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Sécheresse vaginale

Définition

La sécheresse vaginale est une insuffisance ou absence de l’humidification naturelle du vagin. En effet, grâce à l’écoulement naturel en permanence de sécrétions destinées à protéger les parois vaginales et à manifester l’excitation féminine, le vagin entretient son élasticité et garde une douce texture.
Sécrétions vaginales
Les sécrétions vaginales se composent principalement d’eau, d’électrolytes, d’urée, de différents acides, de protéines et de bactéries naturellement présentes dans le vagin1.
Ces sécrétions peuvent varier avec les phases de vie de la femme (ex. grossesse, ménopause). Pendant l’excitation sexuelle les sécrétions sont plus abondantes et contiennent plus de mucus. Les sécrétions vaginales ont pour but notamment de protéger la région vaginale contre les agressions (ex. agents infectieux). Lire aussi ci-dessous sous Causes
La sécheresse vaginale est fréquente à la ménopause ainsi que les femmes de rapprochant de cette période2.

Conséquences de la sécheresse vaginale : 
En plus de la douleur, la sécheresse vaginale peut affecter l’harmonie du couple et entraîner des troubles psychologiques chez la femme. Le stress, la peur, la culpabilité et la baisse de la libido sont autant d’obstacles à l’épanouissement personnel de celle-ci.

Epidémiologie

34% de femmes en souffrent à la ménopause
Une étude américaine qui a pris en compte les données de l’Étude des femmes à travers le pays (SWAN) en suivant plus de 2’400 femmes sur une période de 17 ans a montré qu’au départ, 19,4 % des femmes (âgées de 42 à 53 ans) avaient signalé une sécheresse vaginale. Au moment où les femmes de l’étude étaient âgées de 57 à 69 ans, 34% d’entre elles se plaignaient de symptômes de sécheresse vaginale. Cependant, plus de 50% des femmes n’avaient pas signalé la sécheresse vaginale à leur médecin ou à autre spécialiste de la santé, ce qui montre que la sécheresse vaginale est un tabou. Ces données ont notamment été étudiées et mises en avant dans une étude publiée le 20 juin 2018 dans le journal scientifique Menopause (doi : 10.1097/GME.0000000000001130).

Causes

Les causes de la sécheresse vaginale sont multiples, à savoir :

– Le stress, la peur (anxiété) et la fatigue : quelle que soit son origine, le stress provoque une mauvaise lubrification des parois vaginales. Ce sont les femmes ménopausées qui sont les plus touchées par le stress. Avec la fatigue et la peur, il figure parmi les premiers facteurs de blocage du processus d’excitation sexuelle et de l’humidification naturelle du vagin.

– La prise de certains médicaments comme : les antidépresseurs, les benzodiazépines, les traitements antiacnéiques, les anti-hypertenseurs, les vasoconstricteurs, les antihistaminiques, certaines pilules contraceptives (la progestérone, qu’on retrouve dans certaines pilules contraceptives, peut mener à une sécheresse vaginale dans environ 3 à 5% des cas3) ou d’autres familles de médicaments (ex. anastrozole).
Si un médicament peut être à l’origine d’une sécheresse buccale, il peut également assécher les autres muqueuses et entraîner une sécheresse vaginale. En cas de doute, n’hésitez pas à demander l’avis d’un médecin. La chimiothérapie ainsi que l’irradiation peuvent aussi augmenter le risque de souffrir de sécheresse vaginale. 

– La ménopause : au moment de la ménopause, des troubles hormonaux ainsi que la carence en œstrogène sont inévitables et engendrent un déséquilibre de la lubrification vaginale. Comme on l’a vu, à la ménopause environ 1 femme sur 3 souffre de sécheresse vaginale.

– Les troubles hormonaux (diminution du taux d’œstrogènes) et les troubles de l’ovaire.

– La grossesse : pendant les trois premiers mois de grossesse, la femme peut souffrir d’une sécheresse vaginale passagère qui doit normalement se rétablir dès que la région pelvienne recommence à s’engorger de sang.

– L’allaitement peut aussi être source de perturbation hormonale.

– Les infections vaginales (ex. mycoses vaginales).

– Les toilettes intimes trop excessives.

– La consommation de tabac, à cause de l’effet vasoconstricteur provoqué par la nicotine.

