NEW YORK – Seulement aux Etats-Unis, on estime que le chiffre d’affaires annuel des vitamines et autres compléments alimentaires comme les minéraux s’élève à plus de 30 milliards de dollars et jusqu’à 30% des Américains en consomment. Selon un communiqué de l’American Heart Association en juillet 2018, l’industrie mondiale des compléments alimentaires devrait atteindre 278 milliards de dollars d’ici 2024. Bref, c’est un marché immense qui aux Etats-Unis se rapproche du chiffre d’affaires total du secteur du cinéma (Hollywood). Néanmoins, ce marché est fortement influencé par la publicité qui ne se base pas toujours sur des études scientifiques fiables en faisant par exemple croire qu’en prenant des vitamines on sera forcément en meilleur santé et plus dynamique. Or, les études ne vont pas dans le sens d’une panacée. Il s’agit donc de rester prudent et critique sur les messages véhiculés dans les publicités pour ces compléments alimentaires.
Par exemple, une étude publiée en juillet 2018 dans le journal scientifique Circulation: Cardiovascular Quality and Outcomes (DOI : 10.1161/CIRCOUTCOMES.117.004224) a montré que la prise de compléments alimentaires multivitaminés et de minéraux ne prévient pas les crises cardiaques (infarctus du myocarde), les accidents vasculaires cérébraux ou la mort d’origine cardiovasculaire. Les chercheurs de l’Université d’Alabama à Birmingham aux Etats-Unis ont effectué une méta-analyse se basant sur les résultats de 18 études individuelles publiées par le passé et totalisant plus de 2 millions de participants. Ils n’ont trouvé aucune association entre la prise de compléments alimentaires multivitaminés ou minéraux et un risque plus faible de décès par maladies cardiovasculaires.
Néanmoins, les vitamines et minéraux peuvent s’avérer utiles. Voici 3 situations dans laquelle la prise de vitamines fait vraiment sens scientifiquement. Pour les autres cas, soyez prudent et demandez conseil à votre médecin afin de savoir si vous avez besoin de prendre des compléments alimentaires ou si une alimentation équilibrée s’avère suffisante.
1. Grossesse et acide folique
L’acide folique, qui porte aussi le nom de vitamine B9, est indiqué notamment pendant le 1er trimestre de la grossesse pour prévenir le spina bifida. Les médecins du monde entier prescrivent de l’acide folique au début de la grossesse et même si possible avant la conception.
L’acide folique semble aussi agir pour prévenir l’autisme. En effet, selon une étude publiée en 2018, les femmes qui prennent des compléments alimentaires d’acide folique avant ou après une grossesse auraient un risque réduit d’avoir un enfant souffrant d’autisme (troubles du spectre autistique), selon une vaste étude d’observation menée en Israël publiée en février 2018 dans JAMA Psychiatry (DOI : 10.1001/jamapsychiatry.2017.4050). Les chercheurs ont constaté que les femmes qui prenaient des compléments alimentaires (ou une multivitamine, qui fournit également de l’acide folique) avant la conception ou pendant la grossesse avaient 2 fois moins de risque d’avoir des enfants atteints de troubles du spectre autistique que celles ne consommant pas d’acide folique sous forme de compléments alimentaires. Le fer semble aussi jouer un rôle important pour un bon développement du bébé à naître, comme l’a montré une étude publie en 2019 (lire davantage : Anémie maternelle précoce et risque accru de déficience intellectuelle, de TDAH et d’autisme).
2. Bébés et vitamine D & fer
Les bébés et enfants qui se nourrissent seulement de lait maternel doivent prendre 400 UI de vitamine D par jour. La vitamine D est en général vendue sous forme de gouttes (à avaler).
Dès l’âge de 4 mois, le bébé doit aussi prendre des compléments alimentaires à base de fer jusqu’à ce que le bébé consomme des aliments riches en fer (souvent dès l’âge de 6 mois).
3. Personnes de plus de 50 ans ainsi que végétariens et vitamine B12
Dès l’âge de 50 ans en particulier, certaines personnes arrivent moins bien à absorber la vitamine B12 provenant de la nourriture. Car il faut savoir que l’être humain est incapable de synthétiser soi-même cette vitamine, il doit donc faire appel à l’alimentation. Les symptômes d’un manque ou d’une carence en vitamine B12 peuvent être subtils et difficiles à détecter jusqu’à ce que des dommages irréversibles apparaissent dans l’organisme, comme le relève un article du Wall Street Journal du 12 avril 2017 sur les vitamines.
Une personne qui manque de vitamine B12 devra par conséquent prendre cette vitamine sous forme de complément alimentaire, comme par exemple en injection (piqûres) ou en comprimé.
Comme ils ne mangent pas de viande, les végétariens doivent aussi consommer cette vitamine sous forme de complément alimentaire. Néanmoins, le lait est de plus en plus souvent enrichi en vitamine B12, par conséquence si un végétarien consomme régulièrement du lait il ne devrait pas présenter de carence en cette vitamine.
Rédaction :
Xavier Gruffat (pharmacien)
Dernière mise à jour :
21 septembre 2019
Sources & Références :
JAMA Psychiatry (DOI : 10.1001/jamapsychiatry.2017.4050), Folha de S.Paulo, The Wall Street Journal, Circulation: Cardiovascular Quality and Outcomes (DOI : 10.1161/CIRCOUTCOMES.117.004224), Communiqué de presse de l’American Heart Association.
Crédit infographie :
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch)