Allopurinol

Résumé - AllopurinolL’allopurinol est une molécule qui diminue la production d’acide urique (hypo-uricémiante ou uricosurique) dans l’organisme, ce médicament est indiqué en cas de goutte et lors d’hyperuricémie symptomatique. L’allopurinol est un médicament qualifié parfois de “pierre angulaire” (en anglais cornerstone) dans la prévention de la goutte.
Cette molécule ne peut avoir qu’une action préventive et n’est pas d’utilité en cas de crise de goutte (une fois déclenchée). L’allopurinol est contre-indiqué lors d’hyperuricémie asymptomatique, c’est-à-dire lorsque le taux d’acide urique (sanguin) est élevé mais qu’aucun symptôme n’est présent (absence de douleurs par exemple).

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Noms et molécule :
Molécule-allopurinol– Nom chimique : 1,2-dihydro-4H-pyrazolo[3,4-d]pyrimidin-4-one ou C5H4N4O (crédit photo de la molécule : Wikipedia.org)
– Noms de la molécule : allopurinol (nom en français, anglais et allemand), allopurinolum (nom latin)

Dosage
– Minimum : 100 mg/jour
– Maximum : 800 mg/jour, attention cette dose semble concerner certains pays (législations différentes) et dans des cas particuliers, en France la dose quotidienne maximale conseillée surtout pour la prévention de la goutte est en général de 300 mg. En Suisse, certaines sources sérieuses, comme dans le livre du scientifique Etzel Gysling “Hundert wichtige Medikamente, 2020, pharma-kritik Publikation”, indiquent une dose d’entretien par 24h en prévention de la goutte jusqu’à 600 mg. Lors de goutte avec tophus, le médecin prescrit parfois, notamment en Suisse, une dose montant jusqu’à 900 mg par jour1.
Remarquez que pour les doses supérieures à 300 mg/jour, celles-ci doivent être administrées en plusieurs fois (fractionnement) pendant la journée.
Selon des recommandations de l’Agence française de sécurité du médicament (ANSM) émises début 2013, il s’agit toujours d’augmenter progressivement la dose d’allopurinol puis de  l’adapter en fonction de l’uricémie (celle-ci doit être régulièrement mesurée). Cette procédure permet de limiter la survenue d’effets secondaires, parfois très graves, notamment au niveau cutané (lire sous effets secondaires ci-dessous).

Métabolisme de l’allopurinol (temps demi-vie, métabolite actif)
La concentration maximale d’allopurinol dans le plasma est atteinte 1 à 2 heures après la prise, cette molécule a par conséquent un temps de demi-vie d’1h à 2h le temps de demi-vie caractérise la durée nécessaire pour atteindre la moitié de la concentration de la molécule. Toutefois, l’allopurinol est transformé dans l’organisme notamment en un métabolite actif appelé oxypurinol qui agit comme l’allopurinol. L’oxypurinol a un temps de demi-vie de 18 à 30h. Lors d’une prise régulière d’allopurinol, l’effet principal dans la prévention de la goutte est obtenu par l’oxypurinol.

Classe de médicament
L’allopurinol appartient à la classe des inhibiteurs de la xanthine oxydase (en anglais : xanthine oxidase inhibitors, XOIs2). Une autre molécule de cette classe est le febuxostat, une autre molécule indiquée dans la prévention de la crise de goutte.

Posologie

Utilisation adulte et gériatrique (attention les posologies peuvent varier d’un pays à l’autre, indications purement indicatives) :

Posologie allopurinol

– En cas de goutte modérée : de 100 à 300 mg/jour (lire aussi sous dosage).

– En cas de goutte sévère (posologie proposée dans certains pays) : 400 à 600 mg/jour.

En France, la posologie usuelle semble être de max. 300 mg par jour, en Suisse (lire sous dosage), les médecins peuvent atteindre 600 mg par jour (par 24h).

– Hyperuricémies associées à la chimiothérapie: 600 à 800 mg/jour, à diviser en 2 ou 3 doses.
En France, la posologie usuelle semble de max. 300 mg par jour.

– Autres indications : commencez avec 100 mg/jour et augmentez la dose graduellement chaque 4 semaines pour contrôler le niveau d’acide urique plasmatique.

Remarques :
– Les personnes atteintes d’insuffisance rénale (en particulier les personnes âgées) nécessitent une adaptation posologique en fonction du degré et de l’avancement de leur maladie. En cas d’insuffisance rénale, le febuxostat est en général préféré3.
– Il est vivement conseillé de mesurer l’uricémie et l’uraturie de façon régulière.

