Mononucléose
Dernière révision médicale : 29.05.2024
Auteur : Xavier Gruffat, pharmacien
Résumé
La mononucléose, plus connue sous le nom de “maladie du baiser”, est un virus porté par plus de 90% de la population. Mais parmi toutes ces personnes infectées, seule la moitié d’entre elles va développer à un moment de sa vie la maladie avec des symptômes comme des maux de gorge, de la fièvre élevée et surtout une grande fatigue.
Les symptômes disparaissent en général au bout de 2 semaines. Parfois, la fatigue peut durer plus longtemps, de 6 mois à une année.
Cette grande fatigue peut être handicapante, au point où elle peut empêcher une poursuite correcte des études ou de son travail.
Le virus de la mononucléose fait partie de la famille des virus à ADN, qui infectent son hôte, se loge dans les cellules et peut rester latent durant de nombreuses années, voire une vie entière, sans déclarer la maladie. La maladie apparaît souvent chez les adolescents et les jeunes adultes1. Une fois infectées, ayant déclaré la maladie ou non, les personnes acquièrent en général une immunité à vie.
Les traitements de la mononucléose sont en général symptomatiques et destinés à réduire la fièvre ainsi que les maux de gorge. Les médicaments indiqués sont par exemple le paracétamol.
Les antibiotiques ne seront nécessaires que s’il existe une complication bactérienne et ne pourront être délivrés que sur prescription médicale.
Il est essentiel de respecter le repos et de beaucoup boire, afin de guérir plus rapidement.
Définition
La mononucléose ou mononucléose infectieuse est une maladie virale causée par le virus d’Epstein-Barr (EBV), un virus à ADN de la famille des herpès virus.
La maladie est caractérisée par une augmentation du nombre et du volume d’un certain type de globules blancs (lymphocytes mononucléaires, formés dans les organes lymphoïdes). Elle se manifeste par une angine, des amygdales enflées (amygdalite), des ganglions enflés (situés au niveau du cou, des aisselles), des maux de tête, une forte fièvre, accompagnés par une très grande fatigue (lire aussi: mononucléose fatigue).
Dans les pays occidentaux, on estime que plus de 95% des adultes sont porteurs du virus de la mononucléose. La contraction du virus s’est généralement faite durant l’enfance mais reste la plupart du temps asymptomatique.
Transmission mononucléose – contagiosité
Le virus se transmet par la salive, il est donc possible de l’attraper en embrassant ou en partageant des ustensiles avec une personne atteinte de mononucléose. Il est également possible d’être exposé au virus par une toux ou un éternuement2. On sait que 20% des adultes sécrètent le virus dans leur salive et devient donc une voie de transmission du virus. On estime que la mononucléose est moins contagieuse que certaines maladies virales comme le refroidissement ou le rhume.
La mononucléose infectieuse touche essentiellement les adolescents et rarement les enfants.
La maladie évolue de manière favorable en 2 semaines en général, rares sont les complications. Seule la fatigue subsiste. Il existe cependant plusieurs mesures à prendre, afin de bien soigner la mononucléose.
Causes
La mononucléose est provoquée par le virus d’Epstein-Barr (VEB ou EBV en anglais).
Ce virus fait partie de la famille des virus herpès ou herpesviridae (lire ci-dessous), grande famille de virus à ADN, ayant la faculté d’infecter les personnes sans forcément causer la maladie (primo-infection). Ces virus restent cachés dans les cellules infectées et peuvent ressortir (réactivation du virus) à un moment donné, suite à des facteurs déclenchant, comme la fatigue, le stress, l’immunodéficience.
Parmi ces virus, on peut également citer l’herpès labial, l’herpès génital, le cytomégalovirus, le zona (dont la varicelle est la primo-infection).
Parmi tous ces virus à caractère pathologique pour l’homme, le virus d’Epstein-Barr est le plus fréquemment rencontré, même si la maladie ne se déclare pas forcément au cours d’une vie.
Ce virus, une fois entré dans le corps humain (par voie salivaire essentiellement), provoque une augmentation de la réponse immunitaire de l’hôte, ce qui induit une grande production des lymphocytes (globules blancs).
Cette augmentation massive de lymphocytes induit une augmentation de taille des lieux où sont produits ces derniers (ganglions des aisselles, de l’aine, du cou et de la rate). Cela explique les symptômes de la mononucléose infectieuse.
Incubation mononucléose
L’incubation du virus d’Epstein-Barr est en général de 4 à 6 semaines. L’incubation représente le temps passé entre la transmission du virus et l’apparition des premiers symptômes.
