Mycoses du cuir chevelu (teignes)
Dernière mise à jour : 27.02.2024
Révision médicale : Xavier Gruffat, pharmacien
Résumé sur la mycose du cuir chevelu
La mycose du cuir chevelu est une infection fongique de la peau qui peut provoquer des démangeaisons et une éruption cutanée sur le cuir chevelu. Elle se présente sous la forme de plaques écailleuses ou enflammées qui peuvent lentement s’agrandir1. Elle peut être traitée avec des médicaments antifongiques tels que des shampoings, des mousses et des pommades.
Il est possible de prévenir les infections à levures du cuir chevelu en adoptant une bonne hygiène de la tête et en gardant le cuir chevelu propre et sec. Si des plaques de démangeaisons apparaissent sur le cuir chevelu, il est nécessaire de consulter un prestataire de soins comme un dermatologue.
Définition
La mycose du cuir chevelu ou pityriasis du cuir chevelu est une infection fongique de la peau qui recouvre le crâne dans la partie où sont implantés les cheveux. On parle aussi de teignes.
Il est caractérisé par la présence d’une fine desquamation cutanée. C’est une mycose due à la pullulation d’une levure appelée Pytiriasis capitis. Ce champignon se développe plus facilement dans un environnement chaud et sombre.
Dénommé encore état pelliculaire (mais il ne faut pas confondre avec les pellicules), il incommode ses victimes du fait des perturbations esthétiques, sociales et psychologiques qu’il engendre.
Causes
Le cuir chevelu est constitué d’une surface cutanée sur laquelle des petits creux appelés follicules pilo-sébacés sont visibles. C’est sur ces derniers que les cheveux s’enracinent et se développent. Le renouvellement de la peau et de la chevelure s’effectue, dans la physiologie normale, tous les mois. Au fil de leur régénération continue, les cellules mortes sont progressivement repoussées et éliminées vers l’extérieur par de nouvelles cellules.
Si en général, le pityriasis est présent sur le cuir chevelu mais reste inactif, chez certaines personnes, il peut se mettre à envahir le cuir chevelu et perturber l’équilibre de la formation cellulaire en accélérant la reconstitution naturelle des cellules. L’expulsion de ces cellules usées est rendue perceptible par leur entassement sur la surface cutanée sous forme de petites lamelles formant les pellicules.
Ce champignon se nourrit d’acide gras qu’il puise dans le sébum et risque ainsi d’aggraver la déshumidification d’une peau déjà sèche.
En outre, cet organisme microscopique éjecte une substance acide, source de démangeaison causée par l’irritation du tissu lésé. Cette réaction de l’organisme intensifie le mécanisme de la formation des pellicules et le patient se retrouve pris au piège dans ce cercle infernal.
Présent chez tous les individus, le pityriasis capitis ne se manifeste ou développe que lorsque certaines circonstances comme la perturbation hormonale ou le stress viennent l’activer. Les maladies dues aux infections ou aux troubles liés à l’assimilation digestive favorisent également sa prolifération. La consommation régulière de boissons alcoolisées, d’aliments riches en acide ou déséquilibrés nous expose également à l’apparition des pellicules.
Les agressions locales telles que le pH acide du cuir chevelu, le brushing agressif, l’utilisation abusive et non adéquate de produits cosmétiques et l’excès de sudation dû au port régulier de casques de moto, de chapeaux serrés ou de casquettes favorisent le développement du pityriasis.
Transmission :
La mycose du cuir chevelu (teigne) peut se propager de plusieurs manières2 :
– Contact direct, de peau à peau, avec une personne atteinte de teignes.
– Toucher, caresser ou toiletter un chien ou un chat atteint de teignes.
– Toucher des objets ou des surfaces (vêtements, serviettes, literie, linge de maison, peignes, brosses) utilisés par une personne ou un animal atteint de teignes.
Personnes à risque
La mycose du cuir chevelu peut être plus fréquente chez certains groupes de personnes. Il s’agit notamment des personnes qui :
– sont enceintes.
– prennent des antibiotiques.
– vivent dans un climat chaud.
– reçoivent un traitement contre le cancer comme la chimiothérapie.
– ont un régime alimentaire malsain, par exemple trop sucré ou contenant trop d’amidon.
– sont stressées.
Les infections à levures sont également plus fréquentes chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli. Cela peut être dû à des conditions telles que le diabète ou l’utilisation de médicaments qui affaiblissent le système immunitaire.
Symptômes
La mycose du cuir chevelu provoque la cassure des cheveux, ce qui crée des zones chauves3. Ces zones peuvent être douloureuses. La mycose du cuir chevelu se traduit aussi par l’apparition de pellicules et se manifeste par de fines desquamations cutanées comparables au son des grains de blé. Les cheveux sont cassants ou fragiles et peuvent facilement se casser ou s’arracher.
Il existe trois types de mycose du cuir chevelu : le pityriasis simplex, le pityriasis stéatoïde et la fausse teigne amiantacée d’Alibert.
Pityriasis simplex
Le pityriasis simplex ou sec est le plus fréquemment rencontré. Il se traduit par la formation de petites desquamations fines, sèches, gris jaunâtre et opaques sur la chevelure. Il se caractérise aussi par son décollement spontané ou au moindre grattage. La peau n’est pas enflammée, mais les irritations sont possibles.
Pityriasis stéatoïde
Les pellicules du pityriasis stéatoïde ou pityriasis gras sont huileuses, plus épaisses et transparentes. Les plaques constituées par des squames ont différentes dimensions et adhèrent au cuir chevelu. La coloration rosée ou rouge de la peau sous-jacente et à la bordure de la chevelure témoigne l’inflammation qui à son tour provoque des démangeaisons parfois intenses.
Fausse teigne amiantacée
La fausse teigne amiantacée, quant à elle, représente l’évolution extrême de l’état pelliculaire. Les plaques de squames argentées sont très épaisses et agglutinent les cheveux. Ils collent au cuir chevelu. Cette affection se rencontre essentiellement chez les enfants.
Diagnostic
Lorsque vous consultez pour une pellicule, le professionnel de santé va essayer de différencier cette affection avec d’autres qui ne sont pas dues au pityriasis. Il devra aussi identifier s’il ne s’agit pas plutôt de la manifestation d’une chute des cheveux, de dermite ou psoriasis du cuir chevelu.
À part les interrogatoires sur l’historique des symptômes et le diagnostic de votre état de santé en général, le spécialiste examine les lésions à l’œil nu ou à l’aide de matériels. Afin de préciser son diagnostic, il peut procéder à d’autres examens plus approfondis tels que les prélèvements en vue d’une biopsie ou d’une analyse mycologique.
Une culture permet à l’échantillon de se développer afin de déterminer le type de champignon.
Complications
La myose du cuir chevelu n’entraîne pas d’alopécie ni d’éruption des follicules pileux. Néanmoins, le grattage lié au prurit peut causer une infection. De plus, la fausse teigne amiantacée peut se transformer en une chute transitoire et circonscrite des cheveux. Cette dernière est rarement définitive même dans le cas où la lésion se surinfecte ou s’enflamme énormément.
Traitements
Pour le pityriasis sec et le pityriasis stéatoïde, utilisez des shampoings ou lotions antipelliculaires comme lapyrithione de zinc, la piroctone olamine ou le sulfure de sélénium. Ils peuvent être associés à un antifongique (éconazole). D’autres antifongiques souvent utilisés en comprimés ou gélules sont la terbinafine, l’itraconazole ou le fluconazole. Aux Etats-Unis, la griséofulvine (en anglais : griseofulvin) est l’antifongique généralement de premier choix contre la mycose du cuir chevelu4.
On constate généralement un soulagement significatif des démangeaisons en quelques jours seulement après un traitement par antifongiques en prise orale5.
Une inflammation importante peut nécessiter le recours aux anti-inflammatoires puissants tels que les corticoïdes.
L’acide salicylique et l’ichtyol permettent l’élimination des squames très épaisses.
Phytothérapie et remèdes naturels (en complément)
Un article du blog de la Cleveland Clinic, l’un des meilleurs hôpitaux au monde, publié en février 2024 expliquait qu’il n’y avait pas de remèdes naturels prouvés scientifiquement contre les mycoses du cuir chevelu.
Voici ci-dessous des traitements alternatifs pour compléter les traitements classiques :
– Préparez une décoction de sommités fleuries de romarin : mettez-en une poignée ou 50 grammes dans un litre d’eau. Faites bouillir le mélange pendant trois minutes puis laissez-le en infusion durant 10 à 15 minutes. Après l’avoir filtré, ajoutez à la solution obtenue une cuillerée à café de vinaigre de cidre ou le jus d’un demi-citron frais. Utilisez cette lotion en frictionnant avec douceur le cuir chevelu, à raison d’une fois par jour, le soir au coucher. La conservation de cette lotion peut se faire en la mettant dans une bouteille en verre au réfrigérateur.
– Vous pouvez également dissoudre 100 mg d’acide salicylique (aspirine) dans un peu d’eau, une cuillère à soupe environ, et l’appliquer sur votre cuir chevelu avant le shampoing. Utilisez ensuite quelques gouttes de vinaigre de cidre au moment du rinçage pour bien assainir vos cheveux. Si vous sentez que la démangeaison devient trop forte, massez votre cuir chevelu avec un peu de jus de citron entre les shampoings.
– Le cèdre de l’Atlas, à appliquer en huile essentielle (attention à diluer avec une base, demandez conseil à votre pharmacien)
– Le vinaigre de cidre de pomme a un pouvoir antimicrobien et peut tuer les champignons. Appliquez du vinaigre de cidre de pomme directement sur la zone touchée par les mycoses sans diluer, utilisez un coton-tige. A répéter l’opération 3 à 5 fois par jour pendant au moins 3 jours. Le vinaigre de cidre de pomme exerce un effet antifongique et anti-inflammatoire. Ce remède permet aussi de modifier le pH (niveau d’acidité), rendant le cuir chevelu moins hospitalier pour les champignons et les bactéries.
– L’aloe vera est un remède naturel connu contre les démangeaisons, et il pourrait soulager de la mycose du cuir chevelu. Certaines études comme une publiée en 20056 suggèrent que l’aloe vera possède des propriétés antifongiques.
– Les graisses de l’huile de coco peuvent tuer certains types de champignons en détruisant leur membrane cellulaire (revêtement).
– L’huile essentielle d’arbre à thé (tea tree) est une huile essentielle qui a un pouvoir antifongique et anti-inflammatoire.
Prévention & Bons conseils
Il est difficile de prévenir la mycose du cuir chevelu, car le champignon qui la provoque est courant et peut se propager avant l’apparition des symptômes7.
Le traitement et la prévention de la mycose du cuir chevelu nécessitent la prise de certaines précautions :
– Utilisez des shampoings très doux et adaptés ;
– Évitez toutes circonstances favorisant l’agression de votre cuir chevelu (ou celui de votre enfant) : substances ou environnements irritants, brossage violent ;
– Entretenez une hygiène alimentaire équilibrée, buvez suffisamment d’eau et consommez des fruits frais, des légumes verts ou cuits à la vapeur pour réduire l’acidité de votre alimentation ;
– Prenez des vitamines A, E, C et du sélénium tout en respectant les prescriptions médicales ;
– Évitez la consommation abusive de sucreries, de café, de laitages, de viande rouge ou de charcuterie, car cela peut aggraver l’apparition des pellicules ;
– Nettoyez régulièrement vos brosses ou peignes pour prévenir la réactivation des champignons après traitement ;
– Demandez l’avis d’un professionnel de santé afin d’éviter toute éventuelle intolérance médicamenteuse et suivre un traitement adéquat ;
– Gardez votre cuir chevelu propre et sec dans le cadre du traitement de votre infection à levures. Cela peut également aider à prévenir la réapparition d’une infection à levures sur votre cuir chevelu ;
– Évitez le contact avec les animaux infectés (recherchez une tache de peau où la fourrure est absente) ;
– Ne portez de chapeaux ou d’écharpes que lorsque c’est nécessaire.
Nom anglais :
Tinea capitis (Ringworm)
Crédits photos & Infographies :
Adobe Stock et Pharmanetis Sàrl
Historique de la révision médicale du dossier, auteurs et correcteurs :
– 27.02.2024 (révision complète du dossier par Xavier Gruffat, pharmacien)
– 19.01.2023 (révision par Xavier Gruffat, pharmacien)
Références scientifiques et bibliographie :
- SANJEEV NANDA (M.D.), Mayo Clinic a-z Health Guide, WHAT YOU NEED TO KNOW ABOUT SIGNS, SYMPTOMS, DIAGNOSIS & TREATMENT, 2nd edition, Rochester, Mayo Clinic Press, 2023.
- SANJEEV NANDA (M.D.), Mayo Clinic a-z Health Guide, WHAT YOU NEED TO KNOW ABOUT SIGNS, SYMPTOMS, DIAGNOSIS & TREATMENT, 2nd edition, Rochester, Mayo Clinic Press, 2023.
- SANJEEV NANDA (M.D.), Mayo Clinic a-z Health Guide, WHAT YOU NEED TO KNOW ABOUT SIGNS, SYMPTOMS, DIAGNOSIS & TREATMENT, 2nd edition, Rochester, Mayo Clinic Press, 2023.
- SANJEEV NANDA (M.D.), Mayo Clinic a-z Health Guide, WHAT YOU NEED TO KNOW ABOUT SIGNS, SYMPTOMS, DIAGNOSIS & TREATMENT, 2nd edition, Rochester, Mayo Clinic Press, 2023.
- Article de la Cleveland Clinic, Do Home Remedies for Ringworm Actually Work?, datant du 27 février 2024, site accédé par Creapharma le 27 février 2024 et le lien marchait à cette date
- DOI : 10.1016/j.indcrop.2004.01.002
- SANJEEV NANDA (M.D.), Mayo Clinic a-z Health Guide, WHAT YOU NEED TO KNOW ABOUT SIGNS, SYMPTOMS, DIAGNOSIS & TREATMENT, 2nd edition, Rochester, Mayo Clinic Press, 2023.