Spondylarthrite ankylosante

Définition

Des antibiotiques pour soigner l'hernie discaleLa spondylarthrite ankylosante (SA) est une maladie chronique auto-immune1, c’est-à-dire que le système de défense du corps (le système immunitaire) ne fonctionne pas correctement et attaque ses propres cellules. La SA porte aussi le nom de maladie de Bechterew.
La SA est une forme d’arthrite qui soude et raidit les articulations. La maladie touche en premier lieu les articulations sacro-iliaques de la colonne vertébrale. Il s’en suit une inflammation au niveau des vertèbres, qui se caractérise souvent par des douleurs dans le bas du dos (lire aussi ci-dessous sous Symptômes).
Origine du terme et localisation :
L’adjectif “ankylosante” (du grec ancien agkulôsis) signifie qu’il y a une limitation partielle ou totale de la mobilité d’une articulation, dans ce cas on observe une fusion entre les os. En effet, avec le temps il peut y avoir une fusion des vertèbres (voir infographie ci-dessous). Parfois la SA peut toucher d’autres articulations que celles de la colonne vertébrale comme les épaules, les hanches ou encore les genoux. La SA touche la hanche et les épaules chez environ 20% des patients.

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La SA est évolutive, c’est-à-dire que la maladie progresse avec le temps avec des phases actives de la maladie (poussées) et inactives (rémission). Il s’agit d’une maladie chronique2.

Spondylarthrite ankylosante

Epidémiologie

Ratio hommes-femmes
La spondylarthrite ankylosante touche davantage les hommes que les femmes, on estime que 2 fois plus d’hommes que de femmes sont touchés par cette maladie. Elle débute souvent avant l’âge de 45 ans. Seulement 5% des personnes diagnostiquées sont âgées de plus de 45 ans. En général la maladie commence entre 20 et 39 ans (le magazine américain Reader’s Digest dans son édition suisse de juin 2021 a rapporté le cas d’une femme vivant aux Etats-Unis âgée de 28 ans diagnostiquée de spondylarthrite ankylosante).

Statistiques par pays :
– En France, on estime à environ 300’000 le nombre de personnes souffrant de spondylarthrite ankylosante.
– En Suisse, en 2022 environ 1% de la population était touchée par les spondylarthrites3 (la spondylarthrite ankylosante étant l’une des formes de spondylarthrite).
– Aux Etats-Unis, environ 1 adulte sur 200 souffre de spondylarthrite ankylosante. En 2017, cela représentait environ 1, 1 millions d’Américains adultes. Ces chiffres proviennent de la Spondylitis Association of America.
– Dans le monde, environ 1 personne sur mille souffre de spondylarthrite ankylosante.

Causes

Les causes de la maladie ne sont pas encore totalement connues.
Influence génétique 
On suppose toutefois que la présence de certains gènes comme celui appelé HLA-B27 peuvent favoriser le développement de la SA (lire aussi ci-dessous sous Diagnostic), car plus de 80% des personnes atteintes de SA sont porteuses de ce gène. Mais avoir ce gène ou marqueur ne signifie pas forcément que la personne va développer une SA. En fait, 6% des Américains sont porteurs de ce gène et la majorité ne va jamais développer la SA4. D’autres gènes pourraient jouer un rôle dans le développement de la maladie.

Autres influences
Différents facteurs, notamment d’origine infectieuse ou un dysfonctionnement du système immunitaire, pourraient favoriser le développement de la maladie. Le tabagisme est un facteur de risque de la SA.

Personnes à risque

Les jeunes hommes de moins de 45 ans sont particulièrement à risque.

Symptômes

La plupart des personnes souffrant de spondylarthrite ankylosante ont des symptômes légers touchant seulement l’articulations sacro-iliaque. Dans des cas avancés, la maladie peut toucher toute la colonne vertébrale ou d’autres articulations menant parfois à des déformations physiques5.