Information pratique virus
Herpesviridae
Il s’agit d’une famille de virus très importants sur le plan pathologique chez l’homme.
Ces virus à ADN ont la particularité de pouvoir rester, après une infection aiguë primaire, à l’état latent dans des cellules infectées. Le virus peut ainsi être réactivé dans certaines conditions induites ou favorisées par des facteurs psychologiques (stress), physiques (UV), hormonaux (herpès cataménial, c.à.d. lié avec l’apparition des règles) et immunitaire (immunodéficience).
Les Herpesviridae forment un vaste ensemble qui comprend :
– L’herpès simplex virus (HSV) types 1 et 2, qui présentent des différences antigéniques et épidémiologiques : HSV-1 est transmis par voie orale et est ainsi associé à des infections au-dessus de la ceinture. HSV-2, qui se transmet par voie sexuelle, est responsable d’infection au-dessous de la ceinture , se manifestant sur les organes génitaux ou parfois sur la fesse ou les cuisses. Voir aussi : herpès labial – herpès génital
– Le virus de la varicelle et du zona (VZV): après la varicelle qui constitue la primo-infection, le virus reste latent pendant de longues années dans un ou plusieurs ganglions sensitifs, et la résurgence est liées à des complications telles que les douleurs post-zostériennes ou certaines paralysies faciales. Voir aussi : varicelle – zona
– Le cytomégalovirus (CMV) : la primo-infection est souvent asymptomatique chez l’homme sain, alors que chez les patients immuno-déprimés, la primo-infection ou les résurgences peuvent entraîner des atteintes sévères.
– Le virus d’Epstein Barr (EBV), responsable de la mononucléose infectieuse. C’est un des virus les plus prévalents de la planète.
– Des herpes virus lymphotropes (Human Herpes Virus) de découverte récente : HHV-6 responsable de la roséole, ou exanthème subit de la petite enfance entre 6 mois et 3 ans, HHV-7 dont le pouvoir pathogène n’est pas encore exactement connu, et HHV-8 associé au sarcome de Kaposi.
Personnes à risque
La primo infection se fait en général, dans les pays occidentaux, dès l’enfance. Elle est souvent asymptomatique. Le virus, une fois entré dans l’organisme, se loge dans les ganglions et peut rester « silencieux », c’est-à-dire qu’il ne provoque pas forcément la maladie.
Cependant, ces personnes sont infectées, et peuvent transmettre le virus, par la voie salivaire, notamment.
En bref, la grande majorité de la population est touchée par le virus de la mononucléose infectieuse, mais en général, les symptômes n’apparaissent que chez les adolescents ainsi que chez les jeunes adultes. Les enfants sont rarement touchés.
Environ 90% de la population de 50 ans et moins, est infectée par le virus d’Epstein-Barr. Parmi ces personnes infectées, seule la moitié va déclarer la maladie, suite à la réactivation du virus, qui jusqu’à présent était latent, caché dans les cellules hôtes.
Ainsi, la moitié des personnes infectées ne sauront jamais qu’elles avaient le virus en elles, puisqu’elles n’auront pas développé la maladie au cours de leur vie.
De par la grande amélioration de l’hygiène de vie, la primo infection se fait de plus en plus tard et peut donc avoir des conséquences plus sévères.
Symptômes
Incubation
L’incubation de la mononucléose dure de 4 à 6 semaines3 (temps entre l’infection et la manifestation des premiers symptômes). Chez les enfants, cette période d’incubation peut toutefois être plus courte.
Principaux symptômes de la mononucléose :
Comme la mononucléose infectieuse est caractérisée par une augmentation du nombre et du volume des lymphocytes, la maladie se manifeste essentiellement par les symptômes suivants :
– de la fièvre (au début), entre 38 et 39°C ;
– de la transpiration ;
– une angine (angine blanche, lire ci-dessous également), des maux de gorge intenses (empêchant d’avaler) ;
– des maux de tête ;
– une fatigue intense (asthénie) ;
– des amygdales enflées, souvent couvertes d’une couche grisâtre (on parle aussi d’angine blanche) ;
– des ganglions de cou, des aisselles, de l’aine et de la rate sont enflés ;
– une éruption cutanée ;
– la rate molle et gonflée4 ;
– un malaise, ne pas se sentir bien.
Cela peut entraîner une gêne de la déglutition, voire une gêne respiratoire.
De plus, l’augmentation des ganglions de la rate peut provoquer une sensibilité de l’abdomen.
Durée des symptômes
En général, la plupart des symptômes comme la fièvre et le mal de gorge disparaissent au bout de deux semaines. Mais la fatigue intense, très caractéristique de la mononucléose, ainsi que les amygdales enflées peuvent persister plusieurs semaines ou mois.
Les symptômes de la mononucléose ne sont pas très caractéristiques, car ils peuvent faire penser à de nombreuses maladies comme l’angine ou encore un refroidissement (syndrome grippal). Ainsi, les débuts de la maladie peuvent la faire confondre avec une simple angine ou une amygdalite, bien que la mononucléose soit plus grave et surtout dure plus longtemps.
Les enfants sont rarement touchés par la mononucléose, en effet certaines cellules immunitaires les protégeraient comment l’ont montré des chercheurs suisses en décembre 2013. La plupart des enfants infectés par le virus de la mononucléose ne présentent aucun symptôme (asymptomatique).
La mononucléose sous forme symptomatique touche de préférence les adolescents.
Diagnostic
Les symptômes de la mononucléose infectieuse ne sont pas assez spécifiques et caractéristiques. Le diagnostic de la maladie se fonde sur un examen clinique et des tests sanguins. Les tests sanguins sont utilisés pour confirmer le diagnostic de mononucléose infectieuse.
Le médecin, lors de l’examen clinique, identifiera les symptômes suivants :
– Ganglions enflés
– Fièvre
– Mal de gorge, difficulté à déglutir.
Lors de tests sanguins, il s’agira de mettre en évidence l’augmentation du nombre et du volume des lymphocytes. En effet, le virus d’Epstein-Barr, virus à ADN de la famille des Herpesviridae, infecte les lymphocytes du type B.
Un test sérologique (Le MNI-test) peut compléter le diagnostic. Ce test permet d’identifier la présence d’anticorps spécifiques. Les anticorps sont les molécules produites par le système immunitaire pour contrer les infections de manière spécifique.
Ainsi, le MNI-test permet de confirmer la maladie. Le dosage des anticorps présents dans le sang, permet de savoir si l’infection est récente ou non.
Lorsque l’infection est récente, le titre est ≥180.
Complications
La primo infection se fait de plus en plus tard, dû aux améliorations de l’hygiène de vie. Cela peut engendrer des conséquences plus graves – la maladie frappant plus tard, mais aussi plus fort.
Il existe des formes plus graves de mononucléose infectieuse, comportant des atteintes méningées ou nerveuses.
Les complications les plus connues de la maladie sont cette grande fatigue persistant souvent plusieurs mois. La fatigue est accompagnée parfois de dépression.
Rate
Une complication peut également survenir à la rate si vous recevez un coup sur le ventre, en particulier si la rate a pris du volume pendant votre maladie, car cet organe est plus fragile et peut ainsi se rompre. Il faut éviter des sports de contact comme un sport de combat pendant cette période.
Il faut aussi savoir que l’hépatite peut être est une des complications de la mononucléose infectieuse (MNI). Dans ce cas il ne s’agit pas d’une infection du foie par un virus de l’hépatite B ou C (les plus virulents), mais par une localisation hépatique du virus d’Epstein-Barr (le virus responsable de la MNI). Cette hépatite guérit généralement après une corticothérapie brève d’environ 10 jours.
Les malades de la mononucléose acquièrent en général une immunité à vie, toutefois chez certaines personnes le virus peut être réactivé.
Le virus de la mononucléose (EBV) serait responsable, en partie, dans le développement de la maladie de Hodgkin ou lymphome de Hodgkin, une affection grave du tissu lymphatique.
Risque de sclérose en plaques
Une étude suisse publiée en octobre 2020 dans le journal Cell (DOI : 10.1016/j.cell.2020.09.054) semble montrer que le virus à l’origine de la mononucléose peut augmenter le risque de développer la sclérose en plaque. Les lymphocytes T en bonne santé sont généralement une bénédiction, car ils contrôlent la défense immunitaire. Mais elles sont parfois contre-productives, comme l’ont montré des chercheurs suisses. Un groupe de lymphocytes T qui lutte contre le virus Epstein-Barr attaque également le cerveau et provoque la sclérose en plaques. Lorsque les porteurs du gène commun HLA-DR15, un gène fréquent dans la population (environ 25% de personnes saines), sont infectés par le virus Epstein-Barr et subissent une infection symptomatique, connue sous le nom de mononucléose, le risque de sclérose en plaques est multiplié par 15. Les cellules immunitaires des personnes atteintes de HLA-DR15 possèdent une force particulière qui les rend en même temps dangereuses : elles peuvent détecter très efficacement certains microbes tels que le virus Epstein-Barr – mais cette aptitude peut également entraîner une réaction immunitaire indésirable contre le tissu cérébral.
