Parlons d’un sujet souvent tabou : les sécrétions vaginales. Toutes les femmes se sont peut-être déjà posé la question : est-ce que mes pertes sont-elles normales ? Dois-je consulter un médecin ? Creapharma.ch (et la version en portugais du site, Criasaude.com.br) a interrogé la Dre Laura Lúcia Martins1, gynécologue obstétricienne, sur ce qui est normal et anormal en matière de sécrétions vaginales. Nous avons rassemblé les réponses en 4 points essentiels que toute femme doit savoir sur les sécrétions vaginales.
1. Quand faut-il s’inquiéter des pertes vaginales ?
Notre corps ressemble un peu à une fortification où chaque entrée est bien gardée. Dans l’oreille, il y a le cérumen ; dans la bouche, la salive ; dans le nez, le mucus ; et dans le vagin, les femmes ont aussi des sécrétions protectrices naturelles.
La sécrétion naturelle du canal vaginal est claire, blanche ou jaune clair et épaisse. Lorsqu’elle apparaît dans votre culotte, elle est discrète et ne provoque aucune gêne. Après la douche, l’odeur disparaît et elle ne provoque ni démangeaison, ni brûlure, ni gêne. Elle conserve sa couleur naturelle.
En cas d’invasion de notre organisme par des virus ou des bactéries, ou de déséquilibre du microbiote vaginal, cette sécrétion naturelle change de caractéristiques, c’est ce que l’on appelle les pertes (vaginales). Les pertes vaginales sont des sécrétions anormales, différentes de la sécrétion protectrice naturelle, généralement de couleur jaune plus ou moins foncé, ressemblant à du pus et dégageant une mauvaise odeur. Les pertes sont souvent associées à des démangeaisons, des brûlures, des mictions douloureuses, des douleurs dans le bas-ventre ou des rapports sexuels douloureux.
2. Les sécrétions vaginales changent-elles au cours du cycle menstruel ?
Le vagin est incroyablement sensible aux fluctuations du cycle menstruel. Tout au long de cette période, les hormones sexuelles féminines, telles que les œstrogènes et la progestérone, montent et descendent comme des montagnes russes émotionnelles. La réponse du vagin à ces changements comprend la production de glaire cervicale, qui joue un rôle clé dans la fertilité.
Cette glaire cervicale est comme un tapis rouge pour les spermatozoïdes, leur facilitant la tâche pour nager vers l’ovule. Au fil du mois, la texture et la couleur de cette glaire changent. Juste après les règles, elle a tendance à être plus foncée et s’éclaircit progressivement. Au milieu du cycle, elle peut ressembler à du blanc d’œuf, avec une texture plus collante. À l’approche des règles, elle redevient plus blanche et prend finalement une couleur jaunâtre, marquant la fin du cycle.
Toutefois, il est important de noter que ces changements se produisent principalement chez les femmes qui n’utilisent pas de contraceptifs hormonaux. Celles qui utilisent des contraceptifs hormonaux ne connaissent pas ces fluctuations hormonales car leur corps n’ovule pas, ce qui permet d’éviter les grossesses non désirées2.
3. Qu’est-ce qui change avec l’âge ?
Lorsqu’une femme entre en ménopause, cela signifie que ses ovaires ont cessé de produire de l’œstrogène, l’hormone féminine. En effet, il n’y a plus de follicules ni d’ovules. En conséquence, le vagin subit des transformations.
En l’absence d’œstrogènes, le vagin devient plus sec, plus fin et perd une partie de son élasticité naturelle. En effet, le vagin possède de nombreux récepteurs sensibles aux hormones féminines. Avec la ménopause, ces hormones cessent d’agir sur le vagin.
Ces changements peuvent affecter la santé et le confort intimes, mais il est important de noter qu’il existe des options médicales, telles que les crèmes hydratantes vaginales, les lubrifiants, l’hormonothérapie, entre autres soins et traitements qui peuvent aider à soulager l’inconfort et à améliorer la qualité de vie pendant la ménopause2.
4. Quelles sont les principales infections qui entraînent des modifications des sécrétions vaginales ?
Comme nous l’avons vu précédemment, toutes les modifications des sécrétions vaginales ne sont pas causées par une infection, mais elles peuvent être le symptôme d’une infection et doivent être examinées.
Chaque type d’infection présente des caractéristiques distinctes qui permettent de l’identifier. Voici quelques-unes des principales infections qui affectent les sécrétions vaginales et leurs caractéristiques :
– La candidose (mycose vaginale) est une infection causée par des champignons, généralement Candida albicans. Il s’agit d’un champignon qui existe déjà en petite quantité dans le corps de la femme et dont l’équilibre peut être perturbé avec la flore vaginale, générant une infestation ; cette infestation peut également être transmise lors de rapports sexuels.
Caractéristiques des sécrétions : sécrétion épaisse et blanche, semblable à du lait caillé ou du fromage blanc.
Autres symptômes : démangeaisons intenses, rougeurs, gonflements et douleurs lors des rapports sexuels.
Traitements : médicaments antifongiques sous forme de crème vaginale (par exemple, clotrimazole, entre autres) ou de comprimés oraux (par exemple, fluconazole, entre autres), traitements naturels et régime alimentaire.
– La vaginose bactérienne : il s’agit d’une infection causée par des bactéries naturellement présentes dans la flore vaginale, mais qui, pour une raison ou une autre, se déséquilibrent et prolifèrent en grand nombre. Elle peut également être transmise lors de rapports sexuels non protégés.
Caractéristiques des sécrétions : pertes fines, grisâtres ou blanchâtres.
Autres symptômes : odeur de poisson, démangeaisons et irritations, surtout après les rapports sexuels.
Traitements : généralement traité avec un antibiotique, le métronidazole, sous forme de crème vaginale ou de comprimé oral.
– La chlamydia : une infection causée par la bactérie Chlamydia trachomatis, généralement par contact avec des sécrétions infectées, est une maladie sexuellement transmissible (MST).
Caractéristiques des sécrétions : la chlamydia n’entraîne pas toujours de modifications des sécrétions. Cependant, certaines personnes peuvent avoir des sécrétions jaunâtres ou verdâtres.
Autres symptômes : de nombreuses personnes ne présentent aucun symptôme, mais d’autres symptômes peuvent apparaître tels que des douleurs lors de la miction et des plaies.
Traitements : antibiotiques oraux (par exemple doxycycline).
– La gonorrhée : infection causée par la bactérie Neisseria gonorrhoeae, également appelée gonocoque. Il s’agit d’une maladie sexuellement transmissible.
Caractéristiques des sécrétions : la gonorrhée peut être asymptomatique, mais elle peut aussi donner lieu à des écoulements épais, jaunâtres ou verdâtres.
Autres symptômes : la gonorrhée peut être asymptomatique, mais elle peut aussi provoquer des douleurs abdominales, des mictions douloureuses et des saignements entre les règles.
Traitements : antibiotiques par voie orale ou par injection.
– La trichomonase : infection causée par un protozoaire appelé Trichomonas vaginalis. C’est l’une des infections sexuellement transmissibles les plus courantes.
Caractéristiques des sécrétions : écoulements mousseux, verts, jaunes ou gris, souvent d’odeur désagréable.
Autres symptômes : démangeaisons intenses, douleurs lors des rapports sexuels et inflammation de la vulve.
Traitements : antibiotiques par voie orale (par exemple métronidazole ou tinidazole).
Rappelez-vous qu’il est important de consulter un médecin lorsque vous pensez que vos sécrétions sont anormales, en particulier en cas de suspicion d’infection, afin qu’un diagnostic correct puisse être établi et que le traitement le plus approprié puisse être recommandé.
Date de publication :
21.11.2023 (mise à jour 24.11.2023)
Rédaction :
Adriana Sumi (pharmacienne). Relecture : Seheno Harinjato (rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies).
Sources principales :
– Article en portugais de notre site pour le Brésil, Criasaude.com.br: Saúde vaginal, o que é normal e anormal?
– Article en anglais : Cleveland Clinic: Vaginal Discharge Color: What’s Normal and What Isn’t, du 29 juillet 2023.
