BARCELONE – Une consommation élevée de sel est associée à un risque doublé d’insuffisance cardiaque, selon une étude finlandaise réalisée sur plus de 4’000 personnes et qui a duré 12 ans. Cette étude a été présentée le 27 août 2017 à l’occasion du congrès annuel de la Société Européenne de Cardiologie (European Society of Cardiology).
Sel et insuffisance cardiaque
« L’apport élevé de sel (chlorure de sodium) est l’une des principales causes d’hypertension et un facteur indépendant de risque pour les maladies coronariennes et l’AVC, » explique le Prof. Pekka Jousilahti qui a participé à l’étude et qui travaille au National Institute for Health and Welfare à Helsinki, en Finlande. Il poursuit : « En plus des maladies coronariennes et de l’AVC, l’insuffisance cardiaque est l’une des principales maladies cardiovasculaires en Europe et dans le monde, mais le rôle joué par un apport élevé de sel dans son développement est inconnu. »
Cette étude finlandaise a cherché à évaluer la relation entre l’apport en sel et le développement de l’insuffisance cardiaque. Ce travail de recherche s’est basé sur l’extraction de sodium pendant 24 heures, ce qui est considérée comme une référence (gold standard) pour l’estimation de l’apport en sel au niveau individuel.
Structure de l’étude
Il s’agissait d’une étude dite prospective avec un suivi (follow-up) de 4’630 hommes et femmes âgés entre 25 et 64 ans choisis au hasard qui participaient à 2 études (North Karelia Salt Study et National FINRISK) entre 1979 et 2002 en Finlande. La collecte de données de référence comprenait un questionnaire à remplir par le participant, des mesures de la hauteur, du poids et de la tension artérielle, un échantillon de sang veineux pour une analyse en laboratoire et une collecte d’un échantillon d’urine pendant 24 heures afin notamment de mesurer la quantité de sel ingérée.
Pendant la durée de l’étude (follow-up), 121 hommes et femmes sur les 4630 participants ont développé nouvellement une insuffisance cardiaque.
Résultats
Après des ajustements statistiques, les scientifiques finlandais ont constaté que les personnes qui consommaient plus de 13,7 gr de sel par jour avaient 2 fois plus de risque de développer une insuffisance cardiaque que ceux qui consommation moins de 6,8 gr de sel par jour.
Trop de sel
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande de consommer au maximum 5 gr de sel par jour et estime le besoin physiologique en sel quotidien compris entre 2 et 3 gr. Dans de nombreux pays du monde, la moyenne de sel consommé quotidiennement est supérieure aux recommandations de l’OMS. Par exemple une étude réalisée en Suisse par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a montré qu’en 2010 et 2011 les hommes consommaient en moyenne 11 gr de sel par jour et les femmes 8 gr. Ces excès de sel proviennent en grande partie d’aliments transformés, c’est-à-dire d’origine industrielle (ex. pain, viande, saucisses, lait, fromages, soupes prêtes à l’emploi ou instantanées).
Le coeur n’aime pas le sel…
Le Prof. Jousilahti explique : « Le cœur n’aime pas le sel. L’apport élevé en sel augmente considérablement le risque d’insuffisance cardiaque. Cette augmentation de l’insuffisance cardiaque liée au sel était indépendante de la tension artérielle. »
Le scientifique finlandais conclut son communiqué de presse en appelant à réaliser dans le futur des études de cohortes avec des populations plus grandes pour mieux comprendre le lien entre la consommation de sel et l’insuffisance cardiaque.
Cette étude a été publiée dans le journal scientifique European Heart Journal, comme l’informe l’agence de presse suisse ATS.
Le 30 août 2017. Par Xavier Gruffat (Pharmacien). Source : communiqué de presse de l’étude, Pharmapro.ch (news de l’ATS en allemand). Crédits photos : Fotolia.com