Fièvre jaune
Résumé sur la fièvre jaune
La fièvre jaune est une maladie causée par un virus transmis lors d’une piqûre de moustique. Il s’agit d’une maladie grave, potentiellement mortelle. La fièvre jaune est endémique surtout dans les régions tropicales, on observe la fièvre jaune principalement en Amérique du Sud et en Afrique. Par exemple dans un pays comme le Brésil, les cas enregistrés de fièvre jaune se situent principalement en dehors des régions urbaines, en particulier dans la campagne ou dans les zones sauvages.
Les premiers symptômes de la maladie sont notamment une fièvre (importante et soudaine), des maux de tête, des frissons, des nausées, des douleurs dans le corps, des vomissements, des ictères, une diarrhée et/ou des hémorragies. Certains individus sont asymptomatiques (ne présentent aucun symptôme).
La vaccination contre la fièvre jaune est fortement recommandée pour les voyageurs qui se rendent dans les pays endémiques ainsi que pour les habitants de ces pays. La durée de la vaccination est désormais à vie, par le passé elle était de 10 ans.
Il faut savoir qu’il n’existe pas de traitement thérapeutique spécifique contre la fièvre jaune.
Définition
La fièvre jaune est une maladie infectieuse transmise par un virus de la famille des flavivirus, avec un génome à ARN. La transmission du virus s’effectue par une piqûre de moustique. Les moustiques sont infectés lorsqu’ils piquent des primates qui ont le virus1.
Régions où la fièvre jaune est présente
La fièvre jaune sévit surtout en Amérique centrale, en Amérique du sud (principalement en Amazonie), en Asie Tropicale et en Afrique (zone tropicale et subtropicale).
Au Brésil, les cas enregistrés de fièvre jaune se situent principalement en dehors des régions urbaines, en particulier dans la campagne ou dans les zones sauvages. Toutefois, depuis le 16 janvier 2018 l’entier de l’Etat de Sao Paulo est désormais considéré comme une zone à risque de la fièvre jaune, selon l’OMS. Le plus grand état du Brésil a en effet connu plusieurs décès provoqués par la fièvre jaune sylvestre (et non urbaine).
Epidémiologie
Monde
Environ 200’000 personnes dans le monde sont infectées chaque année par la fièvre jaune2. Cette maladie provoque environ 30’000 décès par an. La plupart de ces cas et de ces décès (environ 90 %) se produisent en Afrique.
Etats-Unis
Les États-Unis n’ont pas connu d’épidémie de fièvre jaune depuis 1905.
Brésil
Selon des informations du Ministère de la Santé brésilien, le Brésil a compté depuis le début de l’année 2017 et jusqu’à fin mars 2017 au total 574 cas confirmés de fièvre jaune, avec 187 morts.
Taux de mortalité
Selon un communiqué de presse datant de juin 2017 de l’Université Princeton (Princeton University) aux Etats-Unis, le taux de mortalité du virus de la fièvre jaune peut atteindre 50%.
Décès d’un Suisse de retour du Brésil (2018)
Un Suisse est mort de la fièvre jaune le 28 février 2018 aux urgences de l’hôpital de Zurich en Suisse après un séjour au Brésil, selon l’agence de presse suisse ATS et Globo (à travers son site G1). Il avait séjourné sur l’île appelée Ilha Grande dans l’Etat de Rio de Janeiro en février 2018. Ce Suisse de 44 ans est arrivé en provenance du Brésil à Zurich le 22 février 2018 dans un état critique. Le diagnostic de la fièvre jaune a été confirmé par des tests moléculaires. Selon le média brésilien Globo, il avait refusé la vaccination contre la fièvre jaune. L’Office Fédéral de la Santé Publique (OFSP) rappelle que la meilleure prévention contre la fièvre jaune est justement la vaccination.
Causes
Cause virale
La fièvre jaune est causée par un virus de la famille des flavivirus, virus avec un génome à ARN simple, le virus de la fièvre jaune. On nomme parfois ce virus le virus amaril (amarela signifiant jaune en portugais, voir aussi notre dossier complet en portugais du Brésil : febre amarela). En anglais, ce virus porte le nom de Yellow Fever Virus (YFV).
Transmission fièvre jaune (moustiques)
La transmission du virus de la fièvre jaune peut apparaître dans des zones urbaines, sauvages ou rurales, même si dans un pays comme le Brésil, le dernier cas de transmission en milieu urbain a été enregistré en 1942, dans l’état de l’Acre (petit état brésilien proche de la frontière péruvienne), selon le Ministère de la Santé brésilienne. Toujours au Brésil on note que dans les zones sauvages ou rurales, le virus est transmis par la piqûre d’un moustique, principalement du genre Haemagogus ainsi que du genre Sabethes (dans de moindres mesures). Dans ces zones, les moustiques acquièrent le virus en piquant un singe infecté (principal hôte du virus de la fièvre jaune) et le transmettent par les œufs à leur descendance. Une personne non immunisée, qui éventuellement se rend dans une zone endémique de la fièvre jaune et est piquée par un moustique contaminé par le virus, peut se déplacer dans une zone urbaine et cette personne peut devenir la source de contamination du virus pour des moustiques de type Aedes aegypti (celui qui véhicule également la dengue) et Aedes albopictus. Sur ce dernier moustique il réside toutefois un doute sur la capacité à véhiculer les virus de la fièvre jaune.
Moustiques
– Le moustique Aedes aegypti, après avoir piqué une personne contaminée par la fièvre jaune, peut transmettre le virus après 9 à 12 jours. Ce moustique (tout comme Aedes albopictus) a tendance à piquer de jour (diurne) et se reproduit dans de l’eau sale, qui s’accumule dans des pots, pneus, piscine non vidée, etc.
– Dans cette même famille de virus que celui de la fièvre jaune on compte d’autres virus comme ceux de la dengue, du Zika et du Nil occidental. Tous ces virus sont transmis à l’homme par des moustiques (ex. Aedes aegypti).
La fièvre jaune est-elle contagieuse ?
Vous ne pouvez pas transmettre la fièvre jaune à une autre personne si vous l’avez. Par exemple, vous ne pouvez pas la transmettre en toussant ou en embrassant. Cependant, si vous êtes infecté, un moustique peut vous piquer et ensuite infecter une autre personne.
Personnes à risque
Les groupes à risque sont principalement les voyageurs et les personnes non vaccinées (pour rappel la vaccination immunise pendant 10 ans) se rendant dans les zones endémiques ou sévit la fièvre jaune.
Les personnes qui vivent dans ces zones endémiques et qui ne sont pas immunisées sont aussi des personnes à risque.
Temps d’incubation :
La période ou temps d’incubation de la fièvre jaune est de 3 à 6 jours après la piqûre par un moustique infecté3.
Symptômes
Le virus se propage par le sang et provoque les premiers symptômes de la maladie : fièvre (importante et soudaine), mal de tête, frissons, nausées, douleurs dans le corps, vomissements, ictères (peau, yeux et les muqueuses sont jaunes), fatigue, diarrhée et hémorragies (gencive, nez, tractus urinaire, système gastro-intestinal).
Sans symptômes (asymptomatique)
Remarquons que certains individus sont asymptomatiques (ne présentent aucun symptôme), ces cas sont surtout observés dans des zones endémiques de la fièvre jaune comme au Brésil. Dans ce pays, les spécialistes de la maladie comme Isabella Ballalai (en octobre 2017 présidente de la Société Brésilienne d’Immunisation, Sociedade Brasileira de Imunizações) estiment que dans la majorité des cas la fièvre jaune, en particulier la fièvre jaune rurale (en portugais febre amerela silvestre), ne présente aucun symptôme.
Les symptômes qui demandent le plus d’attention de la part du personnel médical est la fièvre ainsi que les maux de dos.
Il faut savoir que 3 à 4 jours après les premiers symptômes de la fièvre jaune, chez la grande majorité des patients, les symptômes s’améliorent puis disparaissent.
“Phase toxique” de la fièvre jaune (phase grave)
– Dans environ 15% des cas, la maladie se détériore, on appelle cette évolution de la maladie la “phase toxique”. Dans cette phase la fièvre remonte (la fièvre peut être très élevée4), le patient présente des diarrhées, des douleurs abdominales, des hémorragies au niveau des gencives, de la peau, du nez, des hémorragies internes avec une coagulation vasculaire disséminée, causant un infarctus dans divers organes.
– Dans cette phase, les fonctions rénales et hépatiques se trouvent sérieusement endommagées, ainsi que la fonction cardiaque. Il peut ainsi apparaître une hépatite fulminante suite à diverses hémorragies internes. Ces problèmes hépatiques aboutissent à une augmentation de la circulation de la bilirubine, qui donne une coloration jaune à la peau (d’où le nom fièvre jaune) ou jaunisse. Le taux de mortalité dans la “phase toxique” de la maladie est d’environ 50% et ces patients meurent au bout de 7 à 10 jours5.
Risque de décès en cas d’absence de vaccination :
Chez les personnes symptomatiques infectés par la virus de la fièvre jaune et non vaccinées, le risque de décès est d’environ 30%, comme l’a montré une étude brésilienne réalisée notamment par la faculté de médecine de l’Université de Sao Paulo (USP) publiée en mai 2019 dans le journal scientifique The Lancet Infectious Diseases. Cette étude réalisée en 2018 a montré que sur 231 patients internés à l’Hospital das Clínicas à Sao Paulo (Brésil) environ 30% des patients avec des symptômes sont morts. Tous les patients étaient des adultes.
Diagnostic
Le diagnostic de la fièvre jaune est principalement clinique. Il repose sur l’observation des symptômes et un historique clinique (anamnèse) du patient (voyages, état de la vaccination, symptômes, etc.). De plus, des examens virologiques sont possibles ou l’isolement en culture.
Complications
Environ 15% des patients évoluent, dans les 24 heures après le début de la maladie (après le temps d’incubation), vers une phase très grave de la maladie, connue comme la “phase toxique” de la fièvre jaune (lire aussi ci-dessus).
Dans cette phase une série d’événements comme des hémorragies internes et une coagulation disséminée, provoquent la détérioration de nombreux organes, principalement le rein (le patient présente un déficit dans la production d’urine, connue sous le terme médical anurie), le foie (hépatite fulminante et insuffisance hépatique) ainsi que le coeur. Ces problèmes d’organes peuvent entraîner un coma et la mort.
Dans cette phase le patient présente aussi des saignements dans les vomissements et les fèces. Le taux de mortalité est haut dans cette phase toxique, de l’ordre de 50%.
Notons que la fièvre jaune normale (sans phase toxique) a un taux de mortalité d’environ 5%.
Traitements
La fièvre jaune n’a pas de traitement spécifique. Les médicaments utilisés cherchent à réduire les symptômes comme de la fièvre, des douleurs musculaires, maux de tête, diarrhée, etc.
En cas de fièvre jaune il est conseillé d’éviter la prise d’acide acétylsalicylique (Aspirine), car cela peut favoriser le risque d’hémorragies (déjà un symptôme de la fièvre jaune), privilégiez par exemple pour faire baisser la fièvre et contre les douleurs le paracétamol.
Formes graves :
Dans les formes graves de la maladie (ex. phase toxique, voir sous complications) la fièvre jaune exige un traitement spécifique en milieur hospitalier, qui peut inclure une transfusion plaquettaire et une dialyse.
Phase initiale :
Pendant la phase initiale de la maladie, il est important que le patient atteint de fièvre jaune soit protégé par une moustiquaire, pour éviter qu’il devienne une source d’infection pour le moustique Aedes aegypti (qui cause la fièvre jaune) et contamine d’autres personnes.
Vaccin fièvre jaune :
Il faut savoir qu’il existe un vaccin qui permet de prévenir efficacement la fièvre jaune (plus d’informations à ce sujet ci-dessous).
Bons conseils
– Si vous suspectez de souffrir de fièvre jaune (symptômes spécifiques et voyages dans une zone à risque), consultez immédiatement un médecin.
– Ne laissez jamais de l’eau s’accumuler (dans les zones endémiques), comme proche de votre maison de vacances car cela peut attirer les moustiques.
– Avant de voyager dans une zone à risque, pensez à vous faire vacciner (plus d’informations ci-dessous).
Prévention – Vaccination fièvre jaune
La prévention de la fièvre jaune repose principalement sur la vaccination, elle est considérée par l’OMS comme le principal et le plus efficace moyen de lutter contre la fièvre jaune :
Vaccination contre la fièvre jaune – efficacité vaccin fièvre jaune
Le vaccin contre la fièvre jaune (vaccin anti-amarile) est obtenu grâce à un virus atténué. L’OMS affirme que l’immunité apparaît dans les 30 jours chez 99% des personnes vaccinées. Le journal brésilien de référence Folha de S.Paulo dans un article du 13 janvier 2017 estimait que l’efficacité du vaccin contre la fièvre jaune était d’environ 90%. Le même journal Folha de S.Paulo dans un article paru le 4 février 2018 estimait que l’efficacité de la vaccination contre la fièvre jaune était d’environ 99%.
Le vaccin de la fièvre jaune est indiqué pour les personnes prévoyant de se rendre dans des zones à risque (Afrique, Amérique latine).
La durée de l’immunisation contre la fièvre jaune est à vie (selon les dernières études de l’OMS parues en 2013), avant mai 2013 on estimait que la vaccination devait être répétée 10 ans après la première injection. Désormais une seule vaccination (sous forme d’une unique injection par exemple dans le bras) contre la fièvre jaune suffit.
La vaccination contre la fièvre jaune devra être effectuée au moins 10 jours avant le départ (pour garantir son efficacité une fois arrivé sur la zone à risque).
Effets secondaires du vaccin contre la fièvre jaune : on peut dans certains cas observer une légère douleur musculaire au niveau de la zone d’injection ou une fièvre dans les 48 heures après la vaccination. Il est aussi possible de souffrir de douleurs dans le corps et de maux de tête. Ces effets secondaires plutôt légers concerneraient entre 2 et 5% des personnes vaccinées.
Un effet secondaire du vaccin très grave mais très rare (environ 1 personne pour 400’000 personnes vaccinées) est le développement d’une maladie souvent mortelle appelée maladie viscérotrope. Cette affection peut mener à un choc et à une défaillance de plusieurs organes. Selon le Ministère de la Santé brésilien, cité dans un article de la Folha de S.Paulo le 13 janvier 2017, entre 1999 et 2007 les autorités ont compté 8 cas de cette maladie avec 7 morts.
Les encéphalites sont d’autres effets secondaires très graves du vaccin mais aussi très rare.
Pour la liste des effets secondaires complets, demandez conseil à votre médecin ou pharmacien, lisez la notice d’emballage.
Contre-indication du vaccin contre la fièvre jaune (sauf avis médical contraire) : le vaccin est contre-indiqué chez les femmes enceintes, les personnes allergiques aux oeufs (si le vaccin est à base d’oeufs ou de dérivés), les personnes grippées ou souffrant de fièvre les enfants de moins de 6 ans, les personnes immunodéprimées (souffrant de maladies comme le sida ou le cancer), les personnes prenant des médicaments immunosuppresseurs, les personnes effectuant des radiothérapies. Les personnes souffrant de maladies auto-immunes comme le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde devront demander conseil à leur médecin pour savoir si une vaccination est appropriée.
Dans certains pays on estime que la vaccination contre la fièvre jaune est considérée comme sûre chez les personnes âgées de 9 mois à 60 ans. Chez les personnes de moins de 9 mois ou de plus de 60 ans, veuillez-vous faire conseiller par un médecin. Demandez conseil à votre médecin ou pharmacien pour davantage d’informations.
En Suisse, il faut effectuer le vaccin contre la fièvre jaune dans des centres spécialisés (ex. à Genève: Médecine Tropicale et des Voyages, aux HUG). En Suisse, le vaccin contre la fièvre jaune se nomme Stamaril®. Plus d’informations sur ce vaccin sur le site Compendium.ch.
Lutte contre les moustiques
Tout comme contre la dengue (fièvre dengue), la lutte contre les moustiques est fondamentale dans la prévention de la maladie. Voici quelques mesures efficaces :
– Utilisez des moustiquaires dans les maisons pour éviter l’entrée de moustiques. Envisagez d’utiliser une moustiquaire autour du lit si l’hébergement n’est pas équipé de la climatisation ou de moustiquaires aux fenêtres.
– Utilisez un produit anti-moustique contenant du DEET.
– Evitez de laisser de l’eau stagnante (dans des vieux pneus, etc.).
– Arrosez les plantes avec de l’eau traitée avec du chlore.
Lire aussi : malaria (paludisme), dengue, Zika, fièvre du Nil occidental.
Sources & Références :
Université Princeton (Princeton University), Folha de S.Paulo (plusieurs éditions, voir dates dans le texte ci-dessus), R7.com, G1 (du média Globo), Cleveland Clinic, OMS (WHO).
Informations internes à Creapharma.ch : CC240622.
Rédaction :
Xavier Gruffat (pharmacien)
Date dernière mise à jour :
27.08.2022
Crédits photos :
Fotolia.com, Pharmanetis Sàrl (infographie sur la fièvre jaune au Brésil)
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Anglais : Yellow Fever
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Allemand : Gelbfieber
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Italien : febbre gialla
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Portugais : febre amarela
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Espagnol : fiebre amarilla
Références scientifiques et bibliographie :
- Article de la Cleveland Clinic (Health Library) sur la fièvre jaune (en anglais : yellow fever), datant du 24 juin 2022, consulté par Creapharma.ch le 27 août 2022
- Article de la Cleveland Clinic (Health Library) sur la fièvre jaune (en anglais : yellow fever), datant du 24 juin 2022, consulté par Creapharma.ch le 27 août 2022
- World Health Organization (WHO, OMS en français). Yellow Fever (fièvre jaune), article en anglais de l’OMS mis à jour le 7 mai 2019, consulté par Creapharma.ch le 27 août 2022
- Article de la Cleveland Clinic (Health Library) sur la fièvre jaune (en anglais : yellow fever), datant du 24 juin 2022, consulté par Creapharma.ch le 27 août 2022
- World Health Organization (WHO, OMS en français). Yellow Fever (fièvre jaune), article en anglais de l’OMS mis à jour le 7 mai 2019, consulté par Creapharma.ch le 27 août 2022