7 informations à connaître sur la dopamine et les risques d’addiction

La dopamine est un neuromodulateur qui joue un rôle unique dans le cerveau. A la différence d’un neurotransmetteur comme la sérotonine qui agit localement par exemple entre deux neurones, la dopamine peut impacter des dizaines de cellules du cerveau. Cette petite molécule influence de nombreux aspects de notre comportement et de notre santé. Elle est surtout connue pour son rôle dans le « système de récompense ». Autrement dit, lorsque nous vivons une expérience agréable ou gratifiante, le cerveau libère de la dopamine, créant ainsi une sensation de plaisir et de satisfaction souvent irrésistible, d’où son autre appellation de « molécule du plaisir »1. Des drogues comme la cocaïne ou l’héroïne, et dans une moindre mesure la caféine, manipulent les niveaux de dopamine dans le cerveau en ralentissant le taux de réabsorption. Mais beaucoup de chercheurs vont désormais contre le seul concept d’une « molécule du plaisir » mais attribuent à la dopamine un rôle plus comportemental et essentiel au développement de l’humanité. Cette molécule nous force à aller de l’avant, à rechercher des choses comme à l’époque de la nourriture et à avoir de l’ambition.

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Evolution

D’un point de vue évolutif, la dopamine devrait plutôt être qualifiée de « molécule de la surprise » ou de « molécule de l’anticipation ». Le cerveau sécrète naturellement de la dopamine lorsqu’il est confronté à des nouveautés ou à des surprises. Par exemple si vous donnez des bonbons soudainement à un enfant, son cerveau va sécréter beaucoup de dopamine mais si vous donnez chaque 10 minutes comme un métronome des bonbons le cerveau produira moins de dopamine. D’où par exemple des addictions parfois graves aux jeux d’argent (ex. machines à sous) ou à la pornographie qui jouent sur ce principe. C’est dans ce cas le côté sombre de la dopamine.

Peu de cellules du cerveau en produit

La dopamine a été découverte dans le cerveau en 1957 par la scientifique Kathleen Montagu qui travaillait dans la région de Londres en Angleterre2. Seulement 0,0005% des cellules cérébrales produisent de la dopamine, soit une cellule sur 2 millions. Certains spécialistes du sujet estiment que la dopamine est une hormone ou molécule de la « hauteur », c’est-à-dire forçant à se projeter dans le futur et à désirer des choses ou personnes3. La dopamine est une source de créativité mais aussi parfois de troubles psychiatriques (lire ci-dessous). Il faut savoir que la dopamine se transforme ensuite en noradrénaline puis en adrénaline.

Manque de dopamine

Compte tenu de ses fonctions, le manque de dopamine peut rendre certains stimuli sans réponse et entraîner de l’apathie, une baisse de concentration ou encore une baisse de motivation. D’autres conséquences comme la fatigue et les trous de mémoire peuvent aussi apparaître. Certaines nourritures favorisent la libération de dopamine. C’est le cas des aliments riches en tyrosine, un précurseur de la dopamine, comme les bananes et les avocats qui aident à augmenter les niveaux de dopamine.

Voici 7 informations à connaître sur la dopamine et ses différentes fonctions liées à la mémoire, au mouvement, à la motivation, à l’humeur ou encore à l’attention et la cognition.

7 informations intéressantes sur la dopamine

1. Activation du circuit de la récompense

La dopamine est associée au système de récompense du cerveau. En effet, elle est libérée lors d’activités agréables, procurant ainsi un afflux de plaisir. La quête de ce plaisir va par la suite susciter l’envie de faire durer ce comportement à l’origine de la libération de la dopamine. Qu’il s’agisse de manger, de boire, d’avoir des relations sexuelles ou de pratiquer une activité quelconque, les centres du cerveau impliqués dans le plaisir et la récompense sont activés dès l’apparition de stimuli plaisants les rendant désirables.

2. Impact sur la motivation

Selon un article de la Cleveland Clinic4, la dopamine rend heureux et favorise la motivation. Selon une étude publiée dans le journal Neuron5, les neurones dopaminergiques sont bien connus pour leurs fortes réponses aux récompenses et leur rôle essentiel dans la motivation positive. En effet, la dopamine agit avant même que nous obtenions des récompenses. Elle nous pousse à agir, soit pour obtenir quelque chose de bien, soit pour éviter quelque chose de mal. Un article publié en ligne par Vanderbilt University6 montre que les personnes prêtes à travailler dur avaient des niveaux de dopamine plus élevés dans le striatum et le cortex préfrontal, deux zones du cerveau connues pour avoir un impact sur la motivation et la récompense.

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3. Influence sur le mouvement (ex. Parkinson)

La dopamine joue également un rôle essentiel dans le contrôle du mouvement. La maladie de Parkinson, par exemple, est caractérisée par la dégénérescence des neurones dopaminergiques, entraînant des problèmes moteurs. Il est intéressant de noter que les principaux effets secondaires des agonistes de la dopamine comme la L-Dopa, des médicaments lors de Parkinson, sont le développement d’une hypersexualité (fréquentation de prostituées, consommation excessive de films adultes) et une addiction aux jeux d’argent comme le casino.

4. Régulation de l’humeur

Les fluctuations de la dopamine peuvent aussi être liées à l’humeur. De nombreux arguments neurochimiques et pharmacologiques démontrent que la dopamine et d’autres monoamines, telles que la sérotonine, ont des fonctions majeures dans la régulation de l’humeur et des émotions et sont impliquées dans des maladies psychiatriques telles que la schizophrénie et la dépression. Des études menées chez l’animal puis chez l’homme ont aussi démontré l’implication du système dopaminergique dans le circuit de la récompense et des dysfonctions de ces deux systèmes dans plusieurs pathologies psychiatriques majeures, dont la schizophrénie, les dépendances aux drogues, et les troubles de l’humeur7. Par ailleurs, la dopamine influence également le sommeil. Des niveaux adéquats de dopamine sont nécessaires pour réguler les cycles de sommeil. Des déséquilibres dopaminergiques peuvent de ce fait perturber le sommeil alors que le manque de sommeil peut amplifier les troubles de l’humeur.

5. Relation avec les troubles psychiatriques

Des niveaux anormaux de dopamine sont associés à divers troubles mentaux, notamment la schizophrénie et la dépression. L’hyperdopaminergie serait un facteur clé dans la schizophrénie. Une étude publiée en ligne en 2020 par Cochrane Database of Systematic Reviews (DOI : 10.1002/14651858.CD008016) part du contexte que les symptômes et les signes de la schizophrénie sont liés à des niveaux élevés de dopamine dans des zones spécifiques du cerveau (système limbique). C’est pour cette raison que les médicaments antipsychotiques aident à bloquer la transmission de dopamine dans le cerveau et réduisent ainsi les symptômes aigus de ce trouble.

6. Interaction avec les fonctions cognitives

La dopamine est également impliquée dans les fonctions cognitives telles que l’attention et la mémoire. La dopamine joue ainsi un rôle dans la prise de décision. Des niveaux déséquilibrés de dopamine peuvent entraîner des troubles de la motivation, tels que l’apathie observée par exemple dans les syndromes dépressifs. Elle semble aussi être impliquée dans l’efficacité de la mémoire de travail qui est une fonction mnésique permettant de conserver et de mobiliser une petite quantité d’informations en mémoire, le temps de la traiter. Indispensable dans le quotidien dès le plus jeune âge, cette mémoire permet par exemple de retenir une consigne le temps de l’appliquer ou pour les plus grands, retenir un numéro de téléphone le temps de le noter.

7. Implication dans la dépendance (addiction)

La dopamine est fortement impliquée dans les mécanismes de dépendance comme les drogues ou le sexe (y compris la pornographie). Comme on l’a vu, des drogues comme la cocaïne ou l’héroïne manipulent les niveaux de dopamine dans le cerveau en ralentissant le taux de réabsorption. On estime que la cocaïne (le crack qui est fumé mène à augmentation bien plus haute) augmente d’un facteur 2,5 le taux de dopamine dans le cerveau et les amphétamines d’un facteur 10 (ce qui est énorme), par comparaison la nicotine augmente d’un facteur 2,5. Le sport et le sexe augmentent le taux de dopamine d’environ deux fois. Le chocolat augmente le taux de dopamine d’environ 1,5 fois.

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Une étude publiée en 2007 dans la revue Archives of neurology (DOI : 10.1001/archneur.64.11.1575) avait montré que les effets renforçateurs des drogues chez les êtres humains dépendent non seulement de l’augmentation de la dopamine en soi dans le striatum (une petite structure nerveuse située sous le cortex cérébral) mais aussi du taux de son augmentation. Ainsi, plus l’augmentation est rapide, plus les effets renforçateurs sont intenses. Les résultats ont également montré que des niveaux élevés de dopamine dans le striatum dorsal sont impliqués dans la motivation à se procurer la drogue lorsque le sujet toxicomane est exposé à des stimuli associés à la drogue ou stimuli conditionnés. En revanche, l’utilisation à long terme de drogues semble être associée à une diminution de la fonction de la dopamine. Certaines drogues comme la cocaïne et les amphétamines agissent en augmentant la libération de dopamine ou en inhibant sa recapture.

Et la caféine ? La caféine augmente peu le taux de dopamine dans le cerveau mais augmente le nombre de récepteurs à la dopamine. C’est pourquoi certaines personnes qui boivent un café ou autre boisson riche en caféine avant une activité sportive peuvent voir leur niveau de plaisir augmenter pendant la pratique sportive.

7 informations à connaître sur la dopamine et les risques d’addiction

Références & Sources :
Institut du Cerveau et de la Moelle épinière, Cleveland Clinic, Article publié en ligne par Vanderbilt University, Journal of Neuroscience, Journal Neuron (DOI : 10.1016/j.neuron.2010.11.022), Etude publiée en ligne en 2020 par Cochrane Database of Systematic Reviews (DOI : 10.1002/14651858.CD008016), Revue Archives of neurology (DOI : 10.1001/archneur.64.11.1575).

Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (Rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies), Xavier Gruffat (Rédacteur en chef de Creapharma.ch, pharmacien).

Date de dernière mise à jour du dossier :
Article mis à jour le 5 novembre 2024.

Crédits photos :
Creapharma.ch, Adobe Stock, © 2024 Pixabay

Crédit infographie : 
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch)

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Qu’est-ce que la dopamine ?, article publié par l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière, site accédé par Creapharma.ch le 27 octobre 2024 et le lien marchait à cette date
  2. DANIEL Z. LIEBERMAN (MD), MICHAEL E. LONG, The Molecule of More, Grand Haven, Brilliance Publishing, Inc., 2018.
  3. DANIEL Z. LIEBERMAN (MD), MICHAEL E. LONG, The Molecule of More, Grand Haven, Brilliance Publishing, Inc., 2018.
  4. Dopamine, article publié par Cleveland Clinic, datant de mars 2022, site accédé par Creapharma.ch le 18 septembre 2024 et le lien marchait à cette date
  5. Dopamine in motivational control: rewarding, aversive, and alerting, Neuron. 2010 Dec 9; 68(5): 815–834. DOI : 10.1016/j.neuron.2010.11.022
  6. Dopamine impacts your willingness to work, article publié par Vanderbilt University, datant de mai 2012, issu d’une étude publiée le 2 mai 2012 dans le Journal of Neuroscience, site accédé par Creapharma.ch le 18 septembre 2024 et le lien marchait à cette date
  7. Manon Dubol. Étude en neuro-imagerie multimodale du système dopaminergique et du système de récompense chez des patients psychiatriques. Médecine humaine et pathologie. Université Paris Saclay (COmUE), 2017. Français. ffNNT : 2017SACLS477ff. fftel-01721323
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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 05.11.2024
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