WASHINGTON, D.C. – La vitamine D est probablement l’une des molécules les plus médiatisées de ces dernières années. On lui prêterait de nombreuses vertus, que cela soit dans la prévention du cancer, des maladies cardiovasculaires, de l’ostéoporose, dans le traitement de la sclérose en plaques ainsi que du diabète de type 2. Quand on sait qu’en Europe et en Amérique du nord la majorité des décès proviennent des maladies cardiovasculaires et du cancer, on comprend mieux pourquoi cette vitamine fait souvent la une des médias pour son effet supposé quasi miraculeux.
Pour beaucoup de spécialistes, la vitamine D porte mal son nom, car elle agit principalement comme une hormone et est impliquée dans de nombreux processus physiologiques et cellulaires, presque toutes les cellules de l’organisme présentent des récepteurs à la vitamine D.
Creapharma fait le point sur la vitamine D avec les résultats confirmés scientifiquement, ceux qui nécessitent davantage d’études ou qui sont la source d’importantes controverses comme dans le traitement de la sclérose en plaques.
Contre l’ostéoporose, effet incontestable
Depuis quelques dizaines d’années, la vitamine D est très souvent prescrite par les médecins sous forme de complément alimentaire dans la prévention de l’ostéoporose, associée à la prise de calcium. On sait que la vitamine D aide à l’assimilation du calcium, ce dernier étant un élément important de la structure osseuse. La vitamine D favorise aussi l’assimilation et la fixation du phosphore, un autre composant des os. De plus, la vitamine D fortifie les muscles.
Ces actions sur le système musculo-squelettique sont prouvées par de nombreuses publications scientifiques de référence. L’effet de la vitamine D sur la prévention de l’ostéoporose ne fait pas l’objet de controverses dans la communauté médicale.
Taux de mortalité
Sauf l’ostéoporose, toutes les autres indications font l’objet d’études plus nuancées voire parfois même contradictoires.
Selon une étude parue le 17 juin 2014 dans la version online du British Medical Journal (BMJ), la vitamine D pourrait augmenter la durée de vie et donc réduire la mortalité. Les chercheurs ont observé que des personnes avec un niveau élevé de vitamine D vivaient plus longtemps, ils souffraient moins de maladies cardiovasculaires et de cancers. Au contraire les individus avec un niveau bas de vitamine D mourraient plus tôt que la moyenne.
Les chercheurs relèvent eux-mêmes qu’ils ne savent pas s’il y a un lien de causes à effets ou non, autrement dit il serait possible que des personnes avec un faible taux de vitamine D dans le sang soient à la base en mauvaise santé et ce taux de vitamine D en serait la conséquence. Selon les scientifiques, une personne avec un taux bas de vitamine D aurait 1,5 fois plus de risque de mourir d’une maladie comme un infarctus que ceux avec un taux de vitamine D élevé. Cette étude a été réalisée par des chercheurs allemands sous la direction du Dr Ben Schoettker du Centre allemand de recherche sur le cancer (German Cancer Research Center) à Heidelberg, en Allemagne.
Cancer et maladies cardiovasculaires
Une étude publiée en avril 2014 dans la revue Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism a montré qu’une augmentation de 10nmol/L de la quantité de vitamine D dans le sang chez des patients souffrant de cancer (notamment cancer du sein, colorectal de de la prostate) augmentait de 4% le taux de survie par rapport à ceux qui présentaient un taux plus bas de vitamine D. La vitamine D est souvent recommandée par les médecins comme complément dans le traitement d’un cancer. Lire notre dossier complet sur la vitamine D
Une étude parue en 2015 a montré que la vitamine D était inutile contre l’hypertension.
Alzheimer
On a observé une corrélation entre une carence en vitamine D et Alzheimer, comme l’ont montré plusieurs études et notamment une étude britannique parue en août 2014. Selon cette étude anglaise, le risque de souffrir d’Alzheimer augmente de 69% chez les participants avec une carence modérée en vitamine D et monte à 122% lors de carence grave. Remarquons qu’il s’agit d’une observation et n’est pas forcément le signe d’un lien de cause à effet.
Sclérose en plaques
Des très hautes doses de vitamine D, en association avec un régime strict pour éviter une intoxication à la vitamine D, permettrait d’améliorer significativement les symptômes de la sclérose en plaques, surtout si cette thérapie est instaurée rapidement après la découverte de la maladie. Ce traitement fait toutefois l’objet de controverses parmi la communauté médicale, comme Creapharma en a parlé.
La vitamine D pourrait aussi jouer un rôle dans la thérapie d’une autre maladie auto-immune, la polyarthrite rhumatoïde (PR). Il semble que la prise de vitamine D chez des patients souffrant de PR améliore certains symptômes comme la douleur et des problèmes musculaires. Dans ce cas aussi d’autres études sont nécessaires pour mieux comprendre l’influence de la vitamine D.
Diabète
Cette vitamine permettrait de prévenir le diabète. On sait que la vitamine D augmente la sécrétion et la sensibilité l’insuline tout en provoquant une diminution du nombre de récepteurs à l’insuline.
Toutefois, une vaste étude portant sur l’analyse de 40 études sur la vitamine D (on parle aussi de méta-étude), publiée en janvier 2014 dans la revue de référence Lancet Diabetes & Endocrinology n’avait pas réussi à prouver l’effet de la vitamine D dans la prévention ou la thérapie de maladies chroniques comme les troubles cardiovasculaires ou le cancer.
Relevons aussi qu’une concentration adéquate de vitamine D dans le sang est associée à une réduction du risque de diabète de type 2. Un manque de vitamine D diminuerait la production d’insuline dans le pancréas. Davantage d’études sont nécessaires pour mieux comprendre l’effet de la vitamine D sur le diabète de type 2.
Comment obtenir de la vitamine D ?
Sachant que l’organisme est incapable de synthétiser cette vitamine, il doit faire appel à des sources externes, il existe 3 moyens d’obtenir la quantité recommandée quotidienne de vitamine D: l’exposition au soleil, la prise de compléments alimentaires et l’alimentation.
La source principale pour beaucoup d’individus est l’exposition aux rayons UVB du soleil. Peu d’aliments contiennent de la vitamine D en quantité suffisante, c’est pourquoi c’est rarement une bonne idée de compter seulement sur cette source. Dans certains pays comme le Canada ou le nord de l’Europe, la prise de complément alimentaire à base de vitamine D est très importante, surtout en automne et en hiver. Lire aussi : Comment obtenir de la vitamine D, article complet
Comment savoir si j’ai assez de vitamine D ?
Les médecins peuvent effectuer ou prescrire le dosage de la vitamine D dans le sang, en mesurant notamment un métabolite de cette vitamine appelé vitamine D3 25OH (lire infographie ci-dessous). On considère une quantité de vitamine D3 25OH comprise entre 30 et 100ng/ml comme une valeur normale, de 20 à 30ng/ml il s’agit de valeur limite, de 10 à 20ng/ml d’insuffisance ou de carence et à moins de 10 ng/ml on parle de carence importante de vitamine D. (source : Journal Clinic Endocrinology Metabolism, 2005) – Lire : Doit-on mesurer systématiquement la vitamine D dans le sang ?
Le 12 juin 2015. Par Xavier Gruffat (pharmacien)