou un examen par vidéo-capsule.
Il faut noter que la coloscopie ne permet pas seulement un diagnostic mais aussi d’enlever les lésions précancéreuses, c’est également un moyen de traitement (préventif).
Quand ce cancer est dépisté de façon précoce, les chances de guérison sont bien plus hautes. C’est pourquoi à partir de 50 ans (avant pour les groupes à risque) il est fortement recommandé d’effectuer une coloscopie chaque 10 ans. Une étude américaine publiée en 2013 a montré qu’effectuer une coloscopie chaque 10 ans réduisait la mortalité du cancer colorectal de 40%. Lire aussi : Une coloscopie tous les 10 ans réduit de 40% le risque de cancer colorectal
Les principales complications du cancer colorectal sont, comme pour tout cancer, la formation de métastases, c’est-à-dire la prolifération de cellules cancéreuses à d’autres organes, menant en général à la mort du patient. Des complications peuvent aussi exister à cause du traitement (chirurgie), ce qui peut aboutir à des infections et hémorragies gastro-intestinales.
Le traitement dépend de l’avancée de la tumeur. Les principales thérapies sont la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie (y compris des traitements dits intelligents ou ciblés). L’immunothérapie, seule ou en association avec un autre traitement, est parfois utilisée contre le cancer colorectal métastatique1.
Il existe des mesures de prévention (en plus de la coloscopie mentionnée plus haut) comme contrôler son poids (l’obésité est un important facteur de risque), avoir une alimentation saine et équilibrée (éviter les viandes rouges et aliments gras), limiter sa consommation d’alcool et arrêter de fumer.
Définition
Le cancer colorectal est une tumeur maligne localisée au niveau du côlon (gros intestin) et/ du rectum (partie terminale du gros intestin). Le côlon fait partie du système digestif, qui aide à décomposer les aliments pour produire de l’énergie2.
La plupart du temps, les tumeurs qu’on retrouve dans les muqueuses au niveau du côlon et du rectum sont bénignes, on parle dans ce cas d’adénome ou de polype. Ceux-ci peuvent toutefois se transformer dans certains cas en tumeurs malignes. D’où l’intérêt d’effectuer une coloscopie, comme on le verra plus on détail ci-dessous dans la partie Diagnostic, cette méthode permet d’identifier les tumeurs et de retirer les adénomes avant que cela ne soit trop tard.
Le type le plus fréquent de cancer colorectal est l’adénocarcinome colorectal, il a pour origine les glandes présentes dans le côlon et représente plus de 90% des cas. Il existe d’autres types comme le lymphome.
Epidémiologie
Le cancer colorectal est l’un des plus fréquents au monde, mais il existe de grandes différences entre les régions et pays.
Europe
En Europe, c’est le cancer le plus fréquent. On compte chaque année environ 430’000 nouveaux cas et plus de 200’000 décès. Selon un communiqué de l’United European Gastroenterology (UEG) publié en octobre 2017, le cancer colorectal mène à environ 215’000 morts chaque année en Europe. Toujours selon ce communiqué, des recherches ont récemment révélé que 3 diagnostics de cancer colorectal sur 10 concernent désormais des personnes de moins de 55 ans.
Etats-Unis (projections 2024)
Aux Etats-Unis, les estimations ou projections de l’American Cancer Society concernant le cancer colorectal pour l’année 2024 sont : environ 106’590 cas de cancer du côlon (en anglais : colon cancer) et 46’220 cas de cancer du rectum (en anglais rectal cancer) ainsi qu’environ 53’010 décès dus au cancer colorectal3.
Suisse
En Suisse, chaque année le cancer du côlon touche quelque 4500 personnes et entraîne 1650 décès4.
Âge cancer colorectal :
Ce cancer touche principalement les personnes âgées de plus de 50 ans, on estime que 95% des personnes touchées par ce cancer ont plus de 50 ans. Toutefois, au cours des 15 dernières années en tout cas aux Etats-Unis, le nombre de personnes âgées de 20 à 49 ans atteintes d’un cancer du côlon a augmenté d’environ 1,5% par an5. Les chercheurs médicaux ne savent pas exactement pourquoi.
Taux de survie à 5 ans (chiffres pour les Etats-Unis) :
Cancer du côlon
Selon des chiffres de janvier 2024, le taux de survie à 5 ans du cancer du côlon aux Etats-Unis est en moyenne de 63%. Il y a d’importantes différences entre le stade et la localisation de la maladie. Si le cancer est localisé (localized en anglais) le taux de survie à 5 ans est de 91% mais chute à 13% en cas de présence de tumeurs éloignées (distant en anglais) de la tumeur d’origine (on parle aussi de métastases distantes). Le taux de survie à 5 ans du cancer du côlon est de 73% si la tumeur est “régionalisée” (regional en anglais)6.
Cancer du rectum (rectal)
Selon des chiffres de janvier 2024, le taux de survie à 5 ans du cancer du rectum aux Etats-Unis est en moyenne de 67%. Il y a d’importantes différences entre le stade et la localisation de la maladie. Si le cancer est localisé (localized en anglais) le taux de survie à 5 ans est de 90% mais chute à 18% en cas de présence de tumeurs éloignées (distant en anglais) de la tumeur d’origine. Le taux de survie à 5 ans du cancer du rectum est de 74% si la tumeur est “régionalisée” (regional en anglais)7.
Causes
Les causes du cancer colorectal ne sont pas encore clairement connues. On estime que certains facteurs peuvent augmenter le risque de développer cette maladie8 :
– Habitudes alimentaires : on sait qu’une alimentation riche en graisse, en viandes rouges ou transformées peut augmenter le risque, consommer beaucoup de viandes rouges augmenterait le risque de cancer colorectal par un facteur 3.
Viande et cancer
Le 26 octobre 2015 le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC), lié à l’OMS, a évalué la cancérogénicité de la consommation de la viande rouge et de la viande transformée.
– Le CIRC a classé la consommation de viande rouge comme probablement cancérogène pour l’homme. Cette association (viande rouge et risque de cancer) a principalement été observée pour ce qui concerne le cancer colorectal, mais d’autres associations ont également été observées pour les cancers du pancréas et de la prostate. La viande rouge fait référence à tous les types de viande issus des tissus musculaires de mammifères comme le boeuf, le veau, le porc, l’agneau, le mouton, le cheval et la chèvre.
– Les spécialistes du CIRC ont aussi classé la viande transformée comme cancérogène pour l’homme, sur la base d’indications suffisantes selon lesquelles la consommation de viande transformée provoque le cancer colorectal chez l’homme.
Les viandes transformées font référence à la viande qui a été transformée par salaison, maturation, fermentation, fumaison ou d’autres processus mis en oeuvre pour rehausser sa saveur ou améliorer sa conservation. La plupart des viandes transformées contiennent du porc ou du boeuf, mais elles peuvent également contenir d’autres viandes rouges, de la volaille, des abats ou des sous-produits carnés comme le sang.
Lire aussi : Viande et cancer : les végétariens confortés dans leur vision
– Génétique : certaines mutations génétiques au niveau du gros intestin peuvent, comme pour tous les cancers, avoir un effet déclencheur. Des cas de cancer dans la famille augmentent le risque.
– Polypose adénomateuse familiale (PAF) : c’est une maladie rare caractérisée par la formation de nombreux polypes ou adénomes au niveau du côlon et du rectum. Si cette maladie n’est pas correctement traitée, le risque de cancer colorectal est augmenté.
– Cancer colorectal héréditaire non-polypeux : aussi connu sous le nom de syndrome de Lynch, cette maladie augmente le risque de cancer, surtout chez les moins de 50 ans.
– Obésité : un excès de poids peut augmenter le risque de cancer.
Obésité et cancer colorectal – étude de 2023
Selon des estimations de 2023, les personnes en surpoids important (obésité) ont environ un tiers de risque en plus de développer un cancer colorectal que les personnes de poids normal9. Selon une étude publiée en avril 2023 dans JAMA (DOI : 10.1001/jamanetworkopen.2023.9556), les participants qui étaient obèses huit et dix ans avant le diagnostic du cancer colorectal étaient deux fois plus susceptibles de développer ce cancer que les personnes de poids normal. Les chercheurs ont trouvé une autre tendance : un nombre remarquable de participants à l’étude touchés par le cancer colorectal avaient perdu du poids involontairement avant le diagnostic. Une perte de poids de deux kilos ou plus dans les deux ans précédant le diagnostic était sept fois et demie plus fréquente chez les personnes atteintes de cancer que chez celles du groupe de contrôle. Selon les chercheurs, pendant cette période, le cancer est déjà présent, mais ne s’est pas encore manifesté par des symptômes.
