Risque augmenté de souffrir de graves effets secondaires avec l’allopurinol chez certaines ethnies

Résumé - AllopurinolBOSTONDes chercheurs du Massachusetts General Hospital aux Etats-Unis ont réalisé une étude sur l’impact qu’a une variante génétique (allèle) sur différentes ethnies afin de mieux anticiper et connaître le risque de graves effets secondaires avec les uricosuriques (hypo-uricémiants) comme l’allopurinol. Les résultats, qui ont porté sur des Américains, ont montré que les asiatiques et afro-américains présentaient davantage de risque de souffrir de ces effets secondaires que les blancs et latinos.

Mort possible du patient

L’allopurinol est un médicament très utilisé pour prévenir la goutte, son principal effet est de diminuer la concentration d’acide urique dans le sang.  Ce médicament est efficace et s’avère en général bien toléré, rarement il peut toutefois mener à de très graves effets secondaires pouvant mener à la mort du patient. Deux de ces effets secondaires sont le syndrome de Stevens-Johnson et le syndrome de Lyell (appelé aussi nécrolyse épidermique toxique). Des études précédentes ont montré que les personnes porteuses de l’allèle HLA-B*5801, un allèle est une variation d’un même gène, présentent un risque plus élevé de développer les deux syndromes mentionnés ci-dessus lors de prise d’allopurinol. La distribution de cet allèle varie fortement d’une ethnie à l’autre, des chercheurs américains ont cherché à mieux comprendre les conséquences dans les différences de distribution pour chaque ethnie.

Aux Etats-Unis, plus de 95% des prescriptions d’uricosuriques (hypo-uricémiants) sont à base d’allopurinol, un peu plus de 2% des Américains prennent du probénécide.

Etude en détail, surreprésentation d’Asiatiques

Les scientifiques américains ont pris en compte des données d’hospitalisations de patients souffrant du syndrome de Stevens-Johsnon et du syndrome de Lyell entre 2009 et 2013 suite à des effets secondaires provoqués par des hypo-uricémiants comme l’allopurinol. Ils ont observé, en comparaison avec la population américaine générale, qu’il y avait une surreprésentation de personnes asiatiques et noires par rapport aux blancs et aux latinos. On sait que les patients prenant de l’allopurinol sont à 81% blancs et étaient responsables pour 29% des hospitalisations. Au contraire, les 2% d’asiatiques qu’on trouve dans la population américaine générale,  représentaient 27% des hospitalisations.

Résultats, influence des gènes

Les données ont montré que les asiatiques et noirs présentent un risque significativement plus élevé de souffrir du syndrome Stevens-Johsnon et du  syndrome de Lyell que les blancs et hispaniques. Ils ont observé une corrélation entre la fréquence de l’allèle HLA-B*5801 présent dans ces ethnies qui se monte à 7,4% pour les asiatiques, 4% pour les noirs et 1% pour les blancs et latinos et la manifestation de ces effets secondaires.

Les chercheurs de Boston recommandent une certaine prudence lors de prescription d’allopurinol pour une personne asiatique ou noire. L’étude ne le précise pas, mais dans le futur une analyse génétique de chaque patient avant une ordonnance à base d’allopurinol pourrait s’avérer une innovation très intéressante et diminuer le nombre de graves effets secondaires avec ce type de médicaments.

Cette étude a été publiée en avril 2016 dans la version online de la revue spécialisée Seminars in Arthritis and Rheumatism.

Thérapie à base d’allopurinol, signes qui doivent vous alerter

En cas de symptômes comme de la fièvre, d’éruptions cutanées (“rash” cutané), d’une hypersensibilité (allergie) ou tout autre symptôme n’ayant rien à voir avec la goutte, veuillez immédiatement arrêter le traitement et consultez un médecin au plus vite. Ne reprenez jamais de l’allopurinol en cas d’effets secondaires ayant notamment affecté la peau, car en cas de nouvelle prise les effets secondaires pourraient être bien pires et parfois mener à la mort.

Infographie allopurinol

A retenir de cette étude:

– Les personnes porteuses de l’allèle HLA-B*5801 présentent un risque plus élevé de développer le syndrome de Stevens-Johnson et le syndrome de Lyell (appelé aussi nécrolyse épidermique toxique) comme effet secondaire lors de prise d’allopurinol et d’autres médicaments hypo-uricémiants. Ces 2 syndromes peuvent s’avérer mortels.

– On sait que les asiatiques et les noirs portent davantage cet allèle que les blancs ou latinos.

Le 21 avril 2016. Par Xavier Gruffat (pharmacien). Source: Résumé de l’étude (Abstract)

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 04.06.2016
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