Beaucoup de personnes savent que la vitamine D est importante pour la santé des os en prévenant l’ostéoporose, car elle favorise l’absorption, la restauration et le maintien du calcium. Ce que l’on sait moins, c’est qu’elle soutient également d’autres fonctions, notamment l’activité des cellules cérébrales, le système immunitaire et les niveaux d’énergie de l’organisme. Des études suggèrent également que la vitamine D aide l’organisme à lutter contre les infections.
Lors du congrès annuel des rhumatologues américains, ACR Convergence 2024, qui se tient cette année à Washington D.C., la Prof. Margherita Cantorna de l’Université Penn State aux Etats-Unis, a discuté le lundi 18 novembre 2024 des récentes découvertes sur la vitamine D et de son lien surprenant avec l’inflammation et les maladies auto-immunes ainsi que les infections. ACR Convergence est considéré comme le plus grand et prestigieux congrès de rhumatologie au monde. Creapharma.ch était physiquement présent pour couvrir l’événement. D’autres spécialistes américains de la vitamine D ont amené de précieuses informations sur cette molécule.
Vitamine D, surtout exposition solaire
La vitamine D est difficile à obtenir uniquement par l’alimentation. On la trouve naturellement en petites quantités dans certains champignons, le chocolat noir et surtout dans les poissons gras (lire aussi : Les aliments riches en vitamine D). Elle est souvent ajoutée aux produits laitiers, au jus d’orange et aux céréales du petit-déjeuner. En outre, les inquiétudes concernant le cancer de la peau et le vieillissement ont conduit les gens à éviter le soleil, qui est probablement la source la plus importante de cette vitamine. Les personnes à la peau plus foncée, les personnes âgées et celles qui vivent dans des climats froids et nuageux ont particulièrement du mal à bénéficier d’un ensoleillement suffisant pour produire des quantités adéquates de vitamine D. Par conséquent, on estime que 35% des adultes aux États-Unis et un milliard de personnes dans le monde pourraient souffrir d’une carence en vitamine D. La vitamine D3 (cholécalciférol) a été enregistrée aux Etats-Unis en 1935 par la FDA, l’agence de régulation des médicaments américaine.
Attaque contre ses propres cellules lors de carence
Il s’agit d’un problème de santé publique qui va bien au-delà de la santé osseuse, car la vitamine D joue également un rôle crucial dans la régulation du système immunitaire, de l’inflammation et de la fonction intestinale, ainsi que dans la prévention des maladies auto-immunes. La Prof. Cantorna explique : « Les cellules du système immunitaire ont besoin de vitamine D pour contrôler l’ampleur de l’inflammation. Sans vitamine D, l’inflammation augmente et contribue à l’auto-immunité ». En immunologie, l’auto-immunité est le système de réponses immunitaires d’un organisme contre ses propres cellules, tissus et autres constituants corporels sains. Il faut savoir que chez les nouveau-nés la vitamine D influence la composition de la flore intestinale (microbiote).
Rôle dans l’inflammation
Selon cette professeur de Pennsylvanie, la vitamine D joue un rôle similaire après une infection. La vitamine D est importante pour arrêter l’inflammation et prévenir les dommages aux tissus sains.
Il est fréquent que des troubles auto-immuns généraux (systémiques) ou spécifiques à un organe soient déclenchés ou s’aggravent après une infection virale. La polyarthrite rhumatoïde (PR), par exemple, peut se développer ou s’aggraver après une infection par certains virus. Cela dit, le lien entre un bas taux de vitamine D (dans le plasma) et la PR n’est pas prouvé, car il y a beaucoup d’études contradictoires publiées ces 25 dernières années.
Quelle quantité ?
Cependant, savoir que la vitamine D est essentielle pour la santé ne signifie pas pour autant savoir quelle quantité est nécessaire.
« Les experts ne parviennent pas à se mettre d’accord sur le taux optimal de vitamine D, ce qui est frustrant », explique la Prof. Cantorna. « À mon avis, des taux sériques supérieurs à 50 nmol/L ou 20 ng/mL sont optimaux. Pour ce qui est de l’analyse systématique des taux de vitamine D, elle ne serait utile que pour identifier et corriger une carence en vitamine D. Comme les experts ne sont pas d’accord sur ce qui est optimal, il n’y aurait pas d’objectif commun ».
Selon la Prof. Cantorna, les compléments alimentaires de vitamine D peuvent aider à relever les faibles taux de vitamine D. « Je suggérerais à la plupart des gens, surtout en hiver, de prendre un complément alimentaire de vitamine D. Je suggère de ne prendre que 600 UI (15 µg/j) par jour pour les personnes âgées de 13 à 70 ans et 800 UI par jour pour les adultes de plus de 70 ans, ce qui est la recommandation de l’Académie nationale de médecine (ndlr. académie américaine) ».
Certains experts estiment que ces recommandations sont trop basses, en particulier pour les personnes en surpoids et obèses, qui ont une mauvaise absorption pour diverses raisons ou qui prennent certains médicaments, notamment des corticostéroïdes comme la prednisone, un traitement couramment utilisé pour contrôler l’inflammation des articulations et des organes.
Dans le même temps, elle met en garde contre le fait que si la vitamine D est généralement sans danger, de fortes doses de compléments alimentaires peuvent être toxiques. « La prise de doses élevées de vitamine D pendant des périodes prolongées ne présente aucun avantage supplémentaire et comporte des risques ».
La Prof. Cantorna a conclu sa présentation en estimant que pour les infections la vitamine D a un rôle surtout de réglage fin (fine tuning).
Le 18 novembre 2024. Par Xavier Gruffat (pharmacien). Source : communiqué de presse en anglais fourni par l’ACR (adapté en français par Xavier Gruffat), conférence sur la vitamine D du 18 novembre 2024. Ces informations vous sont présentées par Creapharma.ch et ne sont pas sponsorisées par l’American College of Rheumatology (ACR), ni n’en font partie.
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