WASHINGTON – La flore intestinale continue d’intéresser les scientifiques, des chercheurs viennent de montrer que la flore intestinale de jeunes obèses était différente de celle d’enfants et adolescents minces. C’est la première étude publiée à ce sujet mettant en relation la flore intestinale et l’obésité chez les jeunes. Aux Etats-Unis, 17% des enfants et adolescents souffrent d’obésité selon les Centres de Contrôle et Prévention des Maladies (CDC en anglais). La flore intestinale, qui porte le nom plus savant de microbiote intestinale, fait l’objet ces dernières années d’une publication très importante d’études et pas seulement sur l’obésité. Creapharma avait mentionné il y a quelques mois une étude très intéressante sur l’influence de la flore intestinale chez les personnes souffrant du syndrome de fatigue chronique.
Flore intestinale
Le microbiote intestinal ou flore intestinale vit avec les cellules humaines de l’intestin. En plus des cellules jouant un rôle direct dans la digestion, l’intestin se compose d’environ 500 millions de neurones. C’est pourquoi l’intestin porte parfois le nom de “2ème cerveau”. Le microbiote compte plus de 300 espèces différentes de bactéries et joue un rôle important dans le processus de digestion.
84 enfants et adolescents pris en compte
Cette étude a été réalisée sous la direction du Dr Nicola Santoro, du département de pédiatrie de l’Université de Yale dans la ville américaine de New Haven (CT). Les scientifiques ont analysé la flore intestinale et le poids de 84 enfants et adolescents âgés entre 7 et 20 ans. Parmi les participants, 27 étaient obèses, 35 souffraient d’une obésité grave, 7 étaient en surpoids et 15 avaient un poids normal. En plus de l’analyse du microbiote, chaque participant a aussi réalisé un IRM pour identifier la répartition de la graisse corporelle, effectué des analyses sanguines et tenu un journal alimentaire.
8 groupes
Les chercheurs ont trouvé 8 groupes de microbiote en lien avec la quantité de graisse dans l’organisme. Quatre communautés microbiennes semblaient se développer davantage chez des enfants et adolescents obèses que ceux avec un poids normal. Des plus petites quantités des 4 autres groupes microbiens ont été trouvées chez les participants obèses en comparaison avec ceux minces. Le microbiote intestinal identifié chez les jeunes obèses avait tendance à être plus efficace pour digérer les sucres que celui des enfants et adolescents avec un poids normal.
Prévention et traitement
Le Dr Santoro relève dans un communiqué de l’étude : “Nos découvertes montrent que les enfants et adolescents obèses ont une composition différente de la flore intestinale que ceux minces.” Il poursuit : “Des modifications ciblées sur des espèces particulières composant la flore intestinale humaine pourraient être mises au point et permettre de prévenir ou traiter des cas précoces d’obésité dans le futur.”
Petites chaînes d’acides gras
De plus, les chercheurs ont constaté que les enfants atteints d’obésité avaient tendance à avoir des niveaux plus élevés de petites chaînes d’acides gras dans le sang que ceux avec un poids normal. Ces petites chaînes d’acides gras, des molécules produites par certains microbes de la flore intestinale, étaient en relation avec la production de graisse dans le foie.
“Notre étude suggère que les petites chaînes d’acides gras peuvent être transformées en graisse dans le foie et s’accumuler dans le tissu graisseux”, relève le Dr Santoro. Il conclut : “Cette association pourrait signaler que les enfants avec un certain type de bactéries intestinales pourraient présenter un risque à long terme de développer de l’obésité.”
Cette étude a été publiée dans la version online de la revue spécialisée The Journal Clinical Endocrinology & Metabolism de l’Endocrine Society le 20 septembre 2016.
Importance de la flore intestinale
Les scientifiques relèvent toujours plus l’importance grandissante de la flore bactérienne dans le contrôle du poids. Par exemple, une étude publiée dans la revue scientifique British Journal of Nutrition en 2014 a montré que des femmes obèses qui prenaient des probiotiques ont perdu pendant les 6 mois de la durée de l’étude 2 fois plus de poids que celles prenant un placebo. De plus, la perte de poids était durable et les probiotiques aidaient à contrôler l’appétit.
Le 5 octobre 2016. Par Xavier Gruffat (Pharmacien Dipl. EPF Zurich, MBA). Crédits photos : Fotolia.com. Sources : Communiqué de presse de l’étude, ATS (agence de presse suisse), Résumé (Abstract) : http://press.endocrine.org/doi/10.1210/jc.2016-1797
Lire aussi : Obésité et flore intestinale : le lien se précise