NEWARK (NEW JERSEY) – Les personnes atteintes d’une maladie respiratoire chronique ne semblent pas courir un risque plus élevé de présenter une forme grave ou de mourir à cause du coronavirus selon les chercheurs de Rutgers. Dans un article publié dans le Journal of Allergy & Clinical Immunology (DOI : 10.1016/j.jaip.2020.06.008) le 06 juillet 2020, les auteurs mentionnent toutefois que des études plus approfondies sont encore nécessaires.
L’asthme ne serait pas un facteur de risque
D’après cette étude, l’asthme ne semble pas augmenter le risque de contracter le Covid-19 ni en influencer la gravité. Bien que l’âge avancé et certains facteurs comme les maladies cardiaques, l’hypertension, les maladies pulmonaires obstructives chroniques, le diabète et l’obésité peuvent favoriser le développement et la progression du Covid-19, les personnes asthmatiques – même celles dont la fonction pulmonaire est diminuée et qui sont traitées pour gérer l’inflammation asthmatique – ne semblent pas être plus affectées par le SRAS-CoV-2 qu’une personne non asthmatique. Le Dr Reynold A. Panettieri Jr, médecin spécialiste des soins intensifs pulmonaires et directeur de l’Institut Rutgers pour la médecine et la science translationnelle, et co-auteur de l’article explique qu’il existe peu de données sur les raisons de cette situation, qu’elle soit physiologique ou due au traitement de l’inflammation.
Vigilance et distanciation sociale
Selon les chercheurs, les asthmatiques peuvent devenir hyper-vigilants en matière d’hygiène personnelle et de distanciation sociale. La distanciation sociale pourrait améliorer le contrôle de l’asthme puisque les personnes qui se mettent en auto-quarantaine ne sont pas plus exposées aux déclencheurs saisonniers qui comprennent les allergènes ou les virus respiratoires. Il est également prouvé que les gens sont plus attentifs à la prise de leurs médicaments contre l’asthme pendant la pandémie, ce qui peut contribuer à la santé générale.
Quel effet les stéroïdes inhalés peuvent-ils avoir ?
Les corticostéroïdes inhalés, qui sont couramment utilisés pour protéger contre les crises d’asthme, peuvent également réduire la capacité du virus à établir une infection. Cependant, des études ont montré que les stéroïdes peuvent diminuer la réponse immunitaire de l’organisme et aggraver la réponse inflammatoire. Il a également été démontré que les stéroïdes retardent l’élimination du virus du SRAS et du MERS – similaire au SARS-CoV-2 – des voies respiratoires et peuvent donc aggraver le Covid-19. Les études futures devraient permettre de déterminer si les stéroïdes inhalés chez les patients asthmatiques ou allergiques augmentent ou diminuent les risques d’infection par le CoV-2 du SRAS, et si ces effets sont différents selon le type de stéroïde.
L’âge influence-t-il la réaction de l’organisme à l’exposition au virus ?
La sensibilité d’une personne à l’infection par le Covid-19 et la gravité de celle-ci augmentent avec l’âge. Toutefois, comme les asthmatiques sont généralement plus jeunes que les personnes présentant des affections à haut risque, des études ajustées en fonction de l’âge pourraient nous aider à mieux comprendre si l’âge est un facteur expliquant pourquoi les patients asthmatiques ne courent pas un risque accru d’infection.
Les enfants et les jeunes adultes asthmatiques souffrent principalement d’une inflammation allergique, tandis que les adultes plus âgés qui présentent le même type d’inflammation des voies respiratoires peuvent également souffrir d’asthme éosinophile – une forme plus grave. Dans ces cas, les personnes présentent des taux anormalement élevés d’un type de globules blancs qui aident l’organisme à combattre l’infection, ce qui peut provoquer une inflammation des voies respiratoires, des sinus, des voies nasales et des voies respiratoires inférieures, les rendant ainsi potentiellement plus vulnérables à un cas grave de Covid-19.
En outre, une enzyme fixée aux membranes cellulaires dans les poumons, les artères, le cœur, les reins et les intestins, qui s’est avérée être un point d’entrée du SARS-CoV-2 dans les cellules, est augmentée en réponse au virus. On pense que cette enzyme est également bénéfique pour éliminer d’autres virus respiratoires, en particulier chez les enfants. On ne sait pas encore comment cette enzyme affecte la capacité du virus à infecter les personnes atteintes d’asthme.
Qu’en est-il des affections autres que l’asthme ?
L’asthme tend à être associé à beaucoup moins d’autres affections que la bronchopneumopathie chronique obstructive ou les maladies cardiovasculaires. Si le SRAS-CoV-2 est une maladie qui provoque un dysfonctionnement des cellules qui tapissent les vaisseaux sanguins dans tout le corps, alors le diabète, les maladies cardiaques, l’obésité et d’autres maladies associées à cette affection peuvent rendre les personnes plus sensibles au virus que les asthmatiques. Cependant, les personnes âgées asthmatiques qui souffrent également d’hypertension, de diabète ou de maladies cardiaques peuvent présenter des cas de Covid-19 similaires à ceux des personnes non asthmatiques atteintes de ces maladies.
Références & Sources :
Journal of Allergy & Clinical Immunology (DOI : 10.1016/j.jaip.2020.06.008)
Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (Rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies), relecture par Xavier Gruffat (pharmacien)
Date de dernière mise à jour du dossier :
07.07.2020
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Crédit infographie :
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch)