BOSTON / MASSACHUSETTS – La spiritualité devrait être intégrée dans les soins prodigués lors de maladies graves et pour la santé en général selon une étude menée par des chercheurs de l’école de santé publique T.H. Chan de Harvard et de l’hôpital Brigham and Women’s. Cette étude publiée le 12 juillet 2022 dans le journal JAMA (DOI : 10.1001/jama.2022.11086) représente l’analyse systématique la plus rigoureuse et la plus complète à ce jour de la littérature moderne concernant la santé et la spiritualité.
D’après le prof. Tracy Balboni, auteur principal de l’étude, médecin principal au Dana-Farber/Brigham and Women’s Cancer Center et professeur de radio-oncologie à la Harvard Medical School, les résultats de cette recherche indiquent que l’attention portée à la spiritualité dans les maladies graves et dans la santé devrait être une partie essentielle des futurs soins centrés sur la personne dans son intégralité. Par ailleurs, ces résultats devraient stimuler plus de discussions nationales et de progrès sur la façon dont la spiritualité peut être intégrée dans ce type de soins sensibles à la valeur.
Prise en charge de la personne dans son ensemble
Le prof. Tyler VanderWeele, professeur d’épidémiologie John L. Loeb et Frances Lehman Loeb dans les départements d’épidémiologie et de biostatistique de la Harvard Chan School explique que la spiritualité est importante pour de nombreux patients lorsqu’ils pensent à leur santé. Se concentrer sur la spiritualité dans les soins de santé signifie ainsi prendre soin de la personne dans son ensemble, et non seulement de sa maladie.
Il faut préciser que selon la Conférence internationale de consensus sur le soin spirituel dans les soins de santé, la spiritualité est « la façon dont les individus recherchent un sens ultime, un but, une connexion, une valeur ou une transcendance. » Cela peut inclure la religion organisée, mais va bien au-delà pour inclure les moyens de trouver un sens ultime en se connectant, par exemple, à la famille, à la communauté ou à la nature.
Vie plus saine, plus grande longévité
Dans l’étude, les chercheurs ont systématiquement identifié et analysé les preuves de la plus haute qualité sur le rôle de la spiritualité dans les maladies graves et la santé, publiées entre janvier 2000 et avril 2022. Sur les 8’946 articles concernant les maladies graves, 371 répondaient aux critères d’inclusion stricts de l’étude, tout comme 215 des 6’485 articles axés sur les résultats en matière de santé.
Un groupe structuré et multidisciplinaire d’experts, appelé panel Delphi, a ensuite examiné les preuves collectives les plus solides et a proposé des implications consensuelles pour la santé et les soins de santé.
Ils ont noté que, chez les personnes en bonne santé, la participation à une communauté spirituelle – illustrée par la participation à des services religieux – est associée à une vie plus saine, y compris une plus grande longévité, moins de dépression et de suicide, et moins de consommation de substances. Pour de nombreux patients, la spiritualité est importante et influence les résultats clés de la maladie, tels que la qualité de vie et les décisions relatives aux soins médicaux. Les implications du consensus comprennent l’intégration des considérations de spiritualité dans le cadre des soins de santé centrés sur le patient et la sensibilisation des cliniciens et des professionnels de la santé aux avantages protecteurs de la participation à la communauté spirituelle.
Soins sensibles aux valeurs
Le panel de 27 membres était composé d’experts en spiritualité et en soins de santé, en santé publique ou en médecine, et représentait une diversité de points de vue spirituels/religieux, y compris spirituel-non-religieux, athée, musulman, catholique, diverses confessions chrétiennes et hindou.
Selon les chercheurs, le simple fait de poser des questions sur la spiritualité d’un patient peut et doit faire partie des soins centrés sur le patient et sensibles aux valeurs. Les informations glanées au cours de la conversation peuvent guider la prise de décisions médicales ultérieures, y compris, mais sans s’y limiter, la notification à un spécialiste de l’accompagnement spirituel. Les spécialistes de l’accompagnement spirituel, tels que les aumôniers, sont formés pour fournir des soins pastoraux cliniques à divers patients, qu’ils soient spirituels, non religieux ou issus de diverses traditions religieuses. Les aumôniers eux-mêmes représentent une variété de contextes spirituels, y compris laïques et religieux.
« En négligeant la spiritualité, les patients se sentent déconnectés du système de soins de santé et des cliniciens qui tentent de les soigner », a déclaré le prof. Koh. L’intégration de la spiritualité dans les soins peut ainsi aider chaque personne à avoir une meilleure chance d’atteindre un bien-être complet et d’arriver au meilleur niveau de santé possible.
Références & Sources :
– Journal JAMA (DOI : 10.1001/jama.2022.11086)
– Dana-Farber/Brigham and Women’s Cancer Center
– Harvard Medical School
– Harvard Chan School
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Seheno Harinjato (rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies), rédaction Creapharma.ch.
Date de dernière mise à jour du dossier :
18.07.2022
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