Hépatite C

Dernière révision médicale : 11.03.2024
Auteur : Xavier Gruffat, pharmacien


Résumé

hépatite C définitionL’hépatite C est une maladie infectieuse causée par un virus (VHC ou HCV en anglais) qui attaque le foie et provoque une inflammation. L’hépatite C peut mener à une cirrhose hépatique (dans environ 20% des cas chez les porteurs du virus) ou à un carcinome hépatocellulaire (environ 5% des cas chez les porteurs du virus). Une hépatite non traitée peut être potentiellement mortelle.
L’hépatite C est souvent asymptomatique, c’est-à-dire sans symptôme clair, ce qui rend le diagnostic difficile. La fatigue peut être un signe de l’hépatite C.

La maladie ne provoque pas seulement une inflammation du foie mais également de nombreuses autres pathologies (manifestations extra-hépatiques).

Les deux modes de transmission les plus courants de l’hépatite C sont le partage de seringues contaminées par les consommateurs de drogues par voie intraveineuse et la transmission sexuelle.

Des médicaments très prometteurs pour guérir de l’hépatite C comme le télaprevir, le bocéprevir et le sofosbuvir sont actuellement disponibles dans de nombreux pays, souvent depuis le milieu des années 2010. Ces médicaments améliorent de façon importante les chances de guérison de l’hépatite C, s’élevant à 95% ou plus1.

La prévention de l’hépatite C consiste à ne pas partager les seringues et les aiguilles chez les toxicomanes (première population à risque pour l’hépatite C). Il n’existe pas de vaccin contre l’hépatite C2 (à la différence de l’hépatite A ou B). Il faut aussi savoir que la plupart des toxicomanes atteints par le virus du sida (VIH) sont aussi atteints d’hépatite C.

Définition

hépatite c définitionL’hépatite C est une maladie infectieuse souvent chronique (dans 75 à 85% des cas) qui atteint le foie et provoque une inflammation justement du foie3. Cette hépatite virale est causée par le virus de l’hépatite C (VHC). La population toxicomane est particulièrement touchée.
On distingue l’hépatite C aiguë (minoritaire) si elle dure moins de 3 mois de l’hépatite C chronique (dans plus de 70% des cas, certaines sources parlent de 85% des cas) si elle dure plus que 6 mois. 

Prix Nobel de médecine 2020 (découverte du virus de l’hépatite C)
Nouveau médicament contre l'hépatite C, efficace mais cherEn 2020, le prix Nobel de physiologie ou de médecine a été décerné à Harvey J. Alter, Michael Houghton et Charles M. Rice. Ils ont été honorés pour leur découverte du virus de l’hépatite C. Les chercheurs américains Harvey J. Alter et Charles M. Rice et le britannique Michael Houghthon ont fait des découvertes révolutionnaires qui ont permis d’identifier le virus de l’hépatite C. Le trio anglo-saxon est récompensé pour sa “contribution décisive”, à des années d’écart, à “la découverte du virus de l’hépatite C”, a indiqué le jury Nobel.
– A la fin des années 70, Harvey Alter avait identifié qu’un contamination hépatique mystérieuse avait lieu lors de transfusions alors qu’elle n’était ni liée à l’hépatite A ni l’hépatite B, a souligné le jury. Cette découverte a contribué à réduire pratiquement à néant les transmissions par ce biais.
– Des années plus tard, en 1989, Michael Houghton et son équipe, basés au Canada, sont eux crédités de la découverte de la séquence génétique du virus.
– Quant à Charles Rice, 68 ans, il a ensuite décortiqué pendant de longues années la façon dont le virus se répliquait, des travaux qui ont notamment conduit à l’émergence d’un nouveau traitement révolutionnaire au tournant des années 2010, le sofosbuvir. “Il a apporté la preuve finale que le virus de l’hépatite C pouvait provoquer à lui seul la maladie”, a souligné Patrik Ernfors le président du comité qui choisit les lauréats.
Le prix Nobel de 2020 est le premier directement lié à un virus depuis celui de 2008. En 1976, le Nobel était déjà allé à des travaux sur l’hépatite B.

Epidémiologie

– Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), environ 180 millions de personne dans le monde souffrent d’hépatite C4. L’hépatite C est la principale cause dans le monde de cirrhose et de transplantation du foie.

