DALLAS – Manger deux portions d’avocat ou plus par semaine était associé à un risque plus faible de maladie cardiovasculaire, et substituer l’avocat à certains aliments contenant des graisses comme le beurre, le fromage ou les viandes transformées était associé à un risque plus faible d’événements liés aux maladies cardiovasculaires. Une portion équivalait à la moitié d’un avocat ou à une demi-tasse d’avocat. Ces résultats proviennent d’une étude réalisée par la prestigieuse université d’Harvard publiée le 30 mars 2022 dans le Journal of the American Heart Association (DOI : 10.1161/JAHA.121.024014).
Avocats, riches en bonnes graisses
Les avocats contiennent des fibres alimentaires, des graisses insaturées, notamment des graisses monoinsaturées (graisses saines) et d’autres composants favorables qui ont été associés à une bonne santé cardiovasculaire. Des essais cliniques ont déjà révélé que les avocats ont un impact positif sur les facteurs de risque cardiovasculaire, notamment l’hypercholestérolémie (excès de cholestérol).
Les chercheurs pensent qu’il s’agit de la première étude prospective de grande envergure à soutenir l’association positive entre une consommation plus élevée d’avocats et une diminution des événements cardiovasculaires, tels que les maladies coronariennes et les accidents vasculaires cérébraux (AVC).
Graisses végétales
“Notre étude fournit des preuves supplémentaires que l’apport de graisses insaturées d’origine végétale peut améliorer la qualité du régime alimentaire et constitue un élément important de la prévention des maladies cardiovasculaires”, a déclaré dans un communiqué de presse de l’étude la Dre Lorena S. Pacheco, auteur principal de l’étude et chercheur postdoctoral au département de nutrition de la Harvard T.H. Chan School of Public Health à Boston. Elle poursuit : “Ces résultats sont particulièrement remarquables puisque la consommation d’avocats a fortement augmenté aux États-Unis au cours des 20 dernières années, selon les données du ministère américain de l’Agriculture.”
Détail de l’étude
Pendant 30 ans, les chercheurs ont suivi plus de 68’780 femmes (âgées de 30 à 55 ans) de la Nurses’ Health Study et plus de 41’700 hommes (âgés de 40 à 75 ans) de la Health Professionals Follow-up Study. Tous les participants à l’étude étaient exempts de cancer, de maladie coronarienne et d’accident vasculaire cérébral au début de l’étude et vivaient aux États-Unis. Les chercheurs ont documenté 9’185 événements de maladies coronariennes et 5’290 accidents vasculaires cérébraux pendant plus de 30 ans de suivi. Les chercheurs ont évalué le régime alimentaire des participants à l’aide de questionnaires de fréquence alimentaire remis au début de l’étude, puis tous les quatre ans. Ils ont calculé la consommation d’avocats à partir d’un élément du questionnaire qui demandait la quantité consommée et la fréquence. Une portion équivalait à la moitié d’un avocat ou à une demi-tasse d’avocat.
Résultats, mieux que l’huile d’olive
Après avoir pris en compte un large éventail de facteurs de risque cardiovasculaire et le régime alimentaire global, les participants à l’étude qui mangeaient au moins deux portions d’avocat chaque semaine présentaient un risque de maladie cardiovasculaire inférieur de 16% et un risque de maladie coronarienne inférieur de 21%, par rapport à ceux qui ne mangeaient jamais ou rarement des avocats.
D’après la modélisation statistique, le remplacement d’une demi-portion quotidienne de margarine, de beurre, d’œuf, de yaourt, de fromage ou de viandes transformées comme le bacon par la même quantité d’avocat était associé à un risque de 16 % à 22 % moins élevé d’événements liés aux maladies cardiovasculaires. Le remplacement d’une demi-portion par jour d’avocat par une quantité équivalente d’huile d’olive, de noix et d’autres huiles végétales n’a montré aucun avantage supplémentaire.
Aucune association significative n’a été notée en ce qui concerne le risque d’accident vasculaire cérébral et la quantité d’avocat consommée.
Conseils pratiques
Au petit-déjeuner, au lieu de tartiner du pain avec du beurre ou de la confiture, pourquoi au moins quelques jours par semaine les remplacer par un peu d’avocat. Vous pouvez aussi préparer un guacamole avec des ingrédients sains (oignon, tomate…), attention toutefois à ne pas consommer avec des chips bien grasses. L’étude s’aligne sur les conseils de l’American Heart Association qui préconise de suivre le régime méditerranéen – un modèle alimentaire axé sur les fruits, les légumes, les céréales, les haricots, le poisson et d’autres aliments sains et les graisses d’origine végétale comme l’huile d’olive, de canola, de sésame et d’autres huiles non-tropicales.
Limites de ce type d’étude
L’étude étant basée sur l’observation (étude dite observationnelle), il est impossible de prouver une cause et un effet directs. Deux autres limites de l’étude concernent la collecte des données et la composition de la population étudiée. Les analyses de l’étude peuvent être affectées par des erreurs de mesure car la consommation alimentaire était autodéclarée. Les participants étaient pour la plupart des infirmières et des professionnels de la santé blancs, donc ces résultats peuvent ne pas s’appliquer à d’autres groupes ethniques.
Le 30 mars 2022. Par Xavier Gruffat (pharmacien). Sources : communiqué de presse de l’étude, American Heart Association (DOI : 10.1161/JAHA.121.024014). Crédits photos : Adobe Stock.