Intolérance au lactose

Définition

L’intolérance au lactose se caractérise par la difficulté ou l’incapacité à digérer le lactose à cause de l’insuffisance ou de l’absence d’une enzyme digestive appelée lactase¹. Cette enzyme se trouve normalement dans l’intestin grêle (petit intestin). La lactase décompose le lactose pour qu’il puisse être absorbé par le corps au niveau intestinal. Si le lactose n’est pas absorbé, il se déplace vers le gros intestin où une fermentation prend place. Pendant ce processus, les bactéries transforment le lactose en gaz, ce qui mène notamment à des flatulences, des ballonnements, des diarrhées, des crampes et des douleurs abdominales.
L’intolérance au lactose augmente avec l’âge.
Lactose :
Appelée aussi ß — D-galactopyrannosyl(1→4) D-glucopyrannose, le lactose est un sucre du lait des mammifères qu’on retrouve chez l’être humain et des animaux. Le lactose est composé d’une molécule de glucose et d’une de galactose. Le lactose est un produit naturel du lait et d’autres produits laitiers.
Dans 100 g de lait de vache écrémé, on compte environ 4,9 g de lactose contre 7 g dans 100 g de lait de femme (être humain)².

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Epidémiologie

Chez environ 70% des habitants de notre planète, la lactase devient inactive dès l’âge de 6 ans. Autrement dit, environ 70% de la population mondiale souffre d’une forme légère ou plus avancée d’intolérance au lactose. Dans la majorité des cas, ce déficit de lactase ne se caractérise pas par des symptômes ou signes.
Les caucasiens du nord de l’Europe sont en général peu touchés par l’intolérance au lactose à cause de mutations génétiques permettant la production de lactase pendant toute la vie.
Aux Etats-Unis, la Mayo Clinic estimait en 2020³ qu’environ 30% des Américains ont une difficulté à absorber le lactose (en anglais : lactose malabsorption).

Causes

Diminution avec l’âge
Un individu sain utilise le lactose comme source d’énergie. Pour l’absorber, notre corps doit le décomposer dans l’intestin grêle en glucose et en galactose par la lactase ou bêta-galactosidase. Cette activité lactasique est maximale à la naissance et diminue progressivement avec l’âge, elle décroît dès l’âge de 5 à 6 ans². Cependant, un taux minimum suffisant pour digérer le sucre de lait consommé est la plupart du temps préservé.

Quantité produite et risque d’accumulation dans le côlon
La production insuffisante (hypolactasie) ou l’absence (alactasie) de l’enzyme lactase au niveau de l’intestin grêle est source d’intolérance au lactose. En effet, il reste une certaine quantité non décomposée de lactose qui sera transformée en gaz et en acide par les bactéries vivant dans le côlon (gros intestin). Ce sont ces gaz et ces acides qui gonflent le ventre et qui provoquent la douleur. De plus, ce reliquat de sucre de lait (lactose) crée, par un phénomène d’osmose, un afflux d’eau dans les intestins, ramollissant ainsi les selles. Ce mécanisme se traduit par des diarrhées.
Chez les personnes avec une intolérance au lactose ou une basse activité de la lactase, jusqu’à 75% du lactose non absorbé par l’intestin va dans le côlon².

Trois formes d’intolérance au lactose
La carence en lactase peut être primaire, secondaire ou congénitale.
– Intolérance au lactose primaire. Le déficit primaire ou acquis en lactase peut être lié à l’hérédité (origine génétique). Il est définitif et les cellules intestinales ou entérocytes sont intactes. C’est la forme la plus fréquente d’intolérance au lactose. Dans cette forme on constate une chute de la production de lactase notamment à l’âge adulte. L’intolérance au lactose primaire est influencée par la génétique. Certains groupes ethniques sont plus à risques : Africains ou Afro-américains, Latinos ou descendants ou habitants de l’Europe du sud et de la région méditerranéenne.
– Intolérance au lactose secondaire. Le déficit secondaire ou temporaire fait suite à des agressions comme une maladie, une blessure ou une intervention chirurgicale qui peut entraîner une altération cellulaire réversible⁴. Ces agressions peuvent aussi provenir de phénomènes allergiques, de parasitoses, d’une malnutrition, d’infections ou suite à la prise de certains médicaments. Les lésions sont dans ce cas passagères. Les maladies cœliaques et la maladie de Crohn lèsent également les entérocytes. Dans ces cas, les dommages risquent de perdurer.
– Intolérance au lactose congénitale. Dans cette forme d’intolérance au lactose, les symptômes surviennent dès la naissance, soit à la première tétée. Il s’agit d’une forme rare provoquée par un gène défectueux. S’il s’agit d’un enfant prématuré, l’intolérance au lactose est alors dite développementale. Son évolution est favorable au fur et à mesure que les cellules intestinales deviennent matures. Toutefois, la maladie doit être rapidement diagnostiquée à la naissance pour éviter que le bébé souffre de graves symptômes, potentiellement mortels.

Symptômes

Pas dangereux chez l’adulte :
Sauf chez les nouveau-nés (intolérance au lactose congénitale) si la maladie n’est pas diagnostiquée correctement, l’intolérance au lactose n’est pas une maladie dangereuse ou grave pour la santé, mais les symptômes peuvent être pénibles.

Âge d’apparition :
Les premiers signes ou symptômes de l’intolérance au lactose apparaissent généralement à partir de l’âge de cinq à six ans (sauf pour l’intolérance au lactose congénitale, une forme rare, qui se manifeste dès la naissance).

Principaux symptômes :
L’intolérance au lactose se manifeste essentiellement par des diarrhées, des ballonnements, des gargouillements, des douleurs ou crampes abdominales, des émissions de gaz (flatulence) ou des nausées. La personne atteinte peut aussi vomir ou souffrir de constipation. Par ailleurs, certains patients peuvent présenter des signes mineurs comme une fatigue chronique, une dépression, des vertiges, des maux de tête, des douleurs des membres ou des troubles de la concentration.

Moments d’apparition des symptômes après la prise d’un produit laitier : 
Ces symptômes dits majeurs surviennent entre 30 minutes et 2 heures après la consommation du produit laitier¹. Ce temps d’incubation peut durer jusqu’à 2 ou 3 jours.
Notons que l’intensité et la rapidité de l’apparition des manifestations varient avec la quantité du lactose ingéré, le taux du bêta-galactosidase produit dans l’intestin grêle, le mode d’ingestion du lait ou ses dérivés, la durée du transit, l’état de la flore intestinale (microbiote) et la santé du patient. Il existe ainsi un seuil de tolérance propre pour chaque individu.

Remarque : 
Les symptômes d’une intolérance au lactose peuvent ressembler au syndrome de l’intestin irritable.

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Diagnostic

La présomption d’une intolérance au lactose repose sur l’apparition des symptômes après l’ingestion du lait ou de ses dérivés. Toutefois, à partir des interrogatoires et des tests, c’est le médecin ou un professionnel de santé qui confirme le diagnostic.

Par la suite, il est possible que le professionnel de santé prescrive un test qui consiste à se priver de produits laitiers pendant deux semaines (certaines sources parlent de 5 à 7 jours²) et d’en consommer à nouveau après ce délai. Si les signes réapparaissent, il s’agit probablement d’un déficit en lactase.

Actuellement, le test respiratoire à l’hydrogène avec expiration de lactose, le test au lactose 13 C, l’endoscopie, la biopsie, les analyses de sang, l’haleine et les matières fécales font également partie des techniques utilisées en milieu hospitalier et qui permettent de diagnostiquer une intolérance au lactose.
Il existe aussi des tests génétiques permettant d’identifier une intolérance au lactose.

Complications

La perte importante d’eau liée à la diarrhée risque d’être fatale surtout pour les petits enfants.

Puisque le lait et les produits laitiers apportent une énorme quantité de protéine et de calcium, les personnes qui s’en privent s’exposent aux conséquences de l’hypocalcémie comme le retard de croissance et l’ostéoporose.

Traitements

L’alimentation à faible teneur en lactose, c’est-à-dire peu de produits laitiers, prévient les symptômes des patients. Le régime sans lactose est de règle pour les alactasiques. Néanmoins, du lait, du fromage ou de la glace sans lactose sont disponibles sur le marché.

Il faut savoir qu’il n’est pas possible d’augmenter naturellement la production de lactase dans le corps humain³.

Lactase (médicament) : 
Dans le cas d’une intolérance au lactose primaire (lire sous Symptômes ci-dessus pour mieux comprendre la différence entre primaire et secondaires), la consommation jusqu’à 240 ml de lait est généralement tolérée. Mais l’ingestion d’une quantité supérieure nécessite la prise d’un médicament contenant de la lactase qui aide l’organisme à mieux digérer le lactose alimentaire. Il peut être pris soit avant le repas soit mélangé avec le produit laitier afin de prévenir les symptômes. En général les médicaments à base de lactase, vendus sous forme de comprimés ou en gouttes, sont vendus sans ordonnance et vous les trouvez en pharmacie.

En outre, les prises d’aliments riches en calcium, en protéines et minéraux sont fortement recommandées.

Pour l’intolérance au lactose secondaire, le traitement est celui de la cause sans restriction lactée même si l’enfant se nourrit exclusivement du lait de sa mère.

L’introduction à dose progressive de lait dans l’alimentation peut également améliorer la tolérance.

Régime alimentaire intolérance au lactose
Les nutriments contenus dans le lait peuvent être remplacés par d’autres aliments. Par exemple, les viandes, les poissons, les œufs, le soja, le haricot sec et les algues marines apportent les protéines. Quant aux vitamines, calcium et minéraux, ils se trouvent dans les amandes, les noisettes, les algues marines, la noix, les figues, les dattes, le pissenlit, le cresson, le soja en grains, les crustacés, l’orge ou le blé germé.

Bons conseils & Prévention

– Assurez-vous de l’absence ou de la teneur faible en lactose des aliments et des médicaments que vous achetez en lisant attentivement les étiquettes des emballages. La plupart des personnes souffrant d’intolérance au lactose peuvent consommer quelques produits laitiers sans manifester de symptômes¹, ils doivent toutefois choisir ces produits avec attention.

– Prenez les yaourts et les fromages blancs ainsi que les fromages à pâte dure qui sont mieux tolérés.

– Le lait écrémé est plus agressif que le lait entier.

– Évaluez vous-même votre seuil maximal de tolérance pour chaque prise de produits contenant du lactose.

– Prenez les produits laitiers en petites quantités fractionnées dans la journée.

– Veillez à ce que les éléments nutritifs contenus dans le lait soient présents dans les aliments substitutifs.

– Mangez aussi des aliments riches en calcium comme les huitres, les sardines en conserve avec os, les oranges, les feuilles vertes, les légumes de mer, le soja, les haricots et les autres légumineuses.

– Mélangez le lait avec d’autres nourritures.

– Mangez des aliments contenant des probiotiques. Les probiotiques sont riches en “bonnes” bactéries et peuvent améliorer les symptômes d’une intolérance au lactose. Vous les trouverez par exemple dans des yaourts, jus, boissons à base de soja ou encore en gélule, comprimé ou poudre.

– Au lieu de consommer du lait d’originale animale, préférez du lait végétal (à base de soja, riz ou noix de coco).

Consultez votre médecin si :
– Vous subissez des accès répétés de diarrhées avec des ballonnements et douleurs abdominales.
– Vous avez besoin de conseils pratiques.

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Sources & Références : 
Mayo Clinic, Harvard Medical School.

Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Xavier Gruffat (Pharmacien et Rédacteur en chef de Creapharma), Seheno Harinjato (Rédactrice chez Creapharma.ch).

Crédits photos et infographie : 
Adobe Stock, pour infographie Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch)

Dernière mise à jour :
01.02.2024