– La consommation d’alcool, source de déshydratation de l’organisme.

– L’absence ou la rareté des rapports sexuels.

– Des malformations congénitales.

– Certaines maladies : les cancers (ainsi que certains traitements contre le cancer), le diabète, la sclérose en plaque, le syndrome de Sjögren ou l’hypertension artérielle chronique. On sait que le diabète peut endommager les vaisseaux sanguins, notamment les capillaires.

– Des préliminaires lors de relations sexuelles qui sont trop courts.

Origine physiologique :
Lorsqu’une femme passe par la ménopause et que son taux d’œstradiol diminue, son corps subit de nombreux changements. Parmi ces changements, on note une diminution du débit sanguin vaginal, ce qui entraîne une sécheresse vaginale (souvent par diminution des sécrétions vaginales) et des douleurs pendant les rapports sexuels.

Symptômes

La pénétration douloureuse fait partie des symptômes les plus fréquents de la sécheresse vaginale. Celle-ci peut être accompagnée de brûlures et de démangeaisons. Parfois les démangeaisons et sensations de brûlures au niveau du vagin peuvent apparaître sans rapport sexuel.
L’apparition de micro-lésions sur les parois vaginales, provoquées par les frottements et l’absence de muqueuse peut également indiquer la présence d’un déséquilibre au niveau de l’humidification naturelle du vagin.

Les femmes souffrant d’une sécheresse vaginale peuvent également être plus sensibles aux inflammations et infections vaginales accompagnées de prurit ou de pertes odorantes.

Traitements

Il existe de nombreux traitements pour soulager la sécheresse vaginale.

Le traitement à base d’hormones

Un traitement à base d’œstrogènes utilisé en général sous forme de crème vaginale, d’ovule vaginal ou suppositoire vaginal, d’anneau (ring) vaginal voire de gel constitue un remède efficace contre la sécheresse vaginale. Ils sont indiqués surtout dans des cas avancés de sécheresse vaginale. Pour les cas moins avancés, les lubrifiants et hydratants sont davantage recommandés (lire ci-dessous).
Certains produits comme par exemple des ovules ou comprimés vaginaux contiennent en plus d’une hormone comme l’estriol également des bactéries de type Lactobacillus acidophilus.
Lorsque les oestrogènes sont appliqués au niveau local (vagin), la sécurité de ces produits est bonne. C’est-à-dire que les études ne montrent pas un risque statistiquement plus élevé de cancer du sein ou de formation de caillots sanguins.

Aux Etats-Unis en tout cas, les médecins peuvent prescrire une pilule (à prendre oralement et pas au niveau vaginal) appelée ospemifene qui est prise chaque jour. Ce médicament est notamment indiqué lors de rapports sexuels douloureux chez les femmes post-ménopausées.  L’ospemifene active les récepteurs à l’oestrogène au niveau du tissu vaginal.
Aux Etats-Unis toujours, la prasterone (ou DHEA) appliquée sous forme de suppositoire vaginal, permet d’augmentation la lubrification ainsi que l’élasticité. Il est aussi vendu en Suisse (liste B, sur ordonnance, nom de marque : Intrarosa®).

Le recours aux lubrifiants

La sécheresse vaginale est souvent source de gêne et de douleur lors du rapport sexuel. C’est pour cette raison que le recours aux lubrifiants peut s’avérer utile. Attention, l’utilisation de ce type de produit nécessite une très grande précaution, pensez à demander conseil auprès de votre pharmacien ou médecin. De préférence, optez pour des lubrifiants à base de silicone ou d’eau à ceux qui sont à base d’huile ou de vaseline et qui risquent de rendre les préservatifs poreux et d’irriter les muqueuses.

Certains lubrifiants contiennent de l’acide hyaluronique, de la vitamine PP et du glycérol. Ces produits ont l’avantage de réhydrater et de lubrifier en même temps le vagin. Cette réhydratation peut durer de quelques heures à quelques jours. Ces gels conviennent particulièrement aux femmes ménopausées pour une utilisation quotidienne.

Ces produits ont souvent un pH proche du vagin, en général avec un pH de 4,5.

Il est conseillé d’appliquer le lubrifiant sur le partenaire ainsi qu’à l’ouverture du vagin.

