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Coloscopie

Résumé basique d’une coloscopie

Lors d’une coloscopie votre médecin ou autre professionnel de la santé va utiliser un tube flexible à base de fibre optique, appelé coloscope, et va l’insérer à l’intérieur de votre côlon. Cette procédure est réalisée pour voir s’il n’y a pas de problèmes avec votre côlon ou votre intestin comme des cancers, des croissances (polypes, qui ressemblent à des champignons) pouvant se transformer en cancer ou tout autre trouble médical. Pendant cet examen votre professionnel de la santé peut éventuellement utiliser un instrument permettant de retirer les croissances trouvées ou enlever des petits bouts de côlon pour effectuer des examens. Rarement, l’examen peut être incomplet. Un examen radiologique de l’intestin pourra alors compléter la coloscopie.

Médecin proctologue tenant un endoscope pendant une coloscopie (crédit photo : Adobe Stock)

Mieux comprendre la coloscopie

La coloscopie permet d’explorer visuellement et de traiter certaines pathologies au niveau du côlon et du gros intestin.

Une coloscopie tous les 10 ans réduit de 40% le risque de cancer colorectalLa coloscopie est l’examen le plus efficace pour détecter et soigner des lésions (par ex. polypes qui sont des croissances précancéreuses) dans le rectum et les intestins. La coloscopie est notamment utilisée et recommandée dans le dépistage précoce du cancer colorectal, l’un des cancers les plus fréquents dans les pays industrialisés (Europe, Amérique du nord). Aux Etats-Unis, la coloscopie (en anglais : colonoscopy) est considérée comme une méthode standard dans le dépistage du cancer colorectal1 et c’est la méthode de dépistage la plus utilisée pour ce cancer.
Techniquement la coloscopie est un équipement qui se présente sous forme de tube ou sonde flexible composée en partie de fibre optique qui permet de visualiser l’intérieur du côlon et de l’intestin par transmission vidéo. Cet équipement s’appelle un coloscope.

Utilité de la caméra
Grâce à la micro-caméra au bout de la sonde, le professionnel de la santé peut identifier les lésions et éventuellement effectuer immédiatement des actes chirurgicaux comme l’ablation des polypes ou enlever des petits bouts de côlon pour effectuer des examens par la suite.
Les polypes sont des tumeurs en général bénignes se trouvant dans le tube digestif.

Introduction par l’anus
L’introduction du tuyau flexible ou souple se fait par l’anus suite à un toucher rectal.

Préparation à la coloscopie – Déroulement

Pour effectuer une coloscopie, le patient devra suivre un protocole strict avant l’opération. Le professionnel de la santé (ex. médecin comme gastro-entérologue, pharmacien, infirmier) vous renseignera à ce sujet.

Laxatif (purge)
Le patient devra utiliser un laxatif puissant, appelé aussi purge (par exemple en Suisse dans Picoprep®, à base de picosulfate de sodium et de citrate de magnésium, ou dans Plenvu®, à base de plusieurs molécules comme le macrogol) à prendre plusieurs heures avant la coloscopie. Le médicament est en général pris la veille avec beaucoup de liquide (parfois jusqu’ à 3 litres, selon les préparations).
Remarque : l’effet du laxatif peut durer plusieurs heures, il est possible de continuer à devoir aller aux toilettes avant l’examen.

Régime “sans résidu” ou “pauvre en résidu”
Le patient devra éviter de manger des fibres 48h à 72h avant l’examen, on parle aussi d’un régime “sans résidu” ou “pauvre en résidu”. Le but est de nettoyer l’intestin pour permettre une bonne identification et l’éventuelle suppression des polypes lors de la coloscopie. En effet, si l’intestin est rempli de matières fécales, il est impossible d’effectuer cet examen correctement.
– Deux à trois (72h) jours avant la coloscopie, les aliments suivant sont à éviter : fruits, légumes (y compris pomme-de-terre et salade), pain complet, céréales, cakes, confitures. Toutes les fibres alimentaires doivent être évitées.
–  Les aliments suivant sont autorisés : pâtes (blanches), viandes, riz blanc, poissons, fromages, yaourts, pain blanc, biscottes, oeufs, beurre, miel, gelée, bouillons.
Remarque :
Les 3 jours de régime sans fibre peuvent induire une constipation. Si c’est le cas, il est préférable de boire par exemple du sirop de figue ou de prendre un suppositoire à la glycérine (prendre seulement des laxatifs sans fibre) afin de garantir une bonne qualité de préparation.

Jour de l’examen
Le jour de l’examen, le patient doit être à jeun 3 heures avant l’examen, c’est-à-dire ne rien avaler de liquide ou de solide et ne pas fumer.

Sédatif(s), durée et conduite
– La coloscopie est réalisée sous sédatifs et parfois en anesthésie générale. De plus en plus de professionnels de la santé utilisent des sédatifs ayant un effet sur une courte durée (env. 30 minutes) comme le propofol en injection veineuse au niveau du bras via une perfusion ou cathéter et évitent ainsi l’anesthésie générale. Le midazolam (Dormicum) et/ou la péthidine peuvent aussi être injectés en intra-veineuse au niveau du bras. Une lunette à oxygène est aussi généralement mise en place. Le patient est couché pendant cette procédure sur le côté gauche puis sur le dos. L’endoscope est introduit lentement et progressivement. De l’air est insufflé pour déplisser les parois du côlon ce qui peut parfois donner une sensation de pression et flatulence2. En retirant lentement l’endoscope, le médecin ou professionnel de santé explore soigneusement la portion terminale de l’intestin grêle et l’ensemble du côlon.
– La coloscopie dure environ 20 à 30 minutes.
– Si nécessaire, le personnel médical gardera le patient sur un lit après l’examen.
– Le sédatif est incompatible avec la conduite d’un véhicule 12h après sa prise. Il faudra donc venir au cabinet ou à la clinique (hôpital) en transport en commun, se faire conduire ou rentrer à pied.

Médicaments à arrêter avant la coloscopie3 (s’il font partie du traitement) :
– Fer : arrêt 4 jours avant la coloscopie
– Médicaments constipants (ex. lopéramide, charbon) : arrêt 2 jours avant la coloscopie
– Médicaments anti-constipants ou laxatifs (ex. à base de mucilages) : arrêt 2 jours avant la coloscopie

Médicaments à arrêter avant la coloscopie UNIQUEMENT avec l’accord du médecin traitant : 
– Acénocoumarol (dans Sintrom) : arrêt 4 jours avant la coloscopie
Rivaroxaban (dans Xarelto®) ou apixaban (dans Eliquis®) : arrêt 2 jours avant la coloscopie
– Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme ibuprofène, acide acétylsalicylique ou naproxène et autres médicaments agissant sur la coagulation du sang (ex. clopidogrel) : à discuter avec le médecin traitant si possible d’arrêter ces médicaments 7 jours avant la coloscopie.

Objectifs de la coloscopie

Le principal objectif est d’identifier des lésions tumorales et éventuellement les supprimer, il est possible aussi d’effectuer une biopsie au niveau de la zone cancéreuse. La coloscopie est un examen très important dans la prévention du cancer colorectal. Selon une étude américaine parue en 2013, effectuer une coloscopie chaque 10 ans après l’âge de 50 ans réduit de 40% le risque de mortalité du cancer colorectal.

Coloscopie

Cet examen peut aussi être effectué pour rechercher la cause d’une diarrhée ou de douleurs abdominales non expliquées.

Le grand avantage de la coloscopie est de pouvoir en même temps retirer les polypes et diagnostiquer des lésions tumorales à un niveau précoce. Dans ce dernier cas il est ensuite possible de soigner plus vite un cancer colorectal, car plus ce cancer est dépisté tôt et plus les chances de guérison seront élevées.

Effets secondaires et complications (risques)

En général dans les pays industrialisés, une coloscopie se déroule extrêmement bien et sans risque, si ce n’est quelques douleurs. Le principal risque grave d’une coloscopie est une perforation, cette complication est rare et concerne environ 1 cas sur 1000 (probablement moins selon des études récentes, lire ci-dessous). D’autres complications sont des douleurs abdominales, des hématomes ou des saignements. Une personne sur 100 se rend à l’hôpital pour des complications d’une coloscopie, en général à cause de douleurs abdominales. Une réaction aux médicaments administrés (sédatifs) ou une réaction au niveau de la voie veineuse sont aussi possibles.
Il faut contacter immédiatement un médecin ou l’hôpital si les symptômes suivant apparaissent quelques heures ou jours après la coloscopie : vomissements répétés, douleurs abdominales, sang rouge dans les selles, selles noires, frissons ou fièvre.
Taux de complication de 0,38%, selon une étude allemande
Une étude allemande publiée en juin 2017 a montré que le risque de complications pendant la coloscopie et 4 semaines après la procédure était bas, moins de 1%. Ces résultats proviennent d’une étude de cohorte prospective réalisée dans la région allemande du Saarland.
Sur 5252 participants qui ont répondu à un formulaire décrivant d’éventuelles complications pendant et jusqu’à 4 semaines après avoir effectué une coloscopie, 43 ont rapporté des complications. Mais seulement une minorité de ces cas ont été confirmés par le médecin. Ce dernier a en effet confirmé 10 cas de saignement/hémorragie ainsi que 2 cas de perforation pendant la coloscopie. En rajoutant d’autres cas de complications, le nombre de cas de complications confirmés par le médecin était de 20 cas pour 5’252 participants, soit un taux de complication de 0,38%. Cette étude a été publiée en 2017 dans le journal scientifique Deutsches Ärzteblatt International (Dtsch Aerztebl Int 2017; 114: 321-7).

Répétition des gestes
Certains professionnels de la santé estiment qu’une coloscopie peut échouer dans environ 20% des cas, principalement à cause de manque d’expérience du médecin ou professionnel de la santé pour identifier et retirer les polypes par exemple, d’un intestin impropre (le nettoyage n’ayant pas fonctionné correctement), etc. C’est pourquoi, il est préférable de se rendre chez un médecin qui réalise souvent ce genre d’examens, comme un gastro-entérologue.

Coûts non négligeables 
La coloscopie est un examen cher et invasif, c’est-à-dire nécessitant l’utilisation de sédatifs, du matériel de qualité, etc. Dans certains pays émergents ou en voie de développement cet examen n’est tout simplement pas réalisable à grande échelle pour l’entier de la population à cause d’un manque de ressources financières, d’équipement ou d’une carence dans la formation des médecins et autres professionnels de la santé.

Il existe d’autres examens que la coloscopie pour identifier un cancer colorectal, comme l’examen des fèces (recherche de sang dans les fèces), mais pour le moment ces examens sont moins efficaces que la coloscopie. Lire davantage dans la rubrique Alternatives ci-dessous

Différences entre hommes et femmes par rapport au cancer colorectal

– Chez les hommes, les tumeurs se trouvent davantage proche du rectum.
– Chez les femmes, les tumeurs sont localisées davantage proche du côlon.

Comme la coloscopie est plus efficace au niveau du rectum que du côlon, les femmes présentent un risque plus élevé de souffrir de ce cancer, car au moment de réaliser la coloscopie les médecins arrivent moins bien atteindre le côlon. Pour le mensuel français Science & Vie (édition d’août 2014), qui relevait les différences entre hommes et femmes en médecine, les médecins devraient prendre en compte cette information et améliorer les méthodes de dépistage chez la femme.
Une étude canadienne a montré en 2010 qu’une coloscopie chez la femme est moins efficace que chez l’homme dans les 3 ans après la coloscopie.

Fréquence de la coloscopie

En général, une coloscopie est réalisée chaque 10 ans pour les âges conseillés (lire ci-dessous). Mais lors de problèmes ou de suspicions elle peut être répétée de façon moins espacée.

Âge de la coloscopie

40 à 50 ans
Il est conseillé d’effectuer une coloscopie dès l’âge de 50 ans (voire 45 ans pour certains spécialistes) chaque 10 ans4 ou plus fréquemment en fonction des résultats ou du risque de souffrir de ce cancer (par ex. cas de cancer dans la famille).
Dans une interview diffusée en 20235, le médecin américain Dr. Peter Attia spécialiste du vieillissement en bonne santé conseillait d’effectuer une coloscopie à partir de 40 ans (et pas 45 ans ou 50 ans).

