Une nouvelle étude de l’Université de Floride remet en question la pertinence de l’indice de masse corporelle (IMC), couramment utilisé pour évaluer l’obésité et les risques pour la santé. Selon les résultats publiés le 24 juin 2025 dans le journal The Annals of Family Medicine (DOI : 10.1370/afm.240330), l’IMC ne permet pas de prédire avec fiabilité le risque de mortalité à long terme, ce qui suggère que cette mesure est fondamentalement défaillante.
Une étude de février 2024 publiée dans la revue médicale britannique The Lancet (DOI : 10.1016/S0140-6736(23)02750-2) montrait que l’obésité touche désormais plus d’un milliard de personnes dans le monde, enfants et adolescents compris. En France, selon les chiffres de l’Observatoire français d’épidémiologie de l’obésité (OFÉO), 17,9 % des adultes résidant dans l’Hexagone sont en situation d’obésité en 2024. Considérés simultanément, l’obésité et le surpoids concernent près d’un adulte sur 2 (48,8 %)1.
L’analyse d’impédance bioélectrique (BIA), plus précise
Selon l’étude, une évaluation directe de la graisse corporelle, obtenue grâce à un appareil mesurant la résistance des tissus à un courant électrique faible – une technique appelée analyse d’impédance bioélectrique – offre une précision bien supérieure. De plus en plus utilisée en pratique médicale, cette méthode permet une estimation bien plus fiable de la composition corporelle réelle.
Les résultats montrent que les personnes présentant un taux de masse grasse élevé (mesuré par impédance bioélectrique) ont un risque de décès, toutes causes confondues, accru de 78 % sur une période de 15 ans, par rapport à celles dont la masse grasse est considérée comme saine. Le risque de décès par maladie cardiaque, en particulier, est multiplié par 3,5.
En comparaison, l’IMC s’est révélé être un outil peu fiable. Aucune corrélation significative n’a été observée entre les catégories d’IMC et le risque de mortalité à 15 ans, qu’il s’agisse de causes générales ou spécifiques comme les maladies cardiovasculaires.
Mauvais indicateur pour évaluer la composition corporelle
Les chercheurs ont rigoureusement analysé les données en tenant compte de facteurs comme l’âge, l’origine ethnique et le niveau de revenu. Leur conclusion est sans appel : l’IMC ne devrait plus être utilisé comme mesure de référence pour évaluer la composition corporelle.
« Cette étude est une véritable avancée », a déclaré le professeur Arch Mainous, Ph. D., auteur principal et vice-président à la recherche du département de santé communautaire et de médecine familiale. « C’est comme un test décisif entre deux marques concurrentes : Coca-Cola contre Pepsi. Et l’IMC a perdu. »
L’IMC est calculé en divisant le poids par la taille au carré. Toutefois, cette formule ne distingue pas la masse musculaire de la masse grasse, ce qui en fait un indicateur très approximatif de la santé métabolique.
L’analyse s’est appuyée sur les données de l’Enquête nationale sur la santé et la nutrition (NHANES), associées à l’indice national de mortalité, couvrant un échantillon représentatif de 4’252 adultes américains.
Sources et références :
– Journal The Annals of Family Medicine (DOI : 10.1370/afm.240330)
– Revue médicale britannique The Lancet (DOI : 10.1016/S0140-6736(23)02750-2)
– Article en ligne du magazine Le Point : En France, l’obésité augmente, le surpoids stagne
Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
– Seheno Harinjato (rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies)
Date de dernière mise à jour du dossier :
27.06.2025
Crédits photos :
Creapharma.ch, Adobe Stock, © 2025 Pixabay
Références scientifiques et bibliographie :
- Article en ligne du magazine Le Point : En France, l’obésité augmente, le surpoids stagne, publié le 04 mars 2025, consulté le 27 juin 2025 et le lien fonctionnait à cette date
