MONTRÉAL – Les enfants et les jeunes dont la mère a souffert de diabète gestationnel pendant sa grossesse pourraient courir un risque plus élevé de développer le diabète de type 1, selon une nouvelle étude menée par une équipe de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), dont les résultats ont été publiés le 16 avril 2019 dans la revue CMAJ Canadian Medical Association Journal (DOI : 10.1503/cmaj.181001).
Le dépistage précoce du diabète est important chez les enfants et chez les jeunes, étant donné qu’environ 25 % d’entre eux reçoivent un diagnostic tardif de cette maladie lorsqu’ils ont besoin de soins pour traiter l’acidocétose diabétique ; une complication potentiellement mortelle du diabète, qui se manifeste lorsque l’organisme commence à manquer d’insuline.
Diabète gestationnel : un indicateur de risque de diabète de type 1 chez l’enfant
« On sait déjà que la présence de diabète de type 1 ou de diabète de type 2 chez des parents constitue, pour leurs enfants, un facteur de risque d’être eux aussi atteints de cette maladie. Avec les résultats de notre étude, nous démontrons que le diabète gestationnel peut également être un indicateur de risque de diabète de type 1 chez l’enfant », explique l’auteure principale de l’étude, la Dre Kaberi Dasgupta, directrice du Centre de recherche évaluative en santé (CRES) à l’IRCUSM et professeure agrégée à la Faculté de médecine de l’Université McGill. « Nous avons trouvé qu’un enfant ou un adolescent dont la mère avait été atteinte de diabète gestationnel était presque deux fois plus susceptible de développer le diabète avant l’âge de 22 ans. »
L’étude dont il est ici question, qui portait sur 73’180 mères, a comparé les données provenant du Québec (de 1990 à 2012) concernant des naissances simples choisies de manière aléatoire au sein d’une population de mères ayant été atteintes de diabète gestationnel et d’autres n’ayant pas eu cette maladie pendant leur grossesse. L’incidence — le nombre de nouveaux cas –du diabète par tranche de 10 000 personnes/années était de 4,5 enfants nés d’une mère ayant eu le diabète gestationnel et de 2,4 chez les autres.
« Seul un petit nombre d’enfants développeront un diabète avant l’âge de 22 ans, même si leur mère est atteinte de diabète gestationnel », explique la Dre Meranda Nakhla, co-auteure de l’étude, qui est endocrinologue pédiatre à l’Hôpital de Montréal pour enfants du CUSM et professeure adjointe de pédiatrie à l’Université McGill. « Cependant, les parents et les professionnels de la santé devraient envisager la possibilité de diabète si les jeunes commencent à développer des signes (envie d’uriner de manière fréquente, soif excessive, ou perte de poids), et à plus forte raison si leurs mères avaient un diabète gestationnel. »
Vers un diagnostic précoce
Selon les auteurs de l’étude, les raisons de ce lien entre diabète gestationnel et diabète de type 1 chez l’enfant doivent être examinées lors de futures recherches, mais la preuve de cette association pourrait contribuer à accélérer le diagnostic du diabète chez les jeunes.
« Cette étude, financée par Diabète Canada, est importante, car nous essayons de comprendre les facteurs de risque pour le diabète de type 1, ajoute la Dre Jan Hux, présidente-directrice générale de Diabète Canada. Ces travaux de recherche pourraient faire en sorte que les professionnels de la santé soient plus enclins à tester rapidement les enfants qui présentent des symptômes typiques du diabète et dont la mère a été atteinte de diabète gestationnel, et réduire ainsi la probabilité d’incidents graves comme l’acidocétose diabétique. Nous souhaitons tous ardemment améliorer des vies et obtenir de meilleurs résultats chez les enfants grâce à des travaux de recherche plus approfondis dans ce domaine. »
Le 17 avril 2019. Source : communiqué de presse de l’étude. Référence : journal CMAJ (Canadian Medical Association Journal) (DOI : DOI : 10.1503/cmaj.181001). Crédit photos : Adobe Stock