Le lithium présent dans l’eau potable contribuerait à la baisse du taux de suicide

SUSSEX (Royaume-Uni) – Le lithium naturellement présent dans l’eau potable publique pourrait avoir un effet anti-suicidaire – selon une nouvelle étude de la Brighton and Sussex Medical School (BSMS) et de l’Institut de psychiatrie, de psychologie et de neurosciences du King’s College de Londres. Les résultats ont été publiés dans le British Journal of Psychiatry (DOI : 10.1192/bjp.2020.128) le 27 juillet 2020.

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Une amélioration de la santé mentale

Cette étude qui a rassemblé des recherches du monde entier a révélé que les zones géographiques où le niveau ou la concentration de lithium dans l’eau potable publique était relativement élevé présentaient des taux de suicide plus faibles. Le professeur Anjum Memon, auteur principal de l’étude, considère comme prometteur le fait que des niveaux plus élevés de lithium à l’état de trace dans l’eau potable puissent exercer un effet anti-suicide et avoir le potentiel d’améliorer la santé mentale de la communauté. En effet, la prévalence des problèmes de santé mentale et les taux de suicide nationaux sont en augmentation dans de nombreux pays. Dans le monde, plus de 800’000 personnes se suicident chaque année, et le suicide est la première cause de décès chez les personnes âgées de 15 à 24 ans.

Des propriétés anti-agressives et anti-impulsives

Avec la pandémie actuelle de la Covid-19 et l’augmentation conséquente de l’incidence des troubles de santé mentale, il est de plus en plus important d’accéder à des moyens d’améliorer la santé mentale communautaire et de réduire l’incidence de l’anxiété, de la dépression et du suicide, selon les chercheurs. Le lithium, parfois appelé « Magic Ion », est largement et efficacement utilisé comme médicament pour le traitement et la prévention des épisodes maniaques et dépressifs, stabilisant l’humeur et réduisant le risque de suicide chez les personnes souffrant de troubles de l’humeur. Ses propriétés anti-agressives peuvent contribuer à réduire l’impulsivité, l’agressivité, les comportements criminels violents et l’abus chronique de substances.

Présent dans l’alimentation

Le lithium présent dans l'eau potable contribuerait à la baisse du taux de suicideLe lithium est un élément naturel que l’on trouve en quantité variable dans les légumes, les céréales, les épices et l’eau potable. Il est présent à l’état de traces dans pratiquement toutes les roches. Il se trouve aussi dans le sol, les eaux souterraines et les eaux stagnantes, et donc dans l’approvisionnement public en eau.
Les bienfaits pour la santé et les pouvoirs curatifs du lithium naturellement présent dans l’eau sont connus depuis des siècles. Les sources de Lithia, une ancienne source médicinale sacrée des Amérindiens, avec son eau naturelle enrichie en lithium, sont réputées pour leurs propriétés bénéfiques pour la santé. De même, la boisson gazeuse populaire 7-Up contenait du lithium lors de sa création en 1929.

Un effet préventif

Des études récentes ont également établi un lien entre le lithium et la réduction de l’incidence de la maladie d’Alzheimer et d’autres démences. Cela augmente le potentiel de son utilisation préventive pour combattre le risque de démence.

Le professeur Allan Young du King’s College de Londres explique que cette synthèse et cette analyse de toutes les preuves disponibles confirment les conclusions précédentes de certaines études individuelles et montrent une relation significative entre des niveaux de lithium plus élevés dans l’eau potable et des taux de suicide plus faibles dans la communauté. Les niveaux de lithium dans l’eau potable sont bien inférieurs à ceux recommandés lorsque le lithium est utilisé comme médicament, bien que la durée d’exposition puisse être bien plus longue. Ces résultats concordent également avec les conclusions des essais cliniques selon lesquelles le lithium réduit le suicide et les comportements connexes chez les personnes souffrant de troubles de l’humeur.

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Perspectives

Les prochaines étapes de cette étude pourraient consister à vérifier cette hypothèse par des essais communautaires randomisés de supplémentation en lithium de l’approvisionnement en eau, en particulier dans les milieux où il a été démontré que la prévalence des troubles mentaux, des comportements criminels violents, de l’abus chronique de substances et du risque de suicide est élevée. Cela pourrait fournir des preuves supplémentaires pour soutenir l’hypothèse que le lithium pourrait être utilisé au niveau communautaire pour réduire ou combattre ces phénomènes.

D’après le Prof. Carmine Pariante du King’s College, cette étude montre que les frontières entre les médicaments et les interventions nutritionnelles ne sont plus aussi rigides qu’on le pensait, ce qui ouvre la possibilité de nouveaux traitements couvrant les deux domaines. Une meilleure connaissance des propriétés bénéfiques du lithium et de son rôle dans la régulation des fonctions cérébrales pourrait ainsi conduire à une meilleure compréhension des maladies mentales et améliorer le bien-être des patients souffrant de dépression et d’autres problèmes de santé mentale.

Références & Sources :
British Journal of Psychiatry

Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (Rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies), relecture par Xavier Gruffat (pharmacien)

Date de dernière mise à jour du dossier :
30.07.2020

Crédits photos :
Creapharma.ch, Adobe Stock, © 2020 Pixabay

Crédit infographie : 
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch)

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 30.07.2020
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