Le rôle du podologue en Suisse dans la prise en charge de la goutte et d’autres maladies

La goutte est une maladie qui peut être extrêmement douloureuse. C’est la forme la plus fréquente d’arthrite inflammatoire. La goutte est provoquée par un taux trop élevé d’acide urique dans le sang (hyperuricémie), en général lorsqu’il est supérieur à 6,8 mg/dl. Avec ce taux élevé, il peut s’en suivre une cristallisation de l’acide urique au niveau des articulations et en particulier à la base du grand orteil. Même si le médecin généraliste (de famille) ou rhumatologue jouent la plupart du temps un rôle central, le podologue peut compléter efficacement la prise en charge car la goutte touche le plus souvent le pied. Rappelons qu’en Suisse le podologue est un spécialiste des soins et de l’étude du pied ainsi que de ses affections. Creapharma.ch a pu poser quelques questions à deux podologues suisses – Madame Myriam Rossat qui est la présidente actuelle de la Société Suisse des Podologues (SSP) et Madame Mme Gaëtane Voirol – sur la goutte, le pied diabétique et la profession de podologue en général en Suisse.

Creapharma.ch Est-ce facile de reconnaître un patient qui souffre de goutte comme podologue ?
Mmes Rossat et Voirol – En général c’est le patient qui informe le podologue qu’il souffre de goutte car il est déjà allé chez son médecin généraliste avant de venir chez son podologue pour ce type de diagnostic.

Et dans votre pratique quotidienne, est-ce que vous voyez beaucoup de patients avec de la goutte ?
Non, environ 2 à 3 fois par année.

Que faites-vous si vous voyez un patient avec de la goutte ? Est-ce que vous l’envoyez chez un médecin de famille ou un rhumatologue (le spécialiste des maladies articulaires comme la goutte) ?
S’il a une crise, normalement il s’est déjà rendu chez son médecin pour cela. Si ce n’est pas le cas, le podologue l’envoie chez son médecin traitant qui fera un bon de délégation pour un rhumatologue selon le modèle de couverture d’assurance maladie du patient. Si le patient est déjà suivi par un rhumatologue, le podologue lui conseillera d’aller directement chez lui.

Comment se passe en général votre collaboration avec les médecins (en Suisse), que cela soit pour la goutte ou d’autres maladies comme le diabète ?
Lors de douleur ainsi que d’autres signes inflammatoires, le podologue incitera le patient à voir son médecin mais il n’y aura pas forcément une collaboration directe du podologue avec le médecin.
Le podologue proposera des moyens thérapeutiques comme la confection d’appareillages en silicone, de semelles de décharge pour améliorer le confort du patient.
Pour pouvoir communiquer de façon optimale avec le médecin, le type de collaboration doit être préalablement établie et définie entre les partenaires de soins (rapport par mail, lettre aux patients, appel téléphonique).
L’augmentation de la charge administrative chez les médecins complique cependant passablement la possibilité de transmission des informations entre les podologues et les médecins. Depuis l’entrée en vigueur de l’ordonnance pour le remboursement des podologues par l’assurance de base pour les pieds diabétiques, les podologues sont amenés à collaborer davantage avec les médecins traitants et les médecins diabétologues. Cette procédure de collaboration doit être cependant améliorée pour une prise en charge optimale du patient.

Finalement, parlez-nous un peu de votre profession, pas toujours très bien connue du grand public et des autres professions médicales. En Suisse romande, pour devenir podologue il faut suivre une école de plusieurs années (à Genève – plus d’infos sur leur site Internet). Est-ce qu’il y a aussi des médecins podologues ? Si oui, peut-être ils s’appellent plutôt : “Rhumatologue spécialiste du pied” ou “Podiatre” (en anglais des Etats-Unis podiatrist) ?
Non, en Suisse il n’y a pas de médecin-podologue. Les médecins spécialistes du pied sont les chirurgiens-orthopédistes. Ils n’ont pas besoin de cette formation ni de ce titre car ils en ont un spécifique à la législation suisse. Dans notre pays, le diplôme de podologue s’obtient dans une école ES et ne permet pas de pratiquer la chirurgie contrairement à d’autres pays comme les Etats-Unis qui ont une formation universitaire. Les formations peuvent varier selon les pays, par exemple une formation universitaire pour devenir médecin, et permettant de faire certains actes tels que la chirurgie du pied. En Suisse le terme « podiatre » n’est pas utilisé car les médecins spécialistes du pied ont le titre de « chirurgien-orthopédiste ».
Les podologues suisses n’ont ni une formation, ni une législation leur permettant de devenir médecin ou chirurgien. La loi suisse ne le prévoit pas et si tel était le cas, est-ce que les chirurgiens-orthopédistes seraient d’accord de laisser d’autres profession toucher à leur prérogative ?

Le 2 décembre 2022. Creapharma.ch remercie Mmes Rossat et Voirol pour cette interview, réalisée par e-mail entre la fin novembre et début décembre 2022.


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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 02.12.2022
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