Ejaculation précoce
Résumé sur l’éjaculation précoce
L’éjaculation précoce est une maladie qui se caractérise par une éjaculation prématurée ou par l’absence de contrôle sur le moment de l’éjaculation. Il ne faut pas confondre cette affection sexuelle masculine avec la dysfonction érectile, dans cette maladie l’homme ne peut pas ou est incapable de maintenir une érection pendant les rapports sexuels.
Les causes de l’éjaculation précoce peuvent être variables comme un traumatisme psychologique, de l’anxiété, du stress, des variations dans le taux d’hormones sexuelles, des problèmes de la thyroïde, des infections, etc. Les personnes de nature anxieuse ou stressée ont un risque supérieur de souffrir d’éjaculation précoce. Le patient peut aussi souffrir d’autres symptômes de nature sexuelle comme de la frustration.
Le diagnostic repose en général sur une discussion du médecin avec le patient à la recherche de la cause. Le professionnel de santé pourra aussi effectuer des examens comme une prise de sang (vérification des hormones sexuelles, thyroïdiennes) ainsi qu’une imagerie médicale des organes sexuels.
Il existe différents traitements avec des approches différentes comme la psychothérapie et les traitements médicamenteux. Dans ce dernier cas le médecin pourra prescrire par exemple des ISRS (ex. la dapoxétine, lire davantage ci-dessous) ou des médicaments anesthésiants en application locale. Le but recherché étant de retarder l’éjaculation.
Certaines plantes médicinales avec un effet calmant comme la camomille, la valériane ou la passiflore peuvent compléter le traitement.
L’éjaculation précoce concerne le couple et parfois le rendre plus distant, voire même le mener à la rupture. Il est important pour les hommes souffrant de cette maladie de ne pas culpabiliser, d’en parler avec sa partenaire et de consulter un spécialiste (médecin de préférence).
Un moyen de prévention de l’éjaculation précoce consiste à réduire le stress et augmenter les activités physiques et les loisirs.
Définition
L’éjaculation précoce, parfois aussi appelée éjaculation prématurée, est une maladie dans laquelle l’homme éjacule trop rapidement dans au moins 50% des rapports sexuels. Le temps d’éjaculation chez ces personnes varie généralement entre 1 et 2 minutes après le début du rapport sexuel, avec pénétration ou non (d’ailleurs dans de nombreux cas l’homme éjacule avant la pénétration). La définition officielle de l’éjaculation précoce est une éjaculation incontrôlée et non désirée dans la minute ou moins qui suit la pénétration1.
On peut diviser l’éjaculation précoce en 2 catégories:
– L’éjaculation précoce primaire, présente chez des hommes au début de la puberté (qui correspond dans certains cas au début de la vie sexuelle)
– L’éjaculation précoce secondaire, présente chez des adultes, donc ayant clairement déjà quitté la puberté. L’éjaculation précoce est fréquente chez les hommes âgés, surtout lorsqu’ils entament une nouvelle relation1.
En dehors du principal symptôme compris dans le nom même de la maladie, cette affection intègre aussi d’autres signes comme un manque de contrôle de l’éjaculation et donc l’incapacité de la retarder, une insatisfaction sexuelle ou des symptômes d’ordre psychologiques comme de la frustration voire même une dépression.
Critiques sur la notion de maladie
Certaines sources contestent cette durée de 1 à 2 minutes, estimant qu’un temps rapide d’éjaculation est variable pour chaque couple et que le fixer à moins de 2 minutes est arbitraire. Parler de maladie pour l’éjaculation précoce serait aussi abusif, car elle n’affecte pas la santé au sens strict du terme. Toutefois dans un monde occidental qui donne une grande importance à la sexualité, certains hommes affectés par ce problème peuvent présenter une grande souffrance, remettant en cause parfois leur confiance en soi dans leur vie affective et sexuelle.
Certaines personnes confondent l’éjaculation précoce avec la dysfonction érectile, cette dernière se caractérise par l’incapacité ou la difficulté à maintenir le pénis en érection pendant un acte sexuel. Cela dit, même les hommes souffrant de dysfonction érectile (DE) peuvent connaître l’éjaculation précoce.
D’autres maladies pouvant toucher à l’éjaculation sont :
– L’éjaculation rétrograde : dans ce cas le sperme ne s’écoule pas par le pénis (méat urinaire) mais prend un chemin différent (rétrograde) et s’écoule au niveau de la vessie. Des problèmes de prostate (après une opération par exemple) peuvent être la cause de cette affection.
– L’éjaculation retardée : au contraire de l’éjaculation précoce, l’homme devra attendre un temps important pour éjaculer. Dans ce cas aussi, il est parfois difficile de parler de maladie, de grandes différences (on ne sait pas exactement à partir de combien de minutes parler d’éjaculation retardée) peuvent exister pour chaque personne et couple.
Epidémiologie
On sait que l’éjaculation précoce atteint de nombreux hommes.
Nous disposons de chiffres plus précis chez les hommes âgés de 18 à 30 ans, dans cette tranche d’âge on estime que 20 à 30% souffrent d’éjaculation précoce2. Ces chiffres pourraient même être sous-estimés, car une partie n’informe pas le médecin (probablement par honte).
Une étude menée aux États-Unis en 2003 a révélé que 21% des Américains d’origine africaine, 29% des hispaniques et 16% des blancs souffrent d’éjaculation précoce.
Par ailleurs, une autre enquête a révélé que 30 à 70% de la population masculine sexuellement active a eu un épisode d’éjaculation précoce dans sa vie. Dans les pays européens, ce taux semble similaire à l’étude effectuée sur des Américains (rappelons qu’une grande partie de la population américaine est d’origine européenne).
Il faut savoir aussi qu’il peut y avoir de grandes variations dans la vie d’un homme, à un certain moment il peut passer par des moments d’éjaculation précoce puis dans d’autres périodes de sa vie ne pas en souffrir. De plus, comme la propre définition de l’éjaculation précoce est parfois critiquée (lire sous définition), les statistiques précises ne sont pas toujours faciles à obtenir.
Causes
L’éjaculation précoce peut avoir de nombreuses causes et est généralement le résultat d’un ensemble de plusieurs facteurs, parfois complexes.
Les causes psychologiques
On estime que de nombreux cas d’éjaculation précoce sont provoqués par des facteurs émotionnels comme le stress ou d’autres troubles psychologiques. Les phobies ainsi que la perte de libido peuvent également affecter le patient et l’amener à souffrir de ce trouble sexuel.
La dysfonction érectile
Bien que la dysfonction érectile soit une maladie différente, en cas de troubles érectiles le patient ne peut pas avoir ou maintenir une érection pendant le rapport sexuel. Pour cette raison, beaucoup d’hommes deviennent inquiets et veulent terminer l’acte sexuel le plus tôt possible, ce qui peut entraîner une forme d’éjaculation précoce.
Les causes biologiques
– Un niveau anormal d’hormones mâles (testostérone par exemple).
– Un niveau anormal de neurotransmetteurs, ceux-ci “orchestrent” l’éjaculation. Des études ont montré que la sérotonine, un neurotransmetteur (5HT), joue un rôle important dans le contrôle de l’éjaculation. Des faibles niveaux de cette hormone dans les fentes synaptiques seraient responsables de l’éjaculation prématurée.
– Des causes génétiques. Les scientifiques étudient le lien entre certains gènes et l’éjaculation précoce. Les causes exactes ne sont pas encore entièrement connues.
– Des problèmes avec la glande thyroïde. Les hormones thyroïdiennes régulent le métabolisme du corps en général, des concentrations anormales (par exemple en cas d’hypothyroïdie) peuvent mener à une éjaculation précoce.
– Une inflammation ou infection de l’urètre ou de la prostate.
Personnes à risque
Le principal groupe à risque comprend les hommes âgés de 18 et 30 ans.
De plus, ces personnes, et peu importe l’âge, sont particulièrement à risque:
– Les patients trop anxieux ou stressés.
– Les patients souffrant de dysfonctions thyroïdiennes.
– Les patients ayant reçu une éducation sexuelle très rigoureuse (dans le sens “conservateur” du terme), ce qui contribue parfois à davantage de stress pendant les rapports sexuels.
– Les personnes ayant leur premier rapport sexuel. Encore une fois le stress présent peut engendrer une éjaculation précoce.
– Les patients souffrant de dysfonction érectile. Comme on l’a vu sous causes, il s’agit d’un facteur de risque.
– Les patients prenant certains médicaments qui modifient l’équilibre des neurotransmetteurs dans le cerveau. Bien que cette situation soit rare, ces patients peuvent souffrir d‘éjaculation précoce. Dans de tels cas, il s’agit d’un problème transitoire.
Symptômes
Diagnostic
Le diagnostic repose surtout sur un entretien avec un médecin (urologue) ou sexologue sur la vie du patient, en particulier ses activités sexuelles.
Le médecin va essayer de découvrir la cause possible (traumatisme, maladies hormonales, etc), voir si le patient est stressé et avoir plus d’informations sur le temps d’éjaculation.
Il pourra aussi demander des examens, en particulier sanguins, afin de contrôler le niveau d’hormones sexuelles, thyroïdiennes ou encore de certains neurotransmetteurs. Il pourra aussi observer les organes sexuels, éventuellement à l’aide d’imagerie médicale, à la recherche de changements anormaux.
