Cancer de l’œsophage

Dernière révision médicale : 21.04.2024
Auteur : Xavier Gruffat, pharmacien


Résumé

cancer de l’œsophage résuméLe cancer de l’œsophage est une tumeur qui se développe dans les cellules de l’œsophage. C’est un cancer avec un taux de mortalité élevé,  car le diagnostic est souvent tardif.
Certains pays sont plus touchés que d’autres, c’est le cas de la Chine, du Japon, du Royaume-Uni ainsi que les pays de la mer Caspienne. Une consommation excessive de thé chaud pourrait être une explication à cette incidence élevée dans ces régions et on observe aussi souvent un taux élevé de cancer de la gorge, parfois associé à ce cancer.

Bien que les causes exactes du cancer de l’œsophage ne soient pas entièrement connues, il existe certains facteurs pouvant déclencher la maladie comme le tabagisme, la consommation excessive d’alcool ainsi que de boissons chaudes ou brûlantes comme le thé ou le maté (c’est le cas surtout en Amérique du sud), des infections virales, etc. Lire causes

Certaines personnes sont plus à risque de développer ce cancer comme ceux souffrant de l’œsophage de Barrett, de reflux gastro-oesophagien (même si une étude de 2023 – DOI : 10.1136/bmj-2023-076017a pondéré le risque de RGO, lire davantage ci-dessous) ou les hommes âgés de plus de 60 ans.

Dans sa phase initiale le cancer de l’œsophage ne présente pas de symptômes particuliers mais avec l’avancée de la maladie le patient peut présenter une difficulté à avaler ainsi qu’une douleur à la déglutition ou de la toux.

Le diagnostic est en général réalisé grâce à des technologies d’imagerie médicale comme une endoscopie ou un examen à base de rayons X du thorax. Le médecin effectuera aussi une biopsie.

La principale complication de ce cancer est une difficulté à boire et à manger correctement, ce qui peut aboutir à une forte perte de poids.

Comme dans tout cancer, le principal risque est la formation de métastases. C’est-à-dire un cancer qui se généralise en se développant dans d’autres régions du corps ou organes.

Selon le stade de la tumeur, le médecin peut opter pour une chirurgie (retrait partiel ou total de l’œsophage), une radiothérapie ou une chimiothérapie.

Certains conseils peuvent aider à mieux vivre avec la maladie comme s’alimenter régulièrement et par petites portions, préférer des aliments faciles à avaler et vérifier avec le médecin pour la prise de vitamines sous forme de compléments alimentaires.  Une carence en vitamines est souvent présente lors de cancer de l’œsophage.

Pour prévenir le cancer de l’œsophage, il faut arrêter de fumer, adopter une alimentation saine et équilibrée, ne pas boire trop d’alcool et bien contrôler son poids. Pratiquer une endoscopie régulièrement peut aussi être un bon moyen de dépistage.

Définition

Le cancer de l’œsophage commence généralement dans les cellules qui tapissent l’intérieur de l’œsophage1.

Oesophage
L’œsophage est un organe allongé en forme de tube reliant la partie supérieure du tractus digestif (bouche et gorge) à l’estomac. L’œsophage a pour fonction de conduire les aliments et liquides de la bouche vers l’estomac.

Carcinome épidermoïde spinocellulaire
Le type le plus fréquent de cancer de l’œsophage est le carcinome épidermoïde spinocellulaire touchant en général la partie supérieure de l’œsophage. Un autre type de cancer est l’adénocarcinome affectant surtout les cellules glandulaires au niveau de la partie inférieure de cet organe, en particulier dans son tiers inférieur.

Autres types
Il existe d’autres types de cancer plus rares comme le choriocarcinome, le lymphome, le sarcome ou le cancer à petites cellules.

Lien avec cancer de la gorge
Le cancer de l’œsophage est parfois associé à un cancer de la gorge ou à un cancer au niveau broncho-pulmonaire, c’est le cas en particulier chez des fumeurs ou alcooliques.

Epidémiologie

– Le cancer de l’œsophage est plus fréquent dans certains pays comme la Chine, le Japon, le Royaume-Uni, l’Islande, l’Inde et les pays de la mer Caspienne (Iran, Turquie, etc.). Certains pays d’Amérique du sud consommant beaucoup de maté (souvent brûlant) sont particulièrement touchés surtout par le cancer de la gorge selon des études épidémiologiques. On sait que le cancer de l’œsophage et de la gorge sont souvent associés.
Il n’existe pas d’explications scientifiques claires par rapport à ces différences d’incidence entre ces pays et régions. Une hypothèse souvent avancée est la consommation plus élevée de thé et autres boissons chaudes comme le maté.
De plus les Africains et Afro-américains présentent des taux d’incidence et de mortalité plus élevés que les Caucasiens.

