Dextrométhorphane

Le dextrométorphane est un antitussif indiqué contre la toux sèche. Il s’agit d’un dérivé synthétique de la codéine. Mais malgré sa relation avec la codéine, le dextrométhorphane n’a pas un effet typique des opiacés, il n’est donc plus classé parmi les opioïdes. Le dextrométhorphane peut dans certains cas mener à une dépendance (toxicomanie), c’est pourquoi il doit être utilisé avec prudence.

Noms de la molécule :
Dextrométorphane, dextromethorphan (nom anglais), dextromethorphanum (nom latin), dextromethorphani hydrobromidum PhEur, dextromethorphanhydrobromid, DXM, DM

Métabolite actif :
Le dextrométhorphane a un métabolite actif. Le dextrophane est le métabolite actif du dextrométhorphane. L’élimination est principalement hépatique. Le temps de demi-vie du dextrophane est de 3 à 4 heures.

Formule de la molécule :
C18H25NO

Effets :
Le dextraméthorphane a un effet antitussif central reposant sur différents mécanismes, notamment une action à plusieurs endroits du cerveau.
Le dextrophane, le métabolite actif du dextrométhorphane, agit comme antagoniste des récepteurs NMDA.

toux infographie mécanisme toux

Indications :
Toux sèche (appelée aussi toux non productive)

Remarques sur la toux :
– L’effet antitussif survient en général 15 à 30 minutes après la prise du dextrométhorphane et dure environ 6 heures.
– En cas de toux grasse ou productive, les antitussifs comme la codéine ne doivent pas être prescrits ou utilisés.
– Le dextrométhorphane peut être utilisé comme une alternative à la codéine. La codéine est considérée comme un antitussif plus efficace que le dextrométhorphane mais la codéine mène à davantage de risque de dépendance. A part le dextrométhorphane et la codéine, il n’existe pas vraiment d’autres antitussifs de première importance en terme d’efficacité clinique.
– Certaines études scientifiques montrent que le dextrométhorphane est autant efficace que la codéine contre la toux sèche, mais d’autres études sont plus critiques et estiment que l’efficacité n’est pas beaucoup supérieure à celle du miel ou d’un placebo. En effet, le niveau de preuve de l’efficacité contre la toux chez les adultes est faible ou modéré ou en tout cas il y a une contradiction entre certaines études, comme l’a montré une étude publiée en 2014 dans le CMAJ (DOI : 10.1503/cmaj.121442).
Lire aussi : Rien ne vaut le miel pour soigner la toux infantile
– La prise de médicaments composés (dextrométhorphane + une autre substance ou molécule notamment expectorante) n’est pas recommandée contre la toux sèche.

Effets secondaires :
Les principaux effets secondaires sont : nausées, vomissements, constipation, fatigue et vertiges. Un exanthème ou une réaction allergique avec anaphylaxie sont rare. Il faut savoir que le dextrométhorphane ne mène en général pas à des effets secondaires de type opioïde.
A (très) haute dose (1,5–2,5 mg/kg)1 : apparition d’effets psychotropes tels que l’euphorie, les hallucinations et la dissociation (expérience “hors du corps” ou “out-of-body”), la personne peut aussi être agressive et agitée.
Pour la liste complète des effets secondaires, veuillez lire la notice d’emballage.

Contre-indications :
– Insuffisance respiratoire avancée.
– Maladies du foie en phase avancée.
– Traitement simultané avec un inhibiteur de la MAO, avec un médicament sérotoninergique (ex. ISRS) ou avec des substances anorexigènes.
– Allergie au dextrométhorphane.
– Enfants de moins d’un an (selon le dosage et la forme de dosage).
– Allaitement.
Pour la liste complète des contre-indications, veuillez lire la notice d’emballage.

Interactions :
Le dextrométhorphane est un substrat du CYP2D6. Par conséquent il s’en suit un risque important d’interactions avec différents médicaments.
Un traitement simultané avec un inhibiteur de la MAO ou avec un médicament sérotoninergique peut mener à un risque grave pour la santé : le syndrome sérotoninergique.
Pour la liste complète des interactions, veuillez lire la notice d’emballage.

Posologie :
Contre la toux sèche, la posologie pour un adulte est de 20 à 30 mg de dextrométhorphane par voie orale (ex. comprimé, sirop…) chaque 6h à 8h.

Formes galéniques :
Le dextrométhorphane est disponible sous forme de comprimés (25 mg de dextrométhorphane), de pastilles (10,5 mg), de capsules retard (50 mg), de sirop (17, 20 ou 25 mg/10ml), de sirop retard (30 mg/10 ml) et de gouttes (20,8 mg/ml).
Les doses mentionnées dans la phrase précédente se réfèrent à la Suisse (état : année 2020-2021).

