NEW YORK – Un contrôle annuel chez le médecin, le célèbre check-up ou bilan de santé, est souvent recommandé par le corps médical mais la situation pourrait changer en tout cas sur sa fréquence. Une vaste étude publiée en 2012 a notamment montré qu’un check-up annuel (en anglais des Etats-Unis physical examination ou physicals) ne réduisait ni le risque de maladie ni celui de mortalité. Pour certains, il s’agit tout simplement d’un gaspillage d’argent qui peut même s’avérer dangereux dans certains cas avec l’apparition de faux positifs, c’est-à-dire la réalisation d’examens et de traitements inutiles. D’autres sont plus conservateurs et estiment que c’est un élément essentiel de la prévention, permettant une saine discussion entre le médecin et son patient. Tour d’horizon de ce thème controversé.
De quoi parle-t-on ?
Le check-up annuel a été inventé dans les années 1920 et ne repose sur aucune base scientifique.
Même si des différences peuvent exister d’une région ou d’un pays à l’autre, en général un check-up annuel repose sur une conversation entre le médecin et son patient sur différents problèmes de santé, l’historique médical (anamnèse), ainsi que des examens physiques comme la mesure de la tension, la réalisation (souvent externalisée) et l’analyse des tests sanguins, l’écoute du cœur et des poumons avec un stéthoscope, un examen de la peau à la recherche notamment de grains de beauté suspects pouvant être le signe d’un mélanome, une palpation au niveau de la glande thyroïde, etc.
Cet examen a souvent une fonction de triage médical, c’est-à-dire que le médecin généraliste ou de famille qui effectue en général ce check-up orientera ensuite vers un spécialiste si nécessaire.
Aux Etats-Unis environ 2 tiers des Américains effectuent un check-up annuel, selon un sondage effectué en 2014 sur 1’500 personnes par la Kaiser Family Foundation.
La fameuse étude de la Cochrane, critique du check-up
Une méta analyse, c’est-à-dire une “étude d’études”, réalisée par la Cochrane en 2012 avait montré que le check-up annuel ne réduisait pas le risque de maladie ni celui de mortalité. La Cochrane est une organisation à but non lucratif indépendante qui regroupe plus de 37’000 volontaires qui travaille avec une médecine fondée sur les faits ou les preuves, une organisation réputée pour son sérieux et son indépendance.
La médecine paternaliste, avis radical
Interviewé fin 2015 dans l’émission Tech Nation sur la radio NPR (Radio publique américaine), le professeur de génétique et cardiologue américain Dr Erico Topel affirme que les Etats-Unis comptent chaque année plus de 12 millions d’erreurs de diagnostic graves. Une des raisons provient selon lui des check-up annuels qui sont trop généraux, il milite pour une médecine personnalisée, ciblée et basée sur les preuves. Il considère le check-up comme une médecine paternaliste et ancienne qui fait souvent plus de mal que de bien, car ce bilan engendre des tests inutiles et parfois dangereux en aval.
En 2013, la Society of Genaral Internal Medicine (une société américain de médecine) a publié une note qui déconseille le check-up annuel chez les adultes sains, c’est-à-dire ceux qui ne présentent aucun symptôme (asymptomatique). Aux dernières nouvelles (janvier 2016), cette société savante est en train de réviser cette recommandation. Le flou persiste.
En faveur du check-up
Dans un article paru le 19 janvier 2016 dans le The Wall Street Journal, plus grand journal américain en terme de tirage, le Dr Himmelstein commentait le travail de la Cochrane en affirmant que les chercheurs n’ont pas pris en compte les personnes âgées et que les patients étaient surtout européens. Autrement dit, aux Etats-Unis par exemple les résultats pourraient être différents. Le Dr Himmelstein est un médecin new-yorkais spécialiste du sujet qui a publié un éditorial en faveur du check-up annuel début janvier 2016 dans la revue spécialisée Annuals of Internal Medicine.
Résumé, faire un bilan annuel ou non ?
En fonction de la situation actuelle qui reste complexe à évaluer, nous estimons qu’il est conseillé de continuer à effectuer un check-up annuel. Toutefois, si vous êtes un adulte en bonne santé âgé de moins de 40 ans, vous pouvez probablement espacer vos visites à une fréquence de 2 à 3 ans si vous ne ressentez aucun symptôme. Demandez conseil à votre médecin vous mieux connaître son avis sur ce sujet particulièrement controversé comme on peut le voir.
Le 22 janvier 2016. Par Xavier Gruffat (pharmacien, MBA). Sources : The Wall Street Journal, NPR (radio publique américaine), Wikipedia.org: site non utilisé comme source principale mais pour valider des expressions en anglais
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