Un médicament anti-inflammatoire courant éventuellement efficace contre Alzheimer

insolation personnes à risqueMANCHESTERUn travail de recherche a montré dans un modèle expérimental sur des souris que la maladie d’Alzheimer pouvait être traitée avec succès grâce à un médicament anti-inflammatoire couramment utilisé. Les pistes inflammatoire et infectieuse de la maladie d’Alzheimer semblent se préciser à travers plusieurs études surprenantes publiées ces derniers mois.

Alzheimer

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 45 millions de personnes souffriraient de démences dans le monde, dont 60% à 70% de la maladie d’Alzheimer.

Etude en détail

Une équipe de chercheurs sous la direction du Dr David Brough de l’Université de Manchester, en Angleterre, ont découvert qu’un anti-inflammatoire permettait d’inverser totalement la perte de mémoire et l’inflammation du cerveau chez les souris.  L’anti-inflammatoire en question est l’acide méfénamique (en France Ponstyl® et en Suisse Ponstan® ainsi que génériques), utilisé notamment contre les règles douloureuses ou les maux de dents.

Souris

Les scientifiques ont utilisé des souris modifiées génétiquement développant les symptômes de la maladie d’Alzheimer. Un groupe de 10 souris ont été traité avec de l’acide méfénamique et un autre groupe de 10 souris ont reçu un placebo.

Les souris ont été traitées quand elles ont commencé à développer des troubles de la mémoire et le médicament a été administré grâce à une mini-pompe implantée sous la peau pendant une durée d’un mois.

Les chercheurs ont noté que la perte de mémoire s’était totalement inversée chez des souris traitées avec l’acide méfénamique en revenant à des niveaux de mémoire observés chez des souris sans la maladie d’Alzheimer.

Première fois

Bien que cela soit la première fois qu’un médicament ait pu montrer une capacité à cibler cette voie inflammatoire, mettant en évidence son importance dans le modèle de la maladie, le Dr Brough prévient que davantage de recherches sont nécessaires pour identifier son impact sur l’être humain, et son implication sur une utilisation à long terme.

Ciblage d’une voie inflammatoire

Le Dr Brough explique : “Il y a désormais une preuve expérimentale montrant fortement que l’inflammation dans le cerveau aggrave la maladie d’Alzheimer.” Il poursuit : “Notre étude montre pour la première fois que l’acide méfénamique peut cibler une voie inflammatoire importante appelée NLRP3 inflammasome, qui peut endommager les cellules cérébrales. Jusqu’à présent aucun médicament disponible n’a été capable de cibler cette voie, en conséquence nous sommes très heureux du résultat.”

Le scientifique anglais tempère un peu ces résultats, selon lui beaucoup de travail doit encore être effectué, car parfois les modèles animaux ne peuvent pas être répliqués chez l’homme.

Et l’homme ?

L’acide méfénamique est déjà disponible sur le marché et l’on connaît sa toxicité et son profil pharmacologique, le temps pour que le patient puisse en profiter est théoriquement plus court que dans le cas d’un tout nouveau médicament.

Le Dr Brouch affirme : “Nous sommes en train de préparer des tests pour effectuer des essais cliniques précoces de phase II afin de savoir si cette molécule a un effet sur l’inflammation neurologique chez les êtres humains.”

Dans l’attente de nouvelles études, il est pour le moment déconseillé de prendre de l’acide méfénamique pour soigner la maladie d’Alzheimer, à cause notamment des effets secondaires provoqués par cet anti-inflammatoire non stéroïdien.

Cette étude a été publiée dans la revue spécialisée de référence Nature Communications le 11 août 2016.

Autre étude, la piste infectieuse

En mai 2016, Creapharma.ch avait mentionné une étude publiée dans le journal Science Translational Medicine. Dans cette étude, des chercheurs de l’Université d’Harvard avaient montré que les protéines bêta-amyloïde ou plaques typiques de la maladie d’Alzheimer pourraient être les signes ou conséquences d’une infection au niveau du cerveau et non la cause directe de la maladie d’Alzheimer, comme parfois supposée. Ces protéines bêta-amyloïde agiraient comme un antibiotique naturel lors d’entrée dans le cerveau de microbes.
Une infection menant à une inflammation dans les cellules du cerveau est une hypothèse toujours plus probable dans la maladie d’Alzheimer.

Le 13 août 2016. Par Xavier Gruffat (Dipl. Pharmacien EPF Zurich, Dipl. MBA). Sources (références): Communiqué de presse de l’étude

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 12.08.2016
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