Les hydratants vaginaux

Les hydratants vaginaux (en anglais : vaginal moisturizers) permettent d’agir sur le tissu vaginal, notamment en augmentant la quantité d’eau dans les cellules de la paroi vaginale. A la différence des lubrifiants qui n’altèrent pas les tissus vaginaux, les hydratants peuvent permettre de soigner la sécheresse vaginale en tout cas en partie. En général, les hydratants vaginaux sont appliqués 2 à 5 fois par semaine dans le vagin et au niveau de son ouverture. L’acide hyaluronique est une molécule hydratante qui est souvent à privilégier.
Mais comme on l’a vu ci-dessus, il existe aussi des produits qui ont une fonction à la fois lubrifiante et hydratante.

Autres traitements (CO2, laser) :
– Certains médecins (aux Etats-Unis notamment) proposent à leurs patientes un traitement laser à base de CO2 (en anglais : CO2 laser) qui a pour but de stimuler et régénérer les cellules vaginales. Il est conseillé qu’un gynécologue effectue cette procédure.
– Le laser vaginal. Il s’agit d’envoyer des impacts laser au niveau de la muqueuse vulvo-vaginale. Le résultat pourrait être une stimulation de la formation du collagène et un épaississement de la muqueuse.
– La radiofréquence vaginale.
– La photothérapie ou photobiomodulation.

Remèdes naturels

De nombreuses plantes comme la sauge, le soja, le lin ou la cimicifuga sont connues pour leurs bienfaits contre la sécheresse vaginale. Grâce à leur teneur en phytooestrogènes, elles ont la faculté d’activer l’hydratation naturelle du vagin.

Le trèfle rouge possède également ces vertus et peut être prescrit en cas d’insuffisance de l’humidification du vagin (on le trouve en Suisse par exemple dans Viviflor NioSkin RCL Gel de la marque Medinova). Malgré l’efficacité de ces plantes, évitez l’automédication, l’avis d’un médecin phytothérapeute reste indispensable car les phytooestrogènes peuvent être contre-indiqués chez certaines personnes.

Autre remède naturel :
Tampon yogourt

Bons conseils & Prévention

– Limitez les toilettes intimes à deux fois par jour afin d’entretenir l’équilibre de la flore de Döderlein ou flore vaginale.

– Utilisez un produit qui ne risque pas de nuire à l’acidité de la flore vaginale lors des toilettes intimes, un savon doux au PH neutre par exemple. Evitez d’utiliser du savon parfumé.

– N’utilisez pas trop régulièrement des protège-slips et des tampons, car leur capacité d’absorption peut à long terme contribuer à dessécher le vagin.

– Evitez de porter des pantalons trop serrés qui peuvent irriter la vulve à cause du frottement. Les sous-vêtements en coton sont également à privilégier.

– Privilégiez les longs préliminaires lors des relations sexuelles afin de favoriser l’humidification naturelle.

– Entretenez, si possible, une activité sexuelle régulière qui va permettre d’améliorer la circulation sanguine des organes génitaux et de prévenir le risque d’atrophie.

– Evacuez le stress et reprenez confiance en vous.

– Protégez vos parties intimes à l’aide d’une légère application de crème de jour avant de nager, car l’eau chlorée peut favoriser les démangeaisons.

– La prise de compléments alimentaires contenant des vitamines D ou E peuvent aider à améliorer la santé vaginale.

Sources & Références :
Mayo Clinic, “100 wichtige Medikamente” – Infomed (2020), PHARMA-INFO.

Personne responsable et impliquée dans l’écriture de ce dossier :
Xavier Gruffat (Pharmacien et Rédacteur en chef de Creapharma).

Dernière mise à jour du dossier : 
06.03.2023

Crédits photos :
Adobe Stock

Comment traduit-on la sécheresse vaginale  dans d’autres langues ?
  •  Anglais : Vaginal Dryness
  •  Allemand : vaginale Trockenheit
  •  Italien : secchezza vaginale

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Astrea Pharmacie (Magazine sur la santé suisse), édition de juin 2021 consacrée notamment aux sécheresses vaginales
  2. Article du site de la Mayo Clinic, datant du 14 juillet 2021
  3. Magazine américain Prevention, édition de février 2023

Lire aussi :


Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 06.03.2023
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