La Covid-19 ne se présente pas toujours sous la même forme chez tous les patients. Si l’OMS distingue principalement trois catégories de malades : les cas asymptomatiques, les formes bénignes ou modérées et les formes graves avec risque de décès, le temps de guérison peut pourtant être très long pour certaines personnes considérées comme souffrant d’une forme bénigne de la maladie. Dans ces cas de long Covid ou long Covid (en anglais Long-Hauler, Hauler voulant dire transporteur), des symptômes problématiques pour les patients peuvent ainsi persister pendant plusieurs semaines, voire des mois et peut-être des années (l’avenir le dira), même en l’absence de complications graves pour la santé. On parle aussi de syndrome post-Covid. Certains symptômes pourraient même apparaître chez des personnes asymptomatiques, comme si les symptômes se développaient des semaines après l’infection1.
Toux, fatigue et essoufflement
Parmi les symptômes qui perdurent figurent notamment la toux, la fatigue et dans une moindre mesure l’essoufflement. Certains témoignages de patients touchés par une Covid-19 persistante confirment être victimes d’essoufflement après un effort moindre alors qu’ils étaient très sportifs avant la maladie. Les premières semaines, ce sont les symptômes typiques de l’infection qui se manifestent tels que la fièvre, la toux, la perte d’odorat (lire ci-dessous aussi), la diarrhée, les maux de tête ou les nausées, mais par la suite la fatigue se fait de plus en plus ressentir comme si toute l’énergie était épuisée. Même les gestes simples du quotidien deviennent difficiles et d’autres troubles comme la perte de mémoire et le manque de concentration surviennent comme on le verra en détail ci-dessous. Ces patients atteints d’une forme plus longue de la Covid-19 peuvent sembler se remettre à un moment donné avant que les symptômes ne réapparaissent à nouveau ensemble ou par vagues, et s’amplifient.
Perte d’odorat
Selon une étude publiée le 5 janvier 2021 dans le Journal of Internal Medicine (DOI : 10.1111/joim.13209), la durée moyenne de la dysfonction olfactive signalée par les patients était de 21,6 jours, mais près d’un quart des patients touchés ont déclaré ne pas avoir retrouvé leur odorat 60 jours après l’avoir perdu. A noter que ce symptôme de perte ou troubles de l’odorat figure parmi les manifestations les plus courantes de la Covid-19. Cette étude révèle aussi que la perte d’odorat est surtout présente chez les patients avec des symptômes légers. D’après l’auteur principal de l’étude, dans 95% des cas, les patients récupèrent leur odorat 6 mois après l’infection. Cela veut aussi dire qu’une minorité ne récupère, en tout cas pour le moment (la Covid-19 comme son nom l’indique date de fin 2019), pas l’odorat. Le 3 janvier 2021, le Journal de France 2 a diffusé le témoignage d’un Français qui a eu des symptômes graves de la Covid-19 avec une longue hospitalisation et qui plus de 6 mois après l’apparition des premiers symptômes n’avait toujours pas retrouvé le goût ni l’odorat. Le Journal de France 2 précisait que les médecins ignoraient encore la cause exacte de ces troubles de l’odorat.
Formes graves et séquelles, fibrose
Une étude suisse parue online le 8 janvier 2021 dans le journal European Respiratory Journal (DOI : 10.1183/13993003.03690-2020) révèle aussi, après l’analyse des données de 9 hôpitaux, que même après plusieurs mois, la Covid-19 peut encore laisser des traces dans les poumons. Certaines personnes ont ainsi du mal à absorber l’oxygène après plusieurs mois suite à infection aiguë. L’étude a montré qu’une forme sévère de la Covid-19 peut mener à des séquelles durables sur l’absorption d’oxygène par les poumons, même quatre mois après. Le traitement et le suivi à long terme de ces patientes et patients sont impératifs et urgents, relève un communiqué de presse de l’étude. Dans des cas graves de Covid-19, il est possible que certains patients aient des séquelles permanentes au niveau du poumon, notamment l’apparition de fibrose pulmonaire. Une maladie chronique caractérisée par des cicatrices dans le tissu pulmonaire2.
Maux de dos
Souvent évoqué comme un symptôme assez inattendu, le mal de dos peut apparaître chez les personnes atteintes de « long Covid » ou de forme modérée ou grave de la Covid-19. Ces maux sont le plus souvent associés à des douleurs musculaires générales, reconnues par l’OMS comme un symptôme à part entière de la Covid-19. Une étude menée en Chine sur près de 56’000 personnes a, en effet, montré que plus de 15% ont souffert de courbatures et de douleurs musculaires quand elles étaient malades. Ce mal de dos pourrait s’expliquer par une réponse du corps au virus pouvant se manifester par des frissons, des tremblements, une mobilité difficile ou des courbatures et des douleurs articulaires dans le dos et les jambes. Avoir mal au dos ne signifie cependant pas qu’il s’agit systématiquement du coronavirus. Lors de cette infection, la douleur ressemble plus à des crampes ou des spasmes qui affectent les muscles du dos. Boire beaucoup, se reposer et appliquer un coussin chauffant ou prendre du paracétamol pourrait aider à soulager la douleur.