– Les hommes sont plus touchés par ce cancer que les femmes1.

– Aux Etats-Unis, environ 21’560 nouveaux cas de cancer de l’œsophage – 17’030 chez les hommes et 4’530 chez les femmes – seront diagnostiqués aux États-Unis en 2024, et 16’120 personnes – 12’920 hommes et 3’200 femmes – mourront de ce cancer, selon l’American Cancer Society.

Causes

On ne connaît pas encore exactement les causes du cancer de l’œsophage. On sait toutefois que cette tumeur commence par des lésions au niveau de l’ADN des cellules de l’œsophage. Le cancer commence par se développer dans les parois internes de la muqueuse de l’œsophage puis atteignent les couches externes.

Les principales causes ou facteurs déclenchant du cancer de l’œsophage peuvent être :

– le tabagisme

– une consommation excessive d’alcool

– une présence de blessures au niveau de l’œsophage, à cause de la prise de produits ou boissons acides, alcalines (basiques) ou très chaudes (thé, maté, café, etc)

Les scientifiques ont constaté un taux de cancer de la gorge et notamment de l’oesophage supérieur dans certaines régions d’Amérique latine où le maté est consommé, en comparaison du reste du monde. Cette augmentation du nombre de cas de cancer de l’oesophage n’est pas provoquée par le maté en lui-même mais par le fait que beaucoup de consommateurs de maté le boivent trop chaud, presque brûlant. Selon une institution rattachée à l’OMS, l’International Agency for Research on Cancer (IARC), il y a une preuve physique que des boissons très chaudes et dans ce cas le maté peuvent contribuer à blesser des cellules dans l’oesophage et en conséquence contribuer au développement de ce cancer. Pour limiter le risque de cancer de l’œsophage, il ne faudrait pas boire un le maté mais aussi d’autres boissons comme le thé ou le café à une température supérieure à 65°C. Cette étude réalisée par plusieurs universités à travers le monde et notamment par l’University of South California (USC) a été publiée le 15 juin 2016 dans la revue spécialisée The Lancet.

Etude de 2019
Des études antérieures ont révélé un lien entre la consommation de thé chaud (voire brûlant) ainsi que de maté ou toute boisson chaude et le risque de cancer de l’œsophage. Mais jusqu’à présent, aucune étude n’avait examiné cette association en utilisant la température de consommation de thé mesurée de façon prospective et objective. Une nouvelle étude a atteint cet objectif en suivant 50’045 personnes âgées de 40 à 75 ans pendant une période médiane de 10 ans. Au cours du suivi, 317 nouveaux cas de cancer de l’œsophage ont été identifiés. Comparativement à la consommation de moins de 700 ml de thé par jour à moins de 60 °C, la consommation de 700 ml par jour ou plus à une température plus élevée (60 °C ou plus) était associée à un risque 90 % plus élevé de cancer de l’œsophage.
Cette étude a été publiée le 20 mars 2019 dans le journal scientifique International Journal of Cancer (DOI : 10.1002/ijc.32220). Il est donc conseillé d’attendre que les boissons chaudes refroidissent avant de les boire, comme le relève l’auteur principal de cette étude le Dr Farhad Islami de l’American Cancer Society dans un communiqué de presse de l’étude.

– maladies chroniques irritant l’œsophage comme le reflux gastro-oesophagien (RGO) ou l’œsophage de Barrett. Ces facteurs peuvent mener surtout à des adénocarcinomes, ceux-ci se développant dans le tiers inférieur de l’œsophage. Toutefois, une étude publiée en septembre 2023 dans le BMJ (DOI : 10.1136/bmj-2023-076017) par des chercheurs du Karolinska Institutet en Suède estime que le risque de RGO pour le développement de cancer est relativement bas. Une étude à grande échelle menée dans trois pays nordiques a montré que le risque de cancer n’est élevé que chez les patients dont la gastroscopie révèle des modifications de la muqueuse œsophagienne. Une conclusion de l’étude intéressante est qu’aucune augmentation du risque de cancer de l’œsophage n’a été observée chez les patients souffrant de reflux et ayant une muqueuse normale.

l’obésité ou l’excès de poids

– certaines maladies comme les infections au HPV (papillomavirus virus), les maladies coeliaques ou le syndrome de Tylosis et Howell-Evans

Groupes à risque

Les principaux groupes à risque du cancer de l’œsophage sont:

– Les fumeurs

– Les consommateurs d’alcool (en excès, surtout les alcooliques)

– Hommes caucasiens de plus de 50 ans

cancer de l’œsophage groupe à risque

– Patients souffrant de l’œsophage de Barrett ou de reflux gastro-œsophagien (comme on l’a vu, seulement si muqueuse anormale) ;

– Personnes présentant des cors dans l’œsophage ;

– Personnes avec des cas de cancer dans la famille (influence héréditaire) ;

– Patients souffrant d’achalasie (une maladie affectant l’œsophage) ;

– Personnes consommant trop de boissons chaudes ou bouillantes (thé, soupe, etc.) ;

– Patients avec un reflux biliaire ;

– Les personnes obèses ;

– Patients souffrant d’un autre type de cancer et devant effectuer des séances de radiothérapie.

Symptômes

Dans la phase initiale, ce cancer ne présente en général pas de symptômes, ce qui rend le diagnostic précoce difficile. Avec l’avancée de la maladie et notamment la masse tumorale qui croît, des symptômes peuvent apparaître comme :

– des difficultés à avaler ou à déglutir (dysphagie). Lire aussi ci-dessous sous Complications ;

– douleurs à la déglutition ;

– douleur rétrosternale ;

– douleur dans le thorax ;

– sensation de blocage au niveau de l’œsophage ;

– symptômes ressemblant à une brûlure d’estomac (acidité gastrique) ;

– indigestion (pouvant s’aggraver) ;

– fatigue ;

– perte de poids sans cause apparente1. A cause de la difficulté d’avaler, le patient peut perdre jusqu’à 10% de son poids corporel ;

toux et enrouement.

Diagnostic

Comme on l’a vu sous symptômes, la phase initiale de ce cancer ne présente pas ou très peu de symptômes chez le patient et cela complique clairement son diagnostic précoce. Comme pour la plupart des cancers, un dépistage précoce augmente massivement les chances de guérison complète.

Avec la progression de la maladie, le médecin peut réaliser certains examens notamment des techniques d’imagerie médicale comme:

– Endoscopie de l’œsophage

– Rayons X de l’œsophage

– Tomographie comput risée

Une fois le diagnostic posé, le médecin effectuera aussi une biopsie, c’est-à-dire qu’il va retirer une petite partie du tissu tumoral pour déterminer le type de tumeur et son degré d’avancement.

Classification des tumeurs

La tumeur peut se trouver dans des stades ou degrés différents:

Stade 1: le cancer se manifeste seulement sur la couche superficielle de l’œsophage

Stade 2: le cancer a pénétré dans les couches plus profondes de l’œsophage et peut atteindre certains lymphonodules.

Stade 3: le cancer a pénétré les couches profondes de l’œsophage, toucher les lymphonodules ainsi que les tissus adjacents

Stade 4: le cancer s’est développé dans d’autres régions du corps que l’œsophage, le cancer forme des métastases.

Complications

Une des principales complications du cancer de l’œsophage est la dysphagie, c’est-à-dire une difficulté à avaler.

Avec l’accroissement de la masse tumorale, l’œsophage devient toujours plus étroit, ce qui rend la déglutition difficile et douloureuse.

A cause de ce problème, le patient présente une carence en vitamines, minéraux et autres nutriments essentiels.

Les patients, dans un stade avancé de la maladie peuvent être amenés à recevoir une alimentation sous forme parentérale (par voie non orale).

Comme pour les autres cancers, la plus grave complication est la formation de métastases, c’est-à-dire le cancer se répandant vers d’autres régions du corps.

Le risque de métastases augmente avec un diagnostic tardif. Un diagnostic précoce est donc fortement recommandé.

Traitements

Le traitement du cancer de l’œsophage dépend du type de cancer (carcinome épidermoïde spinocellulaire, adénocarcinome), du stade ou degré de la maladie (voir diagnostic) et de l’état de l’œsophage.

En fonction de ces paramètres le médecin pourra choisir différentes méthodes de thérapie comme une chirurgie, une radiothérapie ou une chimiothérapie.

Chirurgie

La chirurgie est souvent la méthode privilégiée. Cette opération consiste à retirer la masse tumorale, si possible sans affecter l’ensemble de l’œsophage, c’est le cas lorsque le cancer est diagnostiqué dans une phase précoce.

Dans des cas avancés le médecin retirera une portion de l’œsophage, puis il refera  la liaison entre le haut de l’œsophage ou la gorge et l’estomac.

La chirurgie est généralement la méthode la plus efficace.

Radiothérapie

La radiothérapie n’est en général pas utilisée en monothérapie mais associée à la chirurgie ou la chimiothérapie. Cette méthode utilise des rayons électromagnétiques de haute énergie pour détruire les cellules cancéreuses.

Chimiothérapie

La chimiothérapie est souvent associée à la radiothérapie pour éliminer les cellules tumorales restantes. Cette thérapie repose sur l’administration de médicaments au patient.

La chimiothérapie engendre souvent des effets secondaires pénibles pour le patient comme des vomissements, nausées et une chute des cheveux.

Le traitement du cancer évolue rapidement en fonction des nouvelles découvertes médicales, demandez toujours conseil à votre médecin oncologue pour des conseils actualisés et personnalisés sur les thérapies à disposition.

Immunothérapie

L’immunothérapie est une méthode de traitement également possible lors de cancer.

Remarques traitements : 
Selon une étude de 2017 réalisée par la Mayo Clinic, les patientes (femmes) avec un cancer de l’oesophage localisé avancé qui sont traitées avec une chimiothérapie et de la radiothérapie avant la chirurgie ont plus de chance d’avoir une réponse favorable au traitement que les patients (hommes). De plus, les femmes sont moins susceptibles de connaître une récurrence du cancer. Ces résultats proviennent d’une étude publiée le 22 août 2017 dans le journal scientifique The Annals of Thoracic Surgery.

Bons conseils

– Parlez ouvertement avec votre médecin des choix thérapeutiques, des effets secondaires des thérapies (ex. chimio-ou radiothérapie). En cas d’effets secondaires n’hésitez pas à informer l’équipe médicale. Il existe en effet des médicaments ou méthodes permettant de limiter ces effets indésirables.

– Pour éviter de perdre trop de poids, essayer de vous alimenter avec des plats faciles à avaler, comme des soupes.

Mangez par petites portions et fréquemment. Essayer de consommer des aliments riches en minéraux, vitamines et nutriments essentiels (protéines, glucides, etc.).

D’ailleurs votre médecin vous prescrira probablement des vitamines en complément alimentaire. Demandez également conseil à un nutritionniste, en général toujours plus présent dans les équipes médicales pluridisciplinaires prenant soin du cancer.

– Une étude publiée en 2017 et réalisée par l’Université du Texas à Arlington aux Etats-Unis a montré que le zinc pourrait aider à détruire certaines cellules cancéreuses lors de cancer de l’oesophage. Au niveau cellulaire, les scientifiques ont découvert, en utilisant une technique d’imagerie médicale appelée fluoresence live cell imaging, que le zinc bloque les signaux de calcium trop actifs exclusivement au niveau des cellules cancéreuses de l’oesophage. Par conséquent, le zinc prévient la prolifération des cellules cancéreuses. Même si d’autres recherches sont nécessaires, les scientifiques recommandent de suivre une alimentation riche en zinc. Cette étude a été publiée le 19 septembre 2017 dans le journal scientifique The FASEB Journal (DOI : 10.1096/fj.201700227RRR).

Prévention

– Arrêtez de fumer. Le tabagisme est un facteur de risque important, y compris la fumée passive.

– Si vous buvez, faites-le de façon modérée. Une consommation excessive d’alcool est l’un des facteurs de risque les plus importants pour le cancer de l’œsophage.

– Adoptez  une alimentation riche en fruits et légumes, ceux-ci sont riches en antioxydants qui ont un effet préventif au niveau des cellules.

– Contrôlez votre poids. L’obésité est un facteur de risque important pour le cancer de l’œsophage.

– Ne buvez pas des boissons ou aliments trop chauds ou bouillants. Cela peut provoquer des lésions de l’œsophage et augmenter le risque de cancer, y compris le cancer de la gorge

– Si vous souffrez de maladie affectant l’œsophage comme le reflux gastro-œsophagien, l’œsophage de Barrett ou les brûlures d’estomac (provoquant une remontée d’acide), faites-vous soigner par un médecin. Toutes ces affections augmentent le risque de cancer.

– Effectuez une endoscopie régulièrement pour dépister ce cancer, surtout si vous appartenez à un groupe à risque.

– Selon une étude anglaise parue en 2014, la prise quotidienne de 75 à 100 mg d’aspirine (acide acétylsalicylique) diminue le risque de cancer de l’œsophage de 30% 10 ans après le début du traitement, le risque de décès de ce cancer diminue de 35 à 50%.
Toutefois, l’effet protecteur de l’aspirine se manifeste seulement lors d’une durée de traitement d’au moins 5 ans, si possible de 10 ans.
La prise quotidienne d’aspirine devrait commencer entre 50 et 65 ans.

Nom anglais : 
Esophageal Cancer

Crédits photos : 
Adobe Stock, Pharmanetis Sàrl 

Historique de la mise à jour – Dossier revu médicalement :
– 21.04.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien)

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Esophageal cancer — know the signs and reduce your risk, article de la Mayo Clinic datant du 20 avril 2024, site accédé par Creapharma.ch le 21 avril 2024 et le lien marchait à cette date

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 21.04.2024
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