Arguments à partir de 45 ans
Il est conseillé d’effectuer un dépistage du cancer colorectal dès l’âge de 45 ans, selon une étude présentée lors d’un congrès de gastro-entérologie –  United European Gastroenterology (UEG) – qui s’est tenu fin octobre 2017 à Barcelone (Espagne). Pour arriver à ces conclusions, des scientifiques français ont analysé 6027 coloscopies et ont découvert une augmentation de 400% dans la détection de néoplasie (croissance nouvelle et incontrôlée de tissu anormal) chez des patients âgés entre 45 et 49 ans en comparaison avec des patients âgés entre 40 et 44 ans. Le chercheur principal de cette étude était le Dr David Karsenti. En général, une étude est considérée comme préliminaire lors de présentation pendant un congrès médical. Par la suite, elle devrait être publiée dans une revue scientifique de référence.

Inutile après 75 ans (étude)
Une étude publiée le 26 septembre 2016 dans la revue spécialisée Annals of Internal Medicine (DOI : 10.7326/M16-0758) a montré qu’effectuer une coloscopie après l’âge de 75 ans n’avait aucun effet sur la prévention du risque de cancer colorectal. Autrement dit et selon cette étude réalisée par l’Université d’Harvard, effectuer une coloscopie après l’âge de 75 ans ne serait pas nécessaire. Cette étude a porté sur l’analyse de plus d’1,3 millions de patients âgés de 70 à 79 ans ayant effectué une coloscopie.

Visions plus critiques de l’utilité de la coloscopie (grande étude de 2022)
Une étude publiée le 27 octobre 2022 dans le journal médical The New England Journal of Medicine (DOI : 10.1056/NEJMoa2208375) a montré que le risque de développer un cancer du côlon sur 10 ans était légèrement inférieur pour les personnes invitées à effectuer une coloscopie mais les taux de décès liés au cancer du côlon étaient similaires entre celles invitées à effectuer une coloscopie et celles non invitées. Dans cette étude, les chercheurs ont utilisé les registres de santé de quatre pays européens pour trouver un grand nombre de personnes d’âge moyen en bonne santé. Un tiers des participants à l’étude ont reçu une invitation à subir une coloscopie. Deux tiers d’entre eux n’ont reçu aucune invitation ou autre information, et toute discussion sur le dépistage du cancer du côlon a donc été laissée à la discrétion de leur médecin.

Alternatives

– Une sigmoïdoscopie permet d’examiner la partie inférieure du côlon et s’avère donc pas autant complète qu’une coloscopie, mais elle ne nécessite pas de préparation intestinale intense comme une coloscopie ni de sédation pendant la procédure.
– Les tests de selles courants comprennent le test immunochimique fécal (FIT), qui vérifie la présence de sang caché pouvant indiquer un cancer, et le Cologuard, qui recherche des marqueurs ADN du cancer.
– Rarement, la coloscopie peut être incomplète et un examen radiologique de l’intestin pourra être réalisé.

Lire aussi : Une coloscopie tous les 10 ans réduit de 40% le risque de cancer colorectal

Sources (références):
Mayo Clinic, Annals of Internal Medicine, Deutsches Ärzteblatt International (Dtsch Aerztebl Int 2017; 114: 321-7), United European Gastroenterology (UEG).

Rédaction :
Xavier Gruffat (pharmacien). Contrôle selon la charte du style 1.0 de Creapharma.ch.

Photos :
Adobe Stock.

Dernière mise à jour :
13.02.2024

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Newsletter de la Mayo Clinic, Mayo Clinic Health Letter, page 2, édition de novembre 2021 parlant du dépistage ou screening du cancer colorectal
  2. Fiche conseil de Gastroentérologie Riviera, Vevey, Suisse, édition de mai 2023
  3. Fiche conseil de Gastroentérologie Riviera, Vevey, Suisse, édition de mai 2023
  4. Newsletter de la Mayo Clinic, Mayo Clinic Health Letter, pages 2 et 3, édition de novembre 2021 parlant du dépistage ou screening du cancer colorectal
  5. Vidéo YouTube de Jordan Peterson : Obesity, Diabetes, Cancer and You | Dr. Peter Attia | EP 360

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 14.02.2024
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