BERLIN – Les personnes qui arrêtent de prendre des antidépresseurs devraient le faire sous surveillance médicale. Selon une nouvelle étude réalisée par des chercheurs allemands de Cologne, environ une personne sur trois ressent des symptômes liés à l’arrêt de la prise même si une bonne partie souffre d’un effet placebo. On parle dans ce cas de symptômes de sevrage. L’étude a été publiée le 5 juin 2024 dans le journal scientifique The Lancet Psychiatry (DOI : 10.1016/S2215-0366(24)00133-0).
Contre placebo
C’est ce qu’ont découvert des scientifiques allemands dans une grande étude portant sur plus de 20’000 patients. Environ 31% des patients traités avec un médicament efficace se sont plaints de symptômes tels que des vertiges, des maux de tête ou des troubles du sommeil après l’arrêt d’un médicament antidépresseur. Mais il en était aussi de même pour 17% de ceux qui n’avaient reçu qu’un placebo. Autrement dit, on estime entre 14% et 15% (31% moins 17%) le nombre de personnes souffrant véritablement d’un sevrage à l’arrêt d’un antidépresseur.
Les symptômes étaient en grande partie légers. Cependant, une personne sur 35, soit près de 3% des personnes concernées, a développé des symptômes de sevrage sévères.
Ne créent pas de dépendance
Selon la définition formelle, les antidépresseurs ne rendent pas dépendants. Contrairement aux “vraies” substances addictives, leur prise ne conduit pas, par exemple, à ce que le corps ait besoin d’une dose toujours plus élevée pour obtenir le même effet. Malgré cela, les études précédentes n’étaient pas unanimes quant à savoir si l’arrêt des médicaments avait des conséquences négatives.
Pour leur étude, les chercheurs ont donc systématiquement passé en revue les études existantes et les ont réévaluées. En tant que première étude de ce type, elle fournit l’évaluation la plus fiable des conséquences de l’arrêt des antidépresseurs, a constaté l’hôpital universitaire de Berlin.
Il semble que les médicaments à base de paroxétine, d’imipramine ou venlafaxine mènent à plus de symptômes de sevrage lors d’arrêt de prise d’antidépresseurs que d’autres médicaments comme la fluoxétine ou la sertraline, selon plusieurs études. Une possibilité lors d’arrêt d’un traitement à base de paroxétine ou venlafaxine est que le médecin prescrive pendant quelques semaines un autre antidépresseur comme la fluoxétine avant l’arrêt définitif. Il devrait y avoir moins de symptômes de manque (sevrage).
Le 11 juin 2024. Source : Keystone-ATS (avec notre partenaire Pharmapro.ch, traduit de l’allemand). Supervision : Xavier Gruffat (pharmacien). Relecture : Seheno Harinjato (Rédactrice chez Creapharma.ch, responsable des infographies). Crédit infographie : Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).