La spondylarthrite ankylosante se manifeste notamment par les symptômes suivants :
– Douleurs (dorsalgies) et raideurs dans le bas du dos et les hanches. Ces symptômes ont tendance à s’améliorer avec l’activité physique. Les douleurs peuvent provoquer des réveils nocturnes. Le patient ressent souvent une raideur dans le dos au réveil.
Fatigue6 (provoquée notamment par les signes inflammatoires de la maladie) ou épuisement
– Douleur thoracique et difficultés à respirer à cause d’une rigidité au niveau de la cage thoracique
– Perte de flexibilité dans le bas du dos

Spondylarthrite ankylosante

Autres symptômes possibles : 
– Uvéite (inflammation au niveau des yeux)
– Inflammation intestinales
– Perte d’appétit ou de poids (à des stades plus avancés)
Lire aussi ci-dessous sous Complications

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Poussées
La SP peut apparaître sous forme de poussées, suivie de phases de rémission (phase pendant laquelle les symptômes ont disparu).

Ossification
La SP peut mener à une ossification au niveau de la colonne vertébrale, une fusion des ligaments ainsi qu’une érosion osseuse.

Durée des symptômes
La durée des maux de dos est souvent de plus de 3 mois.

Remarque sur les symptômes
Les symptômes peuvent être relativement différents d’une personne à l’autre. Les femmes présentent notamment des symptômes souvent plus atypiques que les hommes.

Diagnostic

Le diagnostic est l’affaire exclusive du médecin. En général, c’est le rhumatologue qui détecte et prend en charge cette maladie. Le diagnostic est souvent difficile et prend souvent des années (en moyenne 5 à 14 ans) avant que la SA soit clairement identifiée par le corps médical7.
Différentes méthodes de diagnostic peuvent être utilisées, comme des techniques d’imagerie médicale (ex. rayons X de la colonne), une anamnèse, des tests sanguins afin notamment de rechercher le gène HLA-B27 (lire sous Causes ci-dessus).
Un diagnostic précoce de la maladie peut être difficile, surtout lors de symptômes modérés.
Un gène précis semble impliqué dans l’apparition de la spondylarthrite ankylosante, c’est pourquoi un test génétique peut être effectué comme confirmation possible du diagnostic8.
Des outils permettent aussi d’évaluer la maladie et notamment son avancement, il s’agit du Bath Ankylosing Spondylitis Disease Activity Index (BASDAI) et du Bath Ankylosing Spondylitis Functional Index (BASFI). Des méthodes reposant sur plusieurs questions à poser au patient.

Complications

La spondylarthrite ankylosante peut mener à certaines complications comme :
– Troubles oculaires (inflammation aiguë de l’oeil ou uvéite). Cette complication se manifeste chez environ 30% des patients souffrant de la maladie. Les symptômes sont notamment : rougeur, douleur, sensibilité à l’oeil, larmoiements, vision trouble.
– Troubles digestifs (ex. maladie de Crohn, colite ulcéreuse). Ces troubles se manifestent chez environ 10 à 15% des patients.
Ostéoporose, parfois les médecins oublient de traiter l’ostéoporose, car les patients sont souvent des jeunes hommes. On sait que l’ostéoporose étant plutôt une maladie associée aux femmes post-ménopausées. La SA semble modifier la structure osseuse.
Fractures (lire ci-dessous sous Fusion des os)
– Troubles rénaux
– Troubles cardiovasculaires
– Problèmes de peau, notamment le psoriasis

Fusion des os
Dans des cas graves, le processus inflammatoire de la spondylarthrite ankylosante peut mener à une fusion (ou “ankylosis”) des os au niveau de la colonne vertébrale et parfois d’autres articulations. Ce processus de fusion survient en général des années après le début de la maladie. Ces fusions osseuses augmentent le risque de fractures et diminuent la mobilité.

Traitements

Il existe plusieurs traitements pour lutter contre la spondylarthrite ankylosante.

Médicaments :

– AINS et corticoïdes

Les AINS (anti-inflammatoire non stéroïdiens, en anglais NSAIDs) comme l’ibuprofène et les coxibs comme le célécoxib peuvent être utilisés contre les douleurs et l’inflammation provoquée par la SA surtout au début de la maladie. Il s’agit de médicaments utilisés en première intention. Le médecin peut aussi utiliser des corticoïdes lors d’une réponse insufisante aux AINS et coxibs, même si de plus en plus le traitement de choix dans ce cas est l’utilisation de biologiques9 (lire ci-dessous).

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– Médicaments agissant sur la maladie

1. En anglais on parle de DMARDs (disease-modifying antirheumatic drugs). Ces médicaments ont la capacité de modifier la maladie et d’agir sur le système immunitaire. Dans cette famille on trouve par exemple le méthotrexate. Les DMARDs sont surtout utilisés lors d’atteintes périphériques.

2. Les biologiques. Il s’agit de traitements avec des propriétés sur l’organisme anti-inflammatoires ayant comme son nom l’indique une structure chimique de type biologique ressemblant à une protéine. Ces biologiques ont la capacité d’agir directement sur le système immunitaire et de modifier certaines fonctions biochimiques comme le processus inflammatoire.  Ils agissent notamment contre le facteur de nécrose tumorale, appelé TNFα, et contre l’interleukine 17A. Les biologiques sont souvent des traitements de premier choix, lorsque les AINS et coxibs ne fonctionnent pas comme espérés.
– Parmi les anti-TNF-alpha on peut citer les anticorps monoclonaux suivants : infliximab (Inflectra®, Remsima®, Remicade®), adalimumab (Abrilda®, Amgevita®, Hulio®, Humira®, Hyrimoz®, Idacio®, Imraldi™ – remarque : il existe souvent plusieurs dosages, les liens ont été mis seulement pour un dosage), etanercept (Benepali®, Embrel®, Erelzi®), certolizumab (Cimzia®) ou golimumab (Simponi®).
Les anticorps monoclonaux sont des protéines qui reconnaissent d’autres protéines spécifiques et s’y lient, comme ici en se liant au TNFα.
– Parmi les inhibiteurs de l’interleukine 17A (IL-17A) on trouve : secukinumab (Cosentyx®), ixekizumab (Taltz®). Ces médicaments agissent en neutralisant l’activité de l’interleukine 17A, dont le taux est élevé dans des maladies comme la SA et d’autres maladies rhumatismales.
– On compte aussi les inhibiteurs de Janus kinase pouvant être utilisés contre la SA comme l’upadacitinib (ex. Rinvoq®). L’efficacité de l’upadacitinib repose sur une limitation de l’activité de la Janus kinase dans le corps, limitant l’inflammation.

Remarque : les traitements médicamenteux sont en général pris à vie.

– Traitement physique

La physiothérapie peut aider contre la maladie, notamment pour réduire la douleur. Lire aussi ci-dessous sous Bons conseils. Découvrez un site suisse qui résume des exercices en vidéo pour la SA (le lien marchait en août 2022)

– Chirurgie

Dans certains cas une chirurgie peut être nécessaire. Comme le relève l’association américaine Spondylitis Association of America, la chirurgie est une thérapie rarement utilisée pour lutter contre cette maladie. La chirurgie est notamment utilisée lorsque la maladie affecte les genoux ou les hanches.

Bons conseils

– Evitez de fumer. La spondylarthrite ankylosante peut mener au développement d’un tissu rigide au niveau de la cage thoracique et des poumons. Il peut s’en suivre une difficulté supplémentaire à respirer chez des patients qui fument.

Importance du sommeil : 
– Le sommeil en général peut contribuer à la guérison. S’assurer que vous êtes bien reposé dans une position confortable peut également aider vos muscles à se détendre. Si possible, évitez de dormir sur le ventre parce que cela peut causer un stress excessif sur le bas du dos. Si vous dormez sur le dos, utilisez un oreiller de soutien pour la nuque conçu pour les dormeurs dorsaux. Vous pouvez également placer un oreiller sous vos jambes pour vous aider à garder le dos droit. Si vous dormez sur le côté, optez pour un oreiller un peu plus haut. Utilisez également un oreiller entre vos jambes. Certains spécialistes déconseillent aussi de dormir avec un oreiller pour les patients souffrant de SA.

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– Contrôlez votre poids. Un surpoids et surtout l’obésité peuvent augmenter le stress au niveau des articulations. De plus, adopter un régime de type méditerranéen s’avère positif pour diminuer l’inflammation dans les maladies rhumatismales comme la SA, sans compter que ce régime peut aider à maintenir un poids adéquat.

– Faites régulièrement de l’exercice, le mouvement renforce les muscles et toute la colonne vertébrale. Demandez à votre médecin pour connaître les exercices à pratiquer. La pratique régulière de stretching (élongation des muscles) est particulièrement recommandée10. Le but est de maintenir une bonne flexibilité.
Découvrez un site suisse qui résume des exercices en vidéo pour la SA (le lien marchait en août 2022)

– Adoptez une bonne posture. Il est important de se tenir droit quand vous marchez ou que vous êtes assis.

– Réduisez votre stress. Un bon moyen pour apaiser les symptômes de la maladie.

– Prenez une douche chaude. La chaleur peut aider à soulager la douleur et la raideur. Ne négligez donc pas les avantages d’une douche chaude.

– Comme la SA peut provoquer des douleurs à la cheville, il est important que vous trouviez des chaussures qui vous soutiennent. Recherchez celles qui offrent une base matelassée et un soutien près de votre cheville11.

Sources & Références :
Spondylitis Association of America, Mayo Clinic, Livre en allemand “100 wichtige Medikamente” – Infomed (2020), Cleveland Clinic, Rheumafit.ch.

Rédaction :
Xavier Gruffat (Pharmacien)

Crédits photos : 
Adobe Stock (Fotolia.com)

Mise à jour :
15.08.2022

En anglais : Ankylosing Spondylitis (AS) – Lire ce dossier en portugais : Espondilite anquilosante

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Article de la Cleveland Clinic datant du 12 juillet 2022 : Strategies for Coping With Ankylosing Spondylitis, site accédé par Creapharma.ch le 12 juillet 2022 et le lien marchait à cette date
  2. Livre en anglais : Mayo Clinic Guide to Arthritis, Managing joint pain for an active life, Lynne S. Peterson, 2020, Mayo Clinic
  3. Article du journal édité par l’Université de Bâle (Suisse), [email protected], édition no 15 de 2022, version d’août 2022
  4. Livre en anglais : Mayo Clinic Guide to Arthritis, Managing joint pain for an active life, Lynne S. Peterson, 2020, Mayo Clinic
  5. Livre en anglais : Mayo Clinic Guide to Arthritis, Managing joint pain for an active life, Lynne S. Peterson, 2020, Mayo Clinic
  6. Article de la Cleveland Clinic datant du 12 juillet 2022 : Strategies for Coping With Ankylosing Spondylitis, site accédé par Creapharma.ch le 12 juillet 2022 et le lien marchait à cette date
  7. Article du journal édité par l’Université de Bâle (Suisse), [email protected], édition no 15 de 2022, version d’août 2022
  8. Magazine Reader’s Digest, édition suisse, juin 2021
  9. Article du journal édité par l’Université de Bâle (Suisse), [email protected], édition no 15 de 2022, version d’août 2022
  10. Article de la Cleveland Clinic datant du 12 juillet 2022 : Strategies for Coping With Ankylosing Spondylitis, l’article citait notamment le rhumatologue rheumatologist Ahmed Elghawy, site accédé par Creapharma.ch le 12 juillet 2022 et le lien marchait à cette date
  11. Article de la Cleveland Clinic datant du 12 juillet 2022 : Strategies for Coping With Ankylosing Spondylitis, l’article citait notamment le rhumatologue rheumatologist Ahmed Elghawy, site accédé par Creapharma.ch le 12 juillet 2022 et le lien marchait à cette date

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 15.08.2022
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