– Aux Etats-Unis, on estime que 2 à 3 millions de personnes vivent avec le virus de l’hépatite C et que des centaines de milliers d’entre elles ne sont pas diagnostiquées5. Une étude6 publiée en octobre 2023 avec la participation de la Mayo Clinic a révélé que près de 40% des personnes atteintes d’hépatite C vivant aux États-Unis ne savent pas qu’elles sont infectées. 

– En 2017, environ 40’000 personnes infectées par l’hépatite C vivaient en Suisse7.

Causes

L’hépatite C est provoquée par un virus appelé HCV, il s’agit d’un virus à ARN (type C), de la famille des Flaviridae et du genre Hepacivirus.

Il existe plusieurs génotypes (sous-type) de ce virus, numérotés de 1 à 7. Le génotype de type 1 est la forme majoritaire en Europe et en France (50% des patients). Aux Etats-Unis, le génotype de type 1 représente environ 70% des 3,2 millions d’Américains souffrant d’hépatite C.

Le génotype du virus a une importance dans le traitement de l’hépatite C.

Transmission hépatite C
On peut distinguer dans le monde plusieurs voies de contamination.
– La transfusion par du sang contaminé. C’était une source fréquente d’hépatite C avant les années 1990, la principale. De nos jours et notamment dans les pays à haut revenu ou émergents la transmission sanguine par du sang contaminé est très rare à cause des mesures de sécurité mises en place.
– Le partage de seringues chez les toxicomanes. C’est la source de transmission de l’hépatite C la plus fréquente de nos jours. Il faut savoir que le virus se transmet très facilement de cette façon.
– La contamination par voie sexuelle.
– La transmission de la mère à l’enfant pendant l’accouchement, cette voie de transmission est rare.

Multiplication dans l’organisme : 
Lorsque le virus de l’hépatite C entre dans la circulation sanguine, il a une tendance à se diriger vers les cellules hépatiques (hépatocytes). Une fois dans les hépatocytes le virus se multiplie en utilisant la machinerie des cellules humaines. Comme le foie se sent attaqué il s’en suit un processus inflammatoire pour se défendre de cette attaque virale. Le terme hépatite signifie littéralement inflammation du foie.

Personnes à risque

Les principales personnes à risque concernant l’hépatite C sont :

– les toxicomanes qui partagent les seringues et aiguilles (y compris ceux déjà infectés par le virus du Sida ou VIH)

– les personnes transfusées (sang), le risque de contamination dans les pays développés est extrêmement rare de nos jours

– les patients sous hémodialyse, le risque de contamination dans les pays développés est extrêmement rare de nos jours

– les personnes ayant un comportement sexuel à risque (toutefois la transmission par voie sexuelle est rare voire très rare)

– les professionnels de la santé en contact direct avec le sang et d’autres fluides corporels

– les personnes devant faire une endoscopie ou une opération chirurgicale, bien que le risque de contamination dans les pays développés est rare de nos jours

– les personnes alcooliques, celles-ci sont particulièrement à risque de développer une cirrhose

Temps d’incubation
L’incubation du virus de l’hépatite C est de 30 à 100 jours.

Symptômes

A la différence des hépatites A et B, l’hépatite C provoque chez la majorité des patients (plus de 70%) un développement lent et chronique de la maladie (on parle d’hépatite C chronique). Il faut savoir que chez ces personnes souffrant d’hépatite C chronique 85 à 90% sont asymptomatiques (sans symptômes) ou présentent des symptômes non spécifiques comme de la léthargie, des douleurs articulaires, des nausées, de la fatigue, etc.

Environ 15% des personnes atteintes du virus de l’hépatite C développeront une hépatite aiguë qui incluent un ictère, de la fièvre, des douleurs abdominales, un mal être, de la diarrhée et de la fatigue. Après quelques mois, ces patients guérissent naturellement.

Chez les patients souffrant d’hépatite C chronique, 40% développeront rapidement une cirrhose qui aboutira à la mort, 25% développeront une cirrhose qui mènera à la mort 10 ans après et 35% vont mourir 20 ans après. Le cancer hépatique (carcinome hépatocellulaire) surgit en général dans 5% des cas 30 ans après.

Diagnostic

Concernant l’hépatite C chronique, comme son évolution est très longue avec en général des symptômes peu spécifiques, un diagnostic peut être posé des années après par un médecin. Les patients toxicomanes sont particulièrement à risque ce qui peut orienter le médecin à faire une recherche d’hépatite C de façon plus systématique.

Le médecin fera un diagnostic qui repose sur la recherche d’anticorps dirigés contre le virus de l’hépatite C. On peut par exemple utiliser la méthode ELISA et/ou l’immunoblot. On peut aussi travailler avec la méthode qui consiste à rechercher l’ARN du virus (il s’agit d’un virus à ARN) par PCR. Cela permet ensuite d’identifier le génotype du virus.

Complications

En plus des symptômes déjà décrit dans la rubrique symptômes de l’hépatite C, le virus de l’hépatite C peut mener à des manifestations extra-hépatiques comme des lymphomes non hodgkiniens, des fibroses, un ulcère de la cornée, des problèmes de la glande thyroïde, une fatigue chronique (symptôme très fréquent), des myalgies, des arthralgies, des neuropathies, etc.

Rappelons que les deux grandes complications de l’hépatite C qui peuvent mener à la mort sont la cirrhose (20% des cas) et le carcinome hépatocellulaire (5% des cas).

Traitements (médicaments, transplantation)

traitement hépatite CLe traitement classique de l’hépatite C chronique reposait surtout sur l’utilisation d’interféron alpha retard en injection une fois par semaine et d’un médicament antiviral en prise quotidienne, la ribavirine. Il s’agit de la thérapie classique, on parle aussi de bithérapie.
On sait toutefois que l’efficacité de ce traitement combiné varie d’un individu à l’autre, la durée du traitement est fixée par le médecin (de 24 à 72 semaines). On estime que le taux de succès thérapeutique varie de 30 à 70%, en France on est proche de 70%. On note que les Asiatiques réagissent de manière plus favorable au traitement. Depuis les années 2010, des médicaments beaucoup plus efficaces sont disponibles sur le marché comme le sofosbuvir, on parle d’antiviraux d’action directe.

Interféron
L’interféron peut mener à certains effets secondaires comme la fièvre, les maux de tête ou de la fatigue. La ribavirine peut elle provoquer notamment de l’anémie. D’autres effets secondaires de ces médicaments sont, entre autres, la dépression ou les troubles de la thyroïde.

Antiviraux d’action directe
Il existe depuis 2013 des traitements antiviraux dits d’action directe contre l’hépatite C, avec notamment une mise sur le marché du sofosbuvir (Sovaldi®) et du siméprévir (mais mise sur le marché arrêtée en 2018, en France en tout cas, selon Vidal.fr). Grâce à ces nouvelles molécules, utilisées en général en association avec les traitements classiques, le taux de guérison s’élève à 95% ou plus8, autrement dit 95% ou plus des patients utilisant ces médicaments sont guéris.
Il existe aussi des antiviraux d’action directe qui combinent plusieurs molécules :
Médicaments efficaces contre les génotypes 1 à 6 :
– glécaprévir et pibrentasvir (Maviret®)
– sofosbuvir et velpatasvir (Epclusa®)
– sofosbuvir, velpatasvir et voxilaprévir (Vosevi®)
Médicament efficace contre génotype 1 et 4 : 
– elbasvir et grazoprévir (Zepatier®)
Attention au risque d’interactions relativement important des médicaments mentionnés ci-dessus. Les traitements durent en général de 8 à 12 semaines, selon le médicament9.

Remarques
– En décembre 2013 l’agence de contrôle des médicaments aux Etats-Unis, la FDA (Food and Drug Administration), a autorisé la mise sur le marché du Sovaldi (sofosbuvir), un nouveau médicament pour soigner l’hépatite C chronique.
– En 2014, la France a procédé à la mise sur le marché du sofosbuvir. Ce médicament, tout comme aux Etats-Unis, a provoqué des controverses à cause de son prix très élevé (plus de 55’000 euros pour 3 mois de traitement).
– Charles Rice, qui a reçu le Prix Nobel de Médecine en 2020 (avec deux autres scientifiques, lire sous Définition ci-dessus), a décortiqué pendant de longues années la façon dont le virus de l’hépatite C se répliquait, des travaux qui ont notamment conduit à l’émergence d’un nouveau traitement révolutionnaire au tournant des années 2010, le sofosbuvir.
– Le télaprévir n’était plus commercialisé en France dès 2015.

Efficacité du traitement
En 2024, il était possible pour un patient souffrant d’hépatite C de guérir dans plus de 95% des cas avec un premier traitement médicamenteux (ex. sofosbuvir, lire davantage ci-dessous)10.

Transplantation 
Dans des cas graves d’hépatite C, une transplantation du foie peut être l’ultime espoir pour le patient notamment si les médicaments ne font pas effets.

Phytothérapie (plantes médicinales) – Mesures complémentaires

Comme pour les autres hépatites, la phytothérapie n’est pas le traitement de premier choix mais peut s’avérer être une mesure complémentaire intéressante surtout pour améliorer l’état du foie. Avant d’entreprendre un traitement nous vous conseillons de demander conseil à votre médecin.

Ci-dessous vous trouverez des plantes médicinales qui ont un effet positif sur le foie (hépatoprotecteur) et qui peuvent aider lors d’hépatite :

chardon marie phytothérapie hépatite C

– le chardon-Marie, à utiliser sous forme de comprimé ou gélule. Une étude américaine parue en 2012 a toutefois montré que cette plante n’avait pas véritablement d’efficacité prouvé scientifique contre l’hépatite.

artichaut hépatite C phytothérapie

– l’artichaut, à utiliser sous forme de comprimé ou de gélule.

Bons conseils

– La principale recommandation pour les patients souffrant d’hépatite C est d’arrêter l’alcool. Boire plus d’un verre par jour entame sérieusement le pronostic vital de l’hépatite C, car cela peut mener plus rapidement à une cirrhose.

– Eviter de prendre des médicaments à base de paracétamol, car ceux-ci peuvent endommager le foie.

Prévention

Voici quelques mesures préventives contre l’hépatite C :

– Utilisation de seringues neuves et stériles chez les toxicomanes ;

– Utilisation de préservatifs (chez les personnes à risque) ;

– Lutte contre l’alcoolisme ;

– Exiger d’un professionnel de santé d’avoir un équipement stérile (gant, masques) surtout en cas de contact avec le sang ;

Aux Etats-Unis, les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC)11 recommandent que toute personne âgée de plus de 18 ans subisse un dépistage de l’hépatite C au moins une fois dans sa vie. Toute femme enceinte doit être testée au cours de chaque grossesse. Et les personnes appartenant à des groupes à haut risque devraient subir des tests périodiques réguliers.

Rappelons qu’il n’existe pas de vaccin contre l’hépatite C12.

Nom anglais : Hepatitis C

News

Un nouveau médicament pour soigner l’hépatite C autorisé aux Etats-Unis

Crédits photos & Infographies :
Adobe Stock, Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch)

Historique de la mise à jour – Dossier revu médicalement :
– 11.03.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien)
– 30.09.2021 (par Xavier Gruffat, pharmacien)

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Article de la Cleveland Clinic, Mayo Clinic Minute: What is hepatitis C?, datant du 11 mars 2024, site accédé par Creapharma le 11 mars 2024 et le lien marchait à cette date
  2. Article des CDC : Hepatitis C, datant du 31 octobre 2023, accédé par Creapharma.ch le 11 mars 2024
  3. Article de la Cleveland Clinic, Mayo Clinic Minute: What is hepatitis C?, datant du 11 mars 2024, site accédé par Creapharma le 11 mars 2024 et le lien marchait à cette date
  4. Magazine Veja Saúde, édition de novembre 2020
  5. Article de la Cleveland Clinic, Mayo Clinic Minute: What is hepatitis C?, datant du 11 mars 2024, site accédé par Creapharma le 11 mars 2024 et le lien marchait à cette date
  6. DOI : 10.1371/journal.pone.0293315
  7. Keystone-ATS, 24 juillet 2020
  8. Article de la Cleveland Clinic, Mayo Clinic Minute: What is hepatitis C?, datant du 11 mars 2024, site accédé par Creapharma le 11 mars 2024 et le lien marchait à cette date
  9. Article du journal édité par l’Université de Bâle (Suisse), [email protected], édition de septembre 2021
  10. The Wall Street Journal, 06.10.2020- Article de la Cleveland Clinic, Mayo Clinic Minute: What is hepatitis C?, datant du 11 mars 2024, site accédé par Creapharma le 11 mars 2024 et le lien marchait à cette date
  11. Article des CDC : Hepatitis C, datant du 31 octobre 2023, accédé par Creapharma.ch le 11 mars 2024
  12. Article des CDC : Hepatitis C, datant du 31 octobre 2023, accédé par Creapharma.ch le 11 mars 2024

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 11.03.2024
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