Huiles essentielles
Introduction et informations utiles
Une huile essentielle (HE) est le liquide obtenu par distillation ou extraction chimique par solvants d’une plante ou des parties d’une plante. On parle aussi souvent d’huiles essentielles, c’est-à-dire au pluriel.
Liquide – structure HE
L’HE est un liquide généralement non gras avec des constituants (molécules) volatils, odoriférants, lipophiles (solubles dans l’alcool et dans une matière grasses) et insolubles dans l’eau. Autrement dit, l’HE n’est pas un liquide graisseux ou huileux malgré son appellation. Les huiles essentielles sont constituées d’un mélange de produits chimiques appelés monoterpènes (terpènes simples, par exemple le limonène dans le citron) et de leurs dérivés chimiques comme les sesquiterpènes et les coumarines. Mais on trouve aussi dans les HE des dérivés plus ou moins oxygénés (ex. menthol, camphre) ou des acides-phénol (ex. salicylate de méthyle).
Aromathérapie
Très utilisée dans les médecines douces ou alternatives (aromathérapie), l’huile essentielle regorge de vertus et ses bienfaits sur la santé ne sont plus à démontrer. L’aromathérapie appartient à la phytothérapie. L’aromathérapie est la médecine complémentaire qui utilise des huiles essentielles. Il existe de nombreuses huiles essentielles, on estime qu’environ 10% des plantes peuvent produire des huiles essentielles. Les HE peuvent être utilisées en médecine complémentaire pour des fonctions curatives ou préventives. Elles sont souvent très efficaces pour soigner des maladies infectieuses comme l’acné (ex. arbre à thé), la bronchite, la cystite, le rhume, etc. Lire davantage ci-dessous.
Bref historique
On utilise les huiles essentielles depuis des milliers d’années, comme par exemple les Egyptiens pour embaumer leurs morts. C’est toutefois seulement à partir du 20ème siècle que les huiles essentielles ont été étudiées, notamment au niveau chimique et biologique. Il faut savoir que chaque HE présente un nombre important de molécules (plus de 200). Des techniques avancées de chimie comme la chromatographie sont donc nécessaire pour identifier et classifier chaque huile essentielle.
Chémotype – « empreinte digitale »
Chaque HE présente un certain nombre de molécules données. On parle de chémotype, il s’agit pour simplifier de l’« empreinte digitale » de l’HE. Grâce à ses avancées, l’aromathérapie devient davantage systématique et présente des fondements scientifiques. Relevons toutefois deux bémols, il manque des études cliniques à grande échelle (comme c’est le cas pour des médicaments dits classiques) pour valider ou non l’efficacité d’une HE pour une maladie donnée et la concentration de substances chimiques d’une HE peut varier. Car comme les HE proviennent de plantes, celles-ci sont soumises à des variations saisonnières ou de localisation. On peut imaginer qu’une plante qui pousse au nord de la France présente un chémotype différent que le même végétal poussant proche de l’Equateur en Guyane française. La même plante soumise à beaucoup ou au contraire peu de soleil peut aussi présenter un chémotype différent. C’est probablement pour ce manque de reproductibilité que certaines institutions médicales hésitent à proposer l’aromathérapie ou la phytothérapie comme médecine de premier choix. Dans certains cas utiliser l’aromathérapie pourrait s’avérer meilleur marché et tout autant efficace que des médicaments dits chimiques.
La notion de chémotype permet aussi de proposer pour chaque HE la molécule principale, comme par ex. le carvone. Le chémotype est en général indiqué sur le flacon de l’HE.
Utilisation de nombreuses molécules
A la différence de la médecine classique ou chimique qui utilise en général une molécule (ex. paracétamol), l’aromathérapie utilise un ensemble de molécules car une seule HE peut contenir plus de 200 molécules. Celles-ci agissent de façon individuelle mais le plus souvent en synergie. Cela rend parfois les HE plus efficaces que certaines molécules utilisées individuellement mais complique l’analyse et la compréhension du mécanisme pharmacologique. Autrement dit une seule molécule peut par exemple agir sur un récepteur ou une enzyme avec un mécanisme biochimique clair et connu, mais pour comprendre l’action de 250 molécules sur un ou plusieurs récepteurs, c’est beaucoup plus complexe.
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Les méthodes d’extraction des huiles essentielles sont nombreuses : l’entraînement par la vapeur d’eau c’est-à-dire par distillation (méthode la plus conseillée), le procédé mécanique approprié sans chauffage, appelé également expression à froid et l’extraction aux solvants volatils tels que l’eau ou l’alcool ou la distillation sèche.
On obtient l’huile essentielle à partir de la plante entière ou le plus souvent d’une partie de la plante (fleurs, feuilles,…) la plupart du temps grâce à la distillation par vapeur d’eau.
L’extraction par distillation à la vapeur d’eau : elle consiste à procéder à l’entraînement de la plante qu’elle soit sèche ou fraîche par la vapeur d’eau afin d’obtenir l’huile essentielle. On parle également d’hydrodistillation.
Les huiles essentielles extraites avec cette méthode sont d’excellente qualité. Dans ce type de distillation on fait passer de la vapeur d’eau sur les plantes, on sépare ensuite le mélange obtenu pour récolter l’HE. L’HE insoluble se sépare clairement de l’eau, cette dernière se nomme aussi hydrolat. On utilise parfois les hydrolats mais ils ont une concentration bien inférieure en molécules actives comme c’est le cas dans la fraction d’HE.
La distillation par vapeur d’eau est la meilleure méthode pour obtenir des HE en usage thérapeutique et préventif. Rappelons que l’HE est un composé volatile qui peut donc facilement s’extraire dans la vapeur d’eau, le terme d’huile est d’ailleurs plutôt malheureux.
L’expression est parfois aussi utilisée, dans cette méthode on presse la plante (la partie contenant des HE) pour en extraire les HE.
L’extraction par expression à froid : ce procédé consiste à presser les plantes à froid sans aucun chauffage. Il est généralement utilisé pour l’écorce et les fruits.
L’extraction aux solvants volatils : dans cette technique, l’huile essentielle est extraite à l’aide de solvants organiques volatils.
Il est difficile d’obtenir une quantité importante d’huile essentielle. En effet, sa teneur reste souvent faible, voire infime, c’est pourquoi elle peut coûter très cher.
Rendement :
Certaines plantes médicinales ont un bon rendement en aromathérapie, d’autres un très mauvais. Par exemple la mélisse appartient aux plantes aux très mauvais rendement. En effet, il faut 1 kg de plante de mélisse pour produire seulement 0,15 g d’huile essentielle. Par hectare cultivé on peut produire seulement 1 à 2,5 kg d’huile essentielle de mélisse. C’est pourquoi certains spécialistes de la phytothérapie sensibles à l’écologie déconseillent l’utilisation d’huile essentielle de mélisse1 et conseillent d’utiliser la mélisse par exemple en tisane ou sous d’autres formes ou choisir d’autres plantes médicinales.
Les huiles essentielles peuvent être extraites de différentes parties de la plante.
Fleurs
Pour les orangers, la lavande ou la rose, ce sont les fleurs qui donnent l’huile.
Feuilles
Chez l’eucalyptus, le thym, la menthe, la mélisse ou le pin, l’huile est extraite des feuilles.
Racines et rhizomes
Mais les organes souterrains comme les racines ou les rhizomes peuvent également fournir des huiles essentielles, c’est le cas du vétiver et du gingembre.
Fruits et graines
Les fruits et les graines ne sont pas en reste, les huiles essentielles d’anis, de fenouil ou de noix de muscade sont issues de ces parties de la plante.
Bois et écorces
Pour la cannelle, le bois de rose ou le santal, c’est le bois et les écorces qui constituent la matière première donnant l’huile.
Clous (boutons floraux)
Pour l’huile essentielle de girofle, les clous ou boutons floraux entiers sont utilisés.
Médicaments
L’usage des huiles essentielles est largement répandu dans le domaine thérapeutique, préventif et cosmétique. La phytothérapie et l’aromathérapie doivent leur renom à l’utilisation des substances odorantes issues des plantes. Certaines huiles essentielles sont d’ailleurs très connues pour leurs propriétés médicinales. L’huile essentielle de clou de girofle constitue un puissant analgésique très utilisé dans le domaine dentaire, celle de la lavande officinale sert d’antiseptique en aromathérapie et dans certains usages médicaux, il en est de même pour l’arbre à thé par exemple contre l’acné. On classe parfois les HE en trois catégories : les cosmétiques, les biocides et les médicaments.
Parfumerie, gastronomie
Les huiles essentielles sont aussi très sollicitées dans les parfumeries et même dans la gastronomie pour leur arôme et parfois pour la saveur qu’elles peuvent apporter aux aliments. Ne vous étonnez donc pas de voir mentionner l’utilisation des arômes d’huiles essentielles dans les thés, les cafés, certains plats cuisinés ou dans les vins.
Cosmétique
Dans le domaine de la cosmétique, elles servent à parfumer les produits tels que les shampoings, les savons, les crèmes et autres. Elles sont également présentes à une dose très modérée dans les produits de soins.
Lessives
Les huiles essentielles sont partout, lessives ou détergents, même les produits ménagers ont recours à leur vertu aromatique et adoucissante.
Bien qu’elles soient naturelles, les huiles essentielles peuvent être particulièrement agressives pour la peau. Il faut donc les utiliser avec une très grande précaution. L’application d’une l’huile essentielle pure sur la peau est à proscrire. Il en est de même pour les muqueuses et le contour des yeux.
Les bases (en anglais : carrier ou carrier oil)
L’idéale est donc de le diluer à l’aide d’un support comme l’huile végétale ou l’alcool avant de l’utiliser. Les huiles les plus fréquemment utilisées sont l’huile d’amande douce, l’huile de pépins de raisin, l’huile de noisette, l’huile de jojoba, l’huile de noix de coco (coconut oil) et l’huile de tournesol à condition qu’elles soient de bonne qualité. Attention, elles ne sont pas solubles dans l’eau. Remarquons que les huiles végétales permettent aussi naturellement d’agir contre la peau sèche, sans avoir besoin de rajouter une huile essentielle.
Allergie et contre-indications
– La plupart des huiles essentielles sont interdites aux femmes enceintes et allaitantes. La plupart des huiles essentielles sont déconseillées aux enfants de moins de 3 ans (surtout aux nourrissons) et aux personnes très âgées.
– Il existe des personnes qui ne supportent pas les allergènes pouvant être présentes dans certaines huiles essentielles comme le thym, il faut donc faire très attention et bien s’informer pour éviter toute action irritante ou allergisante. Vous pouvez faire un essai en appliquant une goutte d’huile diluée sur le pli du coude, attendez 24 heures, en cas d’éventuelle réaction, il faut éviter de l’utiliser.
– Par ailleurs, une exposition au soleil après l’application d’une huile essentielle risque de faire apparaître des tâches pigmentées sur la peau. En effet, quelques huiles essentielles peuvent être photosensibilisantes et accroître la pénétration des UV. C’est notamment le cas de celles qui sont extraites des Citrus (en anglais citrus oils) et des agrumes.
Prise des huiles essentielles en application sur la peau ou muqueuses
Les huiles essentielles appliquées sur la peau peuvent la traverser et entrer dans la circulation sanguine. Les HE passent dans la circulation sanguine en quelques minutes, ce qui en fait une médecine avec un effet souvent très rapide. C’est notamment pour cela qu’il faut utiliser les HE avec prudence.
Par exemple en cas de cystite, on conseille l’application en usage externe sur le bas ventre d’HE de tea tree (arbre à thé). Cette HE va traverser la peau puis passer dans la circulation sanguine et agir dans ce cas au niveau de la vessie et du système urinaire.
De nombreux produits cosmétiques ou dermatologiques (ex. contre l’acné, l’eczéma) contiennent des huiles essentielles.
Prise des huiles essentielles en inhalation
En cas d’utilisation sous forme d’inhalation, les HE peuvent aussi rentrer dans le nez (ou la bouche) puis pénétrer dans les muqueuses et les poumons pour atteindre finalement la circulation sanguine.
Pour une diffusion en inhalation ou dans les voies respiratoires supérieures, l’utilisation d’un diffuseur électrique d’huile essentielle est une excellente méthode. Les huiles essentielles de lavande et de camomille, notamment diffusées dans l’air, semblent avoir un effet positif sur le sommeil comme l’a montré une étude publiée dans le journal scientifique The Journal of Alternative and Complementary Medicine.
Pour une application directement au niveau du nez, il est conseillé de diluer une goutte d’huile essentielle dans 17 gouttes d’une base (ex. huile végétale, lire ci-dessus).
Prise des huiles essentielles par voie orale
– La prise par voie orale ne devrait jamais se faire par absorption directe de l’HE, sauf exception médicale. En général on prend une HE en déposant quelques gouttes sur un sucre ou avec un peu d’huile comestible (ex. huile d’olive).
– Il faut savoir qu’en France quelques huiles essentielles ne doivent être accessibles qu’en pharmacie à cause de leur toxicité. C’est le cas de l’absinthe, de l’armoise, du cèdre, de l’hysope, de la sauge officinale, de la tanaisie, du sassafras, du thuya, de la sabine, de la moutarde jonciforme, du chénopode vermifuge et de la rue.
En usage médicinal il faut toujours acheter des huiles essentielles d’origine 100% naturelle et avec si possible un label de qualité (ex. HECT). La plupart du temps, les HE vendues en pharmacie présentent une excellente qualité et sont à privilégier par rapport à la vente sur Internet (sauf quelques sites de très bonne qualité, favorisez si possible un site basé en France avec une adresse clairement identifiée).
Comme les HE peuvent mener à des allergies, notamment cutanées, appliquez quelques gouttes d’huile essentielle dans le creux du poignet. Attendez une dizaine de minute, si vous observez une réaction allergique (rougeur, gonflement, chaleur ou douleur) c’est que vous êtes probablement allergique, il ne faudra pas utiliser cette HE. Si au contraire il n’y a aucun symptôme ou signe allergique, vous pouvez utiliser cette HE sans risque.
Remèdes à faire soi-même à base d’huiles essentielles sur Creapharma (dans la rubrique Remèdes de grand-mère) :
– huile essentielle immortelle, remède contre les mycoses (h.e. cèdre de l’Atlas), mélange huiles essentielles contre les poux, huile essentielle d’arbre à thé contre la cystite, huile essentielle de romarin contre la chute de cheveux.
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Sources & Références :
Prevention (magazine américain sur la santé), littérature sur les plantes médicinales, Jardin des plantes. (Paris).
Dernière mise à jour de la page :
08.09.2023
Ecriture du dossier :
Xavier Gruffat (pharmacien), supervision du texte