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Utilisation chez l’enfant (attention les posologies peuvent varier d’un pays à l’autre, indications purement indicatives) :

– Pédiatrie : les posologies peuvent varier d’un pays à l’autre, indications purement indicatives.
Ci-dessous voici des dosages parfois indiqués (attention, demandez toujours conseil à votre médecin ou pharmacien).

– Enfants de moins de 6 ans : 150 mg / jour

– Les enfants entre 6 et 10 ans : 300 mg / jour

– Enfants de plus de 10 ans : dose adulte (voir ci-dessus)

Remarque : certaines sources estiment que l’utilisation chez les enfants de l’allopurinol n’est pas très conseillée (risque d’effets secondaires), pour le dosage quotidien d’allopurinol on peut aussi compter avec une dose journalière de 10 à 20 mg par kg.

IndicationsIndications allopurinol
Goutte (dans la prévention de la goutte, et non pour soigner une crise de goutte, en général il s’agit d’un traitement à prendre sur une longue durée). L’allopurinol est indiqué en cas de goutte primaire et de goutte secondaire.
L’objectif d’un traitement à base d’allopurinol dans la prévention de la goutte est d’abaisser le taux d’acide urique à moins de 6mg/dL (0,36 mmol/L), si cet objectif n’est pas atteint, le médecin pourra augmenter la dose.
– Niveaux élevés d’acide urique au cours de la chimiothérapie ou radiothérapie (ex. lors de leucémie ou lymphome)
– Problèmes rénaux causés par la goutte
Calculs rénaux
– Pour limiter les effets secondaires de la fluorouracile
– Dans certaines maladies cardiovasculaires, en prévention
Remarque : en cas d’hyperucémie (taux élevé d’acide urique) asymptomatique (sans symptôme), l’effet de l’allopurinol en général n’est pas prouvé et donc pas indiqué (sauf exception).

Effets
L’allopurinol réduit la production d’acide urique dans l’organisme et en particulier dans le plasma et l’urine, son effet est donc hypo-uricémiant.
L’allopurinol est un inhibiteur de la xanthine oxydase (une enzyme)4, cette dernière agit sur le métabolisme de l’acide urique en transformant l’hypoxanthine en xanthine, puis cette dernière en acide urique. Si on bloque la xanthine oxydase, on diminue par conséquent la production d’acide urique.
Il faut savoir que l’allopurinol produit un métabolite appelé oxypurinol, ce dernier a aussi une action comme l’acide urique sur la xanthine oxydase. L’oxypurinol agit plus longtemps que l’allopurinol et présente un effet hypouricémiant supérieur. L’élimination de l’oxypurinol est surtout rénale.

Etude sur effets sur la goutte
Une revue d’études publiée en 20145 a montré qu’un traitement par allopurinol ou fébuxostat ne réduisait pas la fréquence des crises de goutte au cours des 6 premiers mois de traitement6. Nous n’avons pas d’études de qualité sur une plus longue période que 6 mois.

Molécule d’acide urique

Effets allopurinol

Effets secondaires

Remarque
Pour limiter tout risque d’effets secondaires, l’allopurinol est contre-indiqué lors d’hyperuricémie asymptomatique, c’est-à-dire lorsque le taux d’acide urique (sanguin) est élevé mais qu’aucun symptôme n’est présent (pas de goutte, pas de douleurs, etc.). En général, l’allopurinol est bien toléré.

Principaux effets secondaires
– Irritations de la peau (urticaires, éruptions cutanées, etc.), ces effets secondaires apparaissent dans 5 à 10% des cas. Beaucoup plus rarement, réactions cutanées parfois graves avec des syndromes d’hypersensibilité (allergie) comme les syndromes de Lyell (appelé aussi nécrolyse épidermique toxique), de Stevens-Johnson et DRESS (en anglais pour Drug Reaction with Eosinophilia and Systemic Symptoms). Ces toxidermies sévères, des réactions d’hypersensibilité, semblent avoir une prédominance féminine. Il faut savoir que ces effets secondaires surviennent en général dans les 2 mois après l’instauration du traitement. En cas de symptômes comme de la fièvre (on parle dans ce cas de fièvre médicamenteuse avec une température généralement élevée, entre 38.8 et 40°C7), des éruptions cutanées, une hypersensibilité ou tout autre symptôme n’ayant rien à voir avec la goutte, veuillez immédiatement arrêter le traitement. Consultez votre pharmacien ou médecin pour davantage d’informations.
NE REPRENEZ JAMAIS CE MEDICAMENT SI L’ALLOPURINOL vous a provoqué des effets secondaires, notamment des signes affectant la peau, car en cas de nouvelle prise les effets secondaires pourraient être bien pires et parfois mener à la mort.
Pharmacogénétique
Les personnes portant l’allèle HLA-B*58:01 présentent un risque plus élevé de développer le syndrome de Stevens-Johnson et le syndrome de Lyell (appelé aussi nécrolyse épidermique toxique) comme effet secondaire lors de prise d’allopurinol et d’autres médicaments hypo-uricémiants. Ces 2 syndromes peuvent s’avérer mortels. On sait que les asiatiques (surtout Chinois Han, Coréens et Asiatiques du Su-Est) et les noirs portent davantage cet allèle que les blancs ou latinos comme l’a montré une étude américaine publiée en avril 2016.
Lire davantage sur cette étude