Quand consulter son médecin ?
Nous vous conseillons de consulter rapidement un médecin (attention liste non exhaustive) lorsque :
– vous ou votre enfant avez des difficultés à respirer ;
– lors de fièvre élevée (supérieure à 38°C) ou qu’une fièvre modérée persiste pendant plus de 10 jours ;
– si vous ou votre enfant ressentez des douleurs à la rate.
Traitements
En général, la mononucléose infectieuse guérit de manière spontanée en quelques semaines. Cependant, la fatigue peut gêner le malade encore plusieurs mois (2 à 3 mois).
Le médecin traitant prescrira parfois des antibiotiques, s’il suspecte une complication bactérienne (par exemple une surinfection bactérienne menant à une angine). Il évitera néanmoins la prescription de dérivés de la pénicilline (ampicilline) type bétalactamine, car ils peuvent provoquer une éruption de boutons ou de plaques rouges.
Le traitement de la mononucléose n’est donc pas spécifique, mais il se compose essentiellement de :
– beaucoup de repos ;
– la prise d’antalgiques (antidouleurs comme le paracétamol ou l’ibuprofène) ;
– des corticoïdes comme la prednisone en cas de complications, notamment respiratoires, ou un gonflement important de la gorge et des amygdales ;
– des antiviraux (aciclovir), réserves en général pour des patients souffrant de problèmes immunologiques ;
– boire beaucoup, notamment de l’eau ou des jus5.
Remarque importante : il s’agira d’éviter les sports de contact (pouvant faire exploser la rate, tandis que celle-ci est encore enflée).
Remèdes naturels
– Contre les maux de gorge provoqués par la mononucléose, il est possible de faire des gargarismes à base d’eau salée. A faire des gargarismes plusieurs fois par jour.
Bons conseils
– Il est important de bien et beaucoup se reposer. Il est essentiel de respecter cette règle pendant la durée de la maladie. C’est très important surtout chez des sportifs (soumis à un entraînement physique important), car autrement une mononucléose qui se soigne habituellement en 2 semaines peut durer jusqu’à 6 voire 12 mois.
– Boire beaucoup, en particulier de l’eau et des jus de fruits. Beaucoup boire aide à diminuer la fièvre, à lutter contre les maux de gorge et prévenir la déshydratation.
Prévention
– Ne pas boire dans le même verre ou manger dans la même assiette qu’une personne malade.
– Ne pas partager la même nourriture.
– Toujours se laver les mains et les désinfecter, avant de manger.
– Éviter les baisers sur la bouche.
Noms anglais de la maladie :
Mononucleosis, Mono
Crédits photos & Infographies :
Adobe Stock, Pharmanetis Sàrl
Historique de la mise à jour – Dossier revu médicalement :
– 29.04.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien – mise à jour de l’infographie principale)
– 03.04.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien)
– 23.10.2020 (par Xavier Gruffat, pharmacien)
Références scientifiques et bibliographie :
- SANJEEV NANDA (M.D.), Mayo Clinic a-z Health Guide, WHAT YOU NEED TO KNOW ABOUT SIGNS, SYMPTOMS, DIAGNOSIS & TREATMENT, 2nd edition, Rochester, Mayo Clinic Press, 2023.
- SANJEEV NANDA (M.D.), Mayo Clinic a-z Health Guide, WHAT YOU NEED TO KNOW ABOUT SIGNS, SYMPTOMS, DIAGNOSIS & TREATMENT, 2nd edition, Rochester, Mayo Clinic Press, 2023.
- SANJEEV NANDA (M.D.), Mayo Clinic a-z Health Guide, WHAT YOU NEED TO KNOW ABOUT SIGNS, SYMPTOMS, DIAGNOSIS & TREATMENT, 2nd edition, Rochester, Mayo Clinic Press, 2023.
- SANJEEV NANDA (M.D.), Mayo Clinic a-z Health Guide, WHAT YOU NEED TO KNOW ABOUT SIGNS, SYMPTOMS, DIAGNOSIS & TREATMENT, 2nd edition, Rochester, Mayo Clinic Press, 2023.
- SANJEEV NANDA (M.D.), Mayo Clinic a-z Health Guide, WHAT YOU NEED TO KNOW ABOUT SIGNS, SYMPTOMS, DIAGNOSIS & TREATMENT, 2nd edition, Rochester, Mayo Clinic Press, 2023.