– Rester assis trop longtemps. Une étude australienne parue dans l’American Journal of Epidemiology en avril 2011 a montré que travailler pendant 10 ans assis augmentait d’un facteur deux le risque de souffrir d’un cancer colorectal par rapport à celles n’étant pas constamment assises pendant leurs journées de travail.
Remarque (chirurgie bariatrique) :
Une étude suédoise de l’Université de Göteborg publiée en mars 2021 a montré qu’une chirurgie bariatrique (chirurgie de l’obésité) n”augmente pas le risque de cancer colorectal. Selon les chercheurs, ce résultat est important pour les patients souffrant d’obésité et leurs professionnels de santé (ex. chirurgien), lorsqu’ils doivent décider d’une telle opération. L’étude a été publiée le 25 mars 2021 dans le journal scientifique PLOS ONE (DOI : 10.1371/journal.pone.0248550).
Personnes à risque
Ce type de cancer touche autant les hommes que les femmes, certaines personnes sont plus à risque comme :
– les personnes âgées de 40 ans ou plus, elles représentent la majorité des cas de cancer colorectal
– patients avec des cas de cancer colorectal dans la famille
– patients souffrant de certaines maladies ou syndromes comme la polypose adénomateuse familiale ou le cancer colorectal héréditaire non-polypeux
– personnes consommant peu de fibres alimentaires et beaucoup de graisses ainsi que de viandes rouges
– les personnes obèses et sédentaires
– fumeurs, y compris les fumeurs passifs
– patients souffrant de maladies inflammatoires de l’intestin, comme la rectocolite ulcérative chronique ou la maladie de Crohn
– patients ayant été exposé à des radiations ionisantes, comme en cas de radiothérapie
Il est important de rappeler qu’il s’agit de risques statistiques, autrement dit une personne présentant plusieurs de ces risques ne va pas forcément développer la maladie. Le cancer est une pathologie complexe qui dépend de nombreux facteurs génétiques et environnementaux.
Relevons que si ce cancer est dépisté à un stade précoce, les chances de guérison sont plus hautes. Lire aussi diagnostic (coloscopie)
Symptômes
Les principaux symptômes de cette maladie touchent principalement le tractus digestif inférieur. On peut noter les symptômes suivants :
– Apparition de diarrhée ou de constipation, sans cause identifiée ou apparente, troubles du transit intestinal ;
– Présence de sang ou mucus dans les selles ;
– Hémorragie intestinale ou anale ;
– Sensation que l’intestin ne s’est pas vidé complètement, difficulté lors de la défécation, comme un faux besoin d’aller à la selle ;
– Douleurs abdominales inférieures et dans la région anale, sans cause connue et douleurs persistantes ;
– Ballonnements (flatulence) ;
– Perte de poids inexpliquée ;
– Anémie (à cause des grandes pertes de sang) ;
– Fragilité, fatigue ;
Grosse tumeur :
Une grosse tumeur dans le côlon peut bloquer partiellement l’intestin. Cela peut provoquer des douleurs, des nausées ou des vomissements10.
En cas de symptômes suspects, veuillez consultez un médecin, surtout si vous appartenez à un groupe à risque.
On peut distinguer aussi certaines phases ou étapes de développement du cancer colorectal, comme le montre l’infographie ci-dessous. On note les phases de 1 à 5, la dernière phase ou étape peut provoquer des métastases.
Complications
Comme pour tous les cancers, le principal risque est la formation de métastases (notamment en phase 5 comme le montre l’infographie ci-dessus). Autrement dit le cancer peut se développer dans d’autres organes comme le foie.
Des complications peuvent aussi apparaître pendant le traitement de ce cancer. Il s’agit d’effets secondaires comme des infections, hernie intestinale, hémorragies, nécroses, perforation intestinale, etc.