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– Troubles gastro-intestinaux (diarrhée, vomissements, nausées)

– Troubles hépatiques, il s’agit d’un effet secondaire rare

– Crise de goutte (peut parfois déclencher une crise, surtout au début du traitement avec l’allopurinol)

– Augmentation des enzymes hépatiques

A l’achat d’un médicament, veuillez lire la notice d’emballage.

Contre-indications
Personnes allergiques à l’allopurinol ou à certains de ses composants. Crise aiguë de goutte. Insuffisance rénale (en particulier les cas sévères), dans ce cas le médecin ou pharmacien devra réduire la dose en fonction de la clearance rénale. Insuffisance hépatique (réduire la dose).
A l’achat d’un médicament, veuillez lire la notice d’emballage.

Interactions
Risque d’interaction élevée
– Inhibiteurs de l’ECA (risque accru d’hypersensibilité)
– Antiacides (peut diminuer l’absorption de l’allopurinol). À l’exception de bicarbonate de sodium.
– Mercaptopurine (peut diminuer le métabolisme de ce médicament)
– Warfarine ou didanosine (peut augmenter les concentrations de ces médicaments), les anticoagulants en général peuvent mener à des interactions

Risque d’interaction modérée
– L’amoxicilline et l’ampicilline (augmente le risque d’éruptions cutanées, un effet secondaire pouvant être très grave)
– Anticonvulsivants (peut augmenter la concentration de cette classe de médicaments)
– Diurétiques de l’anse, comme le furosémide (cela peut augmenter le risque toxique de l’allopurinol)
– Dérivés de la théophylline et théophylline
– Les diurétiques thiazidiques comme l’hydrochlorothiazide (augmente le risque d’hypersensibilité et la concentration de l’allopurinol)
A l’achat d’un médicament, veuillez lire la notice d’emballage.

Grossesse et allaitement
– Il n’y a pas suffisamment d’études sur les animaux ou les êtres humains parlant de l’utilisation de l’allopurinol chez les femmes enceintes, de ce fait le risque pendant la grossesse ne peut pas être mesuré. Il ne doit être utilisé chez la femme enceinte que si les avantages l’emportent sur les risques pour le fœtus (quand la maladie elle-même met en danger la vie de la mère ou du fœtus).
– Les femmes qui allaitent devraient utiliser cette molécule avec prudence, en général la molécule est contre-indiquée. L’allopurinol est excrété dans le lait humain et on ignore les effets sur le bébé ou le nouveau-né.

Présentations pharmaceutiques (formes galéniques)
– Boîtes avec un dosage de 100, 200 ou 300 mg, vendus en général sous forme de comprimés. Les présentations pharmaceutiques peuvent varier d’un pays à l’autre, demandez conseil à votre médecin ou pharmacien.
Dans certains pays, l’allopurinol est administré en intra-veineuse (IV).

Médicaments vendus en Suisse (état en octobre 2022, sources : www.swissmedicinfo.ch et www.compendium.ch) :
Original : 

Zyloric®
Génériques : 
Allopur®
Allopurinol-Mepha (Comprimés)
Allopurinol Helvepharm
Uriconorme® Comprimés

Bons conseils & Remarques

Historique de l’allopurinol
– L’allopurinol a été autorisé en Suisse pour la première fois en 1966. A l’origine l’allopurinol a été développé comme un candidat médicament anticancéreux, des tests ont montré par la suite un effet clinique contre la goutte.
– L’allopurinol appartient à la liste des médicaments essentiels de l’OMS (liste mise à jour en avril 2013).

Conseils prise de l’allopurinol 
– Pour un meilleur effet et une bonne prise de l’allopurinol :
> Prenez ce médicament de préférence après les repas et avaler les comprimés tels quels avec un grand verre d’eau.
> Informez le médecin de tous les autres médicaments que vous prenez (y compris les plantes médicinales, vitamines, produits naturels, entre autres) pour limiter le risque d’interactions.
> Informez votre médecin si vous êtes enceinte, allaitez ou avez des problèmes hépatiques ainsi que rénaux.
> Ne consommez pas d’alcool ou en tout cas avec limitation (demandez conseil à votre médecin ou pharmacien).
> Si vous manquez une prise du médicament, prenez le médicament oublié dès que possible. Si l’oubli est proche de la prise suivante, sautez la dose oubliée et prenez la dose suivante à l’heure habituelle. Ne dépassez pas la dose maximale quotidienne (lire ci-dessus et demandez conseil à votre médecin ou pharmacien).

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– L’allopurinol peut mener dans de rares cas à de graves effets secondaires, on parle de toxidermie (maladie parfois mortelle touchant la peau), on parle aussi du syndrome d’hypersensibilité à l’allopurinol. En cas de symptômes comme de la fièvre, des éruptions cutanées (“rash” cutané), une hypersensibilité (allergie) ou tout autre symptômes n’ayant rien à voir avec la goutte, veuillez immédiatement arrêter le traitement. NE REPRENEZ JAMAIS LE TRAITEMENT SI L’ALLOPURINOL vous a provoqué des effets secondaires avec notamment des signes affectant la peau. Car en cas de nouvelle prise les effets secondaires pourraient être bien pires et parfois mener à la mort.
Consultez votre pharmacien ou médecin pour davantage d’informations.
Ces effets secondaires surviennent en général dans les 2 mois après l’instauration du traitement.  Lire aussi sous Effets secondaires ci-dessus et veuillez lire la notice d’emballage à l’achat de tout médicament.

– Il faut savoir qu’après administration, l’uricémie s’abaisse en 24 à 48 heures et que la prise quotidienne d’allopurinol entraîne une chute maximale de l’uricémie au bout de deux semaines environ. Avec l’arrêt du traitement l’uricémie a tendance à remonter à sa valeur antérieure au bout de 7 à 10 jours, c’est pourquoi il est important de continuer le traitement sans interruption.
Il s’agit d’un traitement à prendre sur une longue durée.
Il est utile de noter que de nombreuses personnes prennent ce traitement à base d’allopurinol la première année puis dès la deuxième année l’arrête. C’est dangereux, car cela provoque un risque pour la santé du patient (crise de goutte, complications rénales). Il s’agira donc de prendre tous les jours votre médicament, votre pharmacien peut vous aider pour atteindre cet objectif.

– Au début de la thérapie avec l’allopurinol, des crises de goutte peuvent apparaître (effet paradoxal, car le but du traitement étant justement de limiter les crises).

– Après le début de la prise d’allopurinol pour prévenir la crise de goutte, il est important d’effectuer au moins un test sanguin de l’acide urique, afin de vérifier l’efficacité du traitement.

– La prise d’allopurinol dans la prévention de la goutte est en général un traitement à vie.

Lisez aussi notre dossier complet sur la goutte10 conseils d’aliments pour prévenir la goutte.

Sources & Références : 
Sources : 
Pharmawiki.ch, Pharmavista.net, Swissmedicinfo.ch
Références et littérature :
“100 wichtige Medikamente” – Infomed (2020), Goodman & Gilman’s The pharmacological basis of therapeutics – 13th Edition – McGraw Hill Education.

Personne responsable et impliquée dans l’écriture de ce dossier :
Xavier Gruffat (Pharmacien et Rédacteur en chef de Creapharma)

Dernière mise à jour : 
15.09.2024

Crédits photos & Infographies : 
Adobe Stock, Pharmanetis Sàrl

Comment traduit-on l’allopurinol dans d’autres langues ?
  • Anglais : Allopurinol
  • Allemand : Allopurinol
  • Italien : allopurinol

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Revue Médicale Suisse, édition du 29 janvier 2020
  2. LYNNE S. PETERSON M.D., Mayo Clinic Guide to Arthritis, Managing joint pain for an active life, Rochester, Mayo Clinic Press, 2020.
  3. Revue Médicale Suisse, édition du 29 janvier 2020
  4. Livre en allemand : Taschenatlas Pharmakologie (Atlas de poche de pharmacologie), Lutz Hein – Jens W. Fischer, 8ème édition (8. Auflage), Thieme, 2020 – Remarque : une édition de ce livre existe aussi en français mais souvent il y a un retard dans les différentes mises à jour (éditions).
  5. Kydd AS et al. Uricosuric medications for chronic gout. Cochrane Database Syst Rev. 2014;(11).
  6. Article du journal édité par l’Université de Bâle (Suisse) : [email protected] (version française), Traitement de la goutte aiguë et chronique: mise à jour, édition no 17 de 2024, version du 15 septembre 2024
  7. Pharmavista.net, article du 28.02.2020

Lire aussi :


Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 15.09.2024
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