Des médicaments bêta-bloquants contre les excès de violence (étude)

Une étude a montré une association entre l’utilisation de bêta-bloquants (β-bloquants) et des taux de violence plus faibles. Les bêta-bloquants sont indiqués dans de nombreuses maladies, notamment cardiaques, comme l’hypertension, l’angine de poitrine ou l’insuffisance cardiaque. Ils sont souvent utilisés pour l’anxiété et ont été suggérés pour la dépression et l’agression, mais les preuves sont contradictoires. Cette classe de médicaments bloque l’action des neurotransmetteurs du système adrénergique comme par exemple l’adrénaline. Des bêta-bloquants célèbres sont notamment le propranolol, l’aténolol, le carvédilol ou le bisoprolol.

Etude

Des réductions de la violence ont été observées chez les personnes utilisant des médicaments bêta-bloquants adrénergiques (β-bloquants) par rapport aux périodes où elles ne prennent pas le médicament, selon une étude publiée le 31 janvier 2023 dans la revue en libre accès PLOS Medicine (DOI : 10.1371/journal.pmed.1004164). Si les résultats sont confirmés par d’autres études, les bêta-bloquants pourraient être considérés comme un moyen de gérer l’agressivité et l’hostilité chez les personnes souffrant de troubles psychiatriques.

Suède

Des chercheurs de l’Université d’Oxford au Royaume-Uni et de l’Institut Karolinska en Suède ont étudié les résultats psychiatriques et comportementaux : hospitalisations pour troubles psychiatriques, comportement suicidaire et décès par suicide, et accusations de crimes violents. Ils ont comparé 1,4 million de consommateurs de bêta-bloquants en Suède à eux-mêmes pendant des périodes médicamenteuses et non médicamenteuses sur une période de huit ans, de 2006 à 2013.

Résultats

Les périodes sous traitement par bêta-bloquants ont été associées à un risque inférieur de 13% d’être accusé d’un crime violent par la police, ce qui est resté constant dans toutes les analyses. De plus, un risque inférieur de 8% d’être hospitalisé en raison d’un trouble psychiatrique a été signalé, ainsi qu’une association accrue de 8% d’être traité pour un comportement suicidaire. Toutefois, ces associations variaient en fonction du diagnostic psychiatrique, des problèmes psychiatriques antérieurs, ainsi que de la gravité et du type de la maladie cardiaque que les bêta-bloquants servaient à traiter.

Etudes précédentes

Des recherches antérieures ont établi un lien entre les événements cardiaques graves et un risque accru de dépression et de suicide, et ces résultats pourraient suggérer que la détresse psychologique et les autres handicaps associés aux problèmes cardiaques graves, plutôt que le traitement par bêta-bloquants, augmentent le risque d’événements psychiatriques graves. Dans les analyses secondaires, les associations avec l’hospitalisation étaient plus faibles pour les troubles dépressifs majeurs mais pas pour les troubles anxieux.

Afin de comprendre le rôle des bêta-bloquants dans la gestion de l’agression et de la violence, d’autres études comprenant des essais contrôlés randomisés (le gold standard en médecine) sont nécessaires. Si celles-ci confirment les résultats de cette étude, les bêta-bloquants pourraient être envisagés pour gérer l’agressivité et la violence chez certains individus.

Le 1er février 2023. Par Xavier Gruffat (pharmacien). Source primaire : communiqué de presse de l’étude en anglais (adaptation complète dans la news publiée sur Creapharma.ch), étude PLOS Medicine (DOI : 10.1371/journal.pmed.1004164). Sources secondaires : Wikipedia.org, Revmed.ch. Crédit photo : Adobe Stock.

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 01.02.2023
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