Dengue
Dernière révision médicale : 02.08.2024
Auteur : Xavier Gruffat, pharmacien
Résumé
La dengue ou fièvre dengue (ou encore “grippe tropicale”) est une maladie causée par un virus du genre Flavivirus, transmise par la piqûre du moustique femelle appelé Aedes aegypti, ce virus compte 5 sérotypes : DEN1, DEN2, DEN3, DEN4 et DEN5. La dengue est surtout endémique dans les régions tropicales et subtropicales notamment actuellement en Amérique latine, en particulier en été ou pendant la saison des pluies, mais on note aussi des cas de dengue en Europe. Son incidence progresse actuellement de manière considérable, l’inscrivant en 2019 au rang des maladies dites ré-émergentes, comme le relevait un communiqué de l’Institut Pasteur en mai 2019.
L’Aedes aegypti est également responsable de la transmission du chikungunya, du Zika et de la fièvre jaune. Ces 4 maladies infectieuses sont d’origine virale.
La dengue provoque un syndrome de type grippal, dans certains cas on peut observer des complications potentiellement mortelles (dengue sévère ou dengue hémorragique). En cas de détection précoce et avec un accès à des soins médicaux adaptés, le taux de mortalité de la dengue est inférieur à 1% (source, OMS, septembre 2013). Actuellement, il n’existe pas de traitement spécifique pour la dengue ou la dengue sévère.
Transmission
La transmission de la dengue s’effectue par la piqûre d’un moustique (Aedes aegypti) infecté par le virus. Le moustique Aedes aegypti est diurne, c’est-à-dire qu’il vit pendant la journée. Le moustique transmet le virus par la salive en piquant la peau humaine, le virus se multiplie ensuite dans le sang humain. Il se multiplie en présence d’eau propre et stagnante, c’est pourquoi dans les régions endémiques il faudra retirer tout objet pouvant contenir de l’eau stagnante. En savoir plus sur le moustique Aedes aegypti
Les symptômes de la dengue classique incluent des douleurs musculaires, une fièvre élevée, des douleurs articulaires, des vomissements, des nausées, des douleurs dans les yeux, des taches rouges, etc.
En cas de dengue hémorragique ou dengue sévère (une forme grave de la maladie) on retrouve les symptômes de la dengue classique, mais des saignements surviennent après la diminution de la fièvre. En cas de dengue hémorragique, il faudra avoir une grande attention (consulter immédiatement un médecin) en cas d’intenses douleurs abdominales, de cyanose ou de saignements spontanés.
Le diagnostic repose sur une anamnèse (historique) et sur les symptômes rapportés par le patient. Des tests sanguins peuvent parfois être nécessaires pour confirmer avec certitude la maladie (on peut la confondre avec une grippe).
Le traitement de la dengue est symptomatique, il consiste à soigner les symptômes de la maladie (douleurs, fièvre). Il faut éviter l’utilisation de médicaments à base d’acide acétylsalicylique.
Le meilleur moyen de prévention est l’utilisation de lotions anti-moustiques pendant la journée et surtout de limiter les collections d’eau stagnantes dans les villes ou leurs banlieues (ex. les grandes villes de l’hémisphère sud comme Rio de Janeiro au Brésil), il s’agira aussi de mettre du chlore dans les piscines.
Il existe actuellement un vaccin contre la dengue dans certains pays, mais il n’est pas sans poser problème (lire ci-dessous sous Vaccins). Lire aussi : Nouveau vaccin contre la dengue autorisé dans 3 pays
Définition
La dengue est une maladie infectieuse aiguë, de gravité variable, causée par un virus du genre Flavivirus transmise par un moustique. Il existe 4 types de virus de la dengue différents (DEN 1, DEN 2, DEN 3 et DEN 4). Ces 4 sérotypes du virus partagent environ deux tiers du génome1. Un 5ème type de virus a été identifié ces dernières années (DEN 5).
Cette maladie peut se développer sous une forme légère ou grave (sévère). Dans la forme légère, le patient présente des symptômes proches de la grippe avec de la fièvre et des douleurs musculaires. Dans la forme sévère (aussi appelée dengue hémorragique), le patient est exposé à un risque mortel, à cause de la chute de pression provoquée par l’hémorragie.
Le virus de la dengue a été isolé pour la première fois en 19432.
Epidémiologie
Dengue dans le monde
Selon l’OMS, environ 390 millions de personnes souffrent de dengue dans le monde chaque année et environ 96 millions ont besoin de traitement3. Les personnes infectées résident en grande partie dans les régions tropicales et subtropicales d’Asie (Sri Lanka, Inde), d’Afrique, d’Amérique latine (Brésil, Antilles) et du Pacifique (Australie). Il s’agit en général des zones urbaines et semi-urbaines qui sont touchées.
Plus de 2,5 milliards de personnes (selon l’OMS) sont concernées directement ou indirectement par la dengue.
Amérique latine très touchée
En 2023, 4,5 millions de cas confirmés de dengue ont été enregistrés, environ 80% en Amérique latine.
Chaque année dans le monde environ 40’000 personnes décèdent de la dengue4. Ce chiffre est en forte augmentation ces dernières décennies.
Sri Lanka
– Une redoutable épidémie de dengue a été observée au Sri Lanka avec plus de 114’000 personnes infectées et 315 décès entre début janvier et fin juillet 2017, selon des statistiques officielles citées par l’agence de presse allemande dpa. La police et l’armée ont été mobilisées dans la capitale du pays, Colombo, pour lutter contre les moustiques qui transmettent la dengue. Selon la Croix Rouge, il s’agit de la pire épidémie connue dans le pays.
Bangladesh
– Le Bangladesh a recensé des cas sporadiques de dengue dans les années 1960 et connu une importante épidémie en 2000 et depuis on y dénombre chaque année des cas cliniques, selon l’Institut Pasteur qui publiait une étude à ce sujet en mai 2019. Les chercheurs ont estimé que 24 % des Bengalis ont été infectés par la dengue au cours de leur vie, mais ce pourcentage oscillait entre 3 % dans les villages du nord du pays et près de 90 % dans les grands centres urbains. Ils ont alors utilisé des modèles mathématiques pour estimer le nombre d’infections annuelles et élaboré des cartes de prédiction de la concentration du risque. Ils ont ainsi évalué à 2,4 millions le nombre moyen d’infections par an, principalement dans les villes de Dhaka, Chittagong et Khulnâ. Leur étude a été publiée le 8 avril 2019 dans le journal scientifique eLife (DOI : 10.7554/eLife.42869).
Causes
La dengue est causée par un arbovirus du genre Flavivirus (lire aussi ci-dessous sous transmission pour mieux comprendre la cause de la maladie). Le virus de la dengue (DENV) est un virus à ARN monocaténaire de polarité positive (groupe IV de la classification Baltimore). Le virus de la dengue compte 5 sérotypes : DEN1 (ou DENV1, dans ce dossier nous ne mentionnons pas le V final), DEN2, DEN3, DEN4 et DEN5.
Une personne atteinte de la dengue du sérotype DEN1 ne pourra théoriquement plus rattraper la maladie de ce sérotype du virus, son système immunitaire étant ensuite capable de se défendre. Par contre, cette même personne pourra attraper le type 2 (DEN2), puis éventuellement le type 3 ou 4. Notez que l’ordre peut être différent, la personne peut être touchée en premier du type 2 (ou 3 ou 4) puis ensuite du type 1, etc. Un même individu pourra donc souffrir au maximum 4 fois de la dengue.
Comment on le verra ci-dessous, une personne atteinte de la dengue une 2ème fois présente un risque plus élevé de développer une forme grave de dengue (appelée dengue hémorragique). Une vaccination serait donc la bienvenue pour éviter toutes les complications de cette maladie, les chercheurs travaillent à travers le monde pour trouver un vaccin contre la dengue. Il n’en existe un (lire ci-dessous) mais qui en tout cas au Brésil ne peut être utilisé que chez des personnes déjà infectées par le passé.
Le sérotype DEN2 du virus de la dengue semblent particulièrement problématique et mène davantage que les autres sérotypes à des complications.
Effet du climat sur la transmission du virus de la dengue
Le virus de la dengue se développe et se propage plus rapidement chez les moustiques à des températures plus élevées, mais diminue lorsque les températures sont plus basses ou varient. Ces résultats provenant d’une étude publiée en 2017 suggèrent que les conditions météorologiques locales pourraient avoir une grande influence sur les épidémies de dengue. Si la température extérieure est élevée pendant une période prolongée, les stratégies de prévention de la dengue devraient être une priorité, comme le relèvent les scientifiques de la Southern Medical University à Guangzhou (Chine) qui ont réalisé cette étude dans un communiqué de presse de l’étude. L’équipe de recherche a notamment découvert que des températures relativement élevées (23 à 28°C) menaient à une croissance virale plus rapide et des niveaux plus élevés de virus chez les moustiques. Les conditions chaudes ont conduit à une période d’incubation virale plus courte, et le virus s’est propagé plus tôt dans le corps des moustiques dans leurs glandes salivaires, ce qui signifie plus de moustiques avec un pouvoir infectieux. Au contraire, dans des conditions plus froides (à 18°C), le virus s’est développé très lentement et ne s’est pas propagé aux glandes salivaires. Cette étude a été publiée le 1er décembre 2017 dans le journal scientifique Frontiers in Microbiology (DOI : 10.3389/fmicb.2017.02337 ).
Personnes à risque et facteurs de risque
La dengue ne touche pas une population en particulier si ce n’est les gens qui se trouvent dans les zones à risque.
Selon une étude parue en avril 2013 au Brésil, le Ministère de la Santé brésilien estimait que les personnes âgées de plus de 60 ans avaient 12 fois plus de risque de mourir de la dengue qu’une population plus jeune. L’origine exacte de cette mortalité plus élevée n’est pas véritablement établie, l’incidence plus haute à partir de 60 ans de maladie chronique comme le diabète ou des maladies cardiaques pourrait expliquer cette différence importante.
Toutefois, pour la fièvre dengue hémorragique (voir sous symptômes) les personnes à risque sont surtout les enfants et ceux qui ont eu la dengue (classique) auparavant, autrement dit une personne qui attrape la dengue pour une 2ème fois a un risque plus élevé de souffrir de dengue hémorragique (une forme grave de la dengue).
Génétique – les Africains moins touchés (étude)
Une étude réalisée en partie par l’Institut Pasteur a montré que les Asiatiques et Européens étaient plus à risque de souffrir de dengue grave (severe dengue en anglais) que les Africains pour des raisons génétiques. La dengue ou fièvre dengue est une maladie virale transmise par des moustiques endémique surtout dans les régions tropicales et subtropicales de l’est asiatique et de l’Amérique latine mais le virus s’est répandu ces dernières années aussi en Amérique du nord et en Europe. Dans certains cas graves, le virus de la dengue peut mener à la mort suite au syndrome de choc fatal de la dengue. Depuis longtemps les chercheurs se sont demandés pourquoi la dengue était plus répandue en Amérique latine et en Asie qu’en Afrique, pourtant aussi située dans les régions tropicales et subtropicales. Les chercheurs ont identifié 2 gènes liés à l’inflammation des vaisseaux sanguins qui confèrent un risque de dengue sévère, et quatre gènes liés au métabolisme qui affectent le risque de dengue classique. Les chercheurs ont constaté que les Africains avaient des gènes qui les protégeaient davantage contre la dengue grave que les Européens. Ces derniers souffraient toutefois moins souvent de dengue normale ou classique. Les Asiatiques présentaient un risque important de souffrir de dengue normale. Cette étude a été publiée le 15 février 2018 dans le journal scientifique PLOS Neglected Tropical Diseases (DOI : 10.1371/journal.pntd.0006202).
Zika (augmentation du risque)
Une étude publiée le 28 août 2020 dans le journal Science (DOI : 10.1126/science.abb6143) a montré qu’une personne qui a été infectée par le zika (également un virus) par le passé a un plus grand risque de souffrir de symptômes graves de la dengue, si elle est contaminée par le virus à l’origine de la dengue. Des chercheurs de l’Université de Californie à Berkeley, ainsi que d’autres institution de recherche notamment au Nicaragua, sont arrivés à cette conclusion. Au total 3800 enfants et adolescents du Nicaragua ont été pris en compte dans cette étude. Les résultats ont montré que ceux ayant été infectés par le zika avaient 12,1% de risque de présenter des symptômes de la dengue provoqué par le virus de la dengue du sérotype 2 (DENV2) contre seulement 3,5% pour ceux qui n’avaient jamais été infectés par le zika. De plus, 1,1% des participants atteints de zika par le passé ont présenté une forme hémorragique de la dengue et donc grave contre 0% pour ceux qui n’ont jamais souffert de zika.
