La Covid-19 n’a pas épargné l’Afrique, mais sa propagation reste cependant moins meurtrière que dans les autres continents comme l’Europe, l’Amérique ou l’Asie. Alors que de nombreux pays africains ne disposent pas toujours d’infrastructures sanitaires suffisantes et bien équipées ni d’un système de santé particulièrement performant, le coronavirus semble être plus clément. Selon les données enregistrées par l’université John Hopkins, on compte actuellement 1,5 million de cas et un peu plus de 37 000 décès sur près de 1,2 milliard de populations. L’insuffisance des tests effectués est souvent évoquée pour justifier ce nombre moins élevé de cas, mais cela n’affecte pourtant pas le faible taux de mortalité constaté dans l’ensemble du continent selon l’OMS. Voici 6 explications qui pourraient éclairer sur la situation actuelle de la Covid-19 en Afrique.
1. L’arrivée de la chaleur
L’Afrique du Sud figure parmi les pays africains les plus touchés par le coronavirus. Il a été constaté que le nombre de cas a particulièrement augmenté en hiver. Avec l’arrivée de la chaleur, le nombre de personnes infectées a significativement baissé. Certaines études montrent l’existence d’une corrélation entre la température, l’humidité et la propagation de la maladie. Cependant, des controverses persistent face à des cas comme l’Arizona, le Texas ou la Floride où le nombre de cas était élevé alors qu’il faisait très chaud, notamment en juin et juillet 2020. Il en est de même pour l’Amazonie. Ce qui est pourtant sûr, c’est que la propagation de la maladie a reculé en Afrique du Sud depuis ces dernières semaines.
2. La culture de la solidarité
La solidarité et l’entraide, par exemple pour les travaux des champs ou les constructions villageoises, font partie des valeurs ancestrales présentes un peu partout en Afrique. En ces temps de pandémie, cette solidarité s’est manifestée par l’adhésion de la majorité de la population au respect des mesures mises en place par les gouvernements. En dépit des manques de moyens, les mesures de confinement, parfois drastiques et prises de manière précoce, le lavage des mains, le port de masque et le changement de certaines habitudes comme les poignées de main ou les visites familiales, ont été largement suivies par la population. L’impact des périodes de confinement sur l’économie et la vie sociale des Africains a été dur, mais cela semble avoir été bénéfique pour lutter contre la propagation de la maladie. De nombreux pays ont pu aujourd’hui reprendre les activités normales tout en observant les mesures mises en place pour lutter contre la pandémie, même si la Covid-19 n’a pas encore été totalement endiguée.
3. Moins de personnes âgées
Contrairement aux pays nordiques où l’espérance de vie est plus élevée, celle-ci est estimée à 54,7 ans en moyenne en Afrique. D’après les données des Nations unies, la population africaine est jeune et les chiffres publiés par l’OMS confirment ce fait, avec plus de 90% des personnes infectées âgées de moins de 60 ans et asymptomatiques. Ce nombre moins important des personnes âgées et de structures destinées à les accueillir a contribué à ce ralentissement de la propagation du virus. Dans la culture africaine, en effet, la plupart des parents âgés reviennent vivre avec leurs enfants dans leur ville natale, plutôt que d’être admises dans des structures spécialisées, ce qui réduit les foyers de contamination.
4. Une infrastructure routière et ferroviaire peu développée
Considérée comme un frein au développement, la mauvaise qualité des infrastructures de transport a cette fois-ci joué en faveur des pays africains. En plus des mesures de confinement, la difficulté à circuler, notamment dans certaines zones éloignées, a contribué à limiter la circulation de la population et ainsi les contacts et la propagation de la maladie. Par ailleurs, il faut noter qu’en plus de cette faible mobilité, les pays africains se distinguent également par leur faible densité de la population, estimée à 42,58 habitants / km2.
5. Un rôle important de la santé communautaire
La santé communautaire tient un rôle important en Afrique. Les agents communautaires, en partenariat avec les personnels médicaux, participent ainsi activement aux campagnes de sensibilisation en cas d’épidémie, aux campagnes de vaccination ou de contrôle sanitaire dans des cas graves comme la lutte contre l’Ebola ou la peste. Le rôle de la santé communautaire dans la lutte contre la Covid-19 demeure donc important malgré l’insuffisance des infrastructures sanitaires et des moyens et équipements disponibles.
6. Qu’en est-il de l’immunité croisée ?
Il existe une hypothèse selon laquelle certains habitants du continent africain pourraient bénéficier d’une « immunité croisée ». Autrement dit, il est possible que ces populations aient été depuis longtemps exposées, sans le savoir, à d’autres types de coronavirus et aient développé des anticorps ayant permis de lutter contre la Covid-19. Une étude est actuellement menée sur ce sujet au Zimbabwe. Une étude publiée le 14 mai 2020 dans la revue scientifique américaine Cell (DOI : 10.1016/j.cell.2020.05.015) explique l’importance de cette immunité adaptative dans le développement de vaccins contre la Covid-19.
D’autres pistes comme l’existence d’une souche africaine du Sars-CoV-2 et qui serait moins dangereuse ont également été relevés, mais des chercheurs ont procédé à la comparaison du code génétique des virus et ont écarté cette hypothèse qui n’a pas pu être validée.
Bien que les données actuelles montrent un recul de la propagation de la maladie en Afrique, ce n’est pas pour autant que les Africains doivent baisser la garde. Des pays comme la Côte d’Ivoire ou le Cameroun ont, en effet, connu une légère augmentation des nombres de cas bien qu’une baisse avait déjà été enregistrée depuis juillet. La vigilance reste de mise selon l’OMS, car le retour progressif à une vie normale, l’assouplissement des mesures ou la réouverture des frontières peuvent favoriser l’augmentation des nouvelles infections alors que la plupart des pays africains ne pourront plus se permettre un nouveau confinement en cas d’urgence.
Références & Sources :
OMS, Cell, Creapharma.ch
Personnes responsables et impliquées dans l’écriture de ce dossier :
Seheno Harinjato (Rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies), relecture par Xavier Gruffat (pharmacien)
Date de dernière mise à jour du dossier :
16.11.2020
Crédits photos :
Creapharma.ch, Adobe Stock, © 2020 Pixabay
Crédit infographie :
Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch)