Liposuccion
La liposuccion (parfois appelé lipoaspiration) est une opération de chirurgie esthétique. II s’agit de l’opération esthétique la plus pratiquée dans le monde, les Etats-Unis et le Brésil étant les pays pratiquant le plus d’opérations de ce type. En 2014, 211’000 Américains ont effectué une liposuccion, dont plus de 80% de femmes. En 2017, le nombre d’Américains ayant effectués une liposuccion était de 246’354, en hausse de 5% par rapport à 2016, selon l’American Society of Plastic Surgeons (ASPS). La liposuccion était la 2ème intervention chirurgicale esthétique la plus fréquente en 2017 aux Etats-Unis, la première étant l’augmentation mammaire avec 300’378 interventions.
En France, on estime que c’est aussi l’acte de chirurgie esthétique le plus fréquent.
La liposuccion consiste à effectuer une aspiration de la graisse et notamment des amas graisseux.
On considère qu’une liposuccion minime ne nécessite pas d’hospitalisation, pour une liposuccion plus importante, une hospitalisation de 24 à 48 h (variable selon les pays, le type de personne, etc) est pratiquée.
Qui peut effectuer une liposuccion ?
La liposuccion est indiquée pour les hommes et les femmes qui présentent des excès de graisses localisés, par exemple au niveau du ventre, des cuisses (chez les femmes), des genoux, des seins, des flancs, des hanches, de la face externe du bras, etc. Cette technique n’est pas recommandée chez des personnes obèses, donc qui présentent dans presque tout le corps des excès de graisse. La liposuccion permet aussi de retirer des tumeurs bénignes acquises comme des lipomes.
La liposuccion est indiquée chez des personnes âgées de plus de 18 ans et en bonne santé.
La liposuccion est souvent recommandée lorsqu’un régime n’a pas fonctionné. Chez la plupart des personnes, la graisse se trouvant dans certaines parties du corps comme le ventre ou les cuisses (cellulite parfois) est très difficile à enlever, même en suivant une très bonne alimentation et en pratiquant de l’exercice physique régulier. La liposuccion reste alors, surtout pour des femmes et hommes “perfectionnistes” au niveau de leur silhouette, peut-être la seule et unique option efficace.
On sait que l’excès de graisse abdominale est dangereux pour la santé, dans ce cas, effectuer une liposuccion ne peut être que bénéfique ?
La réponse à cette question ne semble pas faire l’unanimité parmi le corps médical.
Rappelons tout d’abord que la graisse abdominale, qui se trouve souvent autour des organes de l’abdomen, est toxique et dangereuse pour l’organisme avec un risque cardiovasculaire élevé pour la personne.
Selon certains spécialistes, une liposuccion ne permettra pas de retirer cette graisse, car le chirurgien n’arrive pas à aller beaucoup en profondeur (sans compter le risque de perforer un organe).
D’autres, au contraire, estiment que retirer la graisse abdominale est bénéfique pour la santé et notamment cardiaque du patient.
Des études supplémentaires seront nécessaires pour clairement répondre à cette question controversée.
Comment s’effectue l’opération ?
Les médecins pratiqueront tout d’abord une anesthésie locale ou générale en fonction du type de liposuccion.
La liposuccion peut ensuite commencer. Pour résumer (attention des différences peuvent exister en fonction des techniques utilisées) le médecin va injecter ou infiltrer un liquide au niveau des graisses, ensuite il va aspirer avec des canules ce mélange (liquide-graisse) pour le retirer de l’organisme.
Cette opération est considérée comme peu invasive, le médecin pratique de petites incisions pour passer les appareils (d’injection, d’aspiration, etc).
Il existe aussi de nouvelles techniques en utilisant un laser (on parle de lipolyse laser). Cette technique traite plutôt la graisse superficielle (ex. cellulite).
Combien de graisses le médecin peut-il enlever par liposuccion ?
Selon l’usage, le médecin n’enlève pas plus de 5’000 ml de graisses par liposuccion. Toutefois, un travail de recherche américain publié en septembre 2015 dans la revue spécialisée Plastic and Reconstructive Surgery est venu remettre en cause cette limite de 5’000 ml (11 pounds aux Etats-Unis) par opération.
Pour le coauteur de cette étude, le Dr. Karol Gutowski, chirurgien plastique et professeur associé à l’Université de l’Illinois (University of Illinois) à Chicago: “Le problème est que ces recommandations semblent avoir été sorties d’un chapeau.” Autrement dit, jusqu’à ce cette nouvelle étude il manquait des études fiables sur la quantité de graisse que le médecin pouvait retirer lors d’une liposuccion.
Le Dr Gutowski et ses collègues ont mis au point une banque de données au début des années 2000 qui intégraient les résultats et complications des liposuccions de chirurgiens certifiés aux Etats-Unis (board-certified plastic surgeons en anglais).
Selon ces scientifiques, les résultats de l’analyse de cette banque de donnée qui comptait plus de 4’500 liposuccions ont montré que si la personne présentait un IMC élevé, il était possible de retirer plus de graisses que chez une personne avec un IMC bas.
Sur ces plus de 4’500 opérations, moins de 1,5% des patients ont souffert de complications. En moyenne, le médecin retirait 4,5 pounds (moins de 2’500 ml) de graisse par patient.
Néanmoins, chez les patients qui se voyaient retirer plus de 5’000 ml de graisse, le risque de complication grimpait à 3,7%, soit plus que la moyenne.
Selon eux, la quantité de graisse qu’un médecin peut retirer devrait varier pour chaque personne en fonction de l’IMC. Par exemple, chez une personne ayant un IMC proche de 25 le médecin devrait retirer moins de graisse qu’une personne avec un IMC de 40 (obèse).
Les chercheurs relèvent dans leur étude qu’en plus de l’IMC, d’autres facteurs de risque doivent être pris en compte de façon individuelle par le médecin pour connaître la quantité de graisse à retirer et le risque pour le patient en général d’une telle opération.
Comment se déroule la phase post-opératoire ?
Le signe le plus marqué est l’apparition très rapidement après l’opération d’importants hématomes. Des fortes douleurs ainsi qu’un gonflement (il disparaît en général après quelques semaines) au niveau des zones opérées apparaissent aussi très souvent. Le médecin prescrira en général des antalgiques ou anti-inflammatoires pour limiter ces symptômes.
Il est conseillé, après une anesthésie générale, d’adopter une phase de repos d’environ une semaine en restant chez soi au calme.
Le patient devra aussi en général effectuer des contrôles fréquents chez le médecin pour suivre l’évolution de la maladie et effectuera la plupart du temps de nombreuses séances de massage pour bien modeler la peau et éviter des inégalités ou irrégularités dermatologiques.
Plusieurs mois ou années après l’opération, est-ce qu’il y un risque de reprendre du poids ?
Le médecin va recommander au patient de suivre un régime (peu de graisse, beaucoup de fruits et légumes, de fibres, etc) et de pratiquer du sport ou de l’exercice pour maintenir le poids après l’opération ou même en perdre.
Une étude de 2011 réalisée par l’Université du Colorado publiée dans la revue Obesity a toutefois montré que chez certaines femmes la graisse enlevée dans certaines parties du corps par liposuccion avait tendance à migrer (après 1 an par ex.) dans d’autres régions du corps. Par exemple, une femme qui s’est fait enlever de la graisse au niveau du ventre, un an après l’opération aura peu de graisse au niveau abdominal mais aura peut-être des masses graisseuses au niveau des épaules ou des bras. Les chercheurs de cette étude estiment que la liposuccion ne fait pas maigrir, en tout cas pas sur le long terme. Certains médecins relèvent que cette étude est vraie pour les femmes qui ne changent pas leurs habitudes alimentaires. Relevons que cette étude a été effectuée sur 32 femmes, un travail plus vaste permettrait peut-être des résultats plus concluants.
Cette étude a au moins le mérite de rappeler qu’une personne ayant effectué une telle chirurgie doit absolument manger sainement et équilibré, sinon elle va reprendre du poids. La pratique de sport et d’exercices est aussi toujours conseillée pour maintenir un poids optimal.
Risques et complications
– Le premier risque existe pendant l’opération, à Sao Paulo (Brésil) en octobre 2012 un chirurgien a perforé le foie d’une patiente pendant une liposuccion, ce qui a engendré la mort de cette personne. Une liposuccion est un donc un geste chirurgical complet et parfois compliqué qui nécessite un très grand professionnalisme de la part du chirurgien. Il existe aussi un risque en cas d’anesthésie générale, comme pour toute opération.
Pendant une telle chirurgie, si le médecin n’introduit pas assez profondément les canules dans la peau, un risque de perforation des vaisseaux sanguins existe.
Un autre risque peut être une infection (pendant l’opération ou en post-opératoire), cette complication est très rare (un cas sur mille environ). Une grave complication de l’infection est le sepsis (septicémie).
Une embolie graisseuse peut aussi apparaître, l’embolie est toujours une maladie très grave avec risque de mort. L’embolie pulmonaire est en fait, selon certains chirurgiens, la principale complication mortelle de la liposuccion.
– D’autres risques existent dans la phase post-opératoire comme une anémie (surtout lorsque le chirurgien retire beaucoup de graisse).
On peut parfois observer des cicatrices (avec fibroses), des bourrelets ou des problèmes de la peau.
On peut aussi noter une asymétrie, notamment quand le médecin (par ex. par erreur technique) retire une quantité de graisse plus importante d’un côté du corps que de l’autre.
Risques statistiques
Une liposuccion n’est pas une opération sans risque. Comment le relève la FDA américaine (Food & Drug Administration), certaines études estiment qu’aux Etats-Unis le risque de décès après une liposuccion est de l’ordre de 3 morts pour 100’000 chirurgies réalisées. D’autres études, toujours selon la FDA, sont plus pessimistes et parlent d’un risque de décès compris entre 20 et 100 morts pour 100’000 liposuccions réalisées.
Lire aussi : dossier sur le surpoids et l’obésité, cellulite
Coûts d’une liposuccion
Aux Etats-Unis, une liposuccion coûte environ USD 3’000.- (source: CBSNews, 28 septembre 2015).
Sources & Références :
CBSNews, American Society of Plastic Surgeons (ASPS).
Rédaction :
Xavier Gruffat (pharmacien)
Photos :
Fotolia.com, Creapharma.ch (Pharmanetis Sàrl)
Dernière mise à jour :
26.03.2021