SAN FRANCISCO – Des chercheurs de l’Ecole de Médecine de l’Université de Stanford en Californie ont réussi à relier le syndrome de fatigue chronique à 17 protéines du système immunitaire, les cytokines, dont les concentrations dans le sang sont en corrélation avec la gravité de la maladie. Ces résultats montrent le rôle central de l’inflammation dans le développement de cette maladie mystérieuse qui occupe les chercheurs depuis plus de 35 ans.
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Syndrome de fatigue chronique
Plus d’un million de personnes souffrent du syndrome de fatigue chronique (SFC) seulement aux Etats-Unis, certaines sources estiment que ce nombre pourrait même atteindre 4 millions d’Américains soit un peu plus de 1% de la population. Le SFC est aussi connu sous le nom d’encéphalomyélite myalgique (EM), un terme préféré par la plupart des patients car il montre les symptômes de douleur et d’une fonction cérébrale anormale vécue par la plupart des victimes de la maladie. Les personnes atteintes du SFC sont dans environ 3 quarts des cas des femmes. La maladie apparaît surtout pendant 2 tranches d’âges : chez les adolescents âgés de 15 à 20 ans et chez les adultes âgées de 30 à 35 ans. Le SFC perdure la plupart du temps pendant des décennies.
Symptômes
Les principaux signes du SFC sont une fatigue très marquée pendant la journée, des troubles de la concentration, des maux de tête, des troubles du sommeil ou encore des douleurs musculaires. On parle de fatigue chronique ou de SFC si les symptômes se manifestent pendant plus de 6 mois.
Maladie dévastatrice
« Le syndrome de la fatigue chronique peut transformer une vie d’activité productive en une vie de dépendance et de dévastation, » relève le Prof. Jose Montoya de l’Université de Stanford qui a mené cette étude comme auteur principal. Le grand spécialiste mondial de ce syndrome précise qu’il existe certains cas de guérison (rémission) pendant les premières années, mais rarement si la maladie persiste pendant plus de 5 ans. Le Prof. Mark Davis, également de Stanford, a été l’auteur senior de cette étude.
Test de diagnostic
« Il y a eu beaucoup de controverses et de confusion à propos du SFC – certains se sont même demandés si c’était vraiment une maladie », rappelle le Prof. Davis. Il explique : « Nos résultats montrent clairement qu’il s’agit d’une maladie inflammatoire, ce qui fournit une base solide pour un test de diagnostic sanguin. ”
Beaucoup de patients, mais pas tous, souffrant du SFC ressentent des symptômes ressemblant à la grippe similaires aux maladies inflammatoires, explique le Prof. Montoya. Mais parce que ces symptômes sont tellement nombreux et diffus, parfois se manifestant sous forme de problèmes cardiaques, déficience mentale, diarrhée, constipation ou douleurs musculaires, le syndrome reste souvent non diagnostiqué même après de nombreuses visites médicales chez différents médecins et y compris des spécialistes.
Une maladie bien réelle et sérieuse
Le Prof. Montoya a rencontré son premier patient en 2004 puis des centaines d’autres par la suite comme il rappelle dans le communiqué : « J ‘ai vu les horreurs de cette maladie, multiplié par des centaines de patients. On parle de ce syndrome depuis environ 35 ans, parfois avec le fardeau d’être décrit comme une maladie psychologique. Mais le syndrome de fatigue chronique n’est en aucun cas un produit de l’imagination. C’est réel. »
L’utilisation d’antiviraux, d’anti-inflammatoires et de médicaments agissant sur le système immunitaire ont conduit à des améliorations symptomatiques dans certains cas, précise le Prof. Montoya. Mais aucun agent pathogène unique n’a pu être identifié comme le déclencheur du SFC et par conséquent isolé. Les efforts précédents de chercheurs pour identifier les anomalies immunologiques se cachant derrière la maladie ont rencontré des résultats contradictoires et confus.
La piste inflammatoire
Pourtant, l’efficacité sporadique des médicaments antiviraux et anti-inflammatoires a incité le Prof. Montoya à entreprendre une étude systématique pour voir si l’inflammation joue un rôle clé ou non.
Pour résoudre ce problème, il a pris contact avec le Prof. Davis et ont créé un centre de recherche il y a environ 10 ans. Ce centre a servi de moteur pour l’analyse immunologique à grande échelle en se basant notamment sur des analyses génétiques.
Détail de l’étude
Dans l’étude publiée en juillet 2017, les scientifiques ont analysé des échantillons sanguins provenant de 192 patients du Prof. Montoya et de 392 personnes saines, agissant comme groupe contrôle. La moyenne d’âge des patients et du groupe contrôle était de 50 ans. Pour les patients la durée moyenne des symptômes du SFC était de plus de 10 ans.
Différences entre forme modérée et grave
Cette étude a pris en compte la gravité des symptômes et la durée. Les scientifiques ont découvert que certains niveaux de cytokine étaient plus bas chez les patients souffrant de forme légère à modérée du SFC que le groupe contrôle, mais plus haute chez des patients avec une forme grave du SFC.
17 cytokines
En comparant les patients avec le groupe contrôle, les chercheurs ont observé que seulement 2 parmi les 51 cytokines mesurées étaient différentes entre les 2 groupes. Le tumor growth factor beta (TGF-beta), une cytokine, était plus concentrée et une autre cytokine, la resistin, était moins concentrée chez les patients que dans le groupe contrôle. Néanmoins, les scientifiques ont observé que 17 cytokines avaient une capacité d’évaluer la gravité de la maladie. Parmi ces 17, 13 sont des molécules pro-inflammatoires.
L’une des cytokines, dont son niveau caractérise la gravité de la maladie, était la leptine. Il s’agit d’une molécule sécrétée par les tissus graisseux qui porte aussi le nom d’ « hormone de la satiété » . Un aspect aussi intéressant est qu’en général la leptine est présente en plus grande quantité chez la femme que chez l’homme, peut-être une explication pourquoi la maladie touche davantage les femmes.
Cette étude a été publiée le 31 juillet 2017 dans le journal scientifique spécialisé Proceedings of the National Academy of Sciences.
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Le 4 août 2017. Par Xavier Gruffat (Pharmacien). Sources : communiqué de presse de l’étude, dossier complet sur le syndrome de fatigue chronique de Creapharma.ch (sources en bas du dossier)
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