LONDON (CANADA) – Dans l’une des plus grandes études réalisées sur le microbiote humain (anciennement appelé flore intestinale), une équipe de chercheurs internationaux ont montré un lien potentiel entre les personnes âgées en bonne santé et un intestin sain. L’analyse de la diversité du microbiote pourrait devenir un jour aussi important qu’un bas taux de cholestérol indique une bonne santé cardiovasculaire et agir comme biomarqueur.
3 à 100 ans
Des chercheurs de la Western University et du Lawson Research Institute à London au Canada ainsi que du Tianyi Health Science Institute à Zhenjiang en Chine ont participé à cette étude. Les scientifiques ont étudié les bactéries intestinales provenant d’une cohorte de plus de 1’000 Chinois âgés de 3 à 100 ans. Tous ces participants se sont définis comme étant en excellente santé, c’est-à-dire notamment sans maladie connue et sans cas de maladie dans la famille comme les parents. Les résultats de l’étude ont montré une corrélation directe entre la santé des participants et le microbiote intestinal.
« L’oeuf ou la poule ? »
« Le but est d’amener de nouvelles méthodes de diagnostic du microbiome à la population, puis d’utiliser l’alimentation et les probiotiques pour essayer d’améliorer des biomarqueurs de la santé, » explique le Prof. Gregor Reid de la Western University dans un communiqué de presse de l’étude. Il poursuit : « Cela soulève la question – si vous pouvez rester actif et bien manger, vous allez mieux vieillir, ou est-ce c’est le fait de bien vieillir qui est influencé par vos bactéries intestinales ? »
Un microbiote de jeune
Cette étude a aussi montré que la composition générale de la microbiote intestinale chez des participants âgés en bonne santé était identique a celles de personnes des dizaines d’années plus jeunes (environ 30 ans). De plus, le microbiote intestinal variait peu entre les participants en bonne santé âgés de 30 ans et ceux de plus de 100 ans.
« La conclusion principale est que si vous êtes ridiculement en bonne santé et vous avez 90 ans, votre microbiote intestinal n’est pas très différent d’une personne saine de 30 ans dans la même population, » explique dans le communiqué le Prof. Greg Gloor de la Western’s Schulich School of Medicine & Dentistry. Il est le chercheur principal de cette étude. Les scientifiques ignorent s’il s’agit de la cause ou de l’effet, mais les auteurs remarquent qu’il s’agit de la diversité du microbiote intestinal qui est restée la même à travers leur groupe d’étude (cohorte).
« Cela démontre que le maintien d’une diversité dans votre intestin avec l’âge est un biomarqueur d’un vieillissement sain, tout comme un bas taux de cholestérol est un biomarqueur d’un système circulatoire sain, » relève le Prof. Gloor.
« Reset »
Les scientifiques suggèrent que réinitialiser (reset en anglais) le microbiote intestinal d’une personne âgée avec les bactéries d’un jeune de 30 ans pourrait mener à une meilleure santé.
Cette étude a été publiée online le 27 septembre 2017 dans le journal scientifique mSphere (DOI : 10.1128/mSphere.00327-17).
Microbiote du tissu mammaire
Le microbite intéresse beaucoup les chercheurs avec de nombreuses études publiées à ce sujet ces dernières années. On peut citer par exemple une étude publiée le 5 octobre 2017 qui a montré que les femmes souffrant de cancer du sein avaient dans leur tissu mammaire une concentration plus faible de la bactérie Methylbacterium que les femmes sans cancer. Le rôle ou l’effet joué par les bactéries situées dans le tissu mammaire (microbiote mammaire) et le cancer du sein n’est pas encore connu. Lire davantage (sous Autre microbiote)
Le 13 octobre 2017. Par Xavier Gruffat (Pharmacien). Source : communiqué de presse de l’étude. Référence étude : mSphere (DOI : 10.1128/mSphere.00327-17) – American Society for Microbiology Journals.
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