SAN DIEGO – Une étude internationale avec une direction française a montré que les anomalies des glandes salivaires détectées par échographie dans le syndrome de Sjögren primaire s’aggravent avec le temps et que la maladie à évolution lente commence probablement bien avant qu’elle ne soit détectée pour la première fois. Cette étude est présentée lors du congrès des rhumatologues américains, ACR Convergence 2023 (référence Abstract #1371), qui se tient cette année en novembre 2023 à San Diego en Californie. En général, une étude présentée pendant un congrès n’est pas encore publiée dans une revue scientifique, la publication a généralement lieu après quelques mois. Creapharma.ch couvre l’événement.
Le syndrome de Sjögren, parfois appelé maladie de Sjögren, est une maladie auto-immune systémique. Elle se caractérise par une inflammation des glandes lacrymales et salivaires, entraînant une sécheresse chronique des yeux et de la bouche. La fatigue est fréquente, et environ un tiers des patients présentent des complications affectant les poumons, la peau, les reins et les articulations. Jusqu’à 60% des patients peuvent développer des symptômes systémiques (généralisés).
L’échographie des glandes salivaires (SGUS selon l’acronyme anglais) est une méthode sûre et non invasive pour diagnostiquer et surveiller le syndrome de Sjögren. Pourtant, on ne sait pas si les anomalies qu’elle détecte deviennent plus notables avec le temps. La professeur de rhumatologie Valérie Devauchelle-Pensec, du département d’immunologie clinique et de rhumatologie à l’Université de Brest Occidentale et à l’hôpital de la Cavale Blanche à Brest, en France, a conçu une étude internationale transversale pour le savoir.
Lésions sévères
“Je m’occupe depuis des années de patients atteints du syndrome de Sjögren, et je suis toujours surprise de constater que lorsque je les vois au début de leur maladie, leur première échographie de la glande salivaire montre des lésions sévères”, explique la Prof. Devauchelle-Pensec. “J’ai également de nombreux patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR). Dans la PR, les articulations sont détruites, mais pas au début de la maladie. Le syndrome de Sjögren semble différent. Je me suis demandé : “Quand la maladie commence-t-elle vraiment et les lésions évoluent-elles ou non avec le temps ?”. Beaucoup de mes collègues experts dans le syndrome de Sjögren et en échographie ont accepté de participer à l’étude.”
Etude
Entre mai 2019 et février 2022, 247 patients issus de 11 centres internationaux ont été inscrits consécutivement à l’étude. La plupart étaient des femmes, avec un âge médian de 58 ans. Près de 100% des patients ont signalé une sécheresse buccale ; 75% présentaient un flux salivaire anormal et 85% étaient positifs aux auto-anticorps anti-SSA, une caractéristique du syndrome de Sjögren. Le score médian d’activité du syndrome de Sjögren EULAR (ESSDAI) était de 3, ce qui suggère une faible activité de la maladie. Les anomalies fonctionnelles de la parotide et de la glande submandibulaire détectées par échographie ont été classées selon le score OMERACT (Outcome Measures in Rheumatology) le plus récent, un système de notation semi-quantitatif à quatre niveaux.
Les patients ont ensuite été regroupés en fonction de la durée de la maladie depuis le début des symptômes de sécheresse buccale.
– Groupe A : moins de cinq ans (47 patients)
– Groupe B : cinq à neuf ans (69 patients)
– Groupe C : de 10 à 20 ans (78 patients)
– Groupe D : plus de 20 ans (53 patients)
Lorsque les chercheurs ont examiné la glande la plus sévèrement touchée pour chaque patient, ils ont trouvé une association significative entre la durée de la maladie et le score OMERACT. Le rapport de cotes pour la progression au cours d’un intervalle de cinq ans était de 1,23. Il n’y avait pas de différence statistique entre les groupes par rapport aux différents paramètres échographiques, à l’exception de la proportion de bandes hyperéchogènes, qui sont associées à des lésions dans le cas d’un Sjögren établi.
Commence avant la découverte…
La Prof. Devauchelle-Pensec explique dans un communiqué de presse : “Pour moi, cela signifie que le syndrome de Sjögren commence bien avant qu’on ne le découvre, et qu’il est donc important de traiter les patients tôt.”
Elle ajoute que l’étude souligne l’importance d’ajouter les résultats de l’échographie aux critères de classification du syndrome de Sjögren et la nécessité de mieux comprendre le moment où la maladie commence.
Dans la conférence de presse qui s’est tenue le 13 novembre 2023 au congrès ACR Convergence, la Prof. Devauchelle-Pensec a relevé, qu’au début, les lésions dans les glandes salivaires étaient de type inflammatoire puis avec le temps elles évoluaient vers une forme plus fibreuse. Ces résultats pourraient permettre d’obtenir des traitements plus ciblés en fonction de l’avancée du syndrome de Sjögren. On utilise déjà parfois des corticoïdes pour traiter le syndrome de Sjögren.
Le 13 novembre 2023. Source : communiqué de presse en anglais. Adapté en français par : Xavier Gruffat (pharmacien). Relecture : Seheno Harinjato (Rédactrice chez Creapharma.ch, responsable infographies). Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch), Prof. Valérie Devauchelle-Pensec (divulgation de ACR).
Ces informations vous sont présentées par Creapharma.ch et ne sont pas sponsorisées par l’American College of Rheumatology (ACR), ni n’en font partie.