Zika
Questions fréquentes (FAQ) sur le virus Zika
Quelle méthode de prévention, comment se prévenir du virus Zika ?
Pour le moment, il n’existe aucun vaccin pour lutter contre le virus Zika (ZIKV). Un moyen efficace de se protéger du moustique porteur de ce virus est d’utiliser des répulsifs d’origine chimique comme le DEET, avec une concentration supérieure ou égale à 20% afin de garantir une protection sur une longue durée. Une autre substance efficace est la picaridine. Il est aussi important de porter des habits qui couvrent la peau.
Comment se transmet ce virus ?
Le virus Zika se transmet à l’homme par une piqûre du moustique Aedes aegypti, porteur lui-même du virus. Ce moustique qui pique le jour peut transmettre d’autres virus que le zika comme ceux de la dengue, de la fièvre jaune ou du chikungunya. La piqûre est la plupart du temps sans douleur.
Les scientifiques estiment qu’au Brésil seulement 1 moustique (Aedes aegypti) sur 1’000 à 3’000 serait porteur du virus Zika.
Le 2 février 2016, les autorités sanitaires du Texas (Etats-Unis) ont informé que le virus Zika peut être transmis par voie sexuelle. Un patient de retour d’Amérique latine a transmis le virus zika à son partenaire.
Une autre voie de transmission possible pourrait être par transfusion sanguine, comme l’affirme les Brésiliens. Ce qui est sûr est qu’une transmission par voie aérienne comme la grippe est pour le moment exclue. En savoir plus sur le moustique Aedes aegypti
Selon une étude présentée lors d’un congrès sur les maladies tropicales (congrès de l’ASTMH) à Atlanta aux Etats-Unis en novembre 2016, les moustiques (variétés Aedes) porteurs du zika peuvent aussi être porteurs du chikungunya et transmettre la maladie à l’homme lors d’une unique piqûre.
Relations sexuelles
Le virus Zika se transmet par relation sexuelles d’une personne à l’autre.
Le virus semble particulièrement présent au niveau du vagin, comme l’a montré une étude publiée en avril 2020 dans The FASEB Journal. Cette étude a examiné comment les particules ou virus de Zika se sont comportées dans des cultures de cellules épithéliales vaginales humaines et a identifié le point d’entrée probable du virus comme une protéine à la surface des cellules.
Combien de personnes pourraient être infectées par le virus Zika ?
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 3 à 4 millions de personnes pourraient être infectées par le virus Zika sur le continent américain pendant toute l’année 2016.
Le Brésil est un pays très touché par le virus Zika (lire aussi ci-dessous).
Selon l’OMS, du 1er janvier 2007 au 30 mars 2016, la transmission du virus a été documentée dans un total de 61 pays et territoires. Le 1er août 2016, le nombre de pays et territoires a été réduit à 51 pays. La plupart de ces pays sont situés au niveau tropical ou subtropical (ex. Amérique centrale, sud des Etats-Unis comme la Floride, Brésil, Afrique subsaharienne, Inde, nord de l’Australie).
En 2016, le nombre de cas de personnes infectées par le virus Zika au Brésil était de 216’207, selon le Ministère de la Santé brésilien. En 2017 (janvier à début septembre 2017), le nombre de cas était de 15’586 toujours selon le Ministère de la Santé brésilien.
Virus indétectable
Dans une étude publiée en mai 2017 dans le journal scientifique Nature, des analyses génétiques d’échantillons de virus Zika répandus à travers le continent américain après son introduction entre 2013 et 2014 ont montré que le virus circulait de manière indétectable jusqu’à une durée d’1 an dans certaines régions avant qu’il ne soit porté à l’attention des autorités de santé publique.
Pourquoi les pays tropicaux sont particulièrement touchés ?
Une théorie repose sur le fait que dans le continent américain notamment, les pays tropicaux sont beaucoup plus pauvres en terme de PIB par habitant que les Etats-Unis ou le Canada et comptent d’importantes poches de pauvreté comme c’est le cas à Rio de Janeiro, au Brésil. Dans cette ville d’environ 6 millions d’habitants, plus de 20% de la population habite dans des favelas (bidonvilles). Il s’agit de quartiers pauvres avec une très forte densité de population, un milieu favorable pour la multiplication du moustique Aedes aegypti. D’autres grandes villes du Brésil (ex. Sao Paulo, Recife, Salvadore), de Colombie ou du Venezuela ont une urbanisation similaire et souffrent des mêmes problèmes.
Il faut savoir que les oeufs de ce moustique peuvent survivre pendant des mois, son éradication est donc très difficile.
Ce moustique a tendance aussi à se cacher la nuit (il pique le jour) dans des recoins obscurs, ce qui complique encore plus son élimination. Cette espèce de moustique est tout simplement l’un des plus durs à éradiquer.
Quels sont les symptômes du virus Zika chez l’homme ?
Dans 80% des cas une personnes infectée par le virus Zika ne souffre d’aucun symptôme, on dit que la personne est asymptomatique.
Dans les 20% restants, la personne infectée peut présenter les symptômes suivants : fièvre, démangeaisons avec plaques rouges, fatigue, douleurs articulaires, conjonctivite, etc. La durée des symptômes est de 2 à 7 jours, certaines sources notamment brésiliennes parlent de 3 à 7 jours.
A la différence de la dengue (une autre maladie transmise par le même moustique qui transmet le Zika) le Zika n’est que rarement une maladie mortelle pour l’être humain.
Syndrome de Guillain-Barré
Certains rares cas de décès par le virus Zika sur les centaines de milliers de personnes touchées ont néanmoins été signalés, notamment en Colombie. Les décès ont été provoqués par le syndrome de Guillain-Barré, une complication possible du virus Zika qui est une affection potentiellement mortelle touchant en particulier le système respiratoire.
Il faut savoir que le virus Zika n’est pas le seul virus pouvant mener à ce syndrome, d’autres virus comme celui de la grippe peuvent aussi provoquer un syndrome de Guillain-Barré.
Selon un intervenant de l’émission “C dans l’air” de France 5 (chaîne de TV française de qualité) diffusée le 3 février 2016 sur le virus Zika, le syndrome de Guillain-Barré serait une complication possible du Zika mais touchant moins de 1% des personnes porteuses de ce virus.
Photo ci-dessous: virus Zika en 3D, crédit photo: Purdue University dans l’Indiana (Etats-Unis)
Pourquoi le virus est-il particulièrement dangereux pour la femme enceinte ?
Selon les autorités brésiliennes (photo à gauche: Ministère de la Santé brésilien) et l’OMS qui ont communiqué à ce sujet fin mars 2016, une femme enceinte porteuse du virus Zika peut le transmettre à son enfant et ce dernier peut naître avec une microcéphalie foetale d’origine infectieuse, c’est-à-dire une tête plus petite que la moyenne. Cette forme de microcéphalie mène à des retards mentaux et parfois à la mort du foetus ou du nouveau-né (lire ci-dessous).
Les CDC américains (Centers for Disease Control and Prevention) ont confirmé dans un communiqué publié le 14 avril 2016 les hypothèses des autorités brésiliennes et de l’OMS en affirmant que le Zika pouvait effectivement mener à des malformations comme la microcéphalie chez l’enfant à naître.
Il faut noter que le virus Zika est une cause parmi d’autres à l’origine de la microcéphalie. D’autres causes confirmées peuvent être d’autres agents infectieux comme le parasite provoquant la toxoplasmose, le cytomegalovirus, etc. La consommation d’alcool pendant la grossesse est une autre cause de microcéphalie.
Selon un communiqué de l’OMS publié fin mars 2016: “En fonction d’études observationnelles, de cohorte et de cas-contrôlés (case-control en anglais), il y a un fort consensus scientifique montrant que le virus Zika est une cause du syndrome de Guillain-Barré, de la microcéphalie et d’autres maladies neurologiques.”
1er trimestre
Pendant la grossesse, la transmission du virus Zika de la femme enceinte à son enfant pendant le 1er trimestre est particulièrement problématique. En effet, pendant ce trimestre le virus Zika peut traverser le placenta et atteindre le foetus. Le virus Zika peut ensuite perturber la croissance du système nerveux du foetus. On estime que le virus Zika empêche la croissance correcte des cellules cérébrales dans le cerveau du foetus.
Pendant le 1er trimestre de la grossesse, le foetus a un système immunitaire affaibli qui l’empêche de lutter totalement contre le virus.
Zika et microcéphalie (étude)
Selon une étude publiée en septembre 2017, une simple mutation génétique, probablement acquise en 2013, a donné au virus Zika la capacité de causer une grave microcéphalie foetale. Ces résultats expliquent comment un virus a évolué d’une maladie inoffensive vers une infection pathogène avec une préoccupation mondiale. Pour arriver à ces conclusions, le Dr Ling Yuan et ses collègues ont comparé des souches virales de l’épidémie qui a eu lieu en 2015 et 2016 en Amérique latine avec un virus (Cambodian virus) qui circulait en 2010. Ces résultats ont été publiés le 28 septembre 2017 dans le journal scientifique Science.
Qu’est-ce que la microcéphalie ?
Un nouveau-né qui naît avec une microcéphalie présente une circonférence du crâne inférieure à 32 cm.
Une microcéphalie n’est pas toujours le signe d’une maladie ou de troubles futurs, dans certains cas les parents ont un petit crâne et l’enfant naît ainsi. Dans environ 10% des cas de microcéphalie l’enfant n’a pas de troubles mentaux.
Selon un article du New York Times du 31 janvier 2016 qui cite une source sérieuse (une étude à consulter ici), environ 25’000 bébés sont diagnostiqués d’une microcéphalie chaque année aux Etats-Unis. Dans ce pays pourtant très développé au niveau médical, les causes de la microcéphalie restent souvent sans réponses pour les parents.
Un enfant qui naît avec une microcéphalie peut présenter de nombreux problèmes et provoque d’importantes incertitudes pour les parents. Il est très difficile de prédire le futur de ces enfants au niveau de leur développement (vont-ils parler par ex.). Il n’existe pour le moment aucun traitement pour la microcéphalie.
Dans certains cas graves de microcéphalie, l’enfant ne peut pas se déplacer ou est incapable de se nourrir soi-même.
Photo ci-dessous d’une mère avec ses 2 filles souffrant de microcéphalie, photo appartenant à notre site partenaire R7.com au Brésil (crédit photo R7 et ayant droit)
Autres complications du Zika chez l’enfant
En plus de la microcéphalie, un enfant né infecté par le virus Zika peut souffrir d’autres complications comme :
– Lésions de la rétine
– Troubles musculaires
– Arthrogrypose (articulations fixes, raideurs multiples des articulations)
– Perte de l’audition ou surdité
– Convulsions
– Troubles cognitifs et moteurs
– Difficulté à s’alimenter
A quelle période de la grossesse une femme reçoit-elle le diagnostic de microcéphalie ?
Toujours selon cet article du New York Times, la mère reçoit souvent le diagnostic de microcéphalie au milieu de la grossesse. Le médecin identifie dans la plupart des cas des éventuels troubles neurologiques provoqués par la microcéphalie par des ultrasons réalisés à la fin du 2ème trimestre de la grossesse.
De ce fait, même dans les pays qui autorisent l’avortement (ex. France, Etats-Unis) une IVG ne serait pas autorisée ou seulement dans certaines situations selon la légalisation du pays. Relevons qu’en Amérique latine, l’avortement n’est légalisé dans presque aucun pays.
Que se passe-t-il au Brésil ?
Depuis fin octobre 2015, au Brésil plus de 5’900 cas suspects de microcéphalies (ou d’anomalies cérébrales) ont été rapportés selon l’OMS. Par comparaison, pour toute l’année 2014 seulement environ 150 cas de microcéphalies avaient été rapportés. Le 11 mai 2016, le Ministère de la Santé brésilien a confirmé exactement 1’326 cas de microcéphalies au Brésil depuis le début des investigations en octobre 2015 jusqu’au 7 mai 2016.
Le nombre de cas de microcéphalies au Brésil est élevé, à mettre toutefois en relation avec 200’000 à 300’000 naissances qui ont lieu chaque année dans ce pays, le 5ème plus peuplé au monde. Les cas les plus graves ont surtout été enregistrés dans le nord-est (Nordeste en portugais) du Brésil, une région plus pauvre que le sud et sud-est, comme le montre la carte ci-dessous. Toutefois, il semble que le virus se répande rapidement dans tout le pays.
Comment ce virus mène-t-il à la microcéphalie ?
Même si cela reste pour le moment une hypothèse, les scientifiques brésiliens estiment qu’après que la femme enceinte se soit fait piquer par un moustique porteur du virus Zika, ce dernier peut passer dans la circulation sanguine de la mère, traverser le placenta puis atteindre le cerveau du foetus provoquant l’infection. Le risque de microcéphalie infectieuse serait particulièrement élevé pendant les 12 premières semaines de la grossesse, période fondamentale pour le développement du cerveau du foetus.
Selon une étude réalisée en Polynésie française et publiée dans la revue scientifique The Lancet, pour une femme infectée par le virus Zika pendant la grossesse la probabilité que son enfant soit atteint de microcéphalie est d’environ 1%.
Quelle méthode de prévention, comment se prévenir du virus Zika ?
Pour le moment, il n’existe aucun vaccin pour lutter contre le virus Zika. Un moyen efficace de se protéger du moustique porteur de ce virus est d’utiliser des répulsifs d’origine chimique comme le DEET, avec une concentration supérieure ou égale à 20% afin de garantir une protection sur une longue durée. Une autre substance efficace est la picaridine.
Il est aussi important de porter des habits qui couvrent la peau.
Existe-t-il un traitement contre le virus Zika ?
Actuellement, il n’existe aucun traitement antiviral contre ce virus.
Quelle est l’origine du virus Zika ?
Le virus Zika a été détecté pour la première fois chez l’être humain il y a environ 40 ans en Ouganda. Sur le continent américain le virus a été observé pour la première fois il y a moins de 2 ans, il s’est donc rapidement propagé principalement dans les régions tropicales, c’est-à-dire l’Amérique centrale et une partie de l’Amérique du sud.
Comment éviter la prolifération du moustique Aedes aegypti (vecteur du virus Zika) ?
Afin d’éviter la prolifération du moustique Aedes aegypti, il ne faut jamais laisser de l’eau stagnante dans un récipient ou autre ustensile proche des habitations, en particulier dans les zones à risque (zones urbaines ou périurbaines des zones tropicales ou subtropicales).
Il est notamment conseillé de mettre du sable dans les soucoupes des pots de plante, de retourner les bouteilles en mettant le goulot vers le bas, de couvrir les réservoirs d’eau et les piscines (ou mettre du clore) et d’éviter de stocker des pneus en extérieur.
D’autres méthodes utilisées notamment par les autorités (ex. armée au Brésil) pour éviter la prolifération consistent à stériliser les moustiques mâles avec des radiations, créer des moustiques génétiquement modifiés, injecter une bactérie (Wolbachia bacteria), nébuliser des insecticides autant à l’intérieur qu’à l’extérieur des habitations ou encore utiliser des larvicides. Certaines de ces méthodes sont toutefois controversées.
Quelles sont les recommandations de l’OMS et autres institutions de santé de référence ?
Selon des recommandations de l’OMS datant de début juin 2016, les femmes vivant dans une zone où le virus Zika est en circulation comme certaines régions d’Amérique latine devraient éviter de tomber enceinte, autrement dit repousser leur grossesse. Ces femmes sont invitées à utiliser des moyens de contraception ou éviter les rapports sexuels.
Par contre, les Centres de Contrôle et Prévention des Maladies (CDC) américains n’émettent pas les recommandations de l’OMS. Selon cette institution américaine de référence, ce n’est pas le rôle du gouvernement de se mêler de décisions autant intimes.
Est-ce qu’il y a un lien entre la dengue et le zika ?
Selon une étude de 2020, oui. Une étude publiée le 28 août 2020 dans le journal Science (DOI : 10.1126/science.abb6143) a montré qu’une personne qui a été infectée par le zika par le passé a un plus grand risque de souffrir de symptômes graves de la dengue, si elle est contaminée par le virus à l’origine de la dengue. Des chercheurs de l’Université de Californie à Berkeley, ainsi que d’autres institution de recherche notamment au Nicaragua, sont arrivés à cette conclusion. Au total 3800 enfants et adolescents du Nicaragua ont été pris en compte dans cette étude. Les résultats ont montré que ceux ayant été infectés par le zika avaient 12,1% de risque de présenter des symptômes de la dengue provoqué par le virus de la dengue du sérotype 2 (DENV2) contre seulement 3,5% pour ceux qui n’avaient jamais été infectés par le zika. De plus, 1,1% des participants atteints de zika par le passé ont présenté une forme hémorragique de la dengue et donc grave contre 0% pour ceux qui n’ont jamais souffert de zika.
Pour aller plus loin : Tout savoir sur Aedes aegypti – Dossier complet sur la dengue
Dernière mis à jour :
30.08.2020
Rédaction :
Par Xavier Gruffat (pharmacien).
Correction de l’orthographe: Christine Gruffat (enseignante de français). Découvrez aussi nos conditions juridiques et décharges de responsabilité
Sources & Références :
Veja (magazine brésilien), Associated Press, Criasaude.com.br (version brésilienne de Creapharma.ch, découvrez notre page en portugais sur Aedes aegypti, références bibliographiques en bas de l’article), France TV, Wikipedia.org, CBSnews, OMS, The New York Times (version imprimée et web), Webmd, Le Monde.fr, “C dans l’air” de France 5 (émission du 3 février 2016), The Wall Street Journal (plusieurs éditions comme par exemple celle du 17 mars 2016), USA Today, Purdue University, NPR, Ministère de la Santé brésilien, Folha de S.Paulo (plusieurs éditions dont celle du 1er août 2016, 24 août 2016, 3 novembre 2017), Nature (mai 2017)