Transmission dengue et informations sur le moustique
La transmission du virus de la dengue se fait à travers la piqûre du moustique femelle Aedes aegypti (notre photo) ou Aedes albopictus. Les moustiques mâles ne piquent pas les humains et ne peuvent donc pas transmettre le virus de la dengue. Ces moustiques femelles piquent pendant le jour. Le virus qui se trouve dans la salive du moustique se mélange avec le sang de la personne piquée.
Le moustique Aedes aegypti se trouve principalement dans les zones tropicales et subtropicales, la période de transmission principale est pendant la saison des pluies et en général en été (c’est le cas du Brésil dans les villes de Rio de Janeiro et Sao Paulo dans les mois de janvier-février, mais les mois de mars et avril sont aussi des mois avec un nombre important de cas de dengue).
Le moustique Aedes aegypti peut aussi transmettre le virus Zika et le chikungunya.
En savoir plus sur le moustique qui transmet le virus de la dengue
Transmission d’homme à homme
Il n’existe pas de contamination possible directement d’une personne infectée à l’autre.
Entrée du virus dans la cellule humaine
Le virus de la dengue pénètre dans les cellules cibles par fusion.
Symptômes
Fréquences des symptômes
Relevons tout d’abord que des symptômes vont apparaître chez environ 40 à 50% des personnes infectées par le virus de la dengue. Autrement dit, 50 à 60% des personnes piquées par un moustique porteur du virus ne présenteront pas de symptôme (asymptomatique). Toutefois, le spécialiste indien Dr Rohini Handa qui s’exprimait le 7 novembre 2017 au congrès américain ACR à San Diego (Californie), estime à environ 75% le nombre de personnes asymptomatiques. D’autres sources parlent de 60% à 80% le nombre de personnes infectées qui vont être asymptomatiques ou développer des symptômes légers5.
La dengue est une maladie de gravité variable avec différents symptômes, on distingue la dengue classique de la dengue hémorragique.
Dengue classique
Les premiers symptômes de la dengue classique sont une fièvre élevée (de 38°C à 40°C), des maux de tête, une fatigue, des douleurs dans le corps, des douleurs musculaires et articulaires, des nausées et vomissements, des taches rouges sur le corps, des douleurs abdominales (surtout chez les enfants), une forte fatigue, une éruption cutanée (rash) ou encore une douleur derrière les yeux.
L’OMS estime qu’on suspectera la dengue en présence d’une forte fièvre (40°C), accompagnée de deux des symptômes suivants : céphalées sévères, douleurs rétro-orbitaires, musculaires, articulaires, nausées, vomissements, adénopathie ou éruption cutanée.
Ces symptômes peuvent durer jusqu’à une semaine (en général de 2 à 7 jours) avec une évolution favorable mise à part la fatigue qui peut persister plusieurs semaines.
Temps d’incubation
Les symptômes apparaissent à la suite d’un temps d’incubation de 4 à 10 jours après la piqûre d’un moustique infecté par le virus de la dengue.
Dengue sévère
Dans la fièvre dengue hémorragique (FDH), dengue hémorragique ou dengue sévère (en anglais dengue hemorrhagic fever), une forme bien plus grave de la maladie, les premiers symptômes sont proches de ceux de la dengue classique et durent de 3 à 4 jours. Après cette période la fièvre baisse et apparaît des hémorragies dans le corps, principalement au niveau des gencives, de la cavité nasale, au niveau gastro-intestinal ou génital. Ces hémorragies peuvent poser des dommages très sérieux à ces organes internes et mener à la mort. Au Brésil, le Ministère de la Santé relève certains symptômes qui peuvent être un signe de dengue hémorragique :