Problèmes cérébraux (brain fog)
Si la perte de goût et d’odeur font partie des symptômes neurologiques les plus courants en cas de Covid-19, d’autres troubles comme les brouillards cérébraux (brain fog) menant notamment à des problèmes de concentration, des pertes de mémoire et même des hallucinations. Des délires peuvent apparaître chez les personnes concernées par une infection de longue durée tout comme de l’anxiété ou de la dépression. Selon une vidéo du Wall Street Journal publiée fin décembre 2020 citant des médecins, les origines de ces problèmes cérébraux ne sont pas encore totalement connus. On estime toutefois que ces troubles pourraient provenir d’une inflammation au niveau de l’enveloppe cérébrale, pour être précis de la barrière hémato-encéphalique, suite à une inflammation de l’ensemble de l’organisme par le virus à l’origine de la Covid-19. Cette barrière devient inflammée et pourrait être à l’origine des symptômes cérébraux. Par contre une pénétration directement du virus dans le cerveau, menant à une encéphalite, est très rare. Ces résultats se basent notamment sur l’analyse de patients ayant souffert du SARS au début des années 2000.
Troubles cardiaques et rénaux
Des troubles cardiaques comme de l’insuffisance cardiaque aiguë ou une myocardite peuvent apparaître chez des patients ayant souffert de Covid-19. Une étude allemande réalisée sur 100 patients rétablis de la Covid-19 a montré que 78% présentaient une forme d’anomalie cardiaque plus de 2 mois après l’infection, y compris chez des patients ayant eu des symptômes légers. Cette étude a été publiée en juillet 2020 dans le journal scientifique JAMA Cardiology (DOI : 10.1001/jamacardio.2020.3557). Certains personnes meurent de ces complications cardiaques provoquées par la Covid-19. Des complications rénales graves ont aussi été observées, menant certains patients à être dialysés. Ces troubles cardiaques et rénaux ont une forte tendance à apparaître davantage dans les formes graves de la Covid-19, ayant notamment nécessités une hospitalisation.
Des points communs chez les jeunes
Un article du journal The Atlantic, paru en juin 2020, rapporte les témoignages de nombreuses personnes touchées par ce « long Covid » (Long-Hauler). La plupart des personnes qui ont témoigné affirment n’avoir présenté aucune complication ayant nécessité des soins intensifs ou le recours à un respirateur. Leur cas peut ainsi être considéré comme bénin alors que les symptômes s’aggravent et persistent pendant longtemps. Un grand nombre sont aussi jeunes, entre 30 à 49 ans, et se considèrent comme ayant été complètement exclus des statistiques et des inquiétudes exprimées face à la pandémie. En effet, le fait que leur cas ne se conforme pas au profil typique d’un patient de la maladie les expose également à l’incrédulité et à l’incompréhension de leur entourage et des professionnels de santé, ce qui amplifie le stress et l’anxiété causés par l’infection. Par ailleurs, outre les problèmes respiratoires, les symptômes sont nombreux comme les problèmes cardiaques et cérébraux (brain fog) ou les problèmes intestinaux.
Des groupes de soutien se sont formés sur des réseaux comme Slack ou Facebook pour accompagner les patients qui luttent contre ces coronavirus de longue durée. Une leçon à tirer de ce phénomène de « long Covid » serait qu’il ne faut pas baisser la garde face aux cas qualifiés de bénins ou de légers de la Covid-19. Il est essentiel de s’isoler de manière systématique et de suivre autant que possible toutes les recommandations liées au traitement et à la lutte contre la transmission du virus. Pour les personnes confrontées à une forme persistante du coronavirus, il est conseillé, si possible, de tenir un carnet pour marquer l’évolution des symptômes et en discuter avec les médecins pour un meilleur accompagnement.
Références & Sources :
The Atlantic, Mayo Clinic, Journal de France 2, Prevention.com, The Wall Street Journal.
Références : les références sont mentionnées dans l’article avec le no DOI.
Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (Rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies), relecture le 8 janvier 2021 par Xavier Gruffat (pharmacien)
Date de dernière mise à jour du dossier :
22.04.2021
Crédits photos :
Creapharma.ch, Adobe Stock, © 2020 Pixabay
Crédit infographie :
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch)