Dépression : les parfums pourraient aider à favoriser la guérison (étude)

PITTSBURGH – Sentir une odeur familière peut aider les personnes déprimées à se rappeler de souvenirs autobiographiques spécifiques et potentiellement contribuer à leur rétablissement. C’est le résultat d’une étude publiée le 13 février 2024 dans JAMA Network Open (DOI : 10.1001/jamanetworkopen.2023.55958). L’étude a été menée par une équipe de chercheurs de la Faculté de médecine de l’Université de Pittsburgh et des travailleurs sociaux de l’University of Pittsburgh Medical Center (UPMC).

Dépression et mémoire

Une relation étroite semble se tisser entre la dépression et la mémoire puisque de nombreuses études montrent que la dépression peut entraîner des distorsions au niveau de la mémoire. Une étude publiée dans la revue Trends in Neurosciences (DOI : 10.1016/j.tins.2017.12.006) montre par exemple que les personnes déprimées présentent généralement une mémoire médiocre concernant les événements positifs et une mémoire sélective et altérée pour les événements négatifs. De même, une autre étude publiée dans le journal Psychological Medicine (DOI : 10.1017/S0033291717001519) révèle que les symptômes dépressifs étaient liés à une mémoire faible et déficiente, notamment dans des contextes négatifs.

Plus efficaces que les mots

Les résultats de cette étude publiée dans JAMA Network Open rappellent un peu Marcel Proust dans son œuvre « À la recherche du temps perdu », car en dégustant une madeleine il va faire renaître des souvenirs oubliés. Ici, les chercheurs ont usé de parfums et ont découvert qu’ils étaient plus efficaces que les mots pour évoquer le souvenir d’un événement spécifique. Ils pourraient même être utilisés en milieu clinique pour aider les personnes déprimées à sortir des cycles de pensée négatifs et à recâbler leurs schémas de pensée, favorisant ainsi une guérison plus rapide et plus douce.

Dépression : les parfums pourraient aider à favoriser la guérison (étude)

Déclencheurs de souvenirs

L’amygdale semble jouer un rôle essentiel dans ce processus puisqu’on sait qu’elle peut aider à réguler et à encoder certains souvenirs. C’est d’ailleurs ce que la Dre Kymberly Young, chercheuse en neurosciences qui étudie les souvenirs autobiographiques, a constaté. Selon elle, le cerveau reptilien qui contrôle non seulement les réactions de « combat ou de fuite », mais qui dirige également l’attention et la concentration sur des événements importants, aide à retrouver la mémoire. Par ailleurs, il existe de nombreuses preuves selon lesquelles les personnes souffrant de dépression ont du mal à se souvenir de souvenirs autobiographiques spécifiques. De même, chez les individus en bonne santé, les odeurs déclenchent des souvenirs qui semblent vifs et « réels », probablement parce qu’elles engagent directement l’amygdale via les connexions nerveuses du bulbe olfactif.

C’est donc à partir de toutes ces connaissances que Dre Young, auteure principale de l’étude et professeur agrégé de psychiatrie à Pittsburgh, a décidé d’examiner la mémoire des personnes déprimées à l’aide d’indices olfactifs. Pour ce faire, les chercheurs ont testé si la stimulation de l’amygdale pouvait aider les personnes déprimées à accéder plus efficacement à leurs souvenirs. Et plutôt que de recourir à des tests de scanner cérébral coûteux et souvent inaccessibles, elle a décidé d’opter pour une technologie beaucoup plus abordable.

Plus de souvenirs positifs remémorés

Dans cette étude, la Dre Young a présenté aux participants une série de flacons en verre opaque contenant de puissants parfums familiers comme des oranges, du café moulu ou du Vicks VapoRub. Elle leur a ensuite demandé de sentir le flacon et de se remémorer ensuite un souvenir spécifique, qu’il soit bon ou mauvais.

L’équipe a été surprise de découvrir que la mémoire était plus forte chez les personnes déprimées qui recevaient des signaux olfactifs plutôt que des signaux verbaux. Ceux qui ont reçu des signaux olfactifs étaient plus susceptibles de se souvenir d’un événement spécifique (par exemple, qu’ils soient allés dans un café vendredi dernier) que de souvenirs généraux (qu’ils soient déjà allés dans des cafés auparavant). Les souvenirs suscités par les odeurs étaient également beaucoup plus vifs et semblaient plus immersifs et réels. De manière étonnante, bien qu’il n’ait pas été demandé aux participants de se souvenir spécifiquement d’éléments positifs, les résultats soulignent qu’ils étaient plus susceptibles de se souvenir d’événements positifs.

Selon la Dre Young, l’amélioration de la mémoire permettrait d’avancer dans la résolution des problèmes, la régulation des émotions et d’autres problèmes fonctionnels que rencontrent souvent les personnes déprimées.

Références & Sources :
– JAMA Network Open (DOI : 10.1001/jamanetworkopen.2023.55958
– Revue Trends in Neurosciences (DOI : 10.1016/j.tins.2017.12.006)
– Journal Psychological Medicine (DOI : 10.1017/S0033291717001519)
– University of Pittsburgh Medical Center (UPMC)
– Etudes et Communiqué de presse en anglais de l’étude (via Eurekalert.org).

Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies).

Date de dernière mise à jour du dossier :
16.02.2024

Crédits photos :
Creapharma.ch, Adobe Stock, © 2024 Pixabay

Crédit infographie : 
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch)

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Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 16.02.2024
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