1. Intenses maux de ventre (qui résiste aux traitements habituels) ou douleurs abdominales.
2. Agitation ou léthargie (somnolence).
3. Vomissements qui persistent, avec ou sans présence de sang.
4. Pouls rapide ou faible.
5. Hépatomégalie douloureuse.
6. Extrémités froides, peau pale, froide et humide.
7. Chute de tension (hypotension).
8. Saignements de nez, des gencives ou sous la peau.
9. Cyanose.
10. Taches rouges sur la peau.
11. Soif excessive et bouche sèche.
12. Difficultés respiratoires.
Risque de dengue hémorragique et immunité
Il faut savoir que les personnes ayant souffert de dengue par le passé, provoquée par l’un des 5 sérotypes du virus de la dengue, ont un risque supérieur de développer une dengue hémorragique en cas de nouvelle piqûre par l’un des 4 autres sérotypes. Par exemple, une personne ayant souffert de la dengue par le virus DEN1 aura un risque de souffrir de dengue hémorragique plus élevé en cas de piqûre de DEN2, 3, 4 ou 5 qu’une personne n’ayant jamais souffert de dengue. Chaque sérotype du virus peut mener à la dengue hémorragique.
Toutefois, une personne piquée par un type de sérotype du virus de la dengue acquiert une immunité à vie contre ce type de virus. Par exemple, une personne qui a souffert par le passé de la dengue provoquée par le virus au sérotype DEN1 ne pourra pas souffrir une nouvelle fois de la dengue par ce sérotype. Cette personne pourra néanmoins souffrir de la dengue en cas de piqûre d’un moustique porteur du virus au sérotype DEN2, DEN3, DEN4 ou DEN5, pour autant qu’elle n’ai jamais souffert d’une de ces formes de dengue. Théoriquement, une personne peut souffrir au maximum 5 fois de dengue dans sa vie, une pour chaque sérotype du virus.
L’OMS estime elle que les symptômes d’alerte d’une dengue sévère surviennent de 3 à 7 jours après les premiers symptômes, conjointement à une baisse de la température (en dessous de 38°C). On peut alors observer des douleurs abdominales sévères, des vomissements persistants, une hyperpnée, des saignements des gencives, de la fatigue, une agitation, du sang dans les vomissures.
La mort peut survenir dans les 24 à 48 heures suivantes de cette phase critique ; un traitement médical adapté est alors nécessaire pour éviter les complications et le risque de décès.
Lors de tout symptôme suspect prière de consulter un médecin.
Groupes à risque
– Les personnes vivant dans des régions endémiques de la dengue, en général dans des régions tropicales ou subtropicales comme l’Amérique latine ou le Sud-est asiatique, appartiennent aux groupes à risque.
– Les patients qui ont déjà été infectés par le virus de la dengue ont un risque plus élevé de développer la forme sévère de la maladie (la dengue hémorragique).
Diagnostic
Le diagnostic de la dengue repose sur une anamnèse (historique du patient et de la maladie), une observation des symptômes, parfois des examens sanguins (qui indiquent le type et la gravité de la dengue) ainsi que des examens spécifiques. Afin d’identifier de quel type de dengue il s’agit (voir sous causes ou symptômes) il faut effectuer une sérologie 4 jours après l’infection. Concernant la dengue hémorragique il y a des examens particuliers à faire de la part du médecin. Il est important que la dengue hémorragique soit diagnostiquée rapidement, car en cas d’absence de traitement cette forme de dengue peut mener à la mort.
Des examens complémentaires peuvent être effectués après le début des symptômes de la dengue comme l’isolement du virus, la détection des antigènes sur des tissus fixés, le test de l’inhibition de l’hémaglutination et le RT-PCR (Realt Time PCR, test PCR). Ces tests sont plus spécifiques et permettent de confirmer l’infection par la dengue.
Le test rapide utilise une méthodologie par immunochromatographie et identifie ainsi que différencie les immunoglobulines IgG et IgM. Dans cet examen on arrive à identifier les 4 sérotypes du virus, avec une sensibilité d’environ 99%.
Un autre test plus récent recherche la protéine virale NS1, qui apparaît aux jours 1 à 3 de la maladie. Cet examen montre que la maladie est aiguë et active chez le patient. Le test possède une sensibilité d’environ 70% comparé au PCR. Cette méthode est indiquée pour obtenir un diagnostic précoce de la maladie.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), il existe 4 critères qui facilitent le diagnostic de la dengue hémorragique :
– Fièvre qui dure de 2 à 7 jours.
– Augmentation de la perméabilité vasculaire qui se manifeste par l’extravasion du plasma, une hémoconcentration et des épanchements.
– Thrombocytopénie.
– Tendance à l’hémorragie.
Complications
Les patients avec une maladie de la dengue non traitée représentent un taux de mortalité de 30%. Les patients avec une dengue hémorragique (principal risque de la dengue) devront être traités immédiatement, sinon un risque sérieux de décès existe.
Le taux de mortalité de la dengue varie de 0,01% à 5%6, en fonction de l’accès aux soins du patient.
Choc de la dengue
Une complication particulièrement importante se nomme le syndrome de choc de la dengue. Le patient présente un pouls faible, de l’agitation, de la pâleur et une perte de conscience. Il y a des complications neurologiques comme le délire, de la somnolence, de la dépression, un coma, de l’irritabilité, une psychose, de la démence, de l’amnésie, de la paralysie et des signes de méningite. D’autres complications peuvent toucher le système cardio-respiratoire comme les poumons, de l’insuffisance hépatique, une hémorragie digestive et un mouvement pleural. Rappelons que si le patient n’est pas correctement traité il peut mourir.
La dengue de sérotype 4 inquiète les médecins et les autorités compétentes de santé publique, en particulier au Brésil, car il s’agit d’un nouveau sérotype du virus (4) circulant dans le pays pouvant provoquer la dengue hémorragique chez des personnes ayant déjà été en contact avec le virus de la dengue (y compris d’autres sérotypes).
Traitements & Vaccins
Le traitement contre la dengue a pour fonction de combattre les symptômes de la maladie, comme la fièvre, le malaise, les vomissements, les douleurs musculaires, etc. Il n’existe pas de traitement spécifique curatif contre la dengue.
Il existe au moins deux vaccins disponibles sur certains marchés pour prévenir la dengue.
Vaccin Dengvaxia®
Dans certains pays (Mexique, Philippines, Brésil) il existe un vaccin disponible sur le marché commercialisé par Sanofi Pasteur. Mais il n’est pas sans poser quelques problèmes. En effet, le vaccin contre la dengue est dangereux pour certains malades, comme on l’apprenait en décembre 2017. Une étude du fabricant Sanofi Pasteur, appelé Dengvaxia®, a montré un surrisque de cas de dengue sévère après la vaccination chez des personnes n’ayant aucun antécédent de cette maladie virale. Le risque était particulièrement élevé chez les enfants. Fin 2017, les Philippins avaient décidé d’interrompre ce programme de vaccination. Au Brésil, selon l’Anvisa (l’agence de régulation) la notice d’emballage du vaccin Dengvaxia® précisait en janvier 2022 (traduit du portugais par Xavier Gruffat, de Creapharma.ch) que le Dengvaxia® doit être appliqué chez les adultes, les adolescents et les enfants âgés de 9 à 45 ans ayant déjà été infectés par la dengue et vivant à les zones endémiques. La facilitation de l’infection par les anticorps pourrait être à l’origine de ces problèmes (cas de décès) chez des personnes qui n’ont jamais souffert de dengue7. Lire aussi : Nouveau vaccin contre la dengue autorisé dans 3 pays
Vaccin Qdenga®
Fin 2022, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a autorisé le vaccin QDenga®. Il est indiqué pour la prévention de la dengue chez des sujets à partir de l’âge de 4 ans. QDenga contient des virus vivants atténués de la dengue8, c’est-à-dire 4 sérotypes (1, 2, 3 et 4). Le Qdenga® a été développé par le laboratoire japonais Takeda Pharmaceutical.
En Suisse, le vaccin Qdenga® a été autorisé en juillet 2024 par Swissmedic. En Suisse, le vaccin peut être administré aux adultes, adolescents et enfants dès l’âge de 4 ans. Deux vaccinations sont nécessaires pour une immunisation de base9.
Fièvre
En plus de prendre un traitement à base de paracétamol (pour faire baisser la fièvre et lutter contre les douleurs) il est important de boire beaucoup et de se reposer. Vous pouvez aussi vous soigner en alternance avec le paracétamol avec un anti-inflammatoire (ex. ibuprofène). Evitez toutefois l’aspirine (acide acétylsalicylique) car cela peut fluidifier le sang et s’avérer être très dangereux en cas de dengue hémorragique.
Lors de dengue il est de toute façon toujours conseillé de consulter un médecin. Consultez immédiatement un médecin si vous avez les signes de la dengue hémorragique (voir sous symptômes).
Que faire concrètement si vous pensez être contaminé par le virus de la dengue ?
1. Dès les premiers symptômes, consultez un médecin.
2. Traitez les symptômes jusqu’à ce que le cycle de multiplication viral soit terminé (environ 1 semaine).
3. Buvez beaucoup d’eau ou de liquide.
4. Reposez-vous.
5. Utilisez toujours les médicaments prescrits par le médecin (respectez la posologie et la durée du traitement).
6. N’utilisez pas de médicaments à base d’acide acétylsalicylique (Aspirine).
Bons conseils
– Si vous avez la dengue, ne jamais utiliser de médicaments à base d’aspirine.
– Consultez toujours un médecin en cas de dengue, c’est toujours plus sûr et absolument nécessaire en cas de dengue hémorragique.
– Buvez beaucoup, si possible 60 ml par kg de poids corporel. Cela représente pour un adulte de 70 kg environ 4 L d’eau. C’est beaucoup, souvent trop pour les malades qui doivent donc être hydratés en milieu hospitalier au niveau des veines10.
Prévention
– Afin d’éviter la prolifération des moustiques (vecteur de la dengue), ne jamais laisser de l’eau stagnante dans un récipient ou autre ustensile proche de votre maison, en particulier dans les zones à risque (zones urbaines ou périurbaines dans des zones tropicales ou subtropicales).
Il est notamment conseillé de mettre du sable dans les soucoupes des pots de plante, de retourner les bouteilles en mettant le goulot vers le bas, de couvrir les réservoirs d’eau et les piscines (ou mettez du clore) ainsi que d’éviter de stocker des pneus dehors.
– Il est conseillé d’utiliser un spray anti-moustique (un spray normal, pas besoin qu’il soit spécifique contre le moustique de la dengue) et de bien l’appliquer sur les parties découverts du corps (nuque, mains, chevilles) ainsi que sur les habits.
– Mettez du chlore dans les piscines.
– Si vous avez un petit étang, mettez des poissons, car ils vont manger les larves des moustiques de la dengue.
– Si vous habitez dans une région endémique de la dengue, informez aussi vos voisins si vous voyez de l’eau stagnante dans leurs habitations. Lutter contre la dengue est un effort collectif.
– Dans certaines régions endémiques de la dengue (ex. Brésil), des fonctionnaires du gouvernement ou de la santé publique peuvent venir chez vous pour vous aider à bien prévenir la dengue. N’hésitez pas à les contacter.
– Faites vous vacciner contre la dengue, mais attention dans certains cas la vaccination n’est pas conseilée.
En savoir plus sur le moustique qui transmet le virus de la dengue
News :
– L’Amérique latine ravagée par la dengue
Crédits photos :
Adobe Stock, Pharmanetis Sàrl
Historique de la mise à jour – Dossier revu médicalement :
– 02.08.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien, rubrique Vaccin en Suisse)
– 11.05.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien)
– 14.03.2024 (par Xavier Gruffat, pharmacien)
– 01.09.2023 (par Xavier Gruffat, pharmacien)
Références scientifiques et bibliographie :
- Folha de S.Paulo, journal quotidien brésilien grand public de référence, édition du 14 mars 2024
- Folha de S.Paulo, journal quotidien brésilien grand public de référence, édition du 14 mars 2024
- Folha de S.Paulo du 17.05.2020 et 29.08.2020, citant un article du New York Times
- The Economist, édition print du 27 avril 2024
- Folha de S.Paulo, journal quotidien brésilien grand public de référence, édition du 14 mars 2024
- Folha de S.Paulo, journal quotidien brésilien grand public de référence, édition du 14 mars 2024
- DOI : 10.1016/j.vaccine.2017.09.089, 7 novembre 2017
- Pharmavista.ch, Dengue : vaccin tétravalent autorisé, le 21 décembre 2022
- Agence de presse suisse Keystone-ATS, avec notre partenaire Romanvie.ch qui est client de l’agence. Le 2 août 2024
- Folha de S.Paulo, journal quotidien brésilien grand public de référence, édition du 14 mars 2024