Duloxétine

La duloxétine est une molécule utilisée pour traiter une dépression, un trouble de l’anxiété généralisée ou les douleurs provoquées la neuropathie diabétique. La duloxétine appartient à la classe des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine et de la norépinéphrine (en anglais SNRIs). Parfois on estime aussi que la duloxétine appartient aux antidépresseurs dits atypiques ou de nouvelle génération.

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Noms :
Duloxétine, Duloxetine (nom anglais), Duloxetinum (nom latin), LY248686
Noms du sel (vendu dans les médicaments) : chlorhydrate de duloxétine, Duloxetini hydrochloridum (nom latin)
Code ATC : N06AX21 

Formule chimique :
C18H19NOS

Temps de demi-vie et métabolites :
Le temps de demi-vie est de 11 heures pour la duloxétine (c’est plus du double de la venlafaxine, un autre SNRIs).

Effets :
Les effets de la duloxétine sont basés sur l’inhibition du recaptage de la norépinéphrine et de la sérotonine dans les neurones présynaptiques.

Indications :
– Dépression (notamment les cas graves de dépression, lire juste ci-dessous sous Remarques)
– Anxiété et autres troubles anxieux (ex. phobie sociale)
– Douleurs provoquées par la neuropathie diabétique
– Douleurs chroniques (lire aussi ci-dessous sous Remarques)
Remarque : dans certains pays ou régions (ex. Etats-Unis, Union européenne), la duloxétine est indiqué pour le traitement pour les femmes souffrant d’incontinence d’effort modérée à sévère (vendu dans l’UE sous le nom de Yentreve®) ou lors de fibromyalgie et de douleurs musculaires et squelettiques chroniques.

Effets secondaires :
Les principaux effets secondaires sont : nausées, sécheresse de la bouche, maux de tête, somnolence et vertiges. Des complications cardiovasculaires sont aussi possibles, lire davantage ci-dessous sous Remarques. Des cas de cardiomyopathie de stress (cardiomyopathie de Tako-Tsubo) ont été rapportés1.
Les SNRIs en général comme la duloxétine peuvent augmenter le risque de pensées suicidaires et de comportements suicidaires2. Des troubles sexuels sont aussi possibles avec ce médicament.
Des effets secondaires graves comme des hépatites et des réactions d’hypersensibilité avec des atteintes cutanées graves (dont des syndromes de Stevens-Johnson) peuvent aussi survenir.
Liste non exhaustive d’effets secondaires, veuillez lire la notice d’emballage (ex. en Suisse Cymbalta®).

Contre-indications :
Hypersensibilité (allergie), enfants et personnes de moins de 18 ans, traitement avec les inhibiteurs de la MAO (il faut attendre au moins 2 semaines entre la fin du traitement à base d’un inhibiteur de la MAO et le début du traitement par la duloxétine), troubles du foie. graves troubles rénaux, certaines formes de glaucome. Liste non exhaustive de contre-indications, veuillez lire la notice d’emballage (ex. en Suisse Cymbalta®).

Interactions :
Comme la duloxétine est biotransformée en métabolites inactifs par le CYP2D6 et le CYP1A2, il peut s’en suivre des interactions.

Formes galéniques :
En gélule (capsule).

Posologie :
En général, la duloxétine est prise une fois par jour, indépendamment des repas.

Médicaments vendus en Suisse (mise à jour : juillet 2024, selon le site Compendium.ch) :
Original :
Cymbalta®
Génériques :
Duloxétine Axapharm
Duloxetin-Mepha gélules gastro-résistantes
Duloxétine NOBEL
Duloxetin Sandoz®
Duloxétine Spirig HC®
Duloxetin® Viatris
Duloxetin Zentiva®