Diagnostic & Dépistage
Le dépistage (en anglais screening) ou diagnostic du cancer colorectal repose en général sur une coloscopie. Aux Etats-Unis la coloscopie est la méthode de dépistage la plus utilisée. D’autres techniques souvent utilisées par le médecin sont le test de recherche de sang occulte dans les selles. Il existe aussi d’autres méthodes comme la recherche d’ADN tumorale dans le sang ou les selles (plusieurs méthodes comme multitarget stool DNA et fecal immunochemical test)11, la coloscopie virtuelle (en anglais : CT colonography) ou l’utilisation de vidéo-capsule.
– Coloscopie : c’est une méthode qui consiste à un introduire un tube optique dans l’anus afin de voir l’intérieur du gros intestin. Le médecin pourra aussi enlever les polypes et adénomes avant qu’ils ne se transforment en lésion tumorale. La coloscopie devrait être effectuée chaque 10 ans chez les patients de plus de 50 ans, avant chez certains groupes à risque. Demandez conseil à votre médecin. Une étude américaine parue en 2013 a montré qu’effectuer une coloscopie chaque 10 ans réduisait de 40% le risque de mortalité du cancer colorectal. Avec la coloscopie, le médecin peut aussi effectuer une biopsie.
Dépistage dès 45 ans
Il est conseillé d’effectuer un dépistage du cancer colorectal notamment par coloscopie dès l’âge de 45 ans12. Selon une étude présentée lors d’un congrès de gastro-entérologie – United European Gastroenterology (UEG) – qui s’est tenu fin octobre 2017 à Barcelone (Espagne). Pour arriver à ces conclusions, des scientifiques français ont analysé 6’027 coloscopies et ont découvert une augmentation de 400% dans la détection de néoplasie (croissance nouvelle et incontrôlée de tissu anormal) chez des patients âgés entre 45 et 49 ans en comparaison avec des patients âgés entre 40 et 44 ans. Le chercheur principal de cette étude était le Dr David Karsenti.
Premier test sanguin (2024) – approbation de la FDA
La FDA, l’agence de régulation des médicaments aux Etats-Unis, a approuvé en juillet 2024 le premier test sanguin permettant de vérifier les signes du cancer colorectal. Le nom de ce test sanguin s’appelle Shield. Il était auparavant disponible sur prescription médicale. L’approbation de la FDA signifie que Shield sera désormais couvert par de nombreux régimes d’assurance aux Etats-Unis. Faire ce test sanguin tous les trois ans est plus simple que de passer par une longue préparation et une procédure, soit la coloscopie. Toutefois, Shield détecte 83% des cancers colorectaux, mais seulement 13% des excroissances précancéreuses appelées polypes. De plus, les résultats suspects de Shield doivent être suivis d’une coloscopie. Néanmoins, les médecins affirment que tout dépistage est préférable à l’absence de dépistage, et ils espèrent que la commodité de Shield motivera les personnes réticentes à passer une coloscopie ou à faire des analyses de selles pour se faire dépister du cancer colorectal13.
Différences entre hommes et femmes par rapport au cancer colorectal
– Chez les hommes les tumeurs se trouvent davantage proche du rectum.
– Chez les femmes les tumeurs sont localisées davantage proche du côlon.
Comme la coloscopie est plus efficace au niveau du rectum que du côlon, les femmes présentent un risque plus élevé de souffrir de ce cancer, car au moment de réaliser la coloscopie les médecins arrivent moins bien atteindre le côlon. Pour le mensuel français Science & Vie (édition d’août 2014), qui relevait les différences entre hommes et femmes en médecine, les médecins devraient prendre en compte cette information et améliorer les méthodes de dépistage chez la femme.
Une étude canadienne a montré en 2010 qu’une coloscopie chez la femme est moins efficace que chez l’homme dans les 3 ans après la coloscopie.
– Test de recherche de sang occulte dans les selles. En France, ce test est effectué chaque 2 ans chez les personnes âgées de 50 à 74 ans. On peut utiliser le test de guaiac (une résine d’arbre) pour effectuer ce test. Si le résultat est positif, une coloscopie devra être effectuée pour confirmer le diagnostic et/ou retirer des adénomes.