Comme on l’a déjà vu dans ce dossier, les médecins ne sont pas toujours d’accord sur la durée qui permet de qualifier l’éjaculation précoce. La communauté scientifique essaie toutefois de standardiser un peu ses pratiques, certains estiment que la durée moyenne en cas de pénétration vaginale avant l’éjaculation est de 6 min 30, on parle donc d’éjaculation précoce, comme on l’a déjà vu, si elle survient moins de 2 minutes après le début du rapport.
Complications
Une des complications, si on peut l’appeler ainsi, de l’éjaculation précoce concerne l’harmonie sexuelle du couple. La relation peut être compromise et provoquer tout simplement la rupture.
L’homme peut se sentir frustré et dans certains cas présenter des symptômes de dépression. On sait que certains hommes peuvent véritablement perdre confiance en eux, la sexualité ayant en particulier chez les hommes jeunes, un rôle très important dans leur identité.
Des problèmes de fertilité peuvent aussi se produire, car l’éjaculation précoce peut rendre la conception plus difficile. Si le couple a des difficultés pour avoir un bébé, le médecin devrait s’intéresser à une éjaculation précoce éventuelle de l’homme.
Traitements
Comme l’éjaculation précoce a de nombreuses causes possibles, il y a plusieurs formes de traitements possibles :
Traitement psychologique
Dans de nombreux cas, l’approche psychologique peut résoudre les problèmes sexuels et en particulier l’éjaculation précoce. Le médecin va essayer de soigner les traumatismes et autres troubles émotionnels comme le stress.
Une psychothérapie devrait permettre de résoudre ce problème et d’avoir une efficacité sur le long terme.
Le médecin ou sexologue pourra aussi enseigner des techniques pratiques pour augmenter le plaisir pendant les rapports sexuels, afin de retarder l’éjaculation.
Traitements médicamenteux :
Dans certains cas, un traitement à base de médicaments est nécessaire. Le médecin prescrit en général des antidépresseurs. Cette classe de médicaments a tendance à retarder l’éjaculation. Les médicaments indiqués peuvent être :
– Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) : fluoxétine, sertraline, paroxétine, dapoxétine (lire ci-dessous), etc. Certaines études suggèrent que la paroxétine serait l’ISRS le plus utile, mais n’importe lequel des autres ISRS devrait également fonctionner1.
– Antidépresseurs tricycliques : clomipramine.
Dapoxétine
La dapoxétine est un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS) à courte durée d’action, il est approuvé pour le traitement de l’éjaculation précoce et est en vente sur ordonnance dans certains pays mais pas aux Etats-Unis3. Bien que ce médicament appartiennent aux ISRS, il n’est pas utilisé comme antidépresseur comme les autres ISRS. En Suisse par exemple ce médicament (Priligy®) est approuvé chez les hommes de 18 à 64 ans. Il s’agit de prendre ce médicament 1 à 3 heures avant un rapport sexuel. Attention aux effets secondaires très fréquents comme les vertiges, les maux de tête et nausées qui peuvent apparaître.
Des études ont montré que ce médicament peut augmenter le temps d’éjaculation moyen de 1 à 3 minutes.
Anesthésiques locaux
Une autre approche pharmacologique est l’utilisation d’anesthésiques locaux tels la lidocaïne (par ex. en spray, ex. en Suisse dans Kenergon®) et la prilocaïne. Aux Etats-Unis, ce sont surtout la clomipramine et le tramadol qui sont utilisés comme les anesthésiques locaux3. Ils diminuent la sensibilité du pénis et retardent l’éjaculation dans certains cas. Ces médicaments sont disponibles sous forme de gels, crèmes ou vaporisateurs. Il s’agira d’appliquer ces agents anesthésiants topiques sur la tête du pénis. Il est conseillé de faire un essai pour voir si votre partenaire trouve que cela provoque une irritation ou non.
Traitements alternatifs
De nombreux chercheurs ont remarqué que les patients souffrant d’éjaculation précoce ont une réponse au niveau des muscles pelviens plus rapide que la normale. Ainsi, les thérapeutes sexuels suggèrent des exercices musculaires afin de les aider. Demandez conseil à votre médecin ou thérapeute sur les éventuels exercices à pratiquer.
Techniques pour diminuer l’éjaculation précoce
il existe deux techniques que vous et votre partenaire pouvez essayer immédiatement et qui peuvent vous aider. Il s’agit des méthodes “stop-start” (en français stop et arrêt) et “stop-squeeze” (en français stop et pression)1.
– Avec la méthode “stop-start”, vous commencez un rapport sexuel et le poursuivez jusqu’à ce que vous soyez proche de l’orgasme. Vous arrêtez toute stimulation sexuelle jusqu’à ce que la sensation passe, puis vous reprenez les rapports.
– La méthode “stop-squeeze” est assez similaire. Lorsque vous approchez de l’orgasme, vous faites une pause et vous (ou votre partenaire) utilisez le pouce et deux doigts pour exercer une légère pression juste sous la tête du pénis pendant environ 20 secondes. Puis vous relâchez la pression et reprenez l’activité sexuelle. Les deux techniques peuvent être répétées aussi souvent que nécessaire.
Plantes médicinales (en complément)
Comme cette affection peut être engendrée par le stress, des plantes calmantes peuvent venir compléter la thérapie :
– La passiflore
– La lavande
– La valériane
– Le tilleul
– Le thé noir (permet de réguler le stress dans certains cas)
Ces plantes sont souvent consommées sous forme de tisane ou de thé.
Bons conseils
– L’éjaculation précoce est un trouble qui peut fortement affecter la vie du couple. Si vous présentez des épisodes d‘éjaculation précoce, n’hésitez pas à en parler avec votre partenaire. Ne gardez pas ce problème pour vous. Consultez aussi un thérapeute de couple en plus de votre médecin.
– N’ayez pas honte, beaucoup d’hommes souffrent également de ce problème fréquent. Au lieu d’être frustré ou stressé (ce qui peut engendrer un cercle vicieux), consultez un médecin. Des traitements alternatifs comme du yoga, de la méditation et des exercices physiques sont très bénéfiques dans le contrôle de l’anxiété, permettent une augmentation de la concentration et qui vont diminuer le stress.
– Certains sexologues estiment que des exercices des muscles pelviens peuvent donner au patient un meilleur contrôle de l’éjaculation, surtout quand l‘origine est neurologique. Consultez un sexologue ou un thérapeute pour davantage d’informations.
– Dans de nombreux cas, pendant le traitement (peut varier de cas en cas), les médecins conseillent au patient d’éviter tout type de relation sexuelle. C’est important pour éviter toute frustration et stress, car l’envie d’avoir une bonne performance sexuelle peut engendrer un cercle vicieux et compliquer le processus thérapeutique. Suivez toujours les recommandations de votre médecin.
Prévention
Il n’existe pas un moyen unique de prévenir l’éjaculation précoce. Cependant, dans de nombreux cas, la maladie est le résultat de facteurs psychologiques comme des traumatismes, de la nervosité, du stress, de l’anxiété voire même une dépression.
Pour limiter le stress, voici quelques conseils, découvrez aussi notre dossier complet sur le stress :
– Pratiquez des activités physiques, c’est probablement le meilleur moyen pour réduire le stress. Une étude publiée en février 2023 dans le journal Trends in Urology and Men’s Health (DOI : 10.1002/tre.903) a montré que l’exercice physique semble être un moyen potentiellement efficace de traiter l’éjaculation précoce. Dans cette étude, les chercheurs ont passé en revue 54 études publiées au cours des 49 dernières années et portant sur 3’485 participants du monde entier. Les chercheurs ont constaté que l’activité physique en tant qu’intervention donnait des résultats prometteurs dans de nombreuses études, s’avérant aussi efficace que les médicaments mais sans les effets secondaires associés.
Le yoga ou la méditation sont également souhaitables.
– Maintenez un environnement sain et équilibré. Une bonne alimentation permet aussi de limiter le stress et la fatigue en général.
– Ayez aussi des activités de loisirs, pour contre balancer vos journées de travail.
– Soyez détendu et tentez d’avoir des moments seuls avec votre partenaire. Cela augmente l’intimité du couple et diminue le stress quotidien.
– C’est également important d’avoir une conversation franche avec votre partenaire, cela peut contribuer à limiter le stress avant et pendant le rapport sexuel.
Sources :
Littérature médicale, Harvard Medical School (via blog payant).
Rédaction :
Xavier Gruffat (pharmacien)
Dernière mise à jour :
07.03.2023
- Anglais : Premature Ejaculation
- Allemand : vorzeitige Ejakulation
- Italien : eiaculazione precoce
- Portugais : ejaculação precoce
- Espagnol : eyaculación precoz
Références scientifiques et bibliographie :
- Newsletter de la Harvard Medical School, édition de juin 2022. Titre article : Managing premature ejaculation
- Revue Médicale Suisse, article datant de 2008. Site accédé par Creapharma.ch le 23 septembre 2020, à cette date le lien marchait
- Exercise could help with common sexual complaint, 7 mars 2023