WASHINGTON – Près d’un tiers des jeunes médecins en internat souffrent de dépression ou ont des symptômes dépressifs, soit plus du triple que dans le reste de la population, révèle une vaste étude menée dans le monde. Elle a été publiée mardi aux Etats-Unis.
Au-delà des effets de la pathologie mentale sur ces internes, leurs symptômes sont liés à une mauvaise qualité des soins pour les patients qu’ils traitent et à un accroissement du nombre d’erreurs médicales, relèvent les auteurs de l’étude. Cette dernière est elle-même fondée sur l’analyse de 54 études qui ont porté sur 17’560 internes pendant plusieurs décennies.
Les résultats paraissent dans la revue médicale Journal of the American Medical Association (JAMA).
Les chercheurs ont également constaté une augmentation légère mais significative du taux de dépression parmi les jeunes médecins au cours des cinq décennies couvertes par leur recherche.
“Cet accroissement de la fréquence de dépression est surprenante, surtout après les réformes mises en oeuvre au cours des années pour améliorer la santé mentale des médecins en internat”, estime le Dr Srijan Sen de l’Université du Michigan (nord).
Les études analysées pour ces travaux ont été publiées entre janvier 1963 et septembre 2015. Trois d’entre elles se fondent sur des entretiens effectués par des psychiatres ou des psychologues et 51 sur des enquêtes.
Ces chercheurs ont conclu que la part des dépressions ou de symptômes dépressifs parmi les médecins débutants était de 29%, soit 4969 sur les 17’560 qui ont été interrogés ou ont répondu à un questionnaire avec une variation allant de 21 à 43% selon les études.
Besoin de changement
“Dans la mesure où l’apparition de symptômes dépressifs quand on est jeune sont liés à des risques accrus de dépression plus tard dans la vie, les résultats de cette étude pourraient signaler des problèmes de santé pour ces internes sur le long terme (…) et une moindre qualité des soins prodigués à leurs patients”, écrivent les auteurs.
Selon eux, “d’autres études sont nécessaires pour identifier des stratégies plus efficaces pour prévenir et traiter la dépression parmi les médecins en formation”.
Dans une tribune également publiée dans le JAMA, le Dr Thomas Schwenk, de la faculté de médecine de l’Université du Nevada à Reno (ouest), juge que “la prévalence de symptômes dépressifs et de dépression parmi les médecins en formation mise en évidence dans cette étude est un important révélateur de problèmes plus profonds dans le système de formation médicale qui nécessitent un changement”.
ATS, 9 décembre 2015 – Fotolia.com