– Recherche d’ADN tumoral dans le sang et les selles. Cette méthode permet comme son nom l’indique de rechercher de l’ADN des cellules cancéreuses au niveau du sang ou des selles. Cet examen est encore à un stade expérimental.
– Coloscopie virtuelle (en anglais : virtual colonoscopy). Une technique intéressante consistant à effectuer des radios du côlon. Ensuite un logiciel transforme les images en 2D ou 3D. Le médecin peut alors identifier certains polypes. En cas de test positif une coloscopie classique sera effectuée.
– Examen en utilisant une vidéo-capsule. Autre méthode intéressante qui consiste à explorer l’intérieur du côlon, le patient avale la vidéo-capsule, le médecin pourra alors avoir des images de la paroi interne de la partie finale du système digestif (côlon, rectum).
– Test immunochimique fécal (TIF, en anglais : fecal immunochemical test). Ce test permet de déterminer s’il y a du sang caché dans un échantillon des selles. Il ne nécessite pas de changement de régime alimentaire, de nettoyage du côlon ou de sédation. Il suffit de prélever un échantillon de selles14.
Si la maladie est établie, le médecin peut effectuer des tomographies computarisées ou des rayons-X afin d’identifier l’avancée de la maladie. Certains examens sanguins sont parfois effectués pour identifier certains marqueurs du cancer.
Traitements
Le traitement du cancer colorectal dépend du stade de la tumeur, de son étendue et de la présence ou non de métastases.
Il existe trois axes principaux de traitement, quatre si on inclut les thérapies ciblées :
Chirurgie
Si la tumeur se trouve à un stade peu développé et bien localisé, le médecin pourra enlever cette masse tumorale grâce à une coloscopie. Toutefois, si la tumeur a une taille importante, le médecin pourra l’enlever par laparoscopie ou vidéo-laparoscopie. La chirurgie choisie dépend notamment du stade la tumeur15.
Si le cancer s’est développé au niveau des parois de l’intestin, le médecin peut opter pour une colectomie partielle, c’est-à-dire une ablation d’une partie du gros intestin ou rectum malade. Dans ce cas, le chirurgien va reconnecter les parties restantes du tube digestif. Dans certaines situations le médecin devra effectuer une colectomie complète, soit une ablation entière du côlon. Une poche spéciale sera ensuite utilisée par le patient pour récolter les matières fécales.
Dans des cas très avancés, le médecin peut aussi effectuer une chirurgie palliative, l’objectif étant d’améliorer les symptômes du patient, sans soigner complètement la tumeur. Une chimiothérapie peut être proposée après un traitement palliatif pour améliorer le pronostic. Les thérapies ciblées (lire ci-dessous) sont aussi toujours plus utilisées dans des phases avancées de la maladie.
Radiothérapie
Dans cette thérapie on utilise des rayons très énergétiques (faisceaux de haute énergie, rayons X et protons) pour détruire les cellules tumorales. On peut utiliser cette méthode après une chirurgie, pour détruire les dernières cellules tumorales, avant une chirurgie pour détruire le maximum de cellules cancéreuses ou pour diminuer les symptômes du cancer.
La radiothérapie est surtout destinée aux cas avancés, cela permet de bien pénétrer dans les tissus plus profonds de la partie terminale de l’intestin. Pour éviter des récidives, la radiothérapie est souvent associée à la chimiothérapie.
Chimiothérapie et thérapie ciblée
La chimiothérapie a pour objectif d’administrer des médicaments afin de détruire les cellules cancéreuses. Cette thérapie peut être effectuée avant ou après la chirurgie, en fonction du stade de la tumeur. On utilise souvent cette technique lorsque la chirurgie n’a pas fonctionné ou en tout cas pas complètement. Les chimiothérapies mènent souvent à des effets secondaires pénibles comme des nausées, vomissements ou une chute des cheveux.
Les thérapies ciblées sont des nouveaux médicaments qui comme leur nom l’indique vont atteindre de façon plus précise les cellules cancéreuses ou l’environnement tumoral. On les utilise surtout dans des stades avancés de la maladie comme lors de métastase. Citons les anti-angiogéniques et anti-EGFR qui appartiennent à cette classe de médicaments. Un médicament de chimiothérapie peut être injecté dans une veine ou pris sous forme de gélule16.
Immunothérapie
Depuis les années 2010, l’immunothérapie est parfois utilisée contre le cancer colorectal métastatique17. On peut notamment avoir recours à un type d’immunothérapie appelé inhibiteurs de point de contrôle immunitaire pour le cancer colorectal métastatique. Les inhibiteurs de point de contrôle immunitaire employés pour le cancer colorectal sont l’ipilimumab (Yervoy) et le nivolumab (Opdivo), ils sont administrés en injection (perfusion). On les associe pour aider à réduire la taille d’un cancer colorectal métastatique présentant une forte instabilité des microsatellites (changements dans l’ADN des cellules) et à en maîtriser la croissance18.
Bons conseils
– Si vous avez plus de 50 ans, effectuez régulièrement des contrôles (chek-up) chez les médecins, une coloscopie devrait être pratiquée chaque 10 ans, d’autres examens de dépistage peuvent être proposés par votre médecin. Une étude publiée en octobre 2017, lire aussi sous Diagnostic ci-dessus, recommande de commencer le dépistage dès l’âge de 45 ans.
Le dépistage précoce de ce cancer est très important.
– Ayez toujours un œil sur votre intestin et digestion. Si vous observez des changements sans cause apparente comme une diarrhée ou constipation, consultez votre médecin de famille.
– Si vous appartenez à un groupe à risque, soyez attentif aux symptômes de ce cancer (lire sous symptômes).
– Si vous êtes sous traitement comme une chimiothérapie ou radiothérapie et souffrez d’effets secondaires (nausées, fatigue, etc.), n’hésitez pas à en parler avec votre médecin. Il existe des thérapies provenant de la médecine complémentaire pour calmer ces effets collatéraux.
– Si vous avez été diagnostiqué par cette maladie, essayez de trouver du soutien dans votre entourage. On sait que l’amour et l’amitié ont un rôle clé dans le succès thérapeutique. Il existe aussi des groupes de soutiens, des associations de patients, n’hésitez pas à demander conseil à votre médecin ou aux infirmières pour connaître les adresses de contact.
Prévention
Rappelons que plus le cancer colorectal est dépisté tôt, meilleures seront ses chances de guérison. A partir de 50 ans il faudra effectuer une coloscopie chaque 10 ans, avant pour les groupes à risque.
Certaines mesures peuvent aider à prévenir ce cancer :
– Mangez beaucoup de fruits et légumes, ils sont riches en fibres alimentaires, consommez aussi des céréales complètes si possible.
Selon une étude parue en mars 2015 dans la version online du JAMA Internal Medicine, les végétariens présenteraient environ 20% moins de risque de développer un cancer colorectal par rapport à ceux consommant de la viande.
– Limitez la consommation de viande rouge, transformée et de graisse. Une consommation quotidienne de 50 gr de viande transformée, l’équivalent de 2 tranches de lard (bacon) ou d’une saucisse, augmente le risque de souffrir du cancer colorectal de 21%. Une consommation de 120 gr de viande rouge par jour, l’équivalent d’un petit steak, augmente le risque de cancer colorectal de 28%. Les nitrates, qu’on retrouve souvent dans les viandes (notamment jambons), semblent augmenter le risque de souffrir de cancer colorectal.
Lire aussi : 6 recommandations radicales pour prévenir le cancer
– Une étude a montré que la consommation régulière de pommes pouvait prévenir le cancer colorectal, les flavonoïdes seraient responsables de cet effet préventif. Les flavonoïdes sont des puissantes molécules à l’effet antioxydant, on les retrouve dans de nombreux fruits et légumes (fraises, huile d’olive, etc.)
– Ne buvez pas trop d’alcool
– Evitez de fumer
– Pratiquez régulièrement de l’exercice
– Contrôlez votre poids, l’obésité est un important facteur de risque
– La prise de vitamine D peut avoir un effet préventif contre le cancer colorectal
– Selon une étude anglaise parue en 2014, la prise de 75 à 100 mg d’aspirine par jour diminuait le risque de cancer de l’intestin de 35% 10 ans après le début du traitement, le risque de décès de ce cancer diminuait de 40%. Toutefois, l’effet protecteur de l’aspirine se manifeste seulement lors d’une durée de traitement d’au moins 5 ans, si possible de 10 ans. Pour un traitement plus court, les chercheurs n’ont pas observé un effet protecteur significatif.
La prise quotidienne d’aspirine devrait commencer entre 50 et 65 ans.
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Crédits photos :
Adobe Stock
Historique de la révision médicale du dossier, auteurs et correcteurs :
– 23.10.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien – révision médicale sur le Diagnostic)
– 13.02.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien – révision médicale complète du dossier)
Références scientifiques et bibliographie :
- Site canadien sur le cancer (Cancer.ca) datant de mars 2022, accédé par Creapharma.ch le 22 août 2022
- SANJEEV NANDA (M.D.), Mayo Clinic a-z Health Guide, WHAT YOU NEED TO KNOW ABOUT SIGNS, SYMPTOMS, DIAGNOSIS & TREATMENT, 2nd edition, Rochester, Mayo Clinic Press, 2023.
- American Cancer Society, site accédé par Creapharma.ch le 13 février 2024 et le lien fonctionnait à cette date prenant en compte des projections pour 2024
- Agence de presse suisse Keystone-ATS, avec notre partenaire Pharmapro.ch qui est client de l’agence. Le 3 mars 2023
- Article de la Cleveland Clinic (Health Library), Colorectal (Colon) Cancer, datant du 14 novembre 2022, site accédé par Creapharma.ch le 13 février 2024 et le lien marchait à cette date
- American Cancer Society, article du 17 janvier 2024, site accédé par Creapharma.ch le 13 février 2024
- American Cancer Society, article du 17 janvier 2024, site accédé par Creapharma.ch le 13 février 2024
- SANJEEV NANDA (M.D.), Mayo Clinic a-z Health Guide, WHAT YOU NEED TO KNOW ABOUT SIGNS, SYMPTOMS, DIAGNOSIS & TREATMENT, 2nd edition, Rochester, Mayo Clinic Press, 2023.
- Agence de presse suisse Keystone-ATS, avec notre partenaire Pharmapro.ch qui est client de l’agence. Le 4 mai 2023
- SANJEEV NANDA (M.D.), Mayo Clinic a-z Health Guide, WHAT YOU NEED TO KNOW ABOUT SIGNS, SYMPTOMS, DIAGNOSIS & TREATMENT, 2nd edition, Rochester, Mayo Clinic Press, 2023.
- Newsletter de la Mayo Clinic, Mayo Clinic Health Letter, page 2 et 3, édition de novembre 2021 sur le dépistage du cancer colorectal
- SANJEEV NANDA (M.D.), Mayo Clinic a-z Health Guide, WHAT YOU NEED TO KNOW ABOUT SIGNS, SYMPTOMS, DIAGNOSIS & TREATMENT, 2nd edition, Rochester, Mayo Clinic Press, 2023.
- Article du site Harvard Health Publishing – Harvard Medical School, FDA approves blood test for colorectal cancer screening, datant du 1er novembre 2024, site accédé par Creapharma.ch le 23 octobre 2024 et le lien marchait à cette date (attention article payant possible et publication anticipée possible)
- SANJEEV NANDA (M.D.), Mayo Clinic a-z Health Guide, WHAT YOU NEED TO KNOW ABOUT SIGNS, SYMPTOMS, DIAGNOSIS & TREATMENT, 2nd edition, Rochester, Mayo Clinic Press, 2023.
- SANJEEV NANDA (M.D.), Mayo Clinic a-z Health Guide, WHAT YOU NEED TO KNOW ABOUT SIGNS, SYMPTOMS, DIAGNOSIS & TREATMENT, 2nd edition, Rochester, Mayo Clinic Press, 2023.
- SANJEEV NANDA (M.D.), Mayo Clinic a-z Health Guide, WHAT YOU NEED TO KNOW ABOUT SIGNS, SYMPTOMS, DIAGNOSIS & TREATMENT, 2nd edition, Rochester, Mayo Clinic Press, 2023.
- Site canadien sur le cancer (Cancer.ca) datant de mars 2022, accédé par Creapharma.ch le 22 août 2022
- Site canadien sur le cancer (Cancer.ca) datant de mars 2022, accédé par Creapharma.ch le 22 août 2022