PARIS – Les médicaments en vente libre les plus utilisés contre le rhume, le mal de gorge, la grippe ou les troubles intestinaux sont majoritairement inefficaces. Dans certains cas, ils sont même dangereux, révèle jeudi une étude du magazine français 60 Millions de consommateurs.
Sur 61 médicaments “passés au crible” sous le contrôle du professeur Jean-Paul Giroud, pharmacologue clinicien reconnu, et d’Hélène Berthelot, pharmacienne, seuls treize d’entre eux – comme le sirop Clarix toux sèche, Humex adultes toux sèche dextrométhorphane abricot, Vicks vaporub, Imodiumcaps, Gaviscon menthe, Maalox sans sucre – sont jugés efficaces et sans risque pour le patient.
En revanche, “28 sont tout simplement ‘à proscrire’, le rapport bénéfice/risque étant défavorable en automédication. Vingt sont classés ‘faute de mieux ‘: leur efficacité est faible ou non prouvée, mais ils n’ont pas, peu ou très rarement d’effets indésirables”, poursuit le journal.
Risques
Plus de 2500 médicaments sont en accès libre en pharmacie. Pourtant, les consommateurs ne sont pas ou mal informés des risques encourus en prenant par exemple du Néo-codion pour soigner leur toux, de l’Actifed rhume, des Strepsils lidocaïne pour atténuer leurs maux de gorge ou des Contalax pour lutter contre la constipation.
Mme Berthelot cite les cas, loin d’être isolés, d’hospitalisations pour hémorragies gastro-intestinales après l’absorption de pastilles pour la gorge. “Les patients en avaient consommé en dose normale (…) Et le pire est qu’il n’y a même pas de signe avant-coureur”, a-t-elle déploré.
De son côté, le professeur Giroud, auteur de plusieurs ouvrages sur l’automédication, relève que certains présentent 10 à 15 contre-indications. “Certains contiennent des substances qu’on ne devrait tout simplement pas associer”, car elles décuplent les risques d’accidents cardio-vasculaires et neurologiques, de somnolence.
Cette enquête a suscité l’ire des industriels, association Afipa qui dénonce une “attaque injustifiée”.
Intoxication au paracétamol
Un problème de l’auto-médication, notamment en hiver est le risque d’intoxication par surdose de paracétamol. En effet, certains préparations composées contre le rhume ou la grippe contiennent du paracétamol souvent sans que le patient ne s’en rende compte, si une personne souffre par exemple d’arthrose et prend déjà une dose importante de paracétamol quotidiennement, un grave risque d’intoxication existe. C’est pourquoi il est toujours conseillé d’informer votre médecin ou pharmacien des médicaments que vous prenez, pour qu’il puisse mieux vous conseiller.
Selon l’ONG Pro Publica, aux Etats-Unis le paracétamol provoque environ 150 morts par an (selon des données de 2001 à 2010) suite à une intoxication à cette substance, la plupart du temps à cause d’un surdosage.
Une étude parue en 2014 dans la version online de la revue spécialisée Expert Review of Clinical Pharmacology a montré que l’intoxication (surdosage) au paracétamol menait à environ 80’000 personnes aux urgences par année et 30’000 devaient être hospitalisées.
Rappelons que la dose maximale par 24 heures de paracétamol pour un adulte en bonne santé, sans contre-indication, est de 4 gr (4’000 mg).
ATS et Xavier Gruffat, 9 décembre 2015 – Fotolia.com. Sources: ATS, CBSnews.com