Maté

Famille

Aquifoliaceae

Constituants – Principes actifs

– Alcaloïdes à base de purines : caféine (en grande quantité),  théobromine (en moindre quantité) théophylline (en trace)
– Tanins
– Polyphénols (responsable de l’action contre le vieillissement cellulaire) et flavonoïdes
– Potassium
– Magnésium
– Acide chlorogéniques
– Saponines
– Triterpènes

Parties utilisées

– Feuilles séchées (nom latin : Mate folium). Remarque : en général on torréfie les feuilles.

Effets

– Stimulant, diurétique, amaigrissant : glycogénolytique (brûle le sucre) et lipolytique ou lipo-réducteur (brûle les graisses), antioxydant, anti-cellulite, contre le vieillissement cellulaire.

Indications

– Fatigue, excès de poids ou complément lors d’un régime (étude pouvant soutenir cette indication : Nutrients (DOI : 10.3390/nu7020730, étude publiée en 2015), cellulite, diabète (lire le commentaire ci-dessous sous remarques), cholestérol (lire sous remarques ci-dessous), ostéoporose (en prévention chez les femmes post-ménopausées, lire sous remarques ci-dessous), mal de tête.

Contre-indications

Problèmes cardiaques (à cause de la teneur en caféine)

Interactions

Aucune connue, à notre avis

Préparations – Sous quelle forme ? (formes galéniques)

– Tisane de maté

– Gélules de maté

SE FAIRE SOI-MEME SON THE A BASE DE MATE, COMME EN AMERIQUE DU SUD !

– Utilisez une calebasse spéciale (on parle aussi de mate, nom utilisé en Amérique du Sud, au sens strict du terme le maté est le nom donné au récipient dans lequel on prépare ce breuvage ou calebasse) ou un verre avec une cuillère spéciale, déposez le maté (herbe de maté) jusqu’à la moitié de la calebasse.
Ajoutez pendant 5 à 10 minutes de l’eau tiède à très chaude, laissez infuser puis videz l’eau tiède. Attention, si vous ne suivez pas cette procédure en rajoutant directement de l’eau chaude ou bouillante sur le maté, la boisson est imbuvable car trop amère.
Buvez ensuite le maté (herbe de maté) avec de l’eau chaude à très chaude grâce à la cuillère spéciale (disponible aussi en France dans les magasins spécialisés), en espagnol on nomme cette cuillère bombilla. Vous pouvez toujours ajouter du sucre si vous trouvez la boisson trop amère.

Rajoutez à chaque fois un peu d’eau et complétez, lorsque c’est nécessaire, avec du nouveau maté. Faites tourner la cuillère chaque fois que vous rajoutez de l’eau pour “recharger” en principes actifs le thé. Certaines personnes préfèrent toutefois ne pas faire tourner la cuillère (bombilla) pour éviter d’avoir une préparation trop forte.

Aspect culturel 
Le maté est à boire entre amis ou en famille. Pour les personnes qui visitent ces régions d’Amérique du Sud, il s’agit d’une expérience unique.

Où pousse le maté ?

Le maté pousse surtout en Amérique du Sud (Uruguay, Brésil, Paraguay, Argentine). Le maté est un arbre originaire d’Amérique du Sud, il pousse à l’état sauvage par exemple dans l’Etat de Santa Catarina (sud du Brésil). C’est un arbre qui peut atteindre 20 m de haut.
Le plus grand producteur de maté est l’Argentine.

Remarques

Boisson culturelle 
– Le maté est très consommé en Amérique du Sud (notre photo a été prise en Uruguay par Creapharma), il s’agit d’une véritable boisson nationale en Argentine, en Uruguay, au Paraguay et dans le sud du Brésil (notamment dans l’Etat du Rio Grande do Sul). Le maté est aussi consommé dans certaines régions du Chili. Cette plante n’a de loin pas eu le même succès en Europe ou aux Etats-Unis (pourtant de culture occidentale), ces derniers lui préférant très largement le café ou le thé noir. Certains spécialistes estiment que le maté ne perturbe pas le sommeil, à la différence du café.
– Pendant des siècles avant l’arrivée des Espagnols, les peuples natifs de l’actuel Argentine, Brésil ou Paraguay – Guaraní et Tupí – utilisaient déjà le maté en infusion de façon rituelle pour donner de la force et augmenter la vigilance.
– On estime que chaque jour plus de 32 millions de personnes boivent du maté, en très grande majorité en Amérique du Sud.
– Au Brésil (sauf le sud), le maté est principalement consommé sous forme de thé froid, avec un peu de citron.

Des Suisses en Argentine, l’ “Eldorado” qui a mal tourné
Dans la première moitié du 20ème siècle, surtout dans les années 1920-1930, des Suisses intellectuels ou de condition modeste mais aussi des hommes d’affaires pensaient que le maté allait devenir une boisson mondiale comme le café et ils y voyaient un véritable eldorado.
Plusieurs Suisses se sont ainsi installés dans le nord de l’Argentine dans la province de Misiones, proche du Paraguay et du sud du Brésil. Les premiers colons suisses arrivés dans les années 1920 ont eu un certain succès avec la culture du maté, mais les centaines de Suisses arrivés surtout dans les années 1930, fuyant notamment une certaine pauvreté en Suisse à cette époque d’avant-guerre, n’ont de loin pas connu le même destin. Une des colonies des Suisses installés dans cette région portait même le nom d'”Eldorado”. Malheureusement pour eux, le maté n’a jamais vraiment dépassé les frontières du cône sud de l’Amérique latine et, pour ne rien arranger, le prix du maté s’est effondré à la fin des années 1930 en pleine crise de cette décennie. Ces futurs paysans venus d’Europe (400 familles), stimulés à émigrer par le gouvernement suisse en 1937, n’avaient pour la majorité pas de formation agricole et sont restés pour la plupart d’entre eux pauvres et ont finalement en majorité abandonné la culture du maté et l’agriculture. On estime que les trois quarts des 6’000 Suisses installés dans la province de Misiones pendant ces années se sont rendus ensuite dans la capitale argentine à Buenos Aires pour y habiter ou sont rentrés en Suisse. Le climat difficile, le manque de moyens de communication et d’infrastructures comme les routes à cette époque dans la province de Misiones n’ont pas aidé ces Suisses à réaliser leur “rêve argentin” de faire fortune ou au moins de pouvoir faire vivre leur famille.
Actuellement, il reste encore des familles suisses cultivant la terre (des fruits notamment) installées dans la province de Misiones.

Efficacité scientifique : 
– Dans un hors-série datant de juillet 2020 du magazine français Science & Vie paru sur les plantes médicinales, qui a étudié l’efficacité de 77 plantes médicinales, le maté était considéré comme une plante à l’efficacité prouvée comme stimulant, pour maintenir l’éveil et la concentration ainsi que pour augmenter les performances physiques, à cause de sa teneur en caféine. D’autres plantes riches en caféine également avec une efficacité prouvée, selon le magazine Science & Vie, étaient le café, le thé noir, le thé vert, le guarana et le kolatier.
– Les effets du maté sont assez similaires avec le café, le maté présente des propriétés médicinales très intéressantes et a un côté social très important (souvent bu en groupe dans la même calebasse).
Le maté favorise la digestion, surtout lors de repas riches en viande rouge et aliments gras. Ces pays d’Amérique du Sud sont connus pour une consommation de viande de boeuf par habitant très élevée, ce qui n’est pas sain pour le système cardio-vasculaire. Le maté a d’ailleurs un effet intéressant sur le taux de cholestérol (lire ci-dessous).
– Les scientifiques ont constaté un taux de cancer de la gorge et notamment de l’oesophage supérieur dans certaines régions d’Amérique latine où le maté est consommé, en comparaison du reste du monde. Cette augmentation du nombre de cas de cancer de l’oesophage n’est pas provoquée par le maté en lui-même mais par le fait que beaucoup de consommateurs de maté le boivent trop chaud, presque brûlant. Selon une institution rattachée à l’OMS, l’International Agency for Research on Cancer (IARC), il y a une preuve physique que des boissons très chaudes et dans ce cas le maté peuvent contribuer à blesser des cellules dans l’oesophage et en conséquence contribuer au développement de ce cancer. Pour limiter le risque de cancer de l’œsophage, il ne faudrait pas boire le maté à une température supérieure à 65°C. Cette étude réalisée par plusieurs universités à travers le monde et notamment par l’University of South California (USC) a été publiée le 15 juin 2016 dans la revue spécialisée The Lancet.
– Une étude réalisée sur 146 femmes en Argentine à Mendoza parue début 2012 a montré que les femmes post-ménopausées qui buvaient au moins un litre de maté par jour avaient un risque plus faible de souffrir d’ostéoporose.
– Une étude réalisée dans le sud du Brésil a montré que le maté abaisse le taux de cholestérol et notamment le LDL (mauvais cholestérol) d’environ 10% chez les personnes consommant 1 litre de maté chaque jour en 3 prises et à 10 minutes du repas (avant ou après). Le maté agit sur l’absorption du cholestérol, en général les médicaments anti-cholestérol classiques agissent eux sur la synthèse du cholestérol. Il est tout à fait possible de consommer du maté et prendre des médicaments anti-cholésterol (pas de risque d’interaction).
– Boire du thé de maté peut stimuler la combustion des graisses et ainsi aider à perdre du poids. Une équipe de recherche de l’Université de Fribourg en Suisse a découvert que le thé froid est probablement plus efficace pour la perte de poids que le thé chaud.
Les scientifiques du Laboratoire de physiologie cardiovasculaire et métabolique intégrative de l’Université de Fribourg ont comparé les réactions du métabolisme et de la circulation chez 23 jeunes adultes en bonne santé qui ont bu deux fois une tasse de maté (Yerba mate) non sucré. Un jour le maté était froid (3 degrés) et un autre il était chaud (55 degrés). Pendant 90 minutes, la tension artérielle, la fréquence cardiaque, la quantité de sang pompé du cœur, la consommation d’oxygène et l’oxydation des graisses ont été mesurées. Ces données ont été comparées avec les valeurs mesurées une demi-heure avant la prise de thé. Il a été constaté que la consommation d’énergie du thé froid a augmenté deux fois plus (+8,3 %) que celle du thé chaud (+3,7 %). Le thé froid a également favorisé l’oxydation des graisses et réduit la charge métabolique sur le cœur. Cependant, d’autres recherches sont nécessaires pour confirmer que le thé froid est utile pour le contrôle du poids. Cette étude a été publiée le 6 avril 2018 dans le journal scientifique Frontiers in Physiology (DOI : 10.3389/fphys.2018.00315).

Houx
Le houx (Ilex aquifolium), une plante potentiellement toxique, pousse naturellement en Europe. Le houx est le cousin européen du maté (Ilex paraguariensis), comme le relève le spécialiste des plantes médicinales Claude Roggen dans son livre publié en 2018 (voir références ci-dessous). M. Roggen estime que le houx et le maté présentent des pouvoir similaires notamment comme fortifiant.

Lire aussi : Tour du monde des plantes médicinales

Sources & Références : 
Sources : 
The Lancet, “Les secrets du druide 2”, Claude Roggen, 2018, éditions bois carré, RTS, Notrehistoire.ch (http://www.notrehistoire.ch/article/view/179/), La Nacion (quotidien argentin de référence), Science & Vie.
Références études : 
Nutrients (DOI : 10.3390/nu7020730, étude publiée en 2015 sur l’effet positif du maté en dans l’obésité), Frontiers in Physiology (DOI : 10.3389/fphys.2018.00315).

Rédaction : 
Xavier Gruffat (pharmacien)

Crédits photos : 
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch)

Dernière mise à jour de la page : 
04.03.2024