Remarques :
– La duloxétine a été mise sur le marché en Suisse en 2005, sous le nom de marque de Cymbalta® (il existe désormais des génériques).
– Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine et de la norépinéphrine (en anglais SNRIs) comme la duloxétine ou la venlafaxine sont considérés parfois comme des traitements de premiers choix lors de dépression grave (en anglais : major depressive disorder). Aux Etats-Unis, en plus des ISRS, les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine-noradrénaline (IRSNa) comme la venlafaxine ou la duloxétine sont de plus en plus utilisés3. Les ISRS et les IRSNa ont tendance à avoir moins d’effets secondaires que les antidépresseurs plus anciens.Mais en 2021 il n’était pas clair si les SNRIs étaient supérieurs en terme d’efficacité en comparaison4 en comparaison avec les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) comme le citalopram ou la fluoxétine.
– En 2017 et 2022 (liste pour 2022), la revue scientifique Prescrire (connue pour son indépendance de l’industrie pharmaceutique) estimait que la duloxétine devait être évitée contre la dépression à cause de risques d’effets secondaires de type cardiovasculaire, parfois graves. Elle recommande, si possible, d’utiliser d’autres antidépresseurs menant à moins d’effets secondaires de ce type. La venlafaxine et le citalopram étaient d’autres antidépresseurs déconseillés de la liste de 2017 ainsi que de 2021. Fin 2020, Prescrire écrivait dans sa liste pour 2021 : la venlafaxine ainsi que d’autres inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (ex. duloxétine, milnacipran), exposent aux effets indésirables des antidépresseurs IRS (ou ISRS), et en plus à des troubles cardiaques liés à leur activité noradrénergique, dont des hypertensions artérielles, des tachycardies, des troubles du rythme cardiaque, des allongements de l’intervalle QT de l’électrocardiogramme et, pour la venlafaxine, à un risque élevé d’arrêts cardiaques en cas de surdose 5. Dans la liste pour 2022, Prescrire précisait aussi cela : “La duloxétine expose aussi à des hépatites
et à des réactions d’hypersensibilité avec des atteintes cutanées graves (dont des syndromes de Stevens-Johnson)”.
Alternative :
La venlafaxine et la desvenlafaxine sont d’autres médicaments appartenant à la classe des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine et de la norépinéphrine (en anglais SNRIs).
Arrêt d’antidépresseurs
L’arrêt d’un traitement à base d’antidépresseurs n’est pas toujours sans conséquence, jusqu’à un tiers des personnes prenant ces médicaments souffrent d’un sevrage des antidépresseurs (en anglais on parle d’antidepressant discontinuation syndrome)6. Les symptômes de sevrage ou de manque d’antidépresseurs peuvent inclure des maux de tête, des vertiges, de la fatigue, de l’irritabilité, des nausées ou vomissements, des rêves vifs ou ressentir des symptômes comme la grippe. D’autres symptômes sont aussi possibles. En fait ce ne sont pas directement les antidépresseurs qui sont addictifs, mais ces médicaments perturbent certains neurotransmetteurs comme la sérotonine dans le cerveau. Le corps a donc besoin de quelques jours ou semaines pour se réadapter à cette nouvelle situation, sans l’influence des antidépresseurs. On sait que les symptômes de manque ou sevrage surviennent lors d’une thérapie par antidépresseurs de plus de 6 semaines et aussi lors d’un dosage élevé. En général les symptômes de manque sont modérés ou faibles et durent seulement quelques jours (max. 2 semaines) après l’arrêt des antidépresseurs. Une possibilité pour diminuer ces symptômes de manque est de demander au médecin, si c’est possible, de diminuer progressivement la dose de l’antidépresseur pendant quelques semaines avant l’arrêt total. Il semble que les médicaments à base de paroxétine ou venlafaxine mènent à plus de symptômes de sevrage lors d’arrêt de prise d’antidépresseurs que d’autres médicaments comme la fluoxétine. Une possibilité lors d’arrêt d’un traitement à base de venlafaxine est que le médecin prescrive pendant quelques semaines un autre antidépresseur comme la fluoxétine avant l’arrêt définitif. Il devrait y avoir moins de symptômes de manque (sevrage).

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Antidépresseurs contre la douleur chronique : 
Des antidépresseurs sont parfois prescrits pour traiter les douleurs chroniques, même chez les personnes qui ne souffrent pas de dépression7. Une étude publiée online le 1er février 2023 dans le journal scientifique The BMJ (DOI : 10.1136/bmj-2022-072415) a analysé l’efficacité de plusieurs antidépresseurs contre la douleur chronique. Cette étude a montré que les antidépresseurs de la famille des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN) – en particulier la duloxétine – se sont révélés les plus efficaces et ont permis de traiter le plus grand nombre de douleurs, notamment les douleurs dorsales, l’arthrose du genou, les douleurs postopératoires, la fibromyalgie et les douleurs nerveuses. 

Sources & Références : 
Sources : 
Pharmawiki.ch, Compendium.ch
Références et littérature :
“100 wichtige Medikamente” – Infomed (2020)

Rédaction : 
Xavier Gruffat (Pharmacien)

Dernière mise à jour : 
01.07.2024

Crédits photos :
Adobe Stock

Références scientifiques et bibliographie :

  1. Pharmavista.ch, news du 29 janvier 2024, accédé par Creapharma.ch le 29 janvier 2024
  2. Livre : Goodman & Gilman’s The pharmacological basis of therapeutics – 13th Edition – 2018 – McGraw Hill Education.
  3. The New York Times, via O Estado de S.Paulo du 1er juillet 2024
  4. The Medical Letter, livre “Drugs of Choice 2021”, The Medical Letter on Drugs and Therapeutics, New Rochelle – New York – Etats-Unis
  5. News de Prescrire publiée ler 1er janvier 2021, le 10 janvier 2021 le lien marchait
  6. Newsletter de la Mayo Clinic, Mayo Clinic Health Letter, page 8, édition de novembre 2021, article consacré justement à l’arrêt des antidépresseurs
  7. Newsletter de la Harvard Medical School, édition de mai 2023 (publiée en avril 2023)

Lire aussi :


Informations sur la rédaction de cet article et la date de la dernière modification: 01.07.2024
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