Médicaments vendus en Suisse (état en mai 2023, selon Compendium.ch) :
Mono-préparations :
Amavita OB santé Amavita à base de dextrométhorphane
– Bexine® (plusieurs formes galéniques, ex. sirop)
Bisolvon® dextrométhorphane (pastilles à 10,5 mg et sirop à 10mg/5ml)
Calmerphan-L® sirop
Calmesin-Mepha® sirop
Coop Vitality à base de dextrométhorphane
Emedrin N®
GEM® Mucolytique, Sirop (Tentan AG) – il existe d’autres formes galéniques de la marque
Irotussin Antitussif, Sirop (Iromedica SA) – Irotussin® Antitussif, Sirop (Tentan AG)
Pulmofor® SiropPulmofor® retard
Multi-préparations (avec une ou plusieurs autres molécules) :
Pretuval® grippe et refroidissement (molécules : paracétamol, dextrométhorphane et pseudoéphédrine)
Pretuval® grippe et refroidissement C (molécules : paracétamol, dextrométhorphane, pseudoéphédrine et vitamine C)
Vicks MediNait® Sirop (molécules : dextrométhorphane, succinate de doxylamine, sulfate d’éphédrine et paracétamol)

Remarques :
– Le dextrométhorphane est un vieux médicament, il a été mis sur le marché dans les années 1950. En 1954, il a été autorisé par la FDA américaine (l’autorité de contrôle des médicaments aux Etats-Unis).
– Le dextrométhorphane est également présent dans des médicaments composés, c’est-à-dire associé à d’autres molécules. Mais les médicaments composés ne sont pas recommandés contre la toux sèche, il est préférable d’utiliser des médicaments avec une seule substance ou molécule.
– En France, depuis juillet 2017 plusieurs antitussifs contenant de la dextrométhorphane, de la codéine ou de la noscapine sont désormais délivrés seulement sur ordonnance et plus en vente libre.
Dépendance au dextrométhorphane – Mauvais usage
– Le dextrométhorphane est utilisé à mauvais escient en particulier par les jeunes. Un surdosage entraîne des effets psychotropes tels que l’euphorie, les hallucinations et la dissociation (expérience “hors du corps” ou “out-of-body”), comme le relève le site suisse Pharmawiki.ch. Ces effets peuvent ressembler à ceux de la kétamine. Une prise de dextrométhorphane à mauvais escient et de façon régulière peut augmenter le risque de violence et de suicide chez les consommateurs. En cas d’intoxication au dextrométhorphane la naloxone peut s’avérer efficace, même si le dextrométhorphane n’est pas un véritable opioïde d’un point de vue chimique.
– En août 2021, l’institution Addiction Suisse relevait que “plusieurs dizaines” de jeunes sont décédés ces trois dernières années en raison d’une consommation inadéquate de médicaments. Ces médicaments, facilement accessibles et souvent pris dans un contexte festif, peuvent aussi provoquer une dépendance et inciter à prendre des risques inconsidérés. Addiction Suisse informe dans une brochure sur les principaux médicaments utilisés qui sont problématiques pour les jeunes, à savoir les benzodiazépines (tranquillisants), la codéine ou le dextrométhorphane (sirop contre la toux) ainsi que les antidouleurs contenant des opioïdes. Selon l’enquête “Health Behaviour in School-aged Children” (HBSC) d’Addiction Suisse de 2018, 4,5% des garçons et 4,1% des filles de 15 ans ont déjà pris au moins une fois des médicaments dans l’intention d’en ressentir les effets psychoactifs.
– Le rapport annuel 2020 de Tox Info Suisse, un service d’aide médicale d’urgence pour les intoxications, a montré que le dextrométhorphane était souvent utilisé de manière abusive par les adolescents et les jeunes adultes car peu coûteux et en vente libre dans les pharmacies. L’aspect positif est que dans ces cas, on n’observe pratiquement jamais de symptômes graves2.

Sources & Références : 
Sources : 
Keystone ATS (agence de presse suisse), Pharmawiki.ch, Swissmedicinfo.ch, Compendium.ch, Tox Info Suisse, Pharmavista.ch.
Littérature :
“100 wichtige Medikamente” – Infomed (2020).
Référence étude :
CMAJ (DOI : 10.1503/cmaj.121442).

Rédaction : 
Xavier Gruffat (Pharmacien)

Dernière mise à jour : 
04.05.2023

Crédits photos :
Adobe Stock

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Article du journal édité par l’Université de Bâle (Suisse), [email protected], édition no2 de novembre 2021
  2. Pharmavista.ch, le 24 septembre 2021, citant le rapport en PDF – le lien marchait le 24 septembre 2021

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 05.07.2023
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