COPENHAGUE – Des chercheurs danois ont montré que l’efficacité du régime nordique dépend du type de bactéries retrouvées dans l’intestin de la personne. A l’ère de la nutrition personnalisée, effectuer une analyse des selles et un comptage des bactéries intestinales peut s’avérer un test utile. Les résultats peuvent ensuite aider à prédire si un régime en particulier fonctionnera pour vous. Dans cette étude, les scientifiques ont observé que le régime nordique, le « New Nordic Diet », n’agissait pas de façon égale pour chaque personne. Son succès dépendait d’une combinaison particulière de bactéries intestinales présentes chez la personne effectuant le régime. Cette étude a été menée par les professeurs Mads Hjorth et Arne Astrup du Département de Nutrition, Exercices et Sports de l’Université de Copenhague au Danemark. Ce travail renforce le concept de nutrition personnalisée, c’est-à-dire d’individualiser les conseils à chaque participant en fonction de différents paramètres comme la flore intestinale (microbiote) ou la génétique.
Régime viking
Le « New Nordic Diet », qui porte aussi le nom de régime nordique, viking ou scandinave met l’accent sur une consommation importante de fibres provenant de fruits (ex. pomme), de pain de seigle, de céréales complètes (ex. avoine) ainsi que de poisson (ex. hareng). Tout comme dans le régime méditerranéen, un autre régime qui a une bonne image auprès des spécialistes de la santé, le régime viking conseille de manger moins de viande. D’autres points importants de ce régime ou plutôt du concept de « New Nordic Diet » consistent à favoriser les produits de saison ainsi que bios et cuisiner soi-même. A l’origine, ce régime a été développé par des chercheurs danois lors d’un projet de recherche appelé OPUS. Une vaste étude publiée en 2011 dans le journal scientifique The Journal of Nutrition prenant en compte environ 57’000 Danois était arrivée à la conclusion qu’une alimentation nordique traditionnelle était associée à un taux de mortalité plus bas parmi les participants d’âge moyen, surtout chez les hommes. Autrement dit, le régime nordique permet d’augmenter l’espérance de vie en restant plus longtemps en bonne santé.
Résultats prometteurs
« Ces résultats sont une percée scientifique montrant que certaines espèces de bactéries jouent un rôle décisif dans la régulation du poids et la perte de poids », explique le Prof. Arne Astrup en commentant son étude. Il poursuit : « Maintenant nous pouvons expliquer pourquoi un régime riche en fibres ne mène pas toujours à une perte de poids. Les bactéries intestinales chez l’humain sont une partie importante de la réponse et joueront désormais un rôle important dans le traitement du surpoids. »
Détail de l’étude
Un groupe de 62 participants en surpoids ou obèses ont été assignés au hasard pour suivre soit un régime nordique (« New Nordic Diet ») ou soit un régime danois normal ou standard (« Average Danish Diet »). Ces 2 régimes ou types d’alimentation diffèrent grandement par rapport à la consommation de fibres alimentaires et de grains entiers (céréales complètes). Comme on l’a vu ci-dessus, c’est le régime nordique qui contient le plus de fibres et de grains complets provenant notamment de fruits et légumes. Les mesures du poids et du corps des participants ont été prises avant et après avoir commencé leur régime de 26 semaines.
Deux types de bactéries intestinales
Les résultats de leurs échantillons de selles ont été utilisés pour diviser les participants en deux groupes différents de bactéries intestinales (entérotypes). Cela a été fait en fonction du nombre de bactéries de types Prevotella trouvés dans leurs intestins par rapport aux espèces Bacteroides. Environ la moitié du groupe de participants appartenait au groupe qui comptait plus de Prevotella et moins de Bacteroides et l’autre moitié qui au contraire comptait plus de Bacteroides que de Prevotella. Après les 26 semaines initiales de traitement, chacun des 62 participants a encore suivi le régime nordique (« New Nordic Diet ») pendant une année.
Influence des bactéries
En moyenne, les 31 participants qui ont suivi le régime nordique pendant les premières 26 semaines (1ère phase de l’étude) ont perdu 3,5 kg. Les 23 participants qui ont suivi un régime danois normal (« Average Danish Diet ») également pendant ces 26 premières semaines ont perdu en moyenne 1,7 kg. Mais ce que les chercheurs ont découvert est que le régime nordique marchait mieux dans le groupe de participants avec un haut volume de bactéries Prevotella (plus bas en Bacteroides). Ces derniers ont perdu 3,15 kg en plus de graisse corporelle quand ils ont suivi le régime nordique en comparaison au régime danois normal. Leur tour de taille a également diminué de manière significative et leur perte de poids a été maintenue après avoir suivi le régime pendant un an. En revanche, le type de régime suivi (nordique ou normal) n’avait aucune influence sur la quantité de poids perdue chez les participants avec une concentration élevée en Bacteroides (plus bas en Prevotella). Dans l’ensemble, environ 50% de la population possède une forte proportion de bactéries Prevotella par rapport aux bactéries Bacteroides, et inversement.
Le Prof. Hjorth explique : « Les personnes avec un ratio élevé en Prevotella par rapport au Bacteroides étaient plus susceptibles de perdre du poids lorsqu’ils suivaient un régime riche en fibres et grains complets en comparaison avec un régime danois normal ou standard. »
Seulement pour la moitié de la population
« Les aspects favorables pour la santé du régime nordique par rapport à la régulation du poids semblent s’appliquer seulement à un sous-ensemble de la population, Cela pourrait s’appliquer à la moitié de la population, » précise encore le professeur danois. Pour les personnes chez qui le régime nordique ne fonctionne pas, le professeur danois relève qu’elles devraient essayer d’autres régimes et activités physiques jusqu’à ce qu’une stratégie qui fonctionne particulièrement bien pour elles soit identifiée.
Nutrition personnalisée
Le Prof. Hjorth relève à la fin de son communiqué de presse que la recherche sur la microbiote (flore intestinale) joue un rôle toujours plus important dans la nutrition personnalisée, c’est-à-dire avec des conseils adaptés à chaque type de personne. Il croit que ces 2 groupes relativement stables de bactéries intestinales (entérotype) dans lesquelles les personnes peuvent être regroupées pourraient être des marqueurs précieux pour prédire si des régimes spécifiques fonctionneront pour eux ou non.
Cette étude de l’Université de Copenhague sous la direction de Mads Hjorth et Arne Astrup a été publiée dans le journal scientifique International Journal of Obesity le 8 septembre 2017. A cette date, l’article était considéré comme une version non définitive ou préliminaire de l’étude devant encore être éditée dans le futur.
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Le 13 septembre 2017. Par Xavier Gruffat (Pharmacien), correction par la rédaction de Creapharma.ch.
Sources : deux différents communiqués de presse de l’étude de 2017, traduits de l’anglais de façon permettant à maintenir le sens (pas de traduction littérale). Références : étude principale mentionnée dans cet article : https://www.nature.com/ijo/journal/vaop/naam/abs/ijo2017220a.html, étude sur le régime nordique parue en 2011 : http://jn.nutrition.org/content/early/2011/02